Madagascar : sur la Nationale 7, de Tana à Tuléar
Antsirabe et le retournement des morts
À la gare de taxi-brousse d’Antananarivo, il faut se défaire de la mêlée de rabatteurs avant de pouvoir trouver un véhicule pour Antsirabe. Une fois le prix du trajet négocié et le taxi-brousse rempli, la route s’offre au voyageur.
Rapidement, les premières bornes de la RN7 apparaissent. Caractérisée par l’omniprésence de rizières verdoyantes, la région des Hautes-Terres dévoile ses collines, qui ondulent les unes après les autres. Le trajet n’est pas long (environ 3 heures) pour rejoindre Antsirabe (km 169), domaine des Merina, où la tradition du « retournement des morts » (famadihana, photo) trouve son origine. Cette coutume, qui vise à honorer les ancêtres, a lieu plusieurs années après le décès, lorsque les descendants estiment que le défunt a besoin d’un nouveau linceul.
Avant d’assister aux festivités, il faut s’acquitter d’un rituel incontournable : la gorgée de rhum. Pour l’occasion, un orchestre professionnel, avec des instruments vieillis, a fait le déplacement. Les proches du défunt chantent et dansent dans un joyeux chahut. Plus tard, dans l’après-midi, la procession fait route vers le tombeau de la famille, toujours en musique.
Vient ensuite l’ouverture du tombeau : il faut enlever les pierres et la terre calfeutrant la porte qui n’a pas été ouverte depuis neuf ans. L’ambiance est solennelle quand le premier corps exhumé apparaît. Enveloppé dans une natte, il est transporté par les proches, avant d’être habillé d’un nouveau linceul.
Les membres de la famille se pressent autour des corps pour leur parler, leur chanter des chansons… Les danses continuent jusqu’à l’étourdissement. Aucune larme à l’horizon, car il s’agit de rappeler au défunt qu’il est toujours présent dans les mémoires. Le corps peut ensuite regagner le tombeau avant la prochaine cérémonie. La fête, elle, se poursuit jusqu’à la nuit.
Texte : Juliette Camuzard
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