La Malaisie, côté Ouest : de Malacca à Langkawi
Kuala Lumpur, le « confluent boueux »
Entourée d’une cour de palmiers, la grande mosquée Masjid Jamek (1907) veille sur le lieu où se mêlent les eaux, certes peu claires, du Klang et du Gombak. D’où le nom de la ville qui signifie « confluent boueux » en malais… Au Nord s’étend Little India, au sud Chinatown, embrouillaminis de rues, ruelles, passages, stands et galeries commerciales où bourdonne une foule compacte.
Sur la rive opposée, l’immense Merdeka Square déroule son impeccable gazon au pied d’un mât haut de 100 m, à l’extrémité duquel flotte le drapeau malais. C’est ici, le 31 août 1957, que l’Union Jack prit officiellement sa retraite. Alentour, l’allure coloniale des bâtiments ramène néanmoins au passé.
L’impressionnant édifice Sultan Abdul Samad (1897), ancien siège de l’administration britannique, épouse tout un flanc de l’esplanade, avec ses arcades, ses tourelles et ses bulbes en cuivre d’inspiration mauresque. En vis-à-vis, le vénérable Selangor Royal Club (fondé en 1884), de style Tudor, continue d’accueillir exclusivement ses membres. Les choses ont un peu changé : ils ne jouent plus au cricket sur le padang et ont finalement ouvert leurs portes aux femmes. Mais ces messieurs conservent l’exclusivité du Long Bar…
D’autres édifices nostalgiques pavent le chemin vers l’imaginaire : le vieil Hôtel de Ville (1896) reconverti en théâtre, la bibliothèque, l’ancien quartier général des chemins de fer (abritant aujourd’hui un superbe Musée des textiles), la vénérable gare. De l’époque anglaise, reste aussi le Carcosa Seri Negara (photo), l’ancienne résidence du gouverneur, devenue palace, et ses 16 hectares de parc et jardins. Là-haut, sur la colline, une véranda à la puissante colonnade attend les adeptes du high tea à l’anglaise… Intemporel.
Texte : Claude Hervé-Bazin
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