La Malaisie, côté Ouest : de Malacca à Langkawi
Cameron Highlands : T comme tea
De Kuala à Tanah Rata, il n’y a qu’un bus. Développées par les Britanniques dans les années Folles, les stations des Cameron Highlands (photo) dessinent un havre de fraîcheur, à 1 400 m d’altitude. Depuis la bourgade de Tapah, à 60 km, la route, sinueuse et magnifique, grimpe à travers la forêt tropicale pendant près de 2 h. La zone reste habitée par les Orang Asli, ce peuple de la forêt qui sait encore chasser à la sarbacane.
Subitement, le ruban de goudron s’extirpe de sa gangue de verdure. Sur les bas-côtés, les serres défigurent le paysage. Profitant du microclimat, fruits et légumes des zones tempérées prospèrent. Fantasme pour bien des Malaisiens, la fraise est de tous les stands, de tous les repas.
À Tanah Rata, à Brinchang, à Kea Farm, le tourisme bat son plein : des immeubles de dix étages écrasent les villages. Pourquoi venir ici, alors ? Pour la nostalgie des vieilles auberges Tudor, où l’on sert encore le thé à l’ancienne. Pour la beauté des plantations, surtout. Tapissant le tréfonds de vallées isolées, elles enveloppent les pentes de buissons de thé parfaitement ordonnés, où bourdonnent au petit matin des armées de cueilleurs indiens – dur labeur, à raison de 20 kg par hotte et 20 sen (5 centimes d’euro) le kilo.
Au-dessus, une petite route cahoteuse, la plus haute de Malaisie, se hisse vers le sommet du Gunung Brinchang (2 032 m). La forêt des nuages y abrite une flore unique en son genre. Les botanistes y reconnaissent la jolie népenthes, une plante carnivore simplement posée sur les branches, avec un opercule abritant son ventre creux.
La fascinante rafflésie, la plus grande fleur au monde (jusqu’à 1 m de diamètre) pousse aussi par ici – des guides proposent d’aller à sa rencontre. Dégageant une odeur de viande en décomposition, elle s’épanouit durant une semaine tout juste, avant de fondre dans des relents épouvantables…
Texte : Claude Hervé-Bazin
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