La Malaisie, côté Ouest : de Malacca à Langkawi
Entre deux mondes
À Ipoh, la fraîcheur n’est déjà plus qu’un souvenir. Amarrée dans la plaine littorale, la capitale du sultanat du Perak a grandi au gré de l’exploitation de mines d’étain, attirant une importante main-d’œuvre étrangère. Aujourd’hui, 70 % de sa population est d’origine chinoise ! De nombreux temples bouddhistes, nichés dans des grottes creusées au cœur de paysages karstiques évocateurs, en témoignent.
À Perak Tong, des fresques très réussies entourent le grand Bouddha assis et les gardiens des points cardinaux. À Ling Sen Tong, une incroyable ménagerie, dragons, lions et éléphants colorés, précède le sanctuaire. Mais le plus étonnant est à deux pas, à Sam Poh Tong. Là, s’infiltrant dans la roche, un étroit passage mène, derrière le Bouddha, jusqu’à un cirque naturel où se dresse une merveilleuse pagode orange et or. Pour 1 ringgit, une vieille dame vend, à l’entrée, une botte de kangkong, le liseron d’eau (comestible) dont raffolent les tortues du bassin intérieur.
Développée par les Britanniques, Ipoh conserve aussi quelques fiers édifices coloniaux, à commencer par son emblématique gare, empruntée par Régis Warnier pour son film Indochine… On pouvait jadis y loger, mais l’édifice est désormais en attente : renaîtra-t-il de ses cendres ? Alentour, le temps a déjà fait son œuvre : les palmiers à huile ont presque partout remplacé les mythiques hévéas, introduits en premier à Ipoh en 1890 après le rapt de graines au Brésil…
Posé en pleine campagne, face à la boucle d’une petite rivière, Kellie’s Castle (photo) n’est, lui aussi, plus que ruines. Voulu par un riche planteur écossais, le manoir aux arcades mauresques ne fut jamais achevé. Kellie, parti en Europe à la recherche d’un ascenseur digne de sa demeure, y succomba d’une pneumonie…
Texte : Claude Hervé-Bazin
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