La route de Don Quichotte
Barcelone, la bien-aimée
La route « officielle » de Don Quichotte se limite à un voyage dans la province de la Manche et pourtant, dans le livre, c'est à Barcelone, capitale de la Catalogne, que nos deux personnages arrivent au terme de leur long périple. Cervantès en fait l'éloge : « Barcelone, ville unique par l'emplacement et la beauté, archive de la courtoisie, refuge des étrangers, hôpital des pauvres, patrie des Braves, vengeance des offenses et correspondance aimable d'amitiés fidèles. » Hélas, à la fin du voyage, Don Quichotte n'est plus le même : il reconnaît l'extravagance et la séduction trompeuse des livres de chevalerie. Le fou assagi revient à la raison. Sentant la mort qui approche, le vieil hidalgo « reconnaît sa sottise ». Le lecteur s'attriste et ne rit plus comme avant.
« J'ai été fou et je suis raisonnable. J'ai été Don Quichotte de la Manche, et je suis à présent Alonzo Quijano le bon. » Décidé à arrêter sa vie errante, il quitte Barcelone et, par Saragosse, retourne dans son village pour se faire berger et mener une vie champêtre. Par un curieux transfert, au même moment où son maître s'en détourne, l'écuyer se met à faire l'éloge de la chevalerie errante. La fin du livre consacre d'une certaine façon la victoire des idées pratiques de Sancho. En fait, l'un n'était rien sans l'autre : deux versants de l'âme humaine, l'idéalisme et le bon sens. Cervantès conclut : « Il brava l'univers entier, fut l'épouvantail et le croque-mitaine du monde… Ce qui assura sa félicité, ce fut de mourir sage et d'avoir vécu fou. ».
Texte : Olivier Page
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