Courrier des lecteursSainte-Rose menacée
29 mars 2022, 5h00
Le Conseil économique social et environnemental de La Réunion – Ceser – a adopté en novembre 2021 une contribution sur le tourisme durable à La Réunion, qui pose en préambule que ce tourisme durable ultramarin doit se construire par l’écrin de biodiversité qu’il représente, faisant de cette biodiversité le « marqueur » de ce tourisme durable pour qu’il soit le moteur de l’économie locale.Puis, le 27 novembre 2021, Monsieur Jean-Baptiste Lemoyne, de passage à La Réunion, alors qu’il était encore secrétaire d’État chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie, met l’accent sur le tourisme vert et durable de notre île et se dit alors « très confiant dans la destination Réunion ».
Alors, nous, association de défense de l’environnement de La Réunion, nous nous disons que le grand soir se rapproche, qu’enfin notre île magique dont les cirques et remparts sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco cessera de subir les assauts répétés des pollueurs de tous poils, des promoteurs immobiliers avides qui bétonnent nos côtes et défigurent nos paysages et, surtout, de tous ces cyniques opérateurs du tourisme aérien qui vont enfin libérer nos cirques, nos côtes, nos espaces naturels remarquables et nos habitations de leur pollution sonore et atmosphérique quotidienne ! Quel beau rêve…Las, le jour même du départ du ministre Jean-Baptiste Lemoyne, Monsieur Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose, nous annonce avec fierté son projet de création d’un aérodrome dans sa commune pour que des avions et des hélicoptères puissent décoller ou atterrir également dans l’Est de l’île, « remettant ainsi les pendules à l’heure », nous dit-il !
Du rêve au cauchemar en quelques instants : la côte ouest est déjà complètement pourrie par les hélistations de l’Éperon, de l’Hermitage et les bases ULM de Cambaie et de La Saline, les trois cirques sont inondés de nuisances par 80 survols quotidiens insupportables par tous types d’appareils, le Sud et le Bras de La Plaine sont des zones sinistrées à cause de gîteurs peu scrupuleux qui créent des hélisurfaces afin que leurs clients trop fainéants mais riches puissent venir y manger un cari sans trop se fatiguer. Liste tristement non exhaustive…
Et comme si cela ne suffisait pas, Monsieur Michel Vergoz, avec l’appui des services de l’État, promet ainsi le même enfer à ses administrés, à toute la zone du volcan et à toute la côte est.
Amis réunionnais de l’Est, ne vous y fiez pas : derrière le sourire angélique de Monsieur Michel Vergoz, le diable est en embuscade.
En effet, une fois tous les opérateurs aériens bien installés à Sainte-Rose, ils démultiplieront les survols, pas seulement au-dessus du volcan, mais au-dessus de vos maisons à 300 mètres d’altitude (c’est la loi), cracheront leurs décibels toute la journée et déverseront les résidus de la combustion de 200 litres de kérosène par heure (pour un hélicoptère) … portant ainsi une atteinte grave et durable à votre tranquillité… à leur seul profit.
Le développement d’un tourisme réunionnais réellement durable et respectueux de l’environnement restera donc une chimère tant que les élus, les services de l’État et les investisseurs continueront de s’enthousiasmer pour des projets aussi peu innovants, irrespectueux de l’environnement et de la population réunionnaise
Ce qui est durable en revanche, c’est la volonté de tous ces décideurs de ne rien changer, continuer comme avant en promouvant ce tourisme aérien particulièrement toxique, ignorant un réchauffement climatique mondial pourtant incontestable et rendant impossible à court terme le maintien de La Réunion comme un haut lieu mondial de la biodiversité.
Ainsi, alors que le compte à rebours pour les générations actuelles et futures est lancé, la pendule de Monsieur Michel Vergoz s’est arrêtée, elle, il y a bien longtemps….Association de défense des résidents du Département de La Réunion – Kolair974