J’ai effectué en août 2019 un séjour alpin, dans le Parc national de la Vanoise. Ce sera l’occasion d’une série de randonnées savoyardes.
Sur le retour , après la Vanoise, je m’arrête dans le massif de la Chartreuse qui évoque pour moi des randonnées passées.
Idéalement située en hauteur au dessus de Modane la station de la Norma offre un rayonnement possible vers de nombreuses destinations pédestres.
J’arrive samedi à 15h00 accueilli par Stéphanie dans un gentil studio offrant un magnifique panorama sur le massif de la Norma.
La pointe de la norma
Dimanche, je quitte mon logement à 7h00 et je me dirige vers la forêt de résineux.
Tout respire le calme. Même la lune est encore présente alors que le soleil commence à illuminer les sommets.
Le pied du massif apparaît rapidement et c’est dans l’obscurité des sapins que j’affronte une série de lacets qui me conduisent 800 mètres plus haut.
Le sentier s’élève le long du ruisseau de Saint -Antoine qui avec le temps à creusé une profonde gorge.
Les bifurcations s’enchaînent mais heureusement les panneaux de signalisation sont bien situés.
Le bruit de la cascade va crescendo.
Par endroit l’érosion a creusé des fenêtres qui offrent une vue sur le torrent.
Un gouffre expose sa gueule béante au bord du sentier.
Je dépasse la bifurcation vers la télécabine du Mezelet.
Un peu plus loin une cabane a fait les frais d’une avalanche.
Une trouée dans la forêt laisse apercevoir le haut de la vallée de Saint -Antoine décorée de formes bizarres.
Le chalet de l’ONF offre un cadre idéal pour pique niquer mais ce n’est pas encore l’heure.
À 2105 m j’emerge de la forêt au lieu-dit le Plan.
La forêt disparaît pour laisser la place à une végétation d’alpage dans le cirque glaciaire de Saint-Antoine.
Un pause bien méritée après 2h30 de marche. Le lieu est propice à la contemplation. Une source improvisée permet de se désaltérer.
Le parcours se poursuit hors sentier afin de rejoindre une piste.
Elle s’élève en lacets offrant une vue spectaculaire sur le massif de la Belle Plinier dont la pointe culmine à 3086 m.
Chaque lacet offre un paysage particulier :
- Le bas de la vallée de la Maurienne.
- Modane qui occupe toute la vallée de l’Arc.
La piste se termine à côté d’un dispositif GAZEX destiné à déclencher les avalanches au moyen d’un mélange gazeux oxygène/propane à l’intérieur d’un tube métallique dont les ouvertures émergent du massif.
La pointe de la Norma culmine au sommet d’un impressionnant pierrier qui luit sous le soleil radieux.
Une bonne heure de marche est encore nécessaire le long des méandres d’une trace balisée de cairns.
Un panorama à 360° embrasse les massifs du Mont-Blanc et du Thabor.
Le sommet est matérialisé par une haute pyramide.
Après une descente de 3 heures le long d’un parcours équivalent à la montée c’est 18 km de randonnée pour 1744 m de dénivelées positive et négative que j’aurai accomplis.
Du village d’Avrieux aux forts d’Esseillon
Les chutes de pluie de la nuit accompagnées d’un temps orageux me conduisent à réviser mon projet : au lieu d’une sortie en montagne je dirigerai mes pas vers la vallée de l’Arc en direction d’Avrieux et des forts de l’Esseillon.
Profitant d’une accalmie je prends la route qui descend dans la vallée.
Le village d’Avrieux au bord du torrent est blotti au pied de l’impressionnante falaise où sont construits les Forts.
Un sentier coupe les lacets de la route et permet de rejoindre le village de Villarodin.
Une petite route descend vers le lit du torrent.
Une double conduite forcée alimente une usine hydro-électrique.
La traversée du torrent gonflé par les pluies s’effectue sur une passerelle avant d’entrer dans le village où l’église Saint-Thomas Becket m’accueille.
Le village bénéficie de la protection du massif et à 1200 m offre un climat méditerranéen.
C’est un fait que malgré le temps maussade la température est particulièrement clémente.
Je m’élève dans les ruelles au cachet typiquement savoyard pour sortir, au prix d’une rude montée, sur la route des forts.
Quelques centaines de mètres de bitume mènent à la cascade Saint -Benoît.
Impressionnante chute d’eau.
Je m’engage dans le sentier qui pénètre dans le bosquet au pied de la falaise en vue d’atteindre le bassin qui reçoit la chute d’eau.
À mon retour, tel un miracle (peut-être dû à Saint -Benoît ), le ciel s’est dégagé et le soleil consent à briller.
Je jette un dernier regard sur la commune d’Avrieux et la chapelle Saint-Benoît avant de parvenir aux forts par une route en corniche.
La route débouche sur un col où, à main gauche se distingue le fort Charles-Félix en ruine surmonté du fort Marie-Christine
À main droite le fort Victor-Emmanuel dresse ses remparts sur l’à-pic de la falaise qui plonge dans la gorge de l’Arc.
L’entrée du fort n’est pas gardée, la visite est libre.
Un passage conduit à la poudrière, à l’écart des bâtiments d’habitation.
Chaque endroit est accompagné d’une affiche prélevée dans le journal d’un soldat de la garnison.
Des ouvriers s’activent à déblayer les décombres accumulés car les Forts abandonnés menaçaient ruine.
Ce patrimoine historique fait aujourd’hui l’objet de soins attentifs.
La place d’armes offre une vue dégagée sur l’ensemble de la vallée.
Un cadran solaire affiche l’heure entre deux passages nuageux.
En contrebas la redoute Marie-Thérèse en forme de fer à cheval abritait 200 hommes.
Il barrait la route entre Chambéry et Turin.
La sortie du fort par la partie inférieure est flanquée d’un pont-levis.
Les remparts servent de support à une via ferrata.
Quelques lacets conduisent au pont du Diable. À 80 m de hauteur c’est l’occasion d’une vue vertigineuse sur la gorge.
Après cette immersion dans l’histoire je rejoins la station par le sentier qui s’élevant au dessus du pont de Nant se prolonge à travers la forêt.
Les lacs du Thabor
Ce matin, un épais brouillard encombre la Norma.
Je demeure optimiste quand je prends le volant pour Valfrejus situé à une vingtaine de kilomètres.
Une fois franchie cette station, le ciel bleu s’impose.
Une route forestière de 3 kilomètres conduit au Lavoir, terminus du chemin, gardé par un fort de l’époque Maginot.
Il n’y a que quelques voitures sur le parking et à 8h30 j’entame le chemin qui s’élève en lacets bordés de fleurs.
J’arrive au col de la Replanette à 2288 m.
Il débouche sur un panorama entièrement dégagé avec le Mounioz qui impose sa masse sur la droite.
159 mètres plus haut apparaît le col de la Vallée étroite.
Le chalet du refuge du Thabor se fond dans le massif.
Au loin le massif du Cheval blanc impose ses puissantes falaises.
Au delà du col se déroule la vallée de Nevache.
Les aiguilles d’une grande Séru se découpent sur l’horizon.
Le sentier se poursuit à l’horizontale et traverse quelques pierriers.
J’arrive au lac Peyron, modeste plan d’eau.
Le retour sera l’occasion d’une rencontre inattendue.
Au col de la Vallée étroite je prends à gauche et en 15 minutes j’arrive au refuge du Mont Thabor à 2502 m.
C’est l’heure du pique nique.
Cet endroit attire du monde.
Je m’oriente vers les lacs Long et Rond avant de descendre hors sentier vers les chalets de Mounioz.
La commune de Modane relance l’activité d’élevage en réhabilitant les cabanes de bergers devenant des dessertes pastorales.
Je boucle mon circuit à la Losa avant de descendre le chemin du lavoir.
Autour des lacs d’Aussois
La vallée supérieure d’Aussois domine cette petite ville qui abrite les Forts de l’Esseillon.
Deux barrages EDF ont constitué deux réservoirs à 2000 m d’altitude.
Ils gardent l’entrée de la vallée.
Je débute ma randonnée au plan Amont situé au pied du barrage supérieur.
Un chemin s’élève sur la gauche du lac laissant entrevoir le lac inférieur.
Quelques lacets conduisent à un déversoir, vestige de l’activité glaciaire.
Sur l’autre versant du lac se devinent les refuges de Fournache et du Plan sec situés sur le GR5.
Le sentier qui grimpe au dessus du lac accède à une vaste prairie environnée d’un univers entièrement minéral où dominent la Pointe de l’Échelle, la Pointe de l’Observatoire et la Dent Parrachée.
Je suis accueilli par les cris des marmottes qui à cette heure matinale entament leur journée.
La chapelle Notre-Dame des Anges repose au centre de la prairie.
Au loin, en hauteur, le refuge du Fond d’Aussois constitue l’entrée du massif.
À cette heure il n’y a personne.
Je poursuis ma route dans un chaos rocheux qui s’élève en lacets au bord d’une cascade.
La montée est rude car le sentier disparaît pour laisser la place à des roches plus ou moins stables.
J’arrive en vue du col d’Aussois.
Le ciel devient menaçant : il est temps de rebrousser chemin.
Mon séjour en Maurienne s’achève, aussitôt prolongé par un séjour dans le massif de la Chartreuse.
J’ai trouvé un beau studio à Saint-Pierre-de-Chartreuse et de ma fenêtre la pyramide de Chamechaude occupe tout le paysage.
À la conquête de Chamechaude
Ce sera ma prochaine destination pédestre.
9 kilomètres en voiture sont, malgré tout, nécessaires pour atteindre le col de Portes, point de départ du sentier.
Au départ du parking du col la masse de la Chamechaude s’impose au regard massif entourée d’une épaisse forêt.
je me dirige vers le foyer de ski de fond.
Le soleil darde ses rayons.
Un large chemin forestier s’élève à l’ombre.
Il se prolonge par un sentier que les racines traversent, mises à nu par les passages répétés des randonneurs et qui devient de plus en plus caillouteux.
J’arrive à la cabane de Bachasson où une source rafraîchissante m’accueille.
La sortie du bois est l’occasion d’un panorama superbe sur le dôme du Charmant Som et sur le Vercors.
Les lacets traversent la pelouse et mènent au pied de la Folatière.
Les rochers sont façonnés par l’érosion.
Un troupeau de moutons traverse la prairie du Pré boiteux.
La pente devient plus raide et se rapproche de la crête sommitale.
Je quitte le sentier pour me rapprocher du bord de la crête : le vide est impressionnant.
La vue embrasse la vallée de l’isère.
Un ressaut rocheux peut être franchi grâce à un câble.
Je dois quitter mes bâtons que j’attache à ma ceinture.
Enfin j’arrive au pied de la Croix qui marque le sommet.
La crête se poursuit vers le nord. La vue porte jusqu’à l’extrémité du massif de la Chartreuse.
Autour du monastère de la Chartreuse
Dés la sortie de Saint-Pierre-de-Chartreuse la route s’enfonce dans la gorge où coule le Guiers mort.
Au lieu-dit la Corrèze, à côté du musée de la chartreuse je m’enfonce dans la forêt à l’assaut des impressionnantes falaises du Som.
Je m’élève dans les fougères gorgées d’eau : il a plu cette nuit et le circuit débute dans la fraîcheur matinale.
Le chemin forestier débouche sur un point de vue de vallée.
Il se transforme en un sentier qui s’élève graduellement parmi les sapins.
Il doit contourner les blocs détachés de la paroi.
Vers 1300 m, à l’écart du sentier, un belvédère permet d’embrasser l’architecture complexe du monastère de la Chartreuse noyé dans un océan végétal.
Parfois, une trouée dans la forêt laisse apercevoir les contreforts du Som.
Les bifurcations s’enchaînent : sous Mauvernay, Bourdoine.
Une rude montée précède la sortie de la forêt et permet d’admirer les pointes des sommets.
Sur le col, l’Habert de Bovinant, cabane en pierre entièrement restaurée, peut éventuellement servir de refuge pendant un orage.
Au loin un troupeau de moutons broute sans m’apercevoir. J’évite cette direction : les chiens ne sont sûrement pas loin.
Passé un pique nique dans ce merveilleux environnement j’entreprends la descente parmi des éboulis.
L’emploi des bâtons se révèle précieux.
Les chapelles de Notre-Dame de Casalibus et de Saint-Bruno, fondateur de l’ordre des Chartreux, précédent de peu le monastère retranché derrière ses hauts murs.
Un bel été s’achève avec les yeux remplis de vues spectaculaires… et les mollets un peu endoloris.
Dominique