Retour d’un bref séjour à La Gomera, afin de faire un point sur la situation.
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Comme les autres îles de l’archipel, et particulièrement les plus boisées bien sûr, La Gomera souffre d’une ahurissante et inhabituelle sècheresse qui affecte également son versant nord, et l’intérieur de Parc National.
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Les secteurs de l’île touchés par les incendies, sont, on va être clair, à pleurer, surtout si on les connaissait avant le mois d’août dernier (et encore on ne sait pas tout, voir plus bas)
Notre petite voisine aux reliefs étourdissants n’en demeure pas moins et toujours un havre de tranquilité, des village et des kms de nature ne sont pas concernés par ce ravage, et si pour l’instant le potentiel en terme de randonnée se réduit sur certains versants, elle reste un lieu idéal oú aller se reposer et prendre du bon temps au contact du paisible rythme de vie “gomero”.
Nombreux sont les voyageurs qui associent Gomera à Randos, or tout aussi nombreux sont ceux qui y vont pour strictement ne rien faire, munis d’une pile de bouquins, afin de buller dans des maisons rurales perdues face à l’océan, un bled dans les environs pour le ravitaillement, et le silence des barrancos pour recharger les piles.
Rapide tour d’horizon, à vos cartes routières :
San Sébastian : égale à elle même, ruelles, places, troquets, marché, petite plage et port, rien à signaler.
Route du nord par Hermigua (+ montée à El Cedro), Agulo, Las Rosas, Centre des Visiteurs, Vallehermoso : cette partie de l’île est comme signalé plus haut anormalement sèche, mais n’est pas pas souffert des incendies.
En revanche, et par déduction au vu de ce qui suit, il est fort probable que la route Centre des Visiteurs-Cabezo de Amago soit encore coupée.
Barranco d’Alojera : 3 incendies dans l’été. Les abords et l’intérieur du village ne sont pas jolis à voir pour l’instant, la palmeraie est dans un sale état, mais si la pluie tombe enfin cet hiver, la situation devrait vite s’arranger, voir également plus bas pourquoi.
Route de Vallehermoso jusquà l’embranchement de Cruces de las Hayas, c’est déjà dans le Parc National de Garajonay : on traverse la belle Laurisilva de toujours, moins humide que d’habitude, mais bien verte et bien là.
Cruces de las Hayas, c’est là que ça se gâte : la route est toujours coupée depuis début août pour la bonne et simple raison que …ça brûle toujours, en plein coeur du Parc, entendons, le sol et le sous-sol (en gros, on attend que ça s’éteigne tout seul…).
La route est coupée jusqu’à Parajito, allez, Alto de Garjonay histoire de retourner le couteau dans la plaie, et lorsque la route sera réouverte, ce sera sans doute terrible, ce tronçon est (était?) de toute beauté.
Donc route coupée, la déviation c’est par El Cercado, Chipude, Igualero.
El Cercado, Chipude : c’est déjà bien triste, mais Chipude-Igualero, c’est consternant.
Retour sur la route du Parc à la hauteur de Parajito, Cumbre de Tajaque, Roque de Agando direction San Sebastian là il vaut mieux regarder sur la gauche que côté sud car les flammes n’ont rien laissé au hasard sur ce versant.
Risco de la Fortaleza : plus trés utile de s’y arrêter.
Depuis le Cruce de la Zarcita jusqu’à El Cedro, quel soulagement rien à signaler, donc sur la piste de Los Aceviños non plus, que du vert et du “frondoso” partout.
Pas eu le temps de descendre sur Alajeró mais on peut craindre le pire.
Barranco de Valle Gran Rey : les terribles images de l’incendie de nuit qui ont tourné en boucles sur les chaînes de TV européennes c’est là.
Le feu a dévalé en une 20aine de minutes depuis les hauteurs de El Cercado à travers le défilé dans la falaise et a parcouru tout le Barranco quasiment jusqu’à la plage, “como una bola de fuego” selon les commentaires.
Palmeraie et maisons brûlées partiellement ou totalement, c’est là que matériellement, humainement, les dégâts ont été les plus lourds.
On nous explique que cette nuit là, si la brise n’avait pas soufflé depuis la mer rabattant la fumée vers le Barranco, celà aurait été terrible pour les centaines de gens massés en bas à Valle Gran Rey, pris en étau entre la mer et les flammes.
En bas côté station balnéraire et plages, rien à signaler tout est ok.
Ce qui va se récupérer rapidement si la pluie est au rendez vous dans quelques semaines :
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Les palmiers : “la palma” se régénère le plus souvent aprés un incendie. De fait, moins d’un mois et demi aprés le feu les pousses vertes jaillissent déjà entre les grandes feuilles brûlées au fond du Barranco de Valle Gran Rey (seul le tronc reste noir plusieurs années), les roseaux reverdissent, le “cañaveral” qui renaît c’est déjà une petite touche qui fait du bien au regard.
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Le pin canarien : se régènere moins de 6 mois aprés le feu, dans la mesure oú celui ci est passé vite et que les racines n’ont pas trop souffert. Là aussi, la pluie au rendez vous, ça aide.
Ce qui malheureusement mettra des années, voire ne se régénèra pas, c’est la superbe et plusieurs fois millénaire Laurisilva, c’est surtout pour elle, pour “el Monte”, que les gomériens et nous avec avons le coeur serré, un grand sentiment d’impuissance, et beaucoup , beaucoup de colère envers la déplorable gestion des incendies de l’été 2012.
Infos routières valables au 12/09.
Bien cordialement,
France (Tenerife Autrement)