« I WANT TO STAY ALIIIIIVE » : tu peux, toi baroudeur qui empruntes les transports en commun locaux, ressasser cette prière pendant toute la durée des trajets. Bien sûr, tu peux varier les tonalités : en transpirant, les genoux crispés et la mâchoire serrée, en fermant les yeux – solution la plus lâche certes, mais peut-être la plus confortable -, en te convertissant illico et t’en remettre à Bouddha qui peut-être, pourra quelque chose pour toi… Parce que sache-le : tu reconnais un driver sri lankais à sa capacité d’adaptation (traduire : doubler, sans aucun rictus trahissant un sentiment occidental - type stress, nervosité…- un tuk-tuk + un autre bus en évitant l’intrépide varan qui choisit LE bon moment pour traverser celui-là) et sa dose d’ingéniosité qui lui permettra de faire rentrer 90 personnes dans un bus pouvant en contenir 45 en hurlant comme un putois qu’il y a encore de la place.
Il est donc absolument inutile d’espérer une place assise ou un peu de confort lors d’un voyage au SRI LANKA.
Concluons : prévois un bon déo et enjoy your trip : au dessus d’un sari, tu apercevras de grandioses plantations de thé, des villes qui grouillent et qui vivent, des flashs fugaces qui amènent vers le large….
Si tu parcours l’ile de Ceylan, tu vas pouvoir rencontrer des gens souriants, serviables et …. légèrement moqueurs. Exemple en situation : Ton quadriceps est un peu contracté, tu viens JUSTE de te taper les 1200 marches du Rocher du Lion, (tout ça pour profiter d’une vue grandiose, il faut bien le souligner) et tu chois sur une petite caillasse de M*$+ !! Les Sri lankais ne viendront pas à ton secours, non, non ! Par contre tu entendras des rires fuser d’un peu partout derrière toi. Et là, tu ranges ta susceptibilité.
Si tu aimes papoter, rire, raconter ta vie, serrer des poignées de main… Tu vas aimer le Sri lanka. Tu vas kiffer ce moment où tu cherches (ENCORE) ton chemin et où les gens viennent se poser pour t’aider, en toute bienveillance, sans qu’aucun intérêt monnayable ne vienne interférer dans cette relation éphémère…
Bien sûr, une espèce de désordre règne un peu partout, et toi, européen-organisé-comme-il-se-doit tu cherches, un peu perdu, des points de repère rassurants : Logique ! Rationalité ! Organisation ! GPS ! Informations stables et durables ! GRAVE ERREUR. Tu dois faire le deuil de tout ça.
Mise en œuvre empirique du système absolument chaotique dans lequel tu te trouves désormais : toi, tu cherches simplement à te rendre à Unawatuna, la ville d’à côté. Tu cherches donc un bus. Tu arrives à 18h à la gare des bus. Comme tu ne lis pas le cingalais, (mais quelle cruche aussi !) tu demandes dans ton approximatif anglais quel peut bien être celui qui t’y amènera. Et là, c’est terrible. Tous tes repères sont annihilés. « It must be this one OR this one » « C’est le bus bleu ! » « Non! C’est le rouge. » « écoute chéri, théoriquement, il devrait partir dans 5 minutes du coin là-bas » « ah non non, le gars m’a dit : attends à CE panneau… » . Leçon n°1 : il n’y pas de théorie au Sri lanka.
C’est pas comme si tu transportais ton chez toi sur ton dos (tiens ! t’es devenu un escargot) et que les 27 allers-retours dans la gare te feront perdre 6 litres d’eau en 10 minutes…
En définitive, nous sommes montés dans un bus GOLD, ni bleu ni rouge, 48 minutes après les 10 prévues, environ 100 mètres plus loin que le fameux « coin » qui nous avait été indiqué… Mais on n’oubliera pas ce petit pêcheur qui est resté avec nous tout au long de notre tâtonnement anarchique. Il était seul depuis le tsunami, sa femme habitant trop près de la mer pour pouvoir fuir la vague anormale. On a partagé une clope, il s’est excusé de ne pas pouvoir rester encore un peu. Son bus arrivait.
Ce qui est sympa aussi au Sri, c’est de pouvoir observer, sans jumelles et en toute liberté, une faune tout de même bien exotique :
Exemple typique : le varan.
A la 1ère apparition (toi tu déjeunes tranquillement face à la mangrove de Tangalla et hop ! tu t’étrangles avec ton pépin de papaye. Pour cause : l’énorme animal nage tranquillou devant toi. Il est 8h du mat.), tu te dis : « tiens, c’est sympa, ça change des lapins »
A la 2ème apparition (tu t’apprêtes à rejoindre Jungle Beach, une plage splendide à quelques kilomètres d’Unawatuna et là, tu trébuches sur l’infâme qui connait parfaitement le sens d’une priorité à gauche.), tu te dis : « Si j’avais su, j’aurais révisé le code de la route du varan ».
Mais quand, à la 3ème apparition , tu t’exclames naïvement lorsque tombe sur ta banane plantain quelques gouttes provenant de l’auvent de la terrasse : « oh ! Sympa ! Une petite pluie pour rafraichir l’atmosphère … », Ton hôte, lui, entreprend urgemment l’évacuation de ladite terrasse parce que c’est le varan qui fait pipi du grenier, là, tu te dis : « c’est du lourd la faune ici. »
Bon, sinon, tu auras sûrement l’occasion de croiser sur le bord d’une route, l’animal sacré du pays. J’ai nommé : l’éléphant.
Symbole d’eau et de vie rappelons-le. Avec un peu de chance, ce sera un éléphanteau attablé devant un bon stock d’ananas sur le bord d’une route, et là, tu fonds.
Ceci dit, il faut t’attendre à faire quelques rencontres… locales dirons-nous.
Tout d’abord, il est utile de préciser qu’il est primordial de se munir de produit anti moustique (plusieurs flacons, de plusieurs marques pour la peau ET pour les vêtements) Parce que ces saletés, si lâches soient-elles, (elles attendent la nuit pour attaquer sournoisement) sont tout de même assez irascibles….On n’oublie pas non plus de se revêtir d’une djellaba qui permettra, le cas échéant, d’offrir une protection supplémentaire…
Un truc qui est sympa aussi, c’est l’épisode salle de bain. Toi, tu émerges paisiblement d’un bon gros dodo réparateur et tu aperçois une chose noire et ronde qui semble-t-il…… bouge. Les connexions neuronales sont maintenant activées : il s’agit donc de quelque chose de VIVANT ! Et là, en une seconde, tu es réveillé : c’est un cafard ! Il faut apprendre à vivre avec. C’est comme ça.
Le sri, c’est quand même un super pays, doté d’une faune riche et surprenante que tu peux croiser dans bon nombre de réserves naturelles et autres parcs. Uda Walave, Yala, Minneria… On y croise des buffles, des crocodiles, des vautours, des aigles, des singes et même des guépards.
C’est aussi l’un des rares pays où, en pleine ville, les tuk-tuks font un détour pour éviter deux chiens copulant au milieu de la route. Scène de vie.
Un dernier petit mot encore…. Si tu fais un road trip au Sri attends-toi à revenir changé : t’as vu des merveilles en vrac, t’as tripé 6 heures assis sur un marchepied d’un train brinquebalant au dessus des plantations de thé, t’as pleuré devant un lever de soleil sur la savane, tu t’es extasié face à la mangrove, t’as manqué de t’étouffer avec un petit rice curry de rien du tout, t’as kiffé la vie dans ton hamac sur la plage et tu t’es dit :
ATTENDS-TOI A REVENIR TOUT COURT !