Les visites des temples d'Angkor début janvier 2019, mon itinéraire

Forum Cambodge

Bonjour,
1ères visites des temples d’Angkor sur 3 jours.
Pour les connaisseurs, merci de votre avis sur le programe proposé par notre agence de voyage vietnammienne (oui, ce sera les 3 derniers jours d’un voyage de 19 jours).
AERIEN

Jeudi 3 janvier 2019

Après la nuit d’hôtel à Siem Reap, en route pour les temples d’Angkor

Visite des temples d‟Angkor tels que temple du groupe de Roluos (Hariharalaya). Les monuments de Roluos, qui servaient de capitale à Indravarman I (règne 877-89), comptent parmi les plus grands temples de l‟époque préangkorienne, et marquent le début l‟art traditionnel khmer. Visite du Preah Ko, érigé par Indravarman I à la fin du 9ème siècle, dédié par le roi à ses ancêtres en 880. –

du Bakong, le plus important et le plus intéressant du groupe de Roluos, avec son monastère bouddhiste situé au nord de l‟entrée est - de Lolei, avec ses 4 tours en briques, réplique du Preah Kho, construit sur une île – aujourd‟hui recouverte par des champs de riz- par Yasovarman I, le fondateur de la première ville d‟Angkor. Déjeuner libre. Suivi par la visite des temples les plus étonnants de l’ensemble du site d’Angkor, le Ta Prohm, le Ta keo, perdus dans une végétation luxuriante, ainsi que les temples de Neak Pean, du Preah Khan, et du Thommanon. Transfert à votre hôtel. Dîner libre. Nuit à Siem Reap.

Inclus : Transport privé,Hébergement, Guide francophone, Frais d’entrée, Repas : Petit-déjeuner

Vendredi 4 janvier 2019

Petit déjeuner à l‟hôtel. Départ de l‟hôtel en Tuk Tuk pour explorer d’Angkor Thom (Grande Cité), en arrivant la porte sud Angkor Thom vous profitez les photos à l‟entrée de la ville avec la scène le barattage la mer de lait. Visite le fameux Bayon, les 54 tours à 4 visages gigantesque énigmatiques sont (l‟amour universel, la compassion illimité, la sympathique et équanimité). Baphuon, le pyramide a trois étages, était le grand Chantier d‟EFEO, le palais Royal, la terrasse du Roi Lépreux, plateforme qui présente plusieurs admirables figures sculptées d‟apsaras. Votre visite se poursuit le long de la terrasse des Eléphants qui accueillait le faste des audiences royales et des cérémonies publiques puis vous visiterez également le Ta Prohm, temple envahi par la jungle et découvert en 1860 par l‟explorateur français Henri Mouhot. Apres midi visite du temple d’Angkor Vat, inscrit au patrimoine mondial de l‟humanité par l‟UNESCO. Avec ses tours élancées et ses bas-reliefs uniques, il est un des monuments les plus extraordinaires jamais conçus par l‟esprit humain, érigé au 12ème siècle en l‟honneur de Vishnu. Par rapport à tous les autres temples, Angkor Vat est le plus connu et le plus majestueux. Nuit à l‟hôtel Inclus : Transport privé, Hébergement, Guide francophone, Frais d’entrée, Repas : Petit-déjeuner

Samedi 5 janvier 2019

Après le petit-déjeuner à l‟hôtel, départ en bus pour une petite randonnée 1h30mn allerretour à Kbal Spean (la rivière aux mille lingas) à 49 km au nord d‟Angkor. Source nourricière d‟Angkor, les flots du Kbal Spean irriguaient jadis les rizières de l‟ancienne citée. Dans son lit, les Khmers y sculptèrent des Shiva et des carrés de pierre servant à bénir les eaux avant qu‟elles n‟arrivent à la Cité royale. Le site fut découvert en 1968 par l‟ethnologue ariègeois Jean Boulbet, et sur ses pas vous pourrez vagabonder le long des berges luxuriantes. Poursuite des visites avec le mythique

Banteay Srei, la citadelle des femmes. Ce bijou de grès rose renferme de remarquables linteaux sculptés en incroyable état de conservation. Déjeuner dans restaurant local au pied de colline. Dans l‟après-midi sur le chemin de retour à Siem Reap, visite la fabrication le sucre du palmier, la patte Cambodgienne, le temple romantique de Bantey Samre, surnommé “Angkor Wat miniature” Diner libre et Nuit à l’hôtel Inclus : Transport privé, Hébergement, Guide francophone, Frais d’entrée, Repas : Petit-déjeuner

Bonjour

Tout d’abord je fais une remarque sur ce que tu as écrit : …“Les monuments de Roluos, qui servaient de capitale à Indravarman I (règne 877-889), comptent parmi les plus grands temples de l’époque préangkorienne”. Il ne s’agit pas de temples de l’époque préangkorienne mais de l’époque angkorienne…

Rappel historique :

  • Le roi Jayavarman II s’autoproclame souverain suprême des Khmers en 802 au Phnom Kulen. C’est la date qui a été retenue par les historiens comme étant le début de l’époque angkorienne, jusqu’aux environs de 1432… Il a eu plusieurs capitales dont Hariharâlaya (Roluos) (1). Jayavarman II est décédé en 850 à Hariharâlaya
  • Jayavarma II, fils de Jayavarman II : 850 - 877. Capitale : Hariharâlaya. Il aurait commencé la construction du Bakong ?
  • Indravarman 1er : 877 – 889, il est probablement Neveu de Jayavarman. Capitale est Hariharâlaya. Ses temples : Preah Kô et Bakong.
  • Yasovarman 1er : 889 – 910. Fils d’Indravarman I. Il a fait construire divers temples dont Lolei, Phnom Krom, Phnom Bok. Il a créé sa capitale : Yasodharapura (Phnom Bakheng) considérée comme la “Première Angkor” (2).

(1) Le culte de Harihara : le nom “hariharalaya” provient de Harihara.
Harihara est le nom donné à la divinité combinant les caractéristiques des dieux Vishnou et Shiva. Hari fait référence à Vishnou et Hara à Shiva.
La statue représentant Harihara se compose de deux parties : mi-Visnu (Hari) à gauche, avec la tiare, et le disque, mi-Shiva (Hara) à droite, avec le chignon d’ascète au croissant de lune.
Le culte de Harihara était surtout pratiqué au cours de la période préangkorienne, beaucoup moins durant la période angkorienne.

(2) L’expression “Première Angkor” vient du fait que les successeurs de Yasovarman 1er se sont installés sur le site d’Angkor mais dès 921 Jayavarman IV avait fondé une nouvelle capitale à Chok Gargyar, l’actuel Koh Ker. Son fils Harshavarman II est resté à Koh Ker jusqu’en 944. Ses successeurs sont revenus sur le site d’Angkor jusqu’à la fin de l’empire Angkorien.

  • Voici mon avis sur ton programme de visite : le choix des temples à visiter est judicieux. En plus des quatre temples principaux (Angkor Vat, Bayon, Ta Prohm et Banteay Srei), les autres temples prévus sont intéressants.

LE NEAK PEAN :
On arrive à un ensemble de cinq bassins. Celui du centre est un carré de 70 m de côté entouré de quatre autres, dans les axes cardinaux, de 25 m de côté.
Au milieu du bassin central il y a monument (bouddhique du Mahâyâna – ou Grand véhicule) construit au milieu d’un lac artificiel. Dans la tour centrale il devait y avoir une statue de Bouddha.

Les quatre bassins plus petits qui encadrent le bassin principal reçoivent les eaux par des gargouilles abritées sous autant de petites chapelles mitoyennes.
Celle du Nord est en forme de tête d’éléphant avec encore une corolle – celle de l’Ouest, la gargouille est en forme de tête de cheval et il y a aussi un motif avec corolle de lotus – celle du Sud est en forme de tête de lion – celle de l’Est abrite une gargouille en forme de tête humaine sous laquelle se trouvait un motif de lotus avec deux traces de pieds sur la corolle, (disparu en 1998).
En 2002, lors de ma première visite, il n’y avait pas d’eau et on pouvait accéder aux chapelles mitoyennes.

LE BAYON

  • Il y a des discussions au sujet du nombre des tours : on ne sait pas combien il y en avait à l’origine, même si Paul Mus (1) pensait qu’elles devaient être au nombre de 54. On n’en voit plus aujourd’hui que 37 ; la plupart sont sculptées de quatre visages, un à chaque point cardinal, mais il n’y en a parfois que trois ou même deux et la tour centrale en a beaucoup plus.
    Les spécialités ne sont pas d’accord entre eux sur la représentation des visages. Voici quelques hypothèses qui ont été émises : Brahma car il est représenté avec quatre faces – Shiva à cause de son croissant de lune sur le front – Jayavarman VII constructeur de ce temple – Lokeçvara (2)…

  • Au début du XXème siècle les spécialistes des temples d’Angkor pensaient que le Bayon était un temple hindouiste.

  • Sources “Pour mieux comprendre Angkor” de George Cœdes (3) : en 1924, survint la découverte d’un fronton avec la représentation de Lokeçvara. Louis Finot (4) en 1925, a écrit qu’il ne s’agissait pas d’un temple hindouiste mais un sanctuaire bouddhique dédié à Lokeçvara. La destination primitivement bouddhique du Bayon est désormais un fait acquis.
    Elle a été confirmée en 1933 par la découverte dans un puits de l’idole primitive du sanctuaire central, une grande statue de Bouddha qui a été installée dans un pavillon (Vihear Prampil Loveng) placé au Sud de l’avenue menant du Palais royal à la Porte de la Victoire.

(1) Paul Mus (1902 – 1969). Membre de l’EFEO (Ecole Française d’Extrême-Orient) de 1927 à 1946

(2) Le Lokeçvara est un Bodhisattva dans le bouddhisme mahâyana, c’est un être qui a volontairement renoncé à entrer immédiatement dans le nirvana pour pouvoir aider les humains. Le plus connu au Cambodge est Lokeçvara ou Avalokiteçvara.

(3) George Cœdes (1886 – 1969) Membre en l’EFEO de 1911 à 1929, directeur de 1929 à 1947.

(4) Louis Finot (1864 – 1935) Directeur de l’EFEO de 1898 à 1904 et de 1920 à 1926, par intérim de 1914 à 1918 et de 1928 à 1930

LE BAPHUON : une grande partie des constructions du sommet s’est écroulée de bonne heure et on en a utilisé les pierres pour d’autres édifices, notamment vers le XVIème siècle pour construire un immense Bouddha couché à l’Ouest de la pyramide.
Voici un documentaire de Didier Fassio sur la restauration du Baphuon : “Angkor l’aventure du Baphuon”.
Sur Google tu tapes : Angkor l’aventure du Baphuon. Dans la partie “Vidéo” tu ouvres le premier document (durée 53 mn 39 secondes)

LA TERRASSSE DU ROI LEPREUX
Il existe une légende du Roi Lépreux dont on peut voir un bas-relief au Bayon : bas-relief intérieur, galerie Est, moitié Nord, entre les tours Nord et centrale
Lorsque la statue a été découverte, il y avait des traces de lichen. Des khmers présents lors de cette découverte ont immédiatement pensé au Roi Lépreux,… Le nom a donc été employé pour cette terrasse.
Après avoir fait des recherches on a pu dire que cette statue représentait Yama (dieu de la mort et roi des enfers) ou Dharma un de ses assistants.

BANTEAY SREI : mon préféré et de Malraux également…
"De l’avis unanime, Banteay Srei est un “bijou précieux”, le “joyau de l’art Khmer”. (Maurice Glaize : “Les monuments du groupe d’Angkor”).
A la différence de la plupart des grands sites d’Angkor, Banteay Srei n’est pas un temple royal. Il a été construit par l’un des conseillers du roi Râjendravarman (944 - 968) : Yajnavarâha. C’est le roi qui fit don de cette terre à Yajnavarâha ; avec son frère cadet, celui-ci ordonna la construction du temple, dont les divinités furent installées juste avant la mort de Râjendravarman.
Le Banteay Srei a été découvert seulement en 1914 par un officier du Service géographique, le Lieutenant Marec.

BANTEAY SAMRE : différentes cuves ont été découvertes sur le site d’Angkor, elles ont été placées à la Conservation à l’exception de celle du Banteay Samre que l’on peut voir dans ce temple. C’est la seule cuve qui possède encore son couvercle.
On ne connait pas la fonction de ces cuves. Toutes ces cuves ont été retrouvées vides. Se basant sur les rites funéraires indo-javanais, certains chercheurs pensent qu’il s’agit peut-être d’urnes funéraires ?

Jacques

Bonjour Jacques,
tu m’as passionné ! Merci pour ta réponse et ta contribution à mon choix et à mon voyage!
AERIEN

Bonjour

Dans mon post précédent j’ai cité George Cœdes.
George Cœdes et Claude Jacques sont les deux plus grands épigraphistes pour la période angkorienne.

  • En architecture l’épigraphe est une inscription que l’on trouve sur des monuments. Ces inscriptions sont gravées sur des matériaux non putrescibles comme la pierre, le métal…
  • Epigraphie : science qui étudie les épigraphes.
  • Epigraphiste : personne qui étudie les épigraphes.

Les inscriptions que l’on peut voir dans les temples sont gravées à l’entrée des sanctuaires sur les piédroits des portes, d’autres ont été gravées sur des stèles, qui se trouvent maintenant à la Conservation d’Angkor et au Musée de Siem Reap, pour éviter les vols. Ces documents ont une importance historique considérable, car ce sont les seules archives du Cambodge ancien ; en effet la totalité des manuscrits de l’époque angkorienne a disparu au cours des siècles pour n’avoir pas été recopiés.

Ces textes gravés sur la pierre sont écrits en sanscrit ou en khmer ancien, à peu près en quantité égale, mais leur teneur est sensiblement différente suivant la langue utilisée.

  • Les textes sanscrits sont des poèmes adressés aux dieux d’origine hindoue ou aux protecteurs bouddhistes. Ces poèmes font en règle générale l’éloge du fondateur du temple, qu’il soit roi ou haut dignitaire. C’est dans ces poèmes que l’on trouve habituellement la date de l’installation des divinités (trop souvent confondue avec la date de construction du temple) qui commence avant et peut s’être prolongée bien au-delà ; on peut y trouver aussi certaines autres dates, notamment celles de la prise de pouvoir des rois.
  • Les textes khmers au contraire sont toujours écrits en prose et relèvent généralement du style de l’inventaire : ils ont trait en effet aux biens matériels propriétés des dieux, terrains, animaux ou objets du culte…

LE BANTEAY SREI :“Citadelle des femmes” :
En 1916 quelques lignes dans un BEFEO (1), “Chronique” BEFEO 1916 – N° 16 p. 98-99" mentionnent ce temple : “le Bantài Srëi, peut compter parmi ce que l’art classique à ses débuts a exécuté de plus gracieux ; le monument très complet offre dans ses formes réduites une sculpture des plus variées et d’un haut intérêt archéologique”.

Pierre Baptiste (“L’art khmer dans les collections du Musée Guimet”) mentionne qu’Henri Parmentier a écrit un article en 1919 sur le Banteay Srei sans préciser son titre ni la revue, il mentionne uniquement “Henri Parmentier, 1919, p. 66-79.Ce texte n’avait pas échappé à la convoitise d’un érudit en mal d’argent, un certain André Malraux”.
J’ai donc cherché et j’ai trouvé un article d’Henri Parmentier sous le titre “L’art d’Indravarman”
Voir le BEFEO année 1919 – Volume 19, N° 1, pp. 1-98.Le Banteay Srei est décrit pages 66-79.

La restauration des temples utilise le procédé de l’anastylose (2).
L’anastylose fut introduite au Cambodge par Henri Marchal (3), au retour d’un voyage d’études à Java où il avait pu se rendre compte de l’excellence de la méthode.
Henri Marchal a utilisé pour la première fois l’anastylose pour la restauration du Banteay Srei de 1931 à 1936 (4)
A partir de 1936 Maurice Glaize (5), architecte de formation, est devenu le “spécialiste” de l’anastylose pour les monuments du groupe d’Angkor.

(1) BEFEO : Bulletin de l’Ecole Française d’Extrême-Orient. On peut consulter ces BEFEO sur le site “Persée”
Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient - Persée Sur google tu tapes bulletin de l’école française d’extrême orient (befeo persee). Il n’est pas facile de trouver un article sans avoir au minimum l’année, le numéro du bulletin, l’auteur ou les numéros de page.

(2) L’anastylose : mot d’origine grecque signifiant “relèvement des colonnes”.
L’anastylose – nous dit Balanos, conservateur des Monuments de l’Acropole d’Athènes – consiste dans le rétablissement ou relèvement d’un monument avec ses propres matériaux et selon les méthodes de construction propres à chacun. L’anastylose s’autorise de l’emploi discret et justifié de matériaux neufs en remplacement des pierres manquantes sans lesquelles on ne pourrait replacer les éléments antiques".
De 1894 et 1933 l’architecte et ingénieur en chef Nicolaos Balanos a dirigé un chantier de restauration au Parthénon. Certaines personnes disent que c’est la première fois que la méthode de l’anastylose a été utilisée. Sans être un spécialiste je pense qu’ Eugène Viollet-le-Duc a utilisé cette méthode avant lui ?

(3) Henri Marchal (1876 – 1970). Membre de l’EFEO de 1919 à 1937

(4) Après la visite du Banteay Srei, on peut faire un petit détour avant de se rendre sur le parking. En continuant un peu après les toilettes il y a un petit hall dans lequel il y a des explications sur les temples que je trouve intéressantes. On peut y voir des reproductions de photos qui ont été prises lors de la restauration de ce temple.

(5) Maurice Glaize (1886 – 1964) Membre de l’EFEO de 1936 à 1945. En 1944 il a écrit “Les monuments du groupe d’Angkor”. Ce livre a été réédité à plusieurs reprises. C’est encore une excellente source pour la description des temples.

LE BANTEAY SAMRE : “Citadelle des Samrés”
Les Samrès sont des éléments aborigènes d’origine mal connue. Ils peuplaient notamment la région située au pied du Phnom Kulên, quelques samrés vivent encore dans villages à proximité.

Les guides sont très rares à parler de la légende du Roi des concombres dont le personnage principal est un cultivateur d’origine samré qui cultive des concombres. Il existe diverses versions de cette légende, voici un résumé de l’une d’entre elles

Le roi des concombres : Pou, un pauvre cultivateur de souche Samrè, spécialisé dans la culture des concombres doux, avait reçu les graines de façon surnaturelle. Ayant fait hommage de sa première récolte au Roi, celui-ci trouva les fruits si succulents qu’il s’en assura bien vite l’exclusivité, prescrivant à Pou de tuer tous ceux, hommes ou animaux, qui pénétreraient dans son Chamcar (champ).
A la saison des pluies, où les concombres se faisaient rares, le souverain, impatient d’y goûter, se rendit lui-même certain jour chez son jardinier, mais n’étant arrivé qu’à la nuit il fut mortellement blessé par lui d’un coup de lance, ayant été pris pour un voleur, et enterré comme tel en plein champ.

Le roi étant sans descendance directe et les dignitaires du royaume n’ayant pu se mettre d’accord sur le choix de son successeur, on eut recours à l’intervention divine, et ce fut, “l’Eléphant de la victoire” qui, chargé de désigner le nouveau roi, s’arrêta dans sa course précisément devant l’homme aux concombres doux, “le salua, trompe basse entre les pattes, s’agenouilla et l’enlaçant d’une trompe flexible, le jucha doucement sur son dos”.

Devenu roi, l’homme aux concombres fit rechercher le corps de son prédécesseur, et célébrer les cérémonies funèbres au Mébôn puis le rite de la crémation à Pré Rûp. Par la suite, les personnages de la Cour, humiliés d’être gouvernés par un Samrè, ne manquèrent pas de manifester leur opposition en feignant d’oublier les marques rituelles du respect. Le roi, n’ayant pu les fléchir ni par la bonté ni par la violence, quitta le Palais-Royal et s’en vint habiter à quelque distance de la cité, à Banteay Samré “où il resta claquemuré comme la tortue-boîte quand, peureuse, elle a rentré la tête dans la carapace”.

Là il faisait comparaître ses ministres, qui continuaient à affecter, d’adorer les attributs de la royauté et les emblèmes des anciens rois au lieu du Maître lui-même. Un jour, poussé à bout, il résolut de les punir et ayant fait apporter la chaise percée de son prédécesseur, fit décapiter tous ceux qui cherchaient à l’humilier en manifestant leur dévotion à ce misérable objet en tant que témoin de la dynastie éteinte. Son règne se poursuivit désormais dans le calme parmi ceux qui, conquis par sa bonté, lui étaient devenus fidèles…

Jacques

Bonjour Jacques,
je voyage déjà… Merci
AERIEN

Bonjour.
Loin des remarquables contributions de Jacques, je vous recommande de voir le tout petit temple sur la droite de la terrasse du roi lépreux.
Les asparas sont magnifiques
Bonne journée.
Jean-Paul

Bonjour Jean-Paul,
je me le note sur mon carnet de préparation du voyage.
Je vous remercie.
AERIEN

Bonjour Jean Paul
Tu mentionnes des apsaras mais je pense qu’il s’agit peut-être de dévatas ?

APSARAS : danseuses célestes issues du barattage de la mer de lait. On peut en voir en haut du panneau du barattage de la mer de lait sur le bas-relief d’Angkor Vat ainsi que sur des piliers à divers endroits en particulier dans des salles de danse (ou des danseuses). On les reconnait très facilement, elles ont les jambes pliées et le bras levés.

En général ces apsaras ne sont pas sculptées “en relief” mais gravées dans la pierre. On en voit très rarement sculptées en relief, c’est le cas au Preah Khan dans la salle des danseuses qui se trouve après le Gopura (ou entrée) à cinq porte, coté Est de la troisième enceinte, il faut lever la tête pour les voir.

DEVATA : il s’agit de divinités. Elles sont sculptées en relief dans des murs. Elles sont très nombreuses. Elles ont le torse nu et portent une jupe jusqu’aux chevilles. Le style de ces jupes varie en fonction des époques. Ces dévatas sont très nombreuses.

A noter qu’à Angkor Vat on peut voir trois ou quatre dévétas, torse nu et sans jupe, elles ont les jambes découvertes et portent un genre de petit pagne. Lorsque l’on se trouve dans la galerie des bas-reliefs, partie à l’Est. Il y a le d’un côté le “Barattage de la mer de lait” et de l’autre côté “La victoire de Vishnou sur les assuras” (*). Il faut sortir de cette galerie (au centre), le long des murs à proximité on y trouve ces dévatas. J’ai découvert ces dévatas lorsque j’ai acheté de livre de Michel Petrotchenko “Le guide des temples d’Angkor”.

On a pris l’habitude au Cambodge, souvent à tort, de désigner les dévatas et les apsaras sous le seul nom d’APSARA.

Pourrais-tu si possible indiquer le nom du petit temple à droite de la Terrasse du Roi Lépreux.
Lorsque qu’on se trouve sur la route et qu’on fait face à la terrasse du Roi Lépreux sur la droite il y a le Tep Pranam qui est un grand bouddha assis, plus au fond il y a le Prah Palylay
Lorsque l’on tourne de dos à cette terrasse en face (derrière les garrottes) il y a le Prah Pithu qui est un ensemble de cinq petits temples.
Ou alors tu as vu ces apsaras dans le passage à l’arrière de la terrasse du Roi lépreux que l’on peut nommer “mur intérieur”

(*) Nous savons par une inscription que ce bas-relief fut sculpté au milieu du 16ème siècle (entre 1546 et 1564 selon Claude Jacques). Le style employé est moins attrayant et la qualité d’exécution inférieure à celle des panneaux qui datent du 12ème siècle.

Jacques

Bonjour.
Oui, c’est bien le mur.
Vous avez raison.
Les touristes passent sans le voir.
C’est pourtant très beau.
Bonne soirée et merci pour ces précisions.
Jean-Paul

Bonjour

Les sculptures hindouistes sont très souvent des scènes du Ramayana et du Mahabarata.

Dans ton post initial tu as écrit ceci à propos de la porte Sud d’Angkor Thom : …“avec la scène le barattage la mer de lait”.
Pour accéder à la porte Sud on passe sur un pont. A gauche et à droite, deux rangées de personnages portent chacune le corps d’un serpent géant – un nâga à sept têtes – Les personnages de gauche (54) sont les dévas (dieux), tandis que ceux de droite (54), grimaçant férocement, sont les asuras (démons). Il s’agit d’une représentation partielle du “Barattage de la Mer de Lait”.

ANGKOR VAT : GALERIE DES BAS-RELIEFS
LE BARATTAGE DE LA MER DE LAIT
Le Barattage de la Mer de Lait est représenté sur un mur de 49 mètres. Ce grand mythe hindou de la Création provient du Bhâgavata-Pourâna.

Voici un résumé de ce barattage : Le naga géant Vasuki qui reposait au fond de l’océan, fut réquisitionné pour servir de corde géante, enroulée autour de la montagne-pivot le Mandara. En tirant tour à tour sur le corps de Vâsuki, les devas et les asuras font tourner la montagne pendant 1000 ans pour baratter la mer cosmique – la Mer de Lait – et produire de cette façon l’amrita, nectar garantissant l’immortalité, En fait, cette entente entre les dieux et les asuras cessa dès que l’amrita apparut : les dieux ne tinrent pas leur promesse d’en donner la moitié aux asuras qui dès lors tentèrent de la voler… sur ce panneau il y a 92 démons et 88 dieux.

A noter que dans la représentation de cet épisode sur ce bas-relief on peut voir les personnages suivants : à gauche Ravana (1), à droite Hanuman (2) ou Sugriva (3) Hors ceux-ci sont des personnages d’une autre légende le Ramayana.
Le Ramayana est d’origine indienne, selon la tradition il aurait été écrit par Valmiki. C’est l’histoire de Rama qui est un avatar de Vishnou. Au Cambodge le Ramayana a été modifié il s’agit du Reamker, version “khmérisée” du Ramayana original : voir le site vorasith on line.

(1) Râvana : démon à six têtes et douze bras, ennemi de Rama dont il a enlevé l’épouse Sita.

(2) Hanuman : général en chef de l’armée des singes et allié de Rama.

(3) Sugrîva : roi des singes, allié de Rama.

CIEUX ET ENFERS, JUGEMENT DES MORTS
On y voit Yama qui procède au jugement des morts. Les méritants montent aux cieux. Ceux qui ont péché sont dirigés vers ses deux assistants : Dharma et Chitragupta, Ceux-ci sont chargés de d’envoyer les pécheurs vers un des 32 enfers en fonction de leurs fautes.

Jean Commaille (1) qui a écrit “Guide aux ruines d’Angkor” en 1912 mentionne qu’Etienne Aymonier (2) a fait une description détaillée des 32 enfers. Cette description figure dans ce livre. J’ai pu me procurer une version originale de ce livre (en très bon état)….
Chaque enfer a un nom et sa “spécialité” en fonction des fautes commises par les pécheurs.
Sur le bas-relief on peut voir une partie des punitions, par exemple :

  • Ceux qui ont volé du riz ont le ventre rond, on leur a fait absorber du métal en fusion.
  • Il y a un enfer gelé, où l’on peut voir des voleurs grelotter.
  • On enfonce des clous dans toutes les parties du corps ceux qui ont volé des fleurs dans les jardins de Shiva.
  • Les gourmands sont sciés en deux, ce qui paraît un peu hors de proportion.
  • On peut y voir des hommes jetés dans un chaudron ou rôtis à la broche, d’autres sont cuits à petit feu. On peut y voir aussi le broyage des os…

En 1947 il y a eu un effondrement de cette galerie, une partie des cieux (en haut du bas-relief) a été endommagée et n’a pas été reconstituée…
Mais heureusement, Louis Delaporte (3) avait fait faire de nombreux plâtres dont la partie qui n’a pas été reconstituée.

(1) Jean Commaille : 1868 – 1916. Membre de l’EFEO de 1900 à 1916

(2) Etienne Aymonier (1844-1929) : il était officier et administrateur colonial français, spécialiste des cultures khmère et cham. Il est l’auteur d’une étude en trois volumes sur le Cambodge qui donne pour la première fois les traductions des inscriptions trouvées sur le site d’Angkor.

(3) Louis Delaporte (1842-1925) : Enseigne de vaisseau dans la marine, participe (en tant que dessinateur) à la mission Doudart de Lagrée - Garnier (1866-1868).

  • 1873-1874 : seconde mission de Louis Delaporte. Il avait une double mission : vérifier la navigabilité du fleuve rouge de son delta jusqu’au Yunan et constituer la première collection officielle d’art khmer en France.
    Il a rapporté un grand nombre de sculptures qui sont maintenant au Musée Guimet.
  • Il a fait une troisième mission de 1881-1882, il a encore rapporté des sculptures.
    Lors de ses missions il avait fait faire des moulages.

Louis Delaporte a écrit “Voyage au Cambodge. L’architecture khmère”, il relate sa seconde mission. J’ai trouvé ce livre très intéressant.

En 2013 il y a eu une exposition temporaire au Musée Guimet sur les plâtres de Louis Delaporte. J’ai pu voir quelques plâtres dont ceux du paradis que l’on ne voit plus à Angkor Vat…

Lors de cette exposition le livre “Angkor naissance d’un mythe, Louis Delaporte et Le Cambodge”, sous la direction de Pierre Baptiste (conservateur au Musée Guimet) et de Thierry Zéphir (chargé d’études au Musée Guimet) a été édité (49 €). J’ai appris beaucoup de chose sur Louis Delaporte

Jacques

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