Dans une équipe, il y a souvent des outsiders, des éléments que l’on considère comme relativement négligeables.
C’est un peu le cas de Staten Island qui est le parent pauvre de New-York.
Même les résidents de NY semblent penser qu’il n’y a rien à y faire, ni rien à y voir.
En inscrivant quelques secteurs dans mon projet, je savais que j’ouvrais une porte pleine de surprises.
Je me demande si je ne suis pas tombée sur la caverne des trésors d’Ali Baba.
Il ne m’a pas suffi de prononcer un mot magique pour ce faire, bien sûr!
Ce furent des recherches amusantes à faire sur internet, ayant peu d’autre documentation brochée à parcourir.
Comme je ne savais pas trop quelle direction prendre, j’ai utilisé des mots clés thématiques et c’est ainsi que j’ai pu reporter sur des cartes des itinéraires qui m’ont conduite sur de surprenants secteurs.
Cette mise en appétit va appeler à davantage de travail, parce qu’il est certain ,que lors d’un prochain voyage, s’il en est, je reviendrai à Staten Island me faire surprendre.
Revenons-en au fil de ma journée.
Il m’a fallu exactement 1 h 45 pour arriver à destination et 2 h pour en revenir.
C’est un des critères qui peut agir comme un frein parce que c’est presque la durée d’un voyage en bus pour aller à Philadelphie.
Le temps de me rendre en métro, de prendre le ferry puis le “métro local” géré par la MTA (SIR : Staten Island Rail) est incompressible.
Et encore, je crains que cela ne puisse être plus long puisque j’ai eu la chance à chaque fois d’arriver sur un ferry au départ immédiat.
Faire le choix d’une résidence touristique à Staten Island quand on veut visiter Manhattan et des proches secteurs est, à mon avis, une erreur.
C’est tout de même assez mal desservi même si le ferry assure des rotations 24/24 et 7/7.
Il y a le temps de la traversée et celui des attentes pour embarquer.
Il faut ensuite assurer ses transferts depuis l’adresse sur l’île. Si c’est à Saint George, près du terminal maritime, cela peut éventuellement aller, mais si c’est en plus dépendant des bus, c’est cauchemardesque. Leur fréquence sur cette île est bien moindre que dans les autres secteurs.
De même, le rail a une fréquence moindre.
Il est plus ou moins calé sur celle des rotations des ferries.
Donc, visitez Staten Island, si l’envie vous prend, mais n’y séjournez pas!
Tant pis pour ma logeuse de Air BnB mais je ne la soutiendrai pas et ne lui ferai, cela va de soi, aucune publicité!
Me voici donc rendue au pied de ma première destination de la journée en quittant la gare de Dongan Hills desservie par le SIR.
A propos de ce réseau de transport, il a un fonctionnement très différent en terme de paiement de celui du métro traditionnel.
Au terminal du ferry, c’est simple :on passe sa metrocard comme partout ailleurs et on débloque le tourniquet.
Au retour, on monte à la station de l’île sans valider sa carte. On ne le fera qu’en sortant du terminus, pour actionner le tourniquet de sortie.
Soit!
Mais ce qui est original, c’est que ce métro local se prend sans payer sur toute l’île dans les stations intermédiaires. Autrement dit, vous vous présentez à la gare, accédez directement au quai sans portillon, montez dans le train, en redescendez où vous voulez en route, sans jamais rien avoir à valider.
Il va falloir que je mène ma petite enquête pour savoir pourquoi les îliens ont cette gratuité de transport intramuros qui ne concerne nullement les bus, identiques aux autres de la MTA que j’ai eus à prendre.
Je suis donc descendue à la gare de Dongan Hills, charmant petit “village” de province, c’est du moins ainsi qu’il se présente quand on descend les escaliers de la gare.
Je savais que j’allais me rendre sur un secteur dont le nom se termine par Hill, ce qui signifie “colline” et que, de fait, la route qui m’y mènerait grimperait.
J’étais préparée et je ne fus pas surprise. Ce qui le fut davantage, c’est que la notion de trottoir est à géométrie très variable voire absente.
Autre information pratique, donc!
Si dans la partie basse de la ville, où se trouvent les commerces et autres équipements communs, les rues sont dotées de trottoirs sans doute entretenus par la collectivité, il n’en est plus de même dès que l’on s’approche des zones résidentielles où chaque propriétaire est responsable de son bout de trottoir, c’est à dire de sa construction et de son entretien.
Donc, vous avez des zones où les dalles qui forment une allée piétonne se suivent encadrées de pelouse de part et d’autre du cheminement, et d’autres où les propriétaires n’ont eu que faire de ce service rendu aux piétons, et on décidé de n’en point installer et de prolonger leur terrain jusqu’à la chaussée en pelouse.
Si vous ne voulez pas marcher dans la rue, il vous faut piétiner ces espaces herbeux au plus au bord possible pour ne pas les endommager.
Les riverains n’ont que faire des visiteurs pédestres. Sans doute dans leur secteur n’y en a-t-il pas ou en nombre si infime que rien ne justifie qu’on s’en préoccupe. Les habitants circulent en voiture : pas à pied.
Là, c’est la configuration optimale, celle où entre dalles et pelouse vous n’êtes pas sur la chaussée, mais il y a pire.
Il est des secteurs où la circulation des automobiles et autres camions est régulière et où il n’y a aucun espace prévu pour les non motorisés.
Vous êtes donc contraints de marcher sur la route, sans grande sécurité, alors que de part et d’autres se trouvent des habitations. Ce n’est pas un no man land qui expliquerait cela! Non, c’est dans un secteur urbanisé.
Alors, entre les virages qui masquent la vue des conducteurs et le flux des véhicules, il faut être très très prudent!
Voilà pour la partie pratique des déplacements que j’ai eu à faire.
Revenons en à ma colline.
De Dongan Hills gare, je suis montée par Four Corners Road sur Todt Hill Road, en faisant un petit détour par Fairview Place.
Fairview, ça ne vous rappelle rien ?
Mais si, ! Desperate Housewives!
Mais là, rien à voir, c’est trois crans au-dessus !
J’avais pointé une adresse que je vais vous donner plus tard vous permettant de comprendre que quelquefois ce sont de petits détails qui sont des alibis pour se déterminer.
De maisons bourgeoises, mais sans plus, dans des styles plutôt dépouillés, rien d’ostentatoire, je suis montée vers des secteurs autrement résidentiels et, juchés sur leur colline, autrement impressionnants.
Non seulement le cadre est magnifique avec la vue plongeante mais les résidences sont incroyablement belles dans leur cadre coquet et fleuri.
Les propriétaires sont très aisés, c’est certain, mais cela ne prend pas cette couleur détestable que j’ai perçue à Mill Basin.
Le cadre est sublime et le soleil qui illuminait tous les parterres fleuris avec ces grands espaces verts n’y était pas pour rien dans ma perception idyllique.
J’ai vraiment eu “un choc”. Je ne m’attendais pas à tant d’harmonie.
Tout en cheminant, je me posais la question suivante : et si c’était ICI que se trouvait la cinquième étoile?
Oui, il faut que je vous précise un détail.
Avant de partir, il m’avait été demandé de noter les sites que je visiterai.
Je l’ai fait sous forme d’étoiles en me limitant à 5.
A ce jour, je n’ai pas encire trouvé ce qui justifierait cette note d’excellence subjective, celle qui aurait déclenché sous mes yeux le feu d’artifice que j’ai eu lorsque je suis arrivée la première fois à NY, face à la skyline illuminée.
J’en étais à ce questionnement, un peu étourdie, lorsque j’ai mis un bémol constatant les conditions à venir pour me déplacer dans Todt Hill Road,
Je suis partie sur la droite (pour ceux qui suivent avec une carte Google)et suis allée jusqu’au n° 724.(tapez en barre de recherche 724 Todt Hill Road Staten Island nyc, et passez en Street View)
Là, je vous laisse apprécier la démesure de la découverte, qui n’en était pas une pour moi qui savais ce que je venais voir mais qui voulais le juger sur place.
C’est encore plus impressionnant en réalité qu’avec Google Street parce qu’il y a l’effet de concrétude.
Dans l’ensemble et dans de nombreux secteurs de cette journée, je me suis demandé si le fait d’être un peu à l’écart des autres n’avait pas débridé les habitants, les autorisant à toutes les fantaisies inimaginables.
Dans le genre, délires, il y en a eu d’autres. Vous les verrez dans le dossier photos, mais celui-là a la première place pour ce que j’en ai vu.
J’aurais pu poursuivre sur cette route plus avant, mais comme j’avais d’autres objectifs de visite, que les temps de marche en terrain vallonné sont plus importants , j’ai préféré assurer et rebrousser chemin sur cette même route qui longe en partie un immense terrain de golf (privé bien sûr) suivi d’un cimetière que j’ai dans un premier pris pour un parc tant il n’y ressemblait pas, sous un certain angle.
De l’autre côté de la route, des résidences toutes plus belles les unes que les autres nichées dans leurs écrins de verdure.
Arrivée en bas de cette route, je l’ai prolongée en m’engageant sur Richmond Road qui me ramenait à la civilisation avec ses trottoirs, ses activités économiques.
La distance qui me séparait de la maison de Todt Hill et le point suivant, à savoir Old Richmond Town, un site historique préservé de l’ancienne ville, telle qu’elle était à la fin du 19ème et début du 20ème siècle, est de 5 kilomètres.
Pendant tout ce trajet, alors que sur Richmond Road passent des bus, je n’en ai vu qu’un seul à mon approche, quand j’arrivais à destination.
Ceci précise leur rareté et la nécessité de marcher parfois.
Une fois de plus, la chance m’a souri.
Alors que je photographiais une des maisons de cette ancienne ville qui borde la route, une des employées chargée de l’accueil pour les visites, se trouvait là, bien avant l’heure d’ouverture des lieux au public qui ne se fait qu’à 13 h pour la partie musée et à 14 h 30 pour la visite guidée de certains intérieurs de bâtisses, comme le pub, certaines maisons et ateliers, …
Je l’ai saluée, me suis présentée, et constatant que j’avais fait une longue route pour arriver jusque là, elle m’a proposé une visite privée de la maison qu’elle entretenait pour l’accueil des touristes.
Elle était vêtue du costume d’époque et avait même allumé un beau feu dans l’une des cheminées ce qui donnait à sentir une bonne odeur de flambée très agréable, en raccord parfait avec l’ambiance du décor très rustique.
Ce fut un petit moment privilégié que j’ai grandement apprécié moi qui suis un peu rétive lorsqu’il s’agit de procéder autrement.
De plus, attendre presque 2 h avant la seule visite guidée du jour, puisque j’étais sur place à 12 h 30 me contrariait un peu.
Une fois sortie de cette maisonnée, j’ai tenté ma chance avec le chargé de l’accueil au pub, mais j’ai eu un renvoi poli à la visite officielle. Il a bien accepté que j’entre exceptionnellement dans la salle principale, mais vite et discrètement.
Je me suis exécutée puis ai fait un tour des extérieurs en décidant de faire une petite pause dans l’espace pique-nique aménagé avec des tables.
A cet endroit, je n’étais plus très loin de l’étape suivante, le Jacques Marchais Museum, musée tibétain privé.
J’ai sur place découvert que Jacques est une femme! Nous ne sommes pas habitués à ce que ce prénom soit porté par des femmes, non ?
Je n’y connais rien en civilisation tibétaine, mais j’ai pris plaisir à découvrir ce charmant musée situé tout en hauteur.
Il est doté d’un petit jardin agréable qui domine la vallée avec de très belles vues.
Il en coûte 6$ pour l’entrée, mais il en coûte un peu aussi pour y accéder. Là c’est en volonté et pas en argent que cela se mesure. Eh, oui! ça grimpe et sans trottoirs, à nouveau!
De cette route, on peut voir un phare de Staten Island transformé en musée.
Je n’ai pas poussé jusqu’à lui, mais je le percevais bien.
A ce niveau, aussi les résidences sont impressionnantes et leurs propriétaires de joyeux fantaisistes, mais c’est moins spectaculaire qu’à Todt Hill.
Pour le retour, je comptais rejoindre la gare de Oakwood Heights, soit 4 stations de train plus bas que mon point d’arrivée. Cela vous donne une idée de la boucle que j’ai faite à travers les rues et routes du secteur.
La distance totale parcourue une fois arrivée sur Manhattan : 16 kms.
Je ne suis pas redescendue par l’axe principal que je craignais chargé en circulation et moins intéressant, mais ai opté pour une traversée en diagonale des zones de résidences qui diminuaient en taille au fur et à mesure que je me rapprochais de la gare.
Il est à noter que si les villas sont belles, elles manquent cruellement d’espace autour pour permettre aux enfants de jouer, au basket, par exemple. Pour l’essentiel, les paniers d’entrainement sont installés à hauteur du caniveau, dans la rue, le panier tourné vers la chaussée!
Cela prouve au moins que le trafic des voitures le permet.
Rendue à la civilisation, j’ai pris le train / métro dans les conditions expliquées et suis rentrée par le ferry de belles images encore en mémoire.
Une petite pause à l’hôtel et je suis repartie à l’Apollo pour l’Amateur Night.
J’avais découvert ce show l’an passé.
Il s’est déroulé à l’identique, sauf que j’avais pris quelques précautions.
Traumatisée par une sono que je trouve excessive et dangereuse pour le système auditif, je m’étais équipée de bouchons d’oreilles, ceux-là mêmes qui sont vendus dans les salles de concert, et m’étais installée au balcon.
Jusque là, rien que de très banal.
Malheureusement pour moi, je me suis trouvée placée juste derrière des belges qui ont passé leur temps à discuter se penchant sans cesse pour se parler à l’oreille (pas le choix à cause de la sono) et s’agiter sur leurs sièges sans aucun rapport avec le show dont je ne suis pas sûre qu’elles ait suivi quoi que ce soit , compris encore moins, et surtout s’y soient seulement intéressé. A se demander ce qu’elles étaient venues faire.
Pour papoter, un salon de thé, ou même la rue eut été préférables.
Pour corser le tout, celle qui était devant moi avait érigé sur sa tête une houppette à la Tintin (son cousin patriote) qu’elle redressait en permanence limitant encore un peu plus ma vue sur la scène.
J’aurais été équipée d’une paire de ciseaux que j’en aurais fait mon affaire.
La personne assise à côté de moi a été moins patiente. Elle aussi, gênée par tant d’impolitesse, s’est déplacé pour voir ailleurs. J’ai attendu l’entracte pour en faire autant non sans me départir de bons mots pour expliquer à ces donzelles que leur comportement avait été insupportable.
De telles conditions gâchent, un peu, beaucoup ce qui se passe sur scène.
De plus, et cela n’a rien à voir avec le concept, je n’ai pas eu de chance quant aux choix des styles musicaux des artistes candidats aux sélections.
En sus d’un jeune trompettiste talentueux de 12 ans, hors compétition, qui a exécuté avec brio des morceaux de jazz, que je n’aime vraiment pas, j’ai eu pour l’essentiel des chanteurs/ Chanteuses jazz, ou alors un numéro de rap qui m’insupporte!
Pour le reste, entre reggae, musique pop folk et du RnB, cela passait.
Bref, un programmation qui est bien dans l’air du temps et dans l’esprit de Harlem, mais qui ne m’a pas transportée.
Je reconnais au concept une originalité.
Nous avons même eu le droit à une demande d’applaudissements pour Coca Cola qui sponsorise le show! Là, il ne faut pas exagérer, quand même. Je n’allais pas applaudir ce consortium! qui n’en a pas besoin!
Le présentateur est fidèle à ce qu’il était l’an passé. Mêmes blagues, mais il est bon!
L’orchestre, rien à dire : excellent!
De quoi passer une très bonne soirée avec un DJ qui assure la première partie et des intermèdes offerts par un danseur de claquettes sympathique.
Allez-y, vous ne le regretterez pas. Je n’ai seulement pas été gâtée, ce soir là, mais c’est tout…
Je pensais diner au Red Lobster juste à côté, mais la fatigue commençait à se manifester un petit peu.
J’ai préféré manger une salade en cours de route et finir par une bonne nuit récupératrice.
Aujourd’hui, que vais-je faire ? … Surprise!!!
Bilan :
19 kms
Staten Island : ****
Apollo Amateur Night : ***