Retour d'Ecosse

Forum Écosse

Bonsoir,

Bon, ça y est de retour d’un périple de 8 jours en Ecosse, avec les enfants. Premièrement, il ne pleut pas en Ecosse (je plaisante), nous n’avons subi que 2 petites demi-journées de pluie intermittente et une plus ou moins complète de pluie plus conséquente (hier samedi 12 juillet) ; par chance, deux correspondaient à des journées de transition/jonction. Finalement, notre séjour ne sera pas sportif (ni munro bagging, ni kayak) mais plutôt contemplatif et sensitif. Après m’être abreuvé de lectures romanesques (“David Balfour” de Stevenson, “Rob Roy” de W. Scot, “Verts abîmes” de Neil Gunn, “le cercle celtique” de B. Larsson), poétiques (Wordsworth, K. White) et de guides (Lonely Planet ; Rough Guide scottish Highlands ; “Ecosse pierre, vent et lumière” dans la collection “autrement”, “Carnet de bord d’un pêcheur d’images”) et de ce forum (merci aux animateurs Calamity Jane, Iain-Phadraig, Joyce, Garp06,…), séjour londonien de 3 jours sous un soleil méditerranéen avant de rejoindre Alba.
Nous sommes arrivés à Inverness via le Caledonian Sleeper depuis Londres-Euston , où nous attendait un agent d’Enterprise rent a car (très bonnes prestations, respect des engagements, véhiculé quasiment neuf). Direction les grands espaces avec, pour les enfants, un passage très rapide par le Loch Ness et Urquhart Castle. Puis, le magnifique loch Maree, ourlé de restes de forêts, témoins miraculés des vastes confins boisés qui ont donnés son nom à l’Ecosse “Caledonia”, et piqueté d’îlots gîte de l’aigle pêcheur.
3 nuits à Badachro : séjour dans une cabane de Robinson Crusoé située sur une île plantée au milieu d’une baie fréquentée à l’époque par les Vikings. Pause-déjeuner au pub du hameau, ambiance maritime et gaélique comme dans un livre d’images. Ian, le propriétaire du lodge, troque son embarcation de pêche pour une annexe afin d’acheminer nos lourdes valises de touristes primaires vers son crannog. Une fois installés, nous reprenons le véhicule pour découvrir les Seychelles écossaises à Red point, sauf que, au lieu de sable blanc, l’érosion y a déposé un sable mordoré, surmonté de machair. Ian nous a indiqué au préalable une plage isolée, à l’écart d’une plage déjà seule. Après une douce marche, se dévoilent les buttes arrondies de Torridon, les îles Skye, Rona, Raasay et Scalpay qui tentent désespérément d’attirer notre attention, mais, celle-ci est happée par le Minch, les Hébrides extérieures et au-delà les Iles Fortunées ou le Vinland ; seuls au monde, communion avec les éléments, l’esprit et le corps se fondent dans l’infini. Retour à la cabane. Ballade vespérale, huîtrier-pie, héron, eau, roche précambrienne, soleil langoureux des plus hautes latitudes.

La suite à venir si cela vous intéresse.

Cordialement.

Bien sûr que c’est intéressant, surtout la cabane, ça doit être génial! Tu as trouvé ce plan comment?
As tu eu quelques frayeurs au niveau conduite: routes étroites, conduite à gauche…?
J’envisageais le voyage “tout en bus” avec Mégabus direction Edimbourg via Londres, mais le train de nuit c’est peut être pas mal…Intéressant au niveau tarif?

Bonjour,

J’ai trouvé ce plan en fouinant sur le net après de longues recherches.
Comme j’appréhendais la conduite à gauche, surtout sur les single tracks, j’ai opté pour une voiture automatique moyennant un léger supplément (je tiens à signaler la qualité du service et le rapport qualité/prix de la part d’Enterprise-rent-a-car). Mais, en fait, tu t’habitues très vite à ce mode de conduite, de plus la courtoisie est de vigueur sur les routes écossaises.
Concernant le train-couchettes, nous avons payé un peu de plus de 500 euros pour les 4, avec un café et un gâteau au réveil.

Cordialement

La suite, si c’est trop long, dites-le moi en MP
Le lendemain, direction loch Torridon, en longeant à nouveau le loch Maree, sublime sous le soleil matinal, très vite mâtiné par des nuages venus de l’ouest. Alors que nous empruntons, la single track depuis Kinlochewe, la couverture duveteuse devient plus lourde. Mais, le seigneur des lieux, le Beinn Eighe, s’en amuse pour tisser son propre tartan, avec le bleu intense du ciel, l’orange sucré des pins, le gris métallique des nuages, le vert des pâtures, alors que le blanc de l’eau des ruisseaux tranche comme autant de claymore ou de dirk pour les ruisselets. Au village de Torridon, le magasin d’alimentation est fermé contre toute attente, dans notre imprévoyance, nous n’avons rien à manger. Retour au centre d’information situé à l’entrée du bourg qui s’étire paresseusement le long des prémices du loch. Là, une dame, d’un certain âge, avenante et gracieuse, nous parle d’un restaurant à Diabaig qui devrait être ouvert. Parfait, il correspond à nos attentes, puisque situé du côté du loch que nous souhaitons explorer (sur les conseils d’un internaute écossais et, surtout, à l’écart du circuit “classique” vers Applecross et au bout de la route qui se réduit à un chemin relayant Red Point à pied). La route s’élève rageusement, traverse une somptueuse forêt de pins (sommes-nous en Ecosse ?). Au débouché de cet havre sûrement fréquenté par la martre des pins, l’horizon s’ouvre sur un spectacle grandiose, scandé par les nuages de plus en plus menaçants. Les vieux grès façonnés par les glaciers enserrent le loch, des îlots épars et d’étroites bandes de terre tentent de le scinder ; que c’est beau ! La route serpente, louvoie, monte et descend, se perd dans les creux, se redresse à couper la vue. Il faut prendre son temps, réduire l’allure, s’arrêter régulièrement pour profiter de cette magnificence. Petit crochet vers Inveralligin en contrebas pour se rapprocher de l’antre lacustre, une vieille dame vend les quelques légumes et fruits de sa production. Quelques gouttes fines, puis agrégées en lourdes trombes, dramatisent la représentation. Tout à coup, deux laquets suspendus dans l’éther verdoyant et la route qui imperturbablement se faufile dans les fougères. Après un ressaut, voici Diabaig que nous rejoignons par une descente brutale sous la pluie. La baie abrite quelques embarcations noyées dans la brume. C’est féerique. Nous nous garons au port, ou plutôt un débarcadère prolongé par une jetée au milieu de nulle part. Derrière nous le restaurant qui va ouvrir à midi, sauvés, d’autant plus que la pluie persévère. Toutefois, le gérant, maître des céans et des cieux, donne accès à son restaurant et verrouille les vannes du ciel, la pluie cesse. La salle à manger ne paie pas de mine, un décoration quelconque, plutôt désordonnée et froide, loin des ambiances chaleureuses de cette région du monde, la serveuse réservée, à l’accent marqué et aux mimiques surprenantes, le cuisinier rustaud à la tête encapuchonnée d’un bandana acoquiné d’une cuisinière qui semble diriger la manœuvre. Quelques explications pour comprendre le contenu des plats et voilà la commande partie. Et là, quelle surprise, une délicatesse de texture, une parfaite alchimie des saveurs, du goût et des couleurs, c’est très très bon. Enfin l’extase, d’un fond sonore commun inaudible, s’élève alors une voix cristalline porteuse d’envolées gaéliques et soutenue par une instrumentation précise. Le chant, la vue sur le loch, les mets délicieux, une mamie qui mange et discute avec une autre mamie dans un babil incompréhensible, le beau temps, la famille. Le temps est suspendu dans l’éternité. Les larmes perlent sur mon visage, une sorte d’extase et je n’en rajoute pas, me comprendra qui veut ou qui peut. Le bonheur simple ! Puis, le calme revient, un morceau de pudding excellent et une petite balade sur la jetée. Retour par la même route toujours aussi belle et même changée par rapport à l’aller. Échoués sur notre île, nous rejoignons le pub à pied en contournant une anse pour une bonne ale locale, puis repas et ballade dans la fin du jour avec l’espoir d’apercevoir la loutre, sirène des eaux claires de la région.

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