Réveil fort matinal pour cette dernière journée de découverte de la Guyane car nous avons rendez-vous à Kourou à 07h45. Une petite heure de route sans histoire et nous voilà sur le quai pour prendre un catamaran qui va nous emmener sur les Iles du Salut. C’est à cet endroit que le bagne avait été installé et que l’on peut maintenant visiter. Constitué de trois iles différentes (Ile Royale, Ile St Joseph et Ile du Diable), seules les deux premières se visite.
La traversée commence donc, au départ assez calme. Nous sommes une quinzaine, assis sur le pont avant à prendre plaisir de sentir le bateau bondir sur les petites vagues. Néanmoins, plus on s’éloigne de la terre ferme et plus les vagues deviennent grosses jusqu’à m’obliger à aller me réfugier derrière car je n’ai pas spécialement envie d’être trempé. Et, après à peine une demi-heure, c’est le drame. Une dame se rend compte qu’elle n’a absolument pas le pied marin. Elle permet à tout le bateau d’en profiter et réussi à faire des adeptes. Ce n’est pas moins de quatre personnes qui durant plus d’une heure vont rythmer le voyage avec leur mal.
Après une heure et demi de traversée, nous accostons enfin sur l’ile principale. D’un coup la chaleur nous écrase car sur le catamaran, le vent permettait de ne pas la sentir. Nous devons en plus nous attaquer directement à la côte menant au sommet de l’ile car c’est la que nous pouvons réserver une visite guidée des lieux. Malheureusement, on nous fait savoir que le seul guide de l’ile est malade et n’assurera pas de visite ce jour. C’est pas grave, on prend un dépliant et, grâce aux connaissances de notre ami, assurons la visite nous-même. C’est parti donc pour le tour des installations. Chance pour nous, certains batiments sont accessibles, car les rénovations sont terminées.
On visite donc le quartier d’isolement, vieux batiments en pierre constitué de cellules assez petites et d’une cour pour leur permettre de prendre l’air. Il y a aussi des cellules, encore plus petites, ou on mettait ceux qui n’avait pas encore compris la première sanction. Une chaleur de four règne dans ces lieux et ceux-la, n’avaient même pas droit à l’extérieur.
On continue par des visites extérieures avec le quartier des gardiens qui eux, avaient de belles petites cases ou ils vivaient avec leur famille. Ce quartier jouxte le quartier d’isolement. Ca devait être sympa, les relations de voisinage …
Ensuite, on voit pêle-mêle: l’hopital, l’asile, l’église, … Tous dans des états très différents. Certains sont en ruine totale, d’autres superbement bien conservés. Ce qui ressort de tout ça, c’est qu’ils vivaient tous l’un sur l’autre mais étaient pas mal autonome. Les conditions de vie étaient terriblement dures mais on leur permettait de faire de l’artisanat. Pour les meilleurs, ils étaient accompagnés en ville pour y vendre leur production sur le marché. Néanmoins, excepté le coté dramatique, les lieux sont magnifiques. On est sur une ile luxuriante ou l’on voit ici, trois aras se posé à moins de dix mètres de nous, ou ici un singe hésitant à prendre le biscuit qu’une personne lui a donné. Des coqs se baladent un peu partout et quelques agoutis (sorte de gros rongeurs posés sur de hautes pattes) se laissent apercevoir.
On finit par redescendre à notre aise pour entamer un demi-tour de l’ile pour rejoindre le seul endroit de baignade autorisé. On marche donc le long du littoral, ombragé grâce à la présence de cocotiers. C’est vraiment un superbe endroit et on a vraiment l’impression d’être dans un club de vacances. La petite plage, c’est en réalité une digue qui délimite la petite zone ou l’on peut nager. Juste derrière celle-ci, les courants sont très violents et on l’on serait emporter sans aucune chance de lutter. On s’installe à l’ombre sur de gros rochers, envahis de gros cloportes qui fuient à notre approche. Pas fan de la baignade, je laisse le soin à mes camarades d’aller se rafraichir pendant que je prends des photos. Après leur retour, il est temps de manger et nous sortons le pic-nic. Nous prenons notre temps, il nous reste plus d’une heure avant le rendez-vous avec le bateau fixé à 13h30.
En repartant vers l’embarcadère, notre regard est attiré vers la mer et on y voit de petites taches noires qui apparaissent et disparaissent. Ce sont des tortues de mer en train de manger probablement et qui remonte juste pour respirer. Il y en a quatre ou cinq qui reste dans cette zone et nous les admirons tout en discutant avec quelques personnes de notre groupe qui ne les avaient pas vues.
A l’heure dite, le catamaran revient à l’embarcadère et les gens arrivent progressivement. C’est reparti pour trois minutes de traversée jusqu’à l’ile voisine de Saint Joseph. La, pas de réel embarcadère, il n’y a donc que deux solutions. La plus extrême consiste à se jeter à l’eau et de nager 300 mètres jusqu’à la petite jetée, l’autre d’embarquer par petits groupes de six ou sept sur le petit zodiaque qui nous déposera au sec. Certains choisissent la première option, la majorité la deuxième.
Au final, on se retrouve tous au même point et chacun part de son coté. Nous, nous choisissons de monter directement au bagne situé au sommet de l’ile. C’est ici que les plus dangereux prisonniers étaient enfermés. Et cela se ressent dans l’ambiance. Les bâtiments sont toujours la mais la jungle a repris ces droits. De gros arbres ont poussés dans les cellules et de longues racines serpentent dans les couloirs à ciel ouvert. Tout est envahis par la végétation ce qui confère à l’endroit une ambiance toute différente de la première ile. Ici, on ressent très fort les conditions de vie des bagnards. Les cellules n’avaient pas de toit, mais juste des grilles. En cas de pluie (il pleut huit mois sur douze ici), il n’avait rien pour se protéger. Les insectes sont partout, notamment les fourmis rouges qui nous obligent à rester en mouvement sous peine d’être sanctionné directement de morsures douloureuses. De grosses araignées ont fait leur toile à hauteur de visage. Les lieux sont splendides mais dans un genre complètement différent.
On finit par redescendre de l’autre coté pour faire le tour complet de l’ile. Celle-ci est plus petite que la première et la piste est bien entretenue par la Légion qui occupe les lieux.
On arrive au cimetière des surveillants, petite place toute propre en bord de mer. Ces gens n’avaient pas le métier le plus simple mais on leur réservait un chouette endroit pour leur dernière demeure. Les tombes sont sans nom la plupart du temps. Les rares plaques nominatives sont la plupart du temps illisibles.
On continue notre tour, toujours à l’ombre des cocotiers et peu avant d’être de retour à la jetée, on voit la piscine des bagnards. C’est une petite crique qu’ils ont fermées avec de gros rochers. Seul un petit passage vers la mer permet à l’eau de se renouveler. Il y a même une petite plage ce qui confère au lieu un charme certain. Malheureusement, après deux heures à crapahuter sur l’ile, l’heure du rendez-vous approche déjà. On se dirige donc vers la jetée pour réembarquer sur le catamaran. Petite surprise, un apéro nous attend sur le bateau. Après tant d’effort, cela fait bien plaisir !
Le retour se fera à la voile et sera beaucoup moins mouvementé que l’aller. En effet, le vent est dans notre dos et nous allons dans le sens de la vague. Le calme est très agréable et toutes les personnes malades à l’aller seront beaucoup plus sereines. Nous arrivons une heure après à Kourou et la journée est déjà terminée.
En un mot comme en cent, c’était génial. Très dépaysant, très interessant et vraiment très beau. C’est l’endroit le plus visité de Guyane et nous avons vu en tout et pour tout vingt personnes. Chacun est libre de faire sa visite comme il l’entend. Vraiment très bien !
Avant de repartir sur Cayenne, notre ami nous emmène au CNES, lieu d’ou parte les fusées. Une reproduction à taille réelle nous permet de nous mesurer à elle. Ma première réaction a été de me dire que c’était plus petit que je l’imaginais. En réalité, à son pied, on se sent quand même tout petit et on se rend mieux compte du génie qu’il faut pour envoyer ce monstre dans l’espace.
Pour notre dernier repas, nous retournons dans la cahute tenue par une famille chinoise. Je ne fais jamais de publicité mais je vais faire une légère entorse pour eux. C’est une petite cabane sur la route allant de Baduel à Rémire, en face d’une pompe à essence. Pas de nom, juste un néon rose. On y mange des hamburgers gigantesques à tomber. Les bamis que nous avions goutés au début de notre séjour étaient délicieux et tout ca pour des prix vraiment léger. La famille est super sympathique et mérite vraiment qu’on attende patiemment notre commande.
C’était notre dernière journée en Guyane. Demain, nous ferons les bagages et prendrons l’avion en fin de journée pour un retour en Belgique via Orly. C’est passé fort vite …
En conclusion, la Guyane est un pays magnifique mais malheureusement (ou heureusement ?) peu tourné vers le tourisme. La plupart des gens rencontrés ici venaient voir un membre de leur famille ou un ami établi ici. Rien n’est indiqué, tout se fait par le bouche à oreille. C’est un joyeux bazar que cette région du monde mais qui a tant de choses à offrir. La jungle est au bord de la ville et il n’y a donc pas besoin de rouler plus de dix minutes pour être perdu dans un monde certes difficile mais qui a énormément à offrir pour celui qui prend le temps d’écouter et d’observer. La faune est présente partout et j’ai vu plus d’animaux en un séjour que sur l’ensemble de mes autres voyages. Les activités sont chères mais sont par contre, très bien organisées (les marais de Kaw, les Iles du Salut notamment). De plus, nous venions retrouvés deux connaissances rencontrées dans un bus aux USA, nous repartons avec deux amis. C’est pas beau le voyage ?