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Îles secondaires

La toute petite île montagneuse de Koltur (2,5 km²), flottant au sud-ouest de la grande Streymoy (où s’établit Tórshavn) est emblématique du mode de vie féringien. Au XVIIe siècle, à son apogée, elle compta jusqu’à quatre fermes. Il n’en reste plus qu’une aujourd’hui, classée par le gouvernement en l’an 2000. Elle témoigne de la permanence d’un mode de vie plus que millénaire, centré autour de l’élevage du mouton, de la fenaison, de quelques cultures vivrières et de traditions artisanales.

Plus au sud, entre les grosses Sandoy et Suðuroy, flottent deux autres toutes petites îles, encore plus accidentées : Stóra Dímun (Stóra = la Grande) et Lítla Dímun (Lítla = la Petite). Elles sont toutes deux bardées de falaises sur leur pourtour ! La première, accessible uniquement par hélicoptère ou bateau individuel, est habitée par quelque 80 000 macareux, 30 000 pétrels tempête, 450 moutons, une vache et… deux frère et sœur avec leurs familles, héritiers de huit générations d’éleveurs ! Ils produisent aussi… des navets.

À quelques encablures, Lítla Dímun (0,82 km²) n’a que des résidents ailés ou à quatre pattes… C’est la seule île inhabitée de l’archipel. Pour rassembler les moutons à l’automne, il faut attendre une mer inhabituellement calme et s’aider de cordes amarrées aux falaises pour réussir à gagner le plateau supérieur…
En général, une quarantaine de personnes participent à la manœuvre. Une fois les moutons réunis dans un enclos, ils sont entravés et descendus sur les barques, cinq par cinq, à l’aide de filets, avant d’être transférés sur un plus gros bateau ! Ont-ils le pied marin ? Mystère.

Mouton

VVoilà une bestiole sacrément centrale dans la culture féringienne ! Une cinquantaine de mots féringiens distinguent leurs couleurs et l'apparence de leurs taches. Les premiers ovins ont sans doute été importés dans l’archipel immédiatement après sa colonisation par les Vikings, au IXe siècle. Le climat, de toute façon, ne permet pas beaucoup d’autres activités… 

Dès le XIIIe siècle, le Seyðabrævið (la "Lettre sur les Moutons") en règlementait l’élevage. Plus tard, vers 1600, les troupeaux furent décimés par une maladie non identifiée et de nouveaux animaux durent être importés d’Islande, des Shetlands et des Orcades. On s’est depuis rendu compte que ces nouvelles souches, plus résistantes et plus riches en viande, ont entièrement pris le pas. Le dernier des dimunarseyðurin, les moutons d’origine, a été abattu en 1860 sur l’île de Lítla Dímun (d’où son nom). Son cousin, venu de l’archipel écossais de Saint-Kilda, paumé en plein Atlantique, est le dernier survivant de la race.

Aujourd’hui l’archipel compte environ 80 000 têtes. La plupart appartiennent à des familles, qui les reconnaissent à partir des entailles sur les oreilles, très codifiées. Avec cette consommation interne il est difficile d'en acheter... à moins qu'il ne vienne congelé de... Nouvelle-Zélande ! Un bélier corné d’or (et armé d’une langue rouge !) figure sur le blason de l’archipel. Bien sûr, l’agneau figure en bonne place sur les menus féringiens, sous toutes ses (drôles de) formes (voir la cuisine aux îles Féroé).
Et, pour mieux se faire connaître, l’office de tourisme a eu l’idée, en 2016, de lancer SheepView360°. Prétextant un manque de couverture des routes féringiennes par Google Maps, des moutons ont été équipés d’une webcam alimentée par énergie solaire pour retransmettre des images du pays en live ! Le buzz a marché et Google Maps a débarqué…

Ah, au fait, si vous vous demandez comment les Féringiens tondent l’herbe de leurs toits, ne cherchez pas plus loin… Ici, les tondeuses ont 4 pattes.

Pêche

La pêche (et, jadis, la chasse au phoque) s’est montrée essentielle à la survie des Féringiens au fil de leur histoire. Mais ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle, avec l’introduction de goélettes et de smacks britanniques, qu’elle a pris une dimension commerciale. 

La première école navale fut établie en 1893. Pendant un demi-siècle, les îles connurent une véritable révolution sociale, marquée par l’implication grandissante des femmes dans les conserveries - même si les armateurs s’arrangèrent le plus longtemps possible pour ne les payer qu’en marchandises… 

La chasse à la baleine, conduite par les Norvégiens depuis leurs sept bases féringiennes, contribua encore au développement, tout comme le lancement, dans les années 1920, d’une compagnie de navigation à vapeur. Il devenait désormais presque simple de rejoindre l’archipel ou de le quitter. Nombre de marins locaux s’engagèrent alors dans la marine marchande danoise.

Le secteur maritime a véritablement explosé dans les années 1950-60, avec l’introduction des palangriers et des chalutiers à pêche latérale, qui écumèrent bientôt toutes les mers du monde - en commençant par les eaux glacées du Groenland et les bancs de Terre-Neuve. La diminution des prises et l’instauration en 1977 des Zones économiques exclusives (ZEE) de 200 milles nautiques a toutefois partiellement poussé les Féringiens à regagner leurs eaux domestiques, qu’ils défendent aujourd’hui bec et ongles contre les appétits des pêcheurs irlandais, français et, surtout, espagnols ! 

Un accord sur la pêche lie bien l’archipel à l’Union Européenne, mais celui-ci entend continuer de fixer ses propres quotas dans sa ZEE - une disposition à l’origine de nombreuses frictions avec Bruxelles (la dernière en date, en 2014, surnommée la « guerre du Hareng », a vu les navires féringiens interdit de débarquer leurs prises dans les ports de l’UE durant un an…). Une chose est sûre : pour les Féroé, quand la pêche va, tout va. Et quand la pêche ne va pas, plus rien ne va…

Parallèlement, de plus en plus d’insulaires travaillent pour les grands groupes de transport maritime, sur les plates-formes pétrolières ou dans l’aquaculture. L’entreprise Bakkafrost est aujourd’hui le 9e producteur mondial de saumon d’élevage.

Pirates

Incroyable… Les barbaresques seraient remontés jusqu’aux Féroé ! À l’été 1629, deux navires ottomans pillèrent Hvalba, sur l’île de Suðuroy, et enlevèrent une bonne trentaine de femmes et d’enfants. Incapables de payer le montant de la rançon demandée, les insulaires ne revirent jamais leurs proches, vendus comme esclaves sur les marchés d'Afrique du Nord. 

Maigre consolation, l’un des deux bâtiments sombra lors d’une tempête, emportant avec lui quelque 300 envahisseurs. Ils auraient été enterrés dans les dunes d’une plage désormais baptisée Turkagravir. Deux ancres, de nombreux boulets et plusieurs pièces d’artillerie furent récupérés, dont une brochette de canons, toujours sur la courtine du fort de Tórshavn.

Dès avant cet épisode, de nombreux autres pirates écumèrent les eaux locales, notamment l’Écossais Klerck en 1579, qui vida les coffres de l’archipel… En réaction, un certain Magnus Heinason, fils de prêtre et commerçant, se mua en corsaire avec lettres de créances du roi du Danemark pour récupérer les avoirs royaux et les siens… Ses cibles favorites : les navires anglais. 

Musées et monuments

Si elles faisaient un effort, les îles pourraient s'offrir une clientèle curieuse et un rien culturelle qui sortirait un peu de celle, un peu monolithique, des randonneurs. 

Un des obstacles reste les horaires des musées. Certains sont ouverts un jour sur deux - et surtout pas le week-end. D'autres n'ouvrent que les samedis et dimanche, et une immense partie... sont sur rendez-vous ! La conception du rendez-vous restant assez stricte (l'heure c'est l'heure, d'ailleurs il est rare de voir une horloge avancer ou retarder aux Féroé), on se demande comment on peut raisonnablement visiter plus d'un ou deux musées par jour ; pensons à la foultitude de petits musées de l'île de Suðuroy où, à moins de dormir sur place, on arrive vers 11h pour repartir à 18.

 Le même constat s'applique à la moindre église, qu'on a parfois la "chance" de pouvoir admirer grâce... à un enterrement.

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