Mexique, les plages du Pacifique
Puerto Ángel
Au fond d’une jolie baie verdoyante gardée par de timides pains de sucre, une longue plage se déroule, semée de barques colorées. Puerto Angel, « le port de l’ange » est bien un port, vivant, actif — pas une station balnéaire. Son long muelle (jetée) dit bien de quoi il retourne : ici, on est pêcheurs de père en fils.
Le soleil n’a pas encore atteint la plage que, déjà, un attroupement s’est formé. Partis relever leurs filets avant l’aube, les pêcheurs reviennent les uns après les autres, lançant leur moteur à fond pour mieux laisser glisser leur embarcation sur le sable humide.
Les habitués, restaurateurs en tête, louchent sur les plus belles prises. Pas de pez vela (espadon-voilier) ni d’espadon aujourd’hui, mais quelques huachinangos (vivaneaux), un cazón d’un bon mètre (requin) et des thons albacores, surtout — petits et moins petits. Déjà, les femmes ont sorti leur balance de main : un compteur, un crochet et puis voilà. Vingt pesos le kilos (1,25 € !).
Les thoniers industriels sont la plaie de Puerto Ángel. Théoriquement tenus de lancer leurs immenses filets dérivants à plus de 10 milles au large, ils n’ont cure des règlements et soudoient les autorités locales pour qu’elles ferment les yeux… Et tant pis si tortues, dauphins et raies sont pris dans la nasse. Les affrontements avec les pêcheurs locaux, privés de leurs ressources, ont souvent dégénéré. À coup de fusil parfois. Comment lutter contre ces géants malfaisants qui repèrent les bancs d’hélicoptère ?
Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :