Welcome to Tijuana
Juliette Serfati

La brume, la grisaille et puis la nuit, des lumières à perte de vue, des kilomètres de favelas, c'est " TJ ", comme l'appelle les Américains. Deux millions de personnes doivent vivre ici, dont une bonne partie dans les bidonvilles accrochés aux montagnes. Je me rappelle cette phrase dans un roman de Cesare Battisti : " Pour comprendre Tijuana, il faut se cogner la tête contre les murs de la ville. Ici, on court. Au moindre soupçon, jour et nuit, comme des cafards ". Drôle de ville frontière, impressionnante vraiment, flippante parfois, avec ces chiens qui hurlent à la lune et ses bruits étranges. Puis familière après, lorsque nos yeux s'habituent, et nos oreilles aux mariachis. Qu'il est alors facile de se laisser emporter dans une délirante valse mexicaine… En guise de conclusion, nous nous lançons sans beaucoup de conviction dans un petit tour dans la mal-nommée avenida Revolución et Zapata, les deux artères touristiques qui alternent bars à filles et pharmacies bon marché pour le plaisir des Américains de passage. Tout a été dit à ce sujet, alors, un peu écœurées, nous reprenons la route pour l'Amérique. Libres et épuisées. Le contraste est frappant, désolant. San Diego, puis Los Angeles, une sorte d'ébriété nous envahit…

Texte : Juliette Serfati

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