Mexique-Etats-Unis, sur la route de la frontière
Proud to be american
Dépaysement total lorsque nous arrivons au milieu de la nuit à Puerto Penasco, ville touristique qui donne dans le golfe de Californie. L'autre visage du Mexique. Ici les plaques américaines sont légions, comme celle de ce gars qui conduit un coupé sport rutilant sur lequel il a collé un sticker : " Proud to be american ". Ce n'est même pas de la provocation, et je me rappelle sans trop le vouloir cette phrase répétée inlassablement par Evelina et Luis, des amis de Los Angeles : " Les Américains sont des crétins " (traduction libre). La journée se termine dans un état de nervosité avancé. Comme souvent en voyage, je me dis que je n'en reviendrai pas indemne, et c'est tant mieux. Puerto Penasco, aussi appelé Rocky Point. Les Américains justement, nous les avons rencontrés au café Señor Amigo. Ils sont très contents d'être là en vacances, ils aiment beaucoup les Mexicains, ils picolent dans les bars et font du shopping. Que dire ? Rien, juste respirer. L'air de la mer est vivifiant, à quelques dizaines de kilomètres de la moiteur étouffante d'Altar et de ses immigrés en partance. Petite escale chez les pêcheurs de Penasco : en vingt ans, ils ont vu s'agrandir la ville et les prix augmenter de 60 % à cause du tourisme. Pendant ce temps-là, leurs salaires ont augmenté de 15 %, nada mas (pas plus). Ils ne semblent pas vraiment aigris, même s'ils avouent que leur vie n'est pas toujours facile. Retour chez les touristes américains en mobil-home. À peine besoin de leur poser des questions, ils s'emballent et nous servent leur discours sur un plateau : les Mexicains sont des gens fort sympathiques, mais quand ils restent chez eux, car aux États-Unis, ils volent et se droguent et prennent le travail des Américains (qui sûrement voudraient bien travailler à l'usine ou dans les champs). Tiens, la preuve que ce sont des voyous, ce couple s'est fait voler sa Jeep en arrivant au Mexique.
Texte : Juliette Serfati
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