La traversée du désert
Juliette Serfati

Nous comprenons pourquoi le lendemain matin… Après un copieux petit-déjeuner, notre traversée du désert dure de longues heures : la route de la frontière, qui semble si droite sur notre carte, est en fait une succession de virages en montagne. De l'autre côté : le Mexique. Les seuls signes de vie que nous croisons émanent des officiers de la Border Patrol, la patrouille des frontières américaines, payée pour ramasser les Mexicains qui tentent de rentrer illégalement aux États-Unis. Pourtant celui qui a réussi à arriver vivant jusqu'ici devrait obtenir sa green card, juste pour l'exploit. Le soleil tape, pas un cactus sous lequel s'abriter le temps d'une sieste, il n'y a somme toute pas grand-chose d'humain ici. Nous atteignons enfin Nogales, ville frontière et jumelée à elle-même. Quelques kilomètres après l'entrée au Mexique, nous voilà retenues pendant trois heures, car la voiture que nous conduisons ne nous appartient pas. Échange de fax avec l'amie américaine qui nous a prêté le véhicule en question, permis d'immigration, permis pour la voiture, le soleil tape, l'heure tourne et cette douane mexicaine ressemble aux Assedic un vendredi… Nous sommes sur le point de renoncer, mais l'appel du Mexique est plus fort. Nous passons du hamburger au burrito sans nous en apercevoir. Il faut dire que le désert mexicain est jonché des mêmes enseignes que son homologue américain, Pizza Hut, Taco Bell et Mac Donald, pour vous servir. En fin d'après-midi, nous nous décidons pour une escale à Santa Ana, première ville sur notre route au pays du taco : " Qu'est-ce qu'il y a à faire ici ? Rien de spécial ", prévient un jeune du FJR (Federacion juvenil regional), la jeunesse à la botte du président en place, Vicente Fox. Cette ville commence presque à me charmer, avec sa petite église et ses cortèges de voitures sur lesquelles sont accrochés des ballons de baudruche verts, jaunes, violets. Nous supposons que ce sont des manifestations de soutien politique à divers partis, car les élections des gouverneurs de province ont lieu en juillet prochain. En fait, c'est juste le jour de l'élection des Miss dans plusieurs écoles de la ville.

Texte : Juliette Serfati

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