Connu dans le monde entier, pour ses pyramides, ses temples et le Nil, l’Égypte réserve bien plus de surprises à ses visiteurs et ses habitants, au-delà du Caire et du delta. Que se passe-t-il quand le voyageur décide de poser au hasard son doigt sur la carte et d’emprunter les routes qui y mènent ? Mon doigt est tombé sur une étendue d’eau, le lac Burullus, situé au nord de l’Égypte, entre Rosetta et Baltim. Du Caire, où nous avons élu domicile, nous nous apprêtons à quitter sa pollution pour rejoindre le village de Shakhluba.
Au sud du lac Burullus, le village de Shakhluba est un village de pêcheurs et bien que nous ne sommes pas des étrangers, les habitants ne sont pas habitués à la visite de toute personne n’appartenant pas au village. C’est donc une foule d’hommes, de femmes et surtout d’enfants qui nous sont venus à notre rencontre, après avoir posé un pied dans le village.
Avant d’embarquer dans une embarcation de pêcheurs pour vivre le lac de l’intérieur, nous allons au port afin de voir les enchères matinales. Ici, le poisson se vend aux enchères et étant donné la taille du village, les mains qui se lèvent ne sont pas nombreuses mais chacun repart avec un cajot de poissons fraîchement pêchés.
L’odeur du port ne nous empêche pas de prendre un petit-déjeuner égyptien. Nous avalons foul (fèves en sauce), taamia (falafel à base de fèves), tomates et fromage avant de se faire défier par des enfants au domino. On se prête au jeu et le temps d’une partie, les enfants se rassemblent autour de nous et à la grande surprise de tous, moi y compris, nous remportons la partie contre nos hôtes.
Le lac nous fait face et nous observons une technique pour ramer très singulière. C’est la première fois que je vois des pêcheurs ramer en enfonçons un énorme bâton dans l’eau avant de pousser sur le sol pour avancer.
Embarquement immédiat, on grimpe dans le bateau de pêcheur. Notre raïs (capitaine) s’appelle Ahmed et nous informe que ce bâton en question est un masdr. Dans le lac, il n’y a pas d’autre rame. Un dernier coucou à nos hôtes et nous prenons la mer, enfin le lac. Le lac est énorme et au beau milieu du lac, il y a de mini-île qui abritait, il fut un temps, une baraque où l’on vendait les poissons sans devoir se rendre au port.
Lors de cette balade dans le lac lors de laquelle l’air et le courant sont de notre côté, nous croisons des voiliers de fortune, construit à base de sac de pomme de terre et des enfants qui ont recyclé un pneu pour en faire une combinaison de plongée.
De retour au port, les enfants nous attendent et quelques uns nous demandent d’être pris en photo. Du plus extravertis à la plus timide, chacun pose pour la première fois.
Nous quittons le village de Shakhluba pour faire le tour du lac, par la route cette fois avant de nous arrêter déjeuner du bon poisson frais dans le village coloré de Burullus qui fait face à la mer Méditerrannée.
Le coucher du soleil ne saurait tarder. Le temps pour nous de rejoindre la ville de Baltim. Nous troquons la mer pour apprécier de nouveau la vue du lac avant que l’obscurité ne prenne le dessus. Des enfants nous invitent à embarquer sur leur bateau et c’est à leur côté que nous apprécions nos derniers moments sur le lac Burullus.