5 avril - Jour 8 - Hammerfest
« Personne sur les ponts. Un hélicoptère est prévu pour un exercice. » L’alerte est donnée par haut-parleurs en milieu de matinée. Autant dire qu’un vent d’excitation gagne les passagers plutôt astreints à la contemplation des fjords enneigés, à la lecture ou à la méditation. Ce temps hors du temps, reconnaissons-le, est aussi un des bienfaits du voyage.
L’hélicoptère de la sécurité civile norvégienne tourne au-dessus du Vesteralen pendant une vingtaine de minutes, déploie un filin qu’attrappe le personnel de sécurité du navire. Nos regards (et les appareils photo) sont aimantés par ce drôle d’oiseau.
Nous voilà rassurés, nous pouvons être évacués en urgence si nécessaire. J’imagine que ce genre d’exercice a lieu une fois de temps en temps mais pas à chaque traversée.
En fin de soirée hier, d’autres alertes nous ont conviés à admirer nos deuxième et troisième aurores boréales. Plus diffuses que la première en raison des lumières du port que nous venions de quitter.
Parenthèse sur les applications utiles (ou ludiques) pour ceux qui envisagent le voyage. Pour les aurores boréales, j’ai téléchargé Norway Lights et Aurore. Les deux sont complémentaires mais, de toute façon, vous êtes alertés directement par la direction du navire.
Pour la météo, j’ai pris Yr meteo et Ventusky. Encore une fois, les deux sont complémentaires. Intéressant de lire la température des régions que l’on traverse.
Pour la topographie, Norgeskart outdoors est très précis. Les cartes affichent des courbes de niveaux ce qui permet d’apprécier la hauteur des sommets des fjords.
Enfin, Vessel finder et SF Lite permettent de suivre votre navire mais aussi tous ceux qui l’entourent (c’est fou ce qu’il y a comme bateaux dans ces contrées !). Je préfère la première qui vous incite moins à passer au niveau pro contre rémunération.
L’application Skyss Billet, qui figure aussi sur le cliché ci-dessus, m’a permis de prendre des billets de tram à Bergen.
À Hammerfest, le quai habituel d’Hurtigruten est en travaux. Nous accostons donc, à 11h, de l’autre côté du port. Un bus nous attend pour nous transporter au centre ville. Prix du billet, à prendre sur le bateau : 100 nok, soit 8,5 euros. « Vu le prix de la croisière, ils auraient pu nous en faire cadeau », me souffle ma voisine. Pas faux mais le Norvégien, comme beaucoup de peuples du Nord, est pragmatique et costaud en affaires.
À Hammerfest, les trottoirs sont toujours encombrés de neige et de verglas. La ville, elle-même, ne présente pas beaucoup d’attrait : une rue principale, très passante, bordée de magasins sans grand intérêt, qui s’étire tout le long de la côte.
L’église luthérienne, tout en béton et qui date de 1961, ne peut se visiter : une cérémonie d’enterrement s’y déroule.
J’en profite pour faire un tour par le musée de la Reconstruction (Gjenreisningsmuseet, 6,5 euros l’entrée, prix senior ). Très intéressant. Un film d’une quinzaine de minutes, sans commentaires, évoque la Seconde Guerre mondiale dans le Finnmark et ses suites. Le Finnmark (je découvre, je suis peut-être comme vous), c’est la région du Nord de la Norvège qui recouvre une partie de la Laponie et que nous parcourons depuis plusieurs jours. Un territoire plus grand que le Danemark mais bien moins peuplé (moins de 75 000 habitants).
Bref, le Finnmark après la guerre, ce sont des populations civiles qui ont souvent perdu leur logement, qui sont contraintes à l’exode, qui vivent dans des conditions très difficiles et sont parfois contraintes à la soupe populaire . Les Allemands ont tout détruit avant leur départ. La tristesse des regards des femmes et des enfants (par sur cette reproduction, cependant) nous saisit dans le documentaire.
J’ai aussi compris dans ce musée pourquoi toutes ces villes du Nord se ressemblent assez, avec les mêmes types de maisons en bois colorées que l’on retrouve le long des côtes. Les instances chargées de la reconstruction ont initié des plans-types de maison et favorisé leur édification.
Depuis l’or noir et l’exploitation du gaz ont enrichi la région. Hammerfest qui vivait de la pêche (et qui continue pour Findus) doit sa prospérité actuelle au gaz de la mer de Barents. D’ailleurs, avant d’accoster, nous avons croisé sur l’île de Melkøya une grande raffinerie destinée au gaz naturel liquéfié.
Quant à moi, j’ai failli rater le bord, comme on dit. Le bus est parti du centre-ville une minute trop tôt, j’ai réussi à l’intercepter sur la route. Remarquez, ça n’aurait pas été si grave : le Vesteralen a quitté Hammerfest avec près d’une heure de retard. « Une avarie technique » nous a-t-on annoncé. Tant qu’il n’y a pas d’eau dans les cales… Depuis, le navire fonce pour rattraper le temps perdu.