772 km en 9 jours
Je souhaitais gagner la Méditerranée début Septembre pour profiter des beaux jours de l’été. Mais ma femme qui fait partie du comité qui les organise n’aurait pas apprécié que je loupe les Fêtes de Valence d’Agen qui ont lieu chaque année à ce moment. Après les traditionnels repas de quartier et les défilés de chars, l’édition 2008 s’est terminée en apothéose avec l’élection de Miss Tarn et Garonne et un feu d’artifice. Soirée particulièrement réussie avec entre les deux passages des 12 candidates, des chanteurs et musiciens, un magicien, la présence de la précédente Miss Tarn et Garonne, Miss Languedoc et Alexandra Rosenfeld (Miss France et Miss Europe 2006). Dommage que ma femme n’ait pas pu assister à ce spectacle. Elle aidait les Miss à s’habiller et à gravir la première très haute marche pour accéder à la scène. Pourtant quelques fois on voudrait bien voir l’envers du décor et les dessous du spectacle…
Lundi 15/09/08 Valence d’Agen 09h30 Rangueil 16h30 95 km
Les prévisions météorologiques de Dimanche annonçant de la pluie à partir de Mercredi avec un vent de Sud-Est (que je prendrais donc dans la poire), je ne sais pas si je pourrais atteindre mon objectif : CAP d’AGDE. J’envisage d’écourter mon séjour en refaisant Mardi la Rigole de la Plaine qui alimente le canal d’entre 2 Mers depuis le bassin de St Ferréol que j’avais découvert en Mars 2007 (voir au tout début de ce fil) :
http://www.ladepeche.fr/article/2008/09/25/477570-Rando-autour
-du-lac-et-du-musee-Pierre-Paul-Riquet-a-Saint-Ferreol.html
Je pourrais y visiter le tout récent musée Pierre Paul Riquet :
http://www.museecanaldumidi.fr./
Puis retourner sur Toulouse pour consacrer un Mercredi pluvieux à la visite de l’exposition Claude Nougaro : http://www.midipyrenees.fr/AgendaDetails.asp?i=288&univers=2&sX_Menu_selectedID=F3FA9C82
Et enfin aller voir le tandem que nous avons croisé lors d’une sortie familiale. Il associe un cycliste en positon couchée à un en position assise : http://www.cycleszen.com/Pinotour1.htm
Je pourrais peut-être l’essayer à 2 tours de roue du Capitole : http://www.cyclable.com/
Me voici de nouveau sur la voie verte que j’affectionne. Après 15 km et un premier ragondin mort sur le bitume, j’arrive à la passerelle qui permet au vélo d’accéder à la base de loisir de St Nicolas de la Grave :
Saint-Nicolas de la Grave, la base de loisirs
Puis à 20 km j’atteints Moissac où il est un peu difficile de longer le canal. Il faut soit monter un petit escalier ou faire un crochet pour l’éviter. Cela obligeant à traverser la route principale qui mène à Castelsarrasin. Je conseille au premier rond point à la sortie de la piste cyclable de prendre à droite pour longer le Tarn et de retrouver le canal latéral à la Garonne au niveau de l’écluse qui permet aux bateaux de descendre dans le Tarn. (Sauf à vouloir faire un peu de tourisme en centre ville, voir lien dans mon récit d’Août 08).
Je tombe alors sur l’employé des Voies Navigables de France sur son scooter électrique PEUGEOT et je peux enfin l’interroger sur la fiabilité de l’engin. Il me dit qu’il a parcouru plus de 6000 km sans encombre. Cela en faisant réviser la batterie annuellement.
Je passe au bureau VNF pour demander un exemplaire du plan du bassin fluvial du Sud-Ouest qui est affiché au bord du canal. Il m’est remis gentiment (vous devez pouvoir l’obtenir dans les offices de tourisme de Bordeaux et Toulouse ou à VNF Direction Interrégionale du Sud Ouest 2, port St Etienne 31073 TOULOUSE CEDEX 7). Je n’ai toujours pas trouvé de lien Internet vers ce dépliant pour vous le présenter. Il permet de visualiser (en 1x0.60m) la liaison navigable entre l’Atlantique et la Méditerranée et même l’état du chemin de halage du canal latéral à la Garonne (sauf qu’il ne tient pas compte de la récente piste cyclable) et du canal du Midi. Y sont indiqués les ports et les écluses (plus ceux du Lot et de la Baïse). Voici par contre la carte nationale :
http://www.vnf.fr/vnf/img/cms/Tourisme_et_domaine
/carte%202008%20france_200807241627.pdf où vous pouvez zoomer sur le Sud-Ouest.
Comme d’habitude je mets pied à terre sur le pont canal de Moissac. Pour éviter de rouler sur les galets qui constituent le revêtement, détendre les muscles en marchant et profiter de la vue surplombant le Tarn. Un randonneur en Gitane équipé de sacoches cuir à l’avant et à l’arrière est en pleine discussion avec un grand-père qui arbore une casquette cycliste. Il vient de faire le canal du Midi avec une amie et termine seul jusqu’à Bordeaux. Je suis heureux de lui apprendre qu’il bénéficiera d’une superbe piste cyclable jusqu’à Castets en Dorthe (voir mon post précédent sur la voie verte Bordeaux Toulouse). Contrairement à ce que lui indique son guide vélo qui n’a pourtant que 2 ans.
Le retraité lui demande si pour son voyage il emporte des médicaments. Je réponds que lorsque l’on fait du vélo, on n’est pas malade et ce n’est pas Alain Guillou qui dira le contraire : Vélo couché VK3
En fait j’ai tout de même emmené un tube d’anti-inflammatoire (qui me sera inutile) au cas où la droite me ferait de nouveau souffrir.
Bravo ! Presque une page et demie pour 20 km…
Je vais accélérer un peu et éviter de vous reparler du Port Cousteau de Castelsarrasin et de la pente d’eau de Montech, où après 40 km s’arrête provisoirement la piste goudronnée. Je ne pourrai toujours pas manger au restaurant du port de Montech (fermé le lundi).
Je m’installe sur une table de pique-nique pour manger des biscuits et les figues que j’ai cueillies avant de partir. Je suis tout près de l’école et est-ce l’effet piste cyclable ? Beaucoup d’enfants passent à vélo ainsi que des mamans venant chercher des élèves. D’autres viennent déjeuner à la table voisine, où il ne reste que très peu assis, à cause d’une guêpe qui veut participer au repas.
Me voici sur la terre et les 18 km me paraissent longs avant de retrouver le bitume (on s’habitue vite au confort). Enfin en quittant le Tarn et Garonne pour la Haute Garonne, la piste redevient cyclable. Quelques km avant Toulouse, je m’aperçois que ma pédale gauche et à nouveau desserrée. Cette fois je ne casserai pas ma clé en aluminium et me contente de serrer modérément. Je m’arrêterai en centre ville à l’atelier http://www.movimento.coop/ au bord du canal. Pas de chance, c’est fermé le lundi. J’en aurai plus en arrivant à l’Institut National des Sciences Appliquées où je vais dormir dans l’appartement de ma fille. 2 jeunes sont en train de bricoler au vélo club de l’INSA et me prêtent une solide clé. Merci à eux, plus de problème de pédale pour le reste du parcours. Le précédent serrage dans l’atelier moto de Villenouvelle (voir récit 09/07) a donc tenu un an.
Mardi 16/09 Rangueil 09h Marseillette 18h 125 km
(Voir lien scan Canal du Midi au-dessus)
Les bâtiments de l’INSA longent le canal et je suis immédiatement intégré à un flot de cyclistes qui rejoignent leur cours ou leur travail dans des tenues les plus variées allant du sport au complet ou talons aiguilles. Avec ma combinaison mon bonnet et mes gants (en lainage très fin), je contraste avec ceux en short. Pourtant il fait frisquet et certains remontent leur col.
Toutefois quelques km suffiront à me découvrir. J’arrive sur une portion en chantier. Un ouvrier nous invite à passer sur le bas côté alors qu’il participe à la mise en place d’un film plastique sous le nouveau revêtement. Je suppose que c’est pour éviter les fissurations dues à l’affaissement des berges et aux racines des platanes. Il me confirme que c’est le rôle de ce géotextile. L’affluence diminue en m’éloignant de Toulouse sur cette piste qui en 50km amène à Port Lauragais. J’arrive à la hauteur d’un couple qui semble parler Anglais.
Hello ! « Hello » me répond la dame. Où aller vous ? Pas de réponse du monsieur.
Where are you going To? “Narbonne” répond-il. Canal Robine good ! Dis-je en m’éloignant.
Puis je m’arrête et sors mon plan. Il me faut leur expliquer qu’il sera nécessaire de traverser l’Aude sur le pont de chemin de fer (voir 09/07). Pas moyen de me souvenir comment on dit pont en Anglais…
Avec ce léger vent de dos je quitte déjà la piste cyclable pour retrouver le chemin de halage du canal du Midi après l’écluse de l’Océan. Me voici au seuil de partage des eaux. La météo de lundi soir ne prévoyant la pluie que pour Jeudi, je ne vais pas monter à St Férréol. Je poursuis vers Agde et après l’écluse de la Méditerranée j’arrive au Ségala premier village de l’Aude. Un homme et une femme sont en train de dresser les tables à la terrasse de la guinguette Le Riquet. Bonjour que proposez-Vous ? Comme je n’obtiens pas de réponse je jette un œil sur le tableau et demande quel est le plat du jour. Enfin la femme demande au cuisinier. Comme cela ne m’emballe pas je demande s’il est possible d’avoir un menu guinguette. « Oui le temps de finir de mettre le couvert » (il est tout juste Midi) Je peux laisser mon vélo ici ? « Non plutôt là-bas » m’indiquant le bord du canal (au soleil). Ça gène ici ? « Oui à cause des fleurs » (un reste dans les jardinières) Bon ! Si je dérange je vais aller manger ailleurs dis-je en enfourchant mon vélo. Contrairement à leur accueillant site :
http://www.lerelaisderiquet.com/bar-restaurant-
randonnee-11.html
où le snack est soi-disant ouvert à tout heure, les cyclistes ne semblent pas bienvenus (j’étais pourtant leur seul client du moment).
Ce ne sont pas les 17 km qui me séparent de Castelnaudary qui vont me faire peur. C’est plutôt son cassoulet que je risquerais d’avoir du mal à digérer en pédalant. Me voici devant le grand bassin où plusieurs petits restaurants étalent leur terrasse. Je choisis un repas léger à la Cave du Canal : http://www.couleur-lauragais.fr/cave-castelnaudary/index.html
La terrasse est petite est les 2 tables à l’ombre sont déjà occupées. Je demande à une jeune femme d’origine hindoue si je peux m’asseoir à côté d’elle. Elle accepte volontiers en me souhaitant bon appétit. Amusant pour moi qui le week-end dernier était habillé en maharadjah pour défiler sur notre char éléphant. J’opte pour les tapas aux 3 chèvres à 5 € et un verre de Minervois 2 €.
En France on déplore une moindre fréquentation des bars en raison de l’interdiction de fumer et de l’augmentation des tarifs. L’habitude de mettre à l’écart les gens qui viennent prendre un repas peut aussi expliquer cette baisse. A l’étranger il est normal de s’installer à la table d’inconnus pour déjeuner mêlé aux personnes qui ne prennent qu’une consommation.
Cette convivialité remporte un plus grand succès.
Je parviens à l’escalier d’écluses (4) de St Roch alimenté par le bassin de Castelnaudary. Je longe le bâtiment de la Couchée, la première en venant de Toulouse où les passagers de la Barque de Poste halée par les chevaux passaient la nuit. Le Canal du Midi en Languedoc : La barque de Poste
En raison d’une relative déclivité, il faudra 17 écluses pour atteindre Carcassonne. Il faut mieux alors voyager à vélo. Je m’arrêterai à la 15éme, celle d’Herminis où j’espère déguster une crêpe : http://www.canalmidi.com/herminis.html
Mais celle-ci est déjà fermée pour l’hiver, je peux juste obtenir un cône vanille.
L’heure avance et je préfère téléphoner pour réserver le foudre où j’avais dormi l’année dernière. Hélas le numéro n’est pas attribué. Le propriétaire m’avait dit qu’il vendait mais j’espérais que le relais Occitan garde le même N°. Je saurai plus tard que France Telecom a refusé malgré l’accord de l’ancien et des nouveaux propriétaires.
Me voici en contrebas de Carcassonne et il y a toujours de la boue sur le chemin de halage. Heureusement quelques planches permettent de franchir les flaques d’eau (à condition de rester dessus).
Cette étape est longue et malgré la durée courte de mes arrêts, il est déjà 18 h quand j’arrive à Marseillette. Il me faut encore faire 2 km sur la route de Capendu pour j’espère profiter d’un hébergement à prix raisonnable. La nouvelle propriétaire m’indique que le foudre est libre mais qu’il était temps que j’arrive car un groupe de cyclistes tourne autour. Nous sommes dans un ancien chai et l’un des foudres a été transformé en chambre. Il ne faut pas imaginer un tonneau à la verticale mais à l’horizontale dans lequel une porte a été créée. On y accède par une petite échelle de meunier voir photo extérieure et intérieure (2 lits) sur le site (confort minimum). Le groupe de cyclistes a réservé les dortoirs aménagés dans les 2 anciennes cuves. L’une d’elle est entièrement carrelée. Voilà avec les douches et sanitaires communs ce qui constitue la partie Gîte d’étape. Il y a aussi plusieurs Chambres d’hôtes sur le domaine : http://www.relaisoccitan.com/index_fr.html
Le groupe constitué de Belges et de 2 Français de Cahors vient également de Toulouse. Mais ils ont fait le trajet en 2 jours et sans les bagages. Ils suivent en fourgonnette conduite par le père de l’un d’eux. Ils m’avouent ne pas jouer dans la même catégorie.
Après une appréciable douche il me faut encore faire 2 km pour atteindre le restaurant de Capendu. A pied pour changer et m’ouvrir l’appétit. Le retour avec lampe conseillée fera la digestion.
L’unique restaurant grill pizzeria de Capendu s’appelle iciX (il vous faut imaginer un couteau et une fourchette dans le X). Je demande au sympathique patron s’il sert en terrasse. Il me dit que oui mais craint que j’aie froid. Je réponds qu’après 125 km en vélo et 2 à pied cela devrait aller et que je me souviens que ses moules marinières sont servies très chaudes. C’est encore vrai cette fois mais je garde un meilleur souvenir des précédentes. Cette fois ce sont des grandes moules et je leur préfère nettement les petites.
Me voici de retour au domaine de Beauvoir juste avant la tombée de la nuit. C’est à ce moment que les Belges montent dans leur mini bus pour aller iciX (enfin là-bas). J’aurais toujours un train d’avance sur eux.
Je reprends la lecture du guide du canal du Midi de Philippe Calas (c’est un instituteur de Portiragnes passionné par le sujet, je vous recommande son dernier ouvrage le Canal du Midi vu du ciel que je viens d’avoir pour mon anniversaire). L’éclairage dans le foudre est un peu faible. J’utilise ma frontale pour lire un chapitre avant de fermer les yeux.
Je suis réveillé par le retour des cyclistes qui malgré leur volonté d’être discrets doivent passer devant le foudre pour aller aux sanitaires. Je leur sais gré de ne pas utiliser l’éclairage principal. Car le bois de la cuve ayant séché, la lumière peut y pénétrer. L’installation électrique n’a pas été étudiée pour un usage collectif.
Je replonge dans le sommeil jusqu’à 07h15. J’enfile tout de suite ma tenue de cycliste pour aller me raser car une longue étape m’attend si je veux gagner Cap d’Agde avant la pluie de Jeudi. Après m’être débarbouillé je regarde ma montre. Il est 03h30, j’ai confondu le 3 et le 7 ! Saloperie de montre qui affiche en énorme les secondes et en tout petit les heures et minutes.
En même temps (c’est le cas de le dire) je ne peux pas me plaindre elle m’a été offerte avec une commande de vêtements. Je me recouche tout habillé.
Pour échapper à la fraîcheur matinale c’est dans une petite salle que le petit déjeuner est enfin servi. Les Belges m’y rejoignent et je termine ma tasse de thé debout pour céder la place au dernier.
Mercredi 17/09 Marseillette 9h Béziers 17h 88 km
J’aurais voulu partir plus tôt mais j’ai du reprendre mon livre en attendant que le petit déjeuner soit servi. Avantage il fait un peu moins frais sur les berges du canal. Quelqu’un me demande pardon. Je m’écarte du sillon le plus roulant et suis surpris d’être doublé par un jeune homme sur une mono roue de grand diamètre. Il file en équilibre avec pour tout bagage un minuscule sac à dos. Je me demande comment il passe sous les arbres dont les branches sont basses sur ce passage. J’arrive à l’écluse de l’Aiguille où un crocodile accueille les plaisanciers. L’éclusier y expose ses sculptures sur bois. Je me laisse distraire et continue sur la mauvaise rive. Je fais tout de suite demi-tour évitant ainsi à 2 cyclistes de faire la même erreur (je rappelle qu’il n’y a aucune indication).
Après l’épanchoir d’Argentdouble je m’arrête sous un pont où l’année dernière j’avais vu une loutre sur l’autre rive. La végétation s’est étendue autour de la pile du pont mais pas de trace du petit carnivore.
Plus loin je rattrape un couple parti de Toulouse. L’homme pêne à tirer sa remorque bien qu’il s’agisse d’un modèle étroit avec une seule roue. En effet le chemin de halage est bien trop accidenté pour circuler avec des cycles à 2 roues de front. Je leur dis qu’il aurait peut-être du faire le canal latéral à la Garonne. On leur en avait parlé en disant que c’est plus joli. Je démens mais c’est beaucoup plus roulant.
Je vais pouvoir déjeuner à la Grillade du Château à Ventenac-Minervois :
Il y a quelque chose de rassurant à refaire les mêmes étapes mais surtout cela permet de ne pas perdre de temps. Pennes aux noix de St Jacques et c’est reparti.
Au Somail où une ancienne cave a été aménagée en librairie de livres anciens : http://gourgues.julien.9online.fr/
Où la belle péniche Tamata a été convertie en épicerie flottante :
http://www.luxe-motor.com/description_115.htm.
Je retrouve le monsieur avec sa remorque qui attend sa femme pour déjeuner. Lui a pris une portion de route.
Avant le pont canal de Cesse, la fourgonnette belge attend les cyclistes pour le pique-nique. Ils ont téléphonés pour fixer rendez-vous au chauffeur mais ils tardent à arriver. Il faut dire que le vent s’est levé et freine notre progression. Le minibus est un bar ambulant et son pilote-serveur m’offre le choix entre de nombreuses boissons. Inespéré pour moi, je me vois offrir un panaché bien frais et une pause agréable.
Je vais arriver au Point Kilométrique 169 où le canal de Jonction permet d’aller traverser Narbonne par le canal de la Robine. Prenant à main droite je l’avais suivi l’année dernière. Mais je ne me souviens pas si un pont permet de le traverser pour continuer le long du canal du Midi. J’espère ne pas devoir retourner jusqu’au pont précédent pour changer de rive.
Je suis bien content de trouver un petit pont cintré en pierres pour poursuivre. Son empierrage est irrégulier et en passant à pied je peux presque toucher l’équipage d’une péniche que je salue. Eux sont beaucoup moins heureux. Bien qu’ils aient démonté tout ce qui dépasse, la cabine à l’arrière ne passe pas sous le pont. Ils sont en train de remplir la soute en pompant l’eau du canal pour abaisser la ligne de flottaison.
Me voici en terre inconnue et c’est à cet endroit que le canal change de physionomie. Des pins parasols remplacent les platanes et le canal a été creusé dans une terre ocre et la tranchée évoque un canyon avec un petit côté western.
Je suis sur le plus long bief qui de l’écluse d’Argens à celles de Fonserannes parcourt 54 km à niveau constant. Un exploit à l’époque du roi soleil. Mais altitude constante ne signifie pas ligne droite. Le canal effectue de tels lacets que l’on peut d’un méandre à l’autre avoir quasiment le vent de face puis pratiquement de dos. Par exemple entre Argeliers et Capestang, il y a 11 km par la route et 16 par le canal : http://www.viamichelin.fr/viamichelin/fra/dyn/controller/Itineraires?
strStartCityCountry=1424&strStartAddress=&strStartMerged=argeliers&strDestCityCountry=1424&
strDestAddress=&strDestMerged=capestang&choiceType=1&
ie=UTF-8&x=0&y=0
Mais quand on aime on ne compte pas. Je rentre dans l’Hérault avec un vent de face qui ralentit ma progression. Je ne pourrais pas m’abriter dans les 170 m du tunnel de Malpas « mauvais passage » (à cause des morts par éboulement) que Riquet a fait creuser dans la montagne d’Ensérune. Car à vélo on est obligé de passer par-dessus. Il aura fallu toute sa détermination à vouloir que son oeuvre passe par sa ville natale de Béziers pour que pour la première fois de l’histoire un canal de navigation passe sous terre :
Canal du Midi - Canal Royal de Languedoc
Une petite ascension me permet d’atteindre la maison du Malpas où l’on trouve de nombreux livres sur le canal, de la documentation sur la région mais pas d’amabilité.
J’apprécie tout de même cette pause et commence à penser que je ne pourrais pas atteindre Cap d’Agde ce soir avec ce vent.
Voici les 7 écluses de Fonsérannes qui descendent sur Béziers et son magnifique pont canal sur l’Orb : Le Canal du Midi en Languedoc : Béziers.
Je bifurque vers la gare et le centre ville à la recherche d’un hôtel. Entre les trop chers et les trop moches, je finis par pousser la porte de l’hôtel ALMA juste au moment où l’hôtesse sort les poubelles. Est-ce l’effet de son charme, de son accueil sympathique, du prix de la chambre (40 € petit-déjeuner compris) ? Je succombe à l’argument du cagibi à vélo donnant dans la rue dont elle me remet la clé avec celle de ma chambre. Si toute les Bitéroises sont aussi avenantes je comprends que la spécialité de Béziers soit les envies (tout comme celle de Caen est les lits et celle de Vienne les « qu’est ce qu’ils »).
En fait la chambre offre un confort tout juste suffisant et dispose d’une toute petite télé avec une mauvaise réception. Une bonne douche pour oublier que je me suis arrêté ici contraint par le vent. Et me voici dans le centre ville (où il ne souffle pas) et les allées Pierre-Paul Riquet tout proche. N’est-il pas naturel que j’aille m’incliner devant la statue du maître ? N’est-ce pas lui qui en mensualisant ses ouvriers (jours fériés, jours d’intempérie payés) en payant les malades et les blessés a inventé la Sécurité Sociale ?
C’est un restau chinois sur lequel se porte mon choix. Je m’étonne ici où le BIT est roi de ne pas tomber sur un cybercafé où j’aurais confirmation de la pluie pour demain.
La météo de la TV me laisse espérer que celle-ci ne tombera pas avant l’après-midi me laissant atteindre ma destination avant. Une émission sur Sarah Palin candidate républicaine à la vice-présidence des Etats-Unis retient mon attention. Cette femme maire de Wasilla puis gouverneur de l’Alaska. Amatrice de chasse et de pêche et membre du lobby des armes à feux, milite pour l’ouverture des réserves naturelles au forage pétrolier. Elle souhaite que l’on enseigne la Création en 7 jours dans les écoles. Neandertal et Cro-magnon doivent se retourner dans leur tombe et plus encore Lucie trahie par une femme. Sarah pense certainement que Dieu à créer l’animal pour que les hommes puissent le tuer, le pétrole pour qu’ils polluent la planète et qu’il éliminera toutes les humaneries (Merci Claude) en 1 jour. Je comprends alors pourquoi les USA ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto.
Cela fait peur que les décisions du pays le plus puissant soient prises en fonction de la religion. Car quelques soit l’élu il n’y échappera pas…
Pourvu que le candidat démocrate casse la baraque au bas mot.
Jeudi 18/09 Béziers 9h Cap d’Agde 11h 41+17 km
Pas de pluie, je n’ai qu’à me laisser entraîner par la descente qui part de la Cathédrale qui domine la ville pour rejoindre le canal.
C’est d’abord 15 km de piste goudronnée qui m’amène à Portiragnes. Puis la terre et le port de plaisance de Cassafiéres dont on est obligé de faire le tour pour suivre le chemin de halage.
Mais c’est toujours agréable de voir des bateaux de plaisance.
J’aurais pu faire étape ici sur la péniche Béatrice amarrée sur le canal :
http://www.bateau-beatrice.com/chambres_hotes.htm
Mais cela m’aurait coûté plus cher et je n’aurais pas voulu m’arrêter si prés de la fin. Je croise une jeune femme avec un vélo lourdement chargé. Malheureusement dans la pénombre sous un pont. Elle me semble étrangère mais je ne peux le confirmer faute d’être éclairé par des détails sur son équipement. La vigne n’est jamais très loin du canal entre 2 Mers et je ne résiste pas à goûter une petite grappe avant mon arrivée à Agde. Je suis les panneaux indiquant Cap d’Agde évitant ainsi le centre ville. Mais ils m’amènent à la N112, voie express interdite aux vélos. C’est là que j’aurais eu besoin de mon GPS en mode vélo. Il m’aurait guidé sur l’ancienne route en passant par le centre. Je suis sur la D32E mais sur ma carte au 1/100000 il y en a 2. Pas de bol je suis sur la plus éloignée du Cap d’Agde et du mauvais côté du Grau (estuaire ou chenal en occitan) de l’Hérault aménagé en port sur une grande longueur. Ce que me confirment les papis que j’interroge. Il me faut retourner à Agde ou traverser. L’un me recommande le passeur Mi-Mi et l’autre son concurrent. Ils font gagner l’autre rive pour 1 € (1,5 avec une bicyclette). Mi-Mi m’aide à embarquer mon vélo chargé et m’indique avec force détails le chemin pour atteindre la plage de la Rouquille à côté de laquelle se trouve le centre de vacances de mon CE. Mais plusieurs fois je dois demander ma route. Même après être passé à l’office du tourisme et avoir obtenu un plan. Construit à partir de 1969 le port offre aujourd’hui 1 km de quai et est devenu la première station touristique de France. Les avenues s’y étendent de façon tentaculaire et il n’est pas facile de se repérer. Heureusement que je n’ai pas tenté l’aventure hier au soir. J’aurais été épuisé avant d’atteindre mon but. Vu de chez moi le Cap d’Agde m’avait l’air si accessible depuis Agde que je n’avais pas pris soin de préparer l’itinéraire.
Je me fais remettre la clé par l’hôtesse qui me propose de m’accompagner. Pensant que cela est inutile, je commence à tourner dans un labyrinthe de 200 gîtes astucieusement répartis pour éviter les vis-à-vis. J’aurais même des difficultés à le retrouver après mon installation par exemple en revenant des plats cuisinés. Il faut dire que la pancarte indiquant mon quartier m’envoie à l’opposé de mon logement. A côté, il y un autre centre de tourisme social puis le village de naturistes. Mais pour y accéder il faut montrer patte blanche (ce qui ne doit pas être facile une fois tout bronzé), l’entrée est gardiennée.
Le Cap d’Agde est né d’une succession d’éruptions volcaniques il y a un million d’années. Agde dernier maillon de la chaîne des volcans d’Auvergne avait été surnommée par Marco Polo la perle noire de la Méditerranée.
L’après-midi 17 km me permettront de découvrir une partie du Cap. Le ciel est couvert est après avoir longé les plages puis les falaises, le sentier sous-marin à proximité de l’aquarium, je visite le port où se retrouve une grande partie des touristes.
Après la jetée Richelieu et l’île aux Pécheurs, me voici dans une grande zone technique où l’on s’affaire autour de bateaux en cale sèche dans une odeur de résine et de peinture.
Le centre port avec ses boutiques attire la foule. Alors que je déguste une glace à la violette je tombe sur les Belges et leurs vélos. Ils ont dormis à Colombiers (avant Béziers) et s’apprêtent à gagner Sète par la route. Avant de rentrer en minibus et en train pour les 2 Français.
Vendredi 19/09 70 km
Moi aussi je veux aller à Sète mais par le canal. Confirmant ainsi que le chemin de halage est impraticable sur ses 10 derniers km comme je l’ai écrit en Septembre 2007.
Il n’y a que 8 km pour gagner Agde. On pourrait croire qu’il y a une piste cyclable entre elle et le Cap. Mais pas vraiment il y a des tronçons qui convergent vers l’AQUALAND.
Après avoir traversé la ville, je dois prendre la route de Marseillan pour retrouver le canal. Je suis rattrapé par un bruit est une odeur de vinasse. C’est un tracteur avec une benne chargée de raisins qui après plusieurs voyages contient du jus qui commence à fermenter.
Avant de prendre le chemin de halage vers l’étang de Thau, je vais voir à l’opposé si on peut longer l’Hérault que les bateaux empruntent pendant 1 km. Une dernière écluse franchie, ils passent aux milieux des étangs du Bagnas sur les 10 derniers km du canal du Midi pour terminer leur course dans le bassin de Thau. Où Sète leur ouvre la porte du canal du Rhône qui serpente en pleine Camargue.
Cette rive est praticable (contrairement à l’autre essayée l’année dernière). Je peux maintenant guider celui qui veut suivre le canal jusqu’au bout. En venant de Toulouse on arrive au port d’Agde. Traverser la route pour à droite de l’écluse ronde, suivre le Canalet qui descend dans l’Hérault. A l’entrée du centre ville, traverser le fleuve par l’unique pont et tout de suite à gauche sur la route de Marseillan prendre le chemin de la vallée qui longe l’Hérault jusqu’au canal. Voilà vous m’avez rejoint. Avant de parcourir les derniers km j’enfile (pour la première et dernière fois du voyage) mes chaussures fermées car je crains de rouler dans les herbes hautes et les joncs qui m’avaient fait renoncer (2007) en avalant le chemin de halage. Cette fois dés la maison éclusière du Bagnas, je monte sur le talus pour traverser la réserve naturelle. Il n’a plu que très peu hier soir mais les herbes hautes s’inclinent sous le poids des gouttes et viennent s’essuyer sur moi. On peut donc aller facilement jusqu’à l’extrémité du canal du Midi. Il suffit de refermer derrière soit les barrières qui limitent les déplacements des chevaux en liberté. En dominant légèrement le canal on peut aussi observer des oiseaux.
Après la station d’épuration des eaux usées par lagunage :
http://www.thau-agglo.fr/IMG/pdf/STEP_de_Marseillan.pdf
une installation en Charente Maritime pour ceux qui préfèrent en images :
http://www.quotidiendurable.com/news/epuration-naturelle-
la-station-de-lagunage-de-rochefort
le chemin de halage reprend très empierrés. Le prétexte de la réserve naturelle pour ne pas entretenir les bords du canal me semble fallacieux. Car elle est traversée par une voie ferrée et une route à grande circulation. Mais il serait peut-être nécessaire de clôturer au dessus du chemin pour laisser aux animaux leur tranquillité.
De nombreux petits bateaux amarrés sur les derniers mètres et la péniche l’Impressionniste qui navigue vers l’étang de Thau. Un goéland argenté m’attend pour mon arrivée à la pointe des Onglous. Ce n’est qu’à un mètre qu’il prend tranquillement son envol (il en a vu d’autres des touristes). Le phare des Onglous indique l’entrée du canal aux péniches qui ont tenté l’aventure de la traversée du grand bassin. Pour le canal du Midi c’est le terminus. Bien que la pointe soit bien avancée dans l’eau, je ne parviens pas à apercevoir ni les bancs d’huitres ni la ville de Sète trop éloignée. C’est là que je réalise que trop content de rouler sans bagage, j’ai oublié ma carte du secteur. C’est ballot !
Heureusement un plan de l’étang est affiché à l’école de voile. Sinon j’allais prendre dans la mauvaise direction la route de Marseillan. Avant de partir, il me faut remplacer l’un des colliers Rilsan qui attachent mes sacoches (les crochets métalliques d’origine se sont dérivetés depuis bien longtemps). Je tombe rapidement sur un panneau Sète mais sans indication kilométrique. Je ne sais pas s’il faudra en faire 6 ou 8. Sète fois la N112 est autorisée aux vélos. Elle est rectiligne bordée d’une plage de sable blond. Plusieurs km de camping-car en stationnement puis un bus de jeunes savoyards qui commencent bien l’année scolaire par un voyage au soleil. Quand je pense que certains trouvent le canal du Midi monotone ! Ici même bordés par la mer et le sable fin je trouve les km moins agréables. Heureusement je suis distrait par un couple en tricycles couchés que je croise. Ils sont abrités derrière des pare-brises en plexiglas. Ce type de cycle permet de ne pas gaspiller son énergie à lutter contre le vent.
C’est 2 fois sept km qu’il me faudra parcourir. Ce qui donne une idée de l’étendue du bassin.
A force de serrer à droite pour ne pas gêner la circulation, ma roue avant finit par descendre sur la couche de revêtement antérieure. Par reflexe, je tourne mon guidon à gauche pour revenir sur la chaussée mais mon pneu avant refuse de gravir latéralement les quelques cm de goudron et je manque de me casser la figure. Alors que j’ai échappé aux pièges sur les 240 km du canal du Midi, j’ai failli me faire avoir par la N112.
Les derniers km de plage sont en chantier. Des engins brassent des milliers de m3 de sable pour recréer des digues et stabiliser le sable par des plantations clôturées. La piste cyclable partant de Sète sera également prolongée. Bonne nouvelle car pour l’instant, je suis dévié sur la voie rapide. Enfin voici Sète, des tas de toiles colorées ou d’abri de plage sont installés sur le sable. Non ce sont les voiles des kitesurf qui se préparent pour une compétition. Je croyais naïvement que ces planches tirées par un cerf-volant s’appelaient sky surf.
A l’office du tourisme, j’obtiens un plan contre un euro. Même s’il est très beau, c’est étonnant de devoir le payer. Mais je ne suis pas contre pour éviter le gaspillage.
Ce sont les sardines grillées qui s’affichent à un petit restaurant du vieux port qui immédiatement m’attirent. La restauratrice m’invite à partager la table (seule place à l’ombre) d’une dame qui a choisi le même menu. C’est l’occasion de discuter et elle m’invite à être plus convaincant pour entraîner ma femme dans mes voyages à vélo. Elle me met l’eau à la bouche à propos d’un projet de voie verte transeuropéenne, de l’Atlantique à l’Oural (du cap Ferret à Iekaterimbourg). Ce serait un projet idéal pour ma retraite. Malheureusement plus je m’approche de celle-ci, plus elle s’éloigne. Un peu comme si je pédalais sur un tapis roulant progressant en sens inverse. Et dire qu’il y a temps de chômeurs qui attendent une place.
Après toutes ces petites embarcations sur le canal les navires sont vraiment impressionnants.
Je décide de monter à pied jusqu’au mont St Clair. A cette heure les côtes sont raides sous le soleil. La vue sur la rade, les canaux, la ville, la Méditerranée et l’étang est magnifique. Un particulier laisse l’accès libre à sa tour pour dominer le décor de quelques mètres supplémentaires. Libre à vous de laisser une obole pour l’entretien des lieux (j’y laisse quelques centimes)
Je choisis le chemin proposé aux visiteurs sur le plan pour redescendre. Avant de retrouver mon vélo et les kilomètres de plage, j’achète une tartelette aux pommes et noix et un feuilleté aux pommes. La compétition internationale de kitesurf est en cours. Mais le surfeur semble attendre un top pour effectuer je suppose une figure imposée. Plusieurs minutes s’écoulent et un de mes gâteaux n’y résiste pas. Je finis par comprendre que le vent est contraire ou insuffisant et la compétition est suspendue.
Le retour par la route est un peu pénible. Cela explique que j’entreprends tous mes voyages sur des voies interdites aux voitures.
Samedi 20/09 0 km
C’est le week-end du patrimoine et levé de bon matin, j’espère que le musée ouvre à 9h http://www.capdagde.com/le_musee_de_l_ephebe-modele01-691-FR-decouverte.html
La région est chargée d’histoire. La mer et le fleuve en ont gardé secrètement les traces. Le Musée de l’Ephèbe est le premier à se consacrer exclusivement à l’archéologie sous-marine et subaquatique. Grâce à des passionnés (association ADRAMAR) et au DRASSM (Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous- Marines), la localisation d’épaves et remontée d’objets ont permis de « pêcher » des collections d’objets de navigation, d’armes, d’amphores, de vaisselle, lingots de métaux et d’objets précieux jamais arrivés à destination. A 08h50, je suis le premier visiteur à pénétrer dans les salles. Les inventeurs (nom donné à celui qui découvre une épave) ont mis à jour des trésors attestant du passage des civilisations grecque, étrusque et romaine dans ce territoire où l’Hérault permet des échanges entre la mer et la terre.
Puis je vais profiter d’un autre trésor de la région : Soleil et plage. La Méditerranée n’est qu’à 17 °C et je trouve plus agréable de me baigner dans le calme matinal avant que la différence de température entre l’air et l’eau ne provoque le phénomène de brise thermique.
Comme je prends la route du retour demain, j’ai prévu de ne pas rouler aujourd’hui et je m’ennuie un peu à l’institution. Ce ne sont pas les moyens qui manquent pour faire des activités (terrain de tennis, pétanque, table de ping-pong…) mais plutôt les gens. A cette époque, le village de vacances est rempli de retraités et les jeunes arrivés pour le week-end, sont pour l’heure parti profiter de la plage.
Difficile de croire que l’on puisse s’ennuyer au Cap d’Agde où presque chaque fin de semaine a lieu une animation. Ce week-end c’est le 8ème GTI Tuning (entrée 15 €) mais je ne prise pas ce genre d’événement, même enrubannée l’automobile reste polluante et destructrice. J’aurais pu le week-end dernier succomber aux charmes désuets du meeting (gratuit) des coccinelles http://www.cox-toujours.com/accueil.html mais là aussi je retrouve le côté puéril du petit garçon qui joue aux petites voitures.
Je me décide à introduire une pièce dans le billard américain et regrette aussitôt en sentant l’air de la clim me tomber sur les cervicales. En cette saison est-ce vraiment utile de la faire tourner ? Il suffirait d’ouvrir les baies vitrées pour profiter de l’agréable température extérieure. D’ailleurs toutes les portes sont ouvertes et cela me met hors de moi de gaspiller ainsi l’énergie. Heureusement après avoir remporté la partie (j’ai joué seul), je tombe sur un excellent livre à la bibliothèque en libre service :
Eloge De La Lecture. La Construction De Soi de Michèle Petit - Livre - Decitre
Loin d’opposer lecture « utile » et lecture de distraction l’auteure affirme que c’est quelque chose qui nous construit en choisissant des éléments qui nous permettent de mieux vivre et de mieux nous connaître :
Eloge de la lecture. La construction de soi de Michèle Petit - Troczone.com
Eloge de la lecture: comme mêler travail et plaisir - Le terrier de Chiffonnette Chiffon
A 17h à l’ouverture du bar je commande une bière brune et m’étonne que l’on me présente une PELFORTH alors que sur la carte une seule bière brune est proposée : LAO BIA du commerce équitable. Ce qui a motivé ma demande (habituellement je préfère les blondes). Je l’obtiens en précisant ma demande.
Sève de fleurs de palmier 34%, moût de malt, jus de canne à sucre, houblon, levure, cette bière est commercialisée par ARTISAN DU MONDE. La sève de la fleur de palmier à sucre, récoltée sur les îles du Mékong, lui donne une saveur particulière, légèrement caramélisée, amère et herbacée.
Bien que certain de vouloir favoriser le commerce équitable, Commerce équitable — Wikipédia
je me demande s’il est bien raisonnable écologiquement de choisir une bière fabriquée à l’autre bout du monde. Après tout la belle lilloise http://www.pelforth.fr/ servie spontanément par le barman est « forcément » équitable car brassée au pays de la déclaration des droits de l’homme et moins gourmande en transport.
Heureux consommateurs qui ne se pausent pas toutes ces questions et qui choisiront pour le goût ou pour l’effet. Dans ce dernier cas je conseille la PELFORTH. Je me souviens d’une fin d’après midi vers mes 18 ans où après en avoir consommés 2 avec des copains, je peinais à démarrer ma 125 jusqu’à ce que quelqu’un me dise que j’avais laissé l’antivol à la roue arrière de ma moto.
Dimanche 21/09 Cap d’Agde 08h Marseillette 18h30 117 km
Mon réveil à 6 h me permet après rangement et nettoyage de partir à 8 sans oublier de rendre le livre que je n’ai hélas pas terminé. Peu de circulation jusqu’à Agde où je passe de nouveau plusieurs minutes arrêté par la barrière du passage à niveau. J’hésite à passer devant la voiture dont je respire les gaz d’échappement mais crains de la gêner lors de mon démarrage lent sur la voie ferrée. Qu’est ce qui justifie qu’à Agde les barrières s’abaissent longtemps avant le passage d’un train. Certainement que celui-ci s’apprête à partir de la gare toute proche. Si j’étais d’ici j’interrogerais la SNCF. Mais il semble que plusieurs problèmes s’y rapportent : http://www.herault-tribune.com/index.php?p=p01&Ar_Id=2459&action=view
Pas un chat le long du canal jusqu’à que j’arrive à la partie goudronnée entre Portiragnes et Béziers. Là je rencontre beaucoup de vélos et un roller. Y aurait il une relation de cause à effet ?
A Béziers comme à Toulouse des péniches ont été transformées en habitation. Plus original ici un salon de coiffure. C’est presque dommage (à moins de ne jamais avoir vu de l’eau passer au dessus d’une rivière) de passer sur le pont canal de l’Orb car on ne peut alors en admirer les piles et les voûtes. Mais je bénéficie d’une vue sur la cathédrale et en ce dimanche d’une jolie silhouette « d’ avironneuse » qui se détache sur l’eau. Ici en raison du vent qui gênait les manœuvres des bateaux on a préféré planté des cyprès qui assurent un écran en toutes saisons.
Mais c’est le platane qui est vraiment le roi du canal. Curieusement sa plantation n’était pas prévue à l’origine. Mais il s’est rapidement révélé indispensable à la stabilisation des berges et surtout à la limitation de l’évaporation. Sans son ombre protectrice la consommation en eau du canal serait beaucoup plus importante. Plus étonnant avec ses feuilles imputrescibles, il assure l’étanchéité du fond limitant ainsi la perte par infiltration. Inconvénient cela impose de curer le fond régulièrement. Plus loin je tombe sur une dragueuse et une barge solidement amarrées aux arbres qui m’obligent à passer plus haut.
Je me rapproche petit à petit d’un cycliste qui me semble âgé, les cheveux attachés, en short avec des chaussettes et des chaussures marron, je pense d’abord qu’il s’agit d’un homme. Mais c’est une grand-mère qui s’impose un rythme soutenu pour suivre son mari et il me faut un certain temps pour le doubler après avoir dépassé sa femme. Ils roulent assez vite et il suffit que je m’arrête pour me découvrir et monter à pied la côte du tunnel de Malpas pour qu’ils me doublent. Arrivé de nouveau à la auteur de la femme je lui lance : heureusement que votre mari s’est arrêté pour la pause pipi sinon il ne vous attendrait pas.
La péniche EUROPODYSSEE, lieu d’accueil, offre des séjours de rupture de 2 mois pour adolescents et jeunes majeurs en difficultés : http://pagesperso-orange.fr/voyages.en.peniche/
Après 50 km, il va être midi quand j’arrive à Capestang où le personnel du restaurant La Batelière termine son repas. Il me faudra 3/4 h pour déjeuner de tagliatelles au roquefort accompagnées d’un verre de vin.
Je fais ma prochaine étape gastronomique sur une terrasse à HOMPS : Glace ananas, framboise et fruits de la passion avec coulis de fruits rouges et chantilly. La cigarette russe qui accompagne est vite avalée et je décide d’entamer les zézettes de Sète (seul souvenir que j’ai pu ramener pour une raison de poids) en ne mangeant que les cassés. Je pourrais faire goûter les autres…
Lorsque j’arrive au Relais Occitan personne ne répond à mes coups de sonnette à la porte. Mais je ne suis pas étonné de trouver les propriétaires sur le toit du chai où ils remplacent les tuiles puisque le chantier était en cours. Ils me laissent m’installer seul pour ma 4ème étape dans le foudre. Je n’aurai pas à rentrer à pied du restaurant de Capendu car ils viennent y boire une bière pour se rafraîchir en attendant des pizzas et me propose de me ramener. J’ai alors confirmation qu’ils ne sont pas de la région (je m’en doutais quand la dame parlait de tonneau à propos du foudre). Lui avait une entreprise à Sotteville-lès-Rouen (où vivent toujours mes parents) et elle était dans le médico-social. Ils se consacrent maintenant au domaine acquis il y a un an.
Lundi 22/09 Marseillette 08h45 Rangueil 18h30 121 km
J’avais émis le souhait de partir à 8h mais ils ont préféré comprendre que je voulais déjeuner à 8h. Après une journée passer sur le toit ils veulent se reposer et je pense qu’ils ont changé de mode de vie pour ne plus courir.
Après Trèbes (10 km) où il y a toujours une concentration de camping-car (certainement pour s’approcher de Carcassonne), je monte sur le pont canal du Fresquel qui porte aussi la route. Je suis alors à 100 m au-dessus du niveau de la mer.130 km après avoir quitté la Méditerranée, c’est ce qui s’appelle de la pente douce. Une dame âgée me demande « Parlez-vous Français ? », « Avez-vous vu un bateau dans l’écluse ? » Je réponds que je n’ai pas fait attention « Il faut regarder les bateaux, c’est beau ! » J’aurais pu lui répondre que depuis une semaine j’en avais vu des centaines. Mais elle m’a déjà tourné les talons pour aller s’engueuler avec son mari lors de leur manœuvre de désamarrage.
J’arrive à la cité médiévale fortifiée (23 km) où pour calmer les cyclistes et leur faire réaliser qu’ils arrivent en ville un panneau indique fin de piste cyclable. Mais je n’ai vu aucune piste et ce matin très peu de cycliste. J’ai rencontré surtout des promeneurs avec leurs chiens, des joggeurs, des femmes qui marchent en discutant. J’hésite toujours sur la stratégie à adopter quand je m’approche de piétons. Un coup de sonnette me semble agressif et je le réserve aux pistes bitumées où je roule plus vite et suis prioritaire. Je préfère tout en ralentissant miser sur le crissement des feuilles, le craquement d’une branche ou le bruissement des cailloux. Mais aucun n’est efficace lorsque j’arrive dernière une mamie qui souffrant de la cheville avance tout doucement. Je prononce alors le mot magique Bonjour qui ouvre le passage…
Je croise enfin des cyclistes un monsieur tout chargé et une dame qui porte l’appareil photo (le poids des photos le choc des maux). En traversant Carcassonne je reprends contact avec la civilisation en roulant rue du canal : voiture ADMR, pancarte ANPE cela ne me manquait pas.
A 11h, je n’ai fait que 30km. J’ai moins la pêche qu’hier certainement à cause du temps couvert.
Vers l’écluse de Béteille, je m’aperçois que mon compteur n’indique plus rien. Les vibrations lui ont fait perdre le contact électrique de son support (1 ou 2 km qui ne seront pas comptabilisés).
Comme l’année dernière je déjeune sur la terrasse du port de Bram (40km), mais le site me parait moins enchanteur. Il fait moins beau et je tire ma chaise pour profiter d’un petit triangle de soleil. Quelle idée d’ouvrir le store parasol par ce temps ? J’hésite à prendre le cassoulet maison mais il y a 20mn d’attente et c’est le temps qu’il me suffira pour déjeuner de tagliatelles au saumon.
Après 60 km, j’arrive à Castelnaudary et les dimensions du bassin sont plus impressionnantes en arrivant dans ce sens. Fichier:Castelnaudary canal midi.jpg — Wikipédia
Une jeune femme me double rapidement. J’ai confirmation qu’elle fait un déplacement local quand je la croise plus loin en sens inverse.
A 15 h, après l’écluse de la Méditerranée je suis sur le bief de partage des eaux qui s’étend sur 5 km jusqu’à l’écluse de l’Océan. C’est le seuil de Naurouze point culminant (190 m) du canal du Midi : Canal du Midi — Wikipédia
Je n’ai plus qu’à me « laisser » glisser vers l’Atlantique.
Encore 50 km et je suis à Toulouse. Et comme ils se feront sur du bitume, je vais remettre un peu d’huile sur ma chaîne. Elle a tellement avalé de poussière qu’il n’en reste pas une goutte. Le métal est brillant complètement à nu abrasé par des particules de terre. Je commence par retirer celle collée sur mes plateaux avec les serviettes en papier que j’ai conservé à la fin des repas au restaurant. C’est là que je comprends pourquoi il m’arrive d’avoir la chaîne qui saute sans qu’il y ait de changement de vitesse. J’ai quelques dents de rognées sur mon grand plateau. Quand je force pour attaquer une côte où franchir une intersection avant l’arrivée d’une voiture, c’est une sensation très désagréable qui ne permet plus d’avoir confiance dans mes accélérations. Bien sûr cela ne m’a pas gêné sur ce parcours où je ne force jamais. Il faudra que je change mes plateaux… Merci pour les poubelles mise à disposition sur la piste cyclable à chaque accès aux aires de repos de l’autoroute. (je rappelle que l’on ne peux pas y aller à vélo mais le passage est prévu pour les piétons pour accéder aux sanitaires)
Malgré que prés de 200 km ne soient pas goudronnés, j’ai réussi à parcourir les 240 km du canal du Midi en 2 jours. Je vous propose donc la formule économique : une seule nuit dans le foudre : 17 €.
Mardi 23/09 Rangueil 08h45 Valence d’Agen 16h15 99km
Je veux profiter de ma présence dans la ville rose pour aller voir l’exposition gratuite Claude Nougaro. Mais la maison des Pyrénées n’ouvre qu’à 10 h. Pareil pour le magasin Cyclable et je ne souhaite pas attendre une heure alors que j’ai près de 100 km à parcourir.
Place du Capitole je découvre qu’à un jour près j’ai loupé la semaine de la Mobilité : http://www.fra.cityvox.fr/guide_toulouse/bougez-autrement-a-toulouse_
3503309/PageNews
C’est bête ! J’aurais pu essayer toute sorte de vélos place du Capitole. Mais on ne peut pas être à la fois à la mer et à la ville. Si ! En utilisant un moyen de transport moderne. Si j’étais allé au Cap d’Agde en voiture ou avec ma moto, j’aurais pu revenir à temps. Le problème c’est que je n’avais aucune envie d’y aller avec un véhicule. Ça ne me serait même pas venu à l’idée.
Je décide d’aller voir le canal de Brienne tout proche : Fichier:Toulouse canal de Brienne.JPG — Wikipédia
Il a pour but de mettre en communication le canal du Midi avec la partie amont de la Garonne située au dessus du barrage du Bazacle. Il communique avec la Garonne à l’écluse de Saint-Pierre. Il n’est plus utilisé pour la navigation mais il sert à alimenter en eau le canal latéral à la Garonne.
Il ne fait que 1.7 km et me voici au port de l’embouchure C’est ici que les ponts jumeaux sont devenus des triplés ouvrant pour l’un l’accès au canal du Midi pour l’autre au canal de Brienne et pour le plus récent au canal de Garonne que je rejoins pour le chemin du retour.
alentours_ponts_jumeaux
Lucarne ouverte vers l’aventure je les perçois comme des invitations au voyage.
En une année j’aurais parcouru tout le canal entre deux Mers (aller retour) : Latéral à la Garonne direction Bordeaux avec son canal secondaire desservant Montauban, du Midi avec sa liaison avec le canal de la Robine et pour finir canal de Brienne (cela sans aucune crevaison).
Pourtant je suis prêt à recommencer. Peut-être avec vous si vous êtes tenté par les déplacement doux. Ce n’est vraiment pas difficile puisque je l’ai fait. Souvenez vous que j’ai eu du mal à doubler le couple de personnes âgées et qu’ils m’ont rattrapé pour une toute petite pause.
Je roule d’abord le long d’une zone d’activité où les murs de clôture ont été tagués sur une grande longueur. Il faut reconnaître que certains dessins sont artistiques non seulement ils ont du sens mais ils sont beaux. Hélas certains veulent aussi laisser leur empreinte et ça dégénère.
Cette année il y a des tags sur la piste cyclable et même sur les arbres !
Je parviens au club d’aviron de Lalande. Le Toulouse Aviron Sport et Loisir a été créé en 1982 par une trentaine de rameurs déçus par la politique TOUT COMPETITION suivie par leurs clubs:http://www.avironfrance.asso.fr/Actualite/ActualiteDocs/TASLJeunesTalents1.pdf
Des élèves découvrent l’activité.
Changement de rive et je suis quelques cyclistes qui sont bientôt stopper par un énorme camion benne en train de se remplir de gravats. Je suis sidéré. C’est la piste cyclable qui s’en va en morceaux, hissée par un tapis roulant. Elle était pourtant en bon état. Nous longeons la benne et arrivons sur le chantier. Les cyclistes poursuivent par la route. J’espère que le chemin n’est pas fermé à la circulation. Je me vois mal continuer par la route d’ailleurs je n’ai pas de carte routière. Les pages que j’avais détachées à mon guide de la route, je les ai prêtées à un couple de Belges qui faisaient le canal en tandem et ils ne me les ont pas renvoyées. C’est pour ce genre de surprise que je n’ai pas voulu quitter Toulouse plus tard.
Heureusement l’ouvrier m’autorise à passer. Je roule sur un film plastique qui fait la largeur de la piste et qui va être recouvert de goudron. En fait je préfère marcher sur le côté pour ne pas risquer de l’abîmer. C’est la même chose que lors de l’aller de l’autre côté de Toulouse.
Cette fois je relève les caractéristiques sur un rouleau Code Produit PB4 6341 CIDEX 100 SB
6D Solutions 17 place Xavier Ricard 69110 Ste Foy les Lyon : http://www.6dsolutions.com/htfr/frameset.htm
Cela se présente comme un film épais plastifié contenant de la fibre de verre en rouleau de 70 m sur 3.05 m. J’espère que le Conseil Général de la Haute Garonne fera profiter de son expérience tous les autres départements. En tous cas je le félicite pour son implication à rendre pérennes les pistes cyclables. Je suppose que le soir même ce tronçon sera de nouveau opérationnel. Je me demande juste s’ils réutilisent les gravats pour les réincorporer.
Je roule de nouveau sur le bitume lorsque je croise la péniche la Naïade rutilante, récemment repeinte aux couleurs des Voies Navigable de France. Blanc, bleu marine et vert d’eau comme les tee-shirt des éclusiers : http://www.vnf.fr/vnf/img/cms/Tourisme_et_domainehidden/brochure_200704191604.pdf
Demain peut-être reverrons-nous des transports de marchandises ? Peu probable en raison du faible gabarit. Elargir le canal est également impossible en raison des magnifiques ouvrages d’art qui sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ici je peux longuement saluer les 2 employés VNF (qui me répondent de bon cœur fiers de leur embarcation). Sur le canal du Midi, j’hésite à lâcher une main pour saluer les plaisanciers de crainte de me faire désarçonner par une racine ou une pierre.
A ce propos j’arrive sur la seule partie du canal latéral qui n’est pas encore goudronnée. Mais ce sera bientôt un souvenir. L’endroit est peu fréquenté et arrivé à un déversoir, je surprends une jeune femme perdue dans ses pensées en regardant l’eau depuis le pont. Elle se tourne vers moi avec un sourire qui avoue sa prise en flagrant délit d’abandon total. Je pense qu’un homme serait incapable d’offrir un tel sourire sans défense.
J’arrive à Grisolles ou stationne un superbe camion américain nommé Route 66.
Plus loin je retrouve l’équipe d’élagueurs que j’avais rencontrés à l’aller. Ils sont en plein casse-croûte et je peux discuter avec eux. Je vous retrouve dans le même secteur qu’il y a une semaine qu’en je suis passé dans l’autre sens. « Enfin nous avons avancé de quelques km » Pour moi qui revient du Cap d’Agde cela me parait tout proche ! Ils me confirment que le chantier de la piste cyclable suivra le leur. Ca y est on pourra bientôt parcourir tout le canal latéral à la Garonne sur l’asphalte.
Je croise ensuite un espagnol qui après le chemin de St Jacques de Compostelle suit le canal depuis Moissac pour ensuite (comme les Anglais) gagner l’Espagne par Narbonne. Nous échangeons dans la langue de Shakespeare devant mon plan du canal. Il est très sympathique mais cette fois je ne veux pas louper l’heure du déjeuner. Il est 12h30 lorsque j’arrive au joli port de plaisance de Montech et je peux enfin manger à la terrasse du restaurant La maison de l’éclusier avec vue sur les bateaux. Le restaurant est très beau et le Conseil général du Tarn et Garonne a bien fait d’accorder une subvention de 14443 € en 2006 pour sa réalisation. Je me régale d’une salade du Sud-Ouest très joliment présentée suivie d’une crème brûlée.
Plus que 44 km est je retrouve mon domicile et ma petite famille.
Epilogue
Je porte mon VTT chez le pépé qui tient l’unique boutique de cycles qui subsiste à Valence d’Agen. Il me dit que pour mon triple plateau cela tiendra toujours et que c’est ma chaîne complètement usée qu’il faut changer ainsi que la cassette des pignons. Comme mon vélo a 18 ans de loyaux services, je lui fais faire la réparation.
En lisant le journal la Décroissance auquel je suis abonné : http://www.ladecroissance.net/
Je comprends pourquoi j’apprécie tant de faire du vélo. Grâce à un article de David Dutech, étudiant poitevin, je l’en remercie et le cite :
« Je pense que la pratique d’un sport aventure comme le cyclotourisme est un excellent moyen de développer un rapport affectif à l’environnement ainsi que de rendre l’individu plus autonome. J’ai des souvenirs inoubliables de paysages montagnards que j’ai pu admirer au fil de sorties cyclistes au long cours, auxquelles j’ai été initié assez jeune car mon père était un cyclo. J’ai des souvenirs non moins fantastiques de randonnées à pied sur les sentiers caillouteux des alpages, encore plus proches de la nature. Mais le vélo me semble avoir un potentiel d’attraction auprès du grand public encore plus important et sous-exploité, en ce sens qu’il vous transporte.
On est porté par la selle et l’inertie du roulement, mais c’est un sport intelligent, car le corps n’est pas inactif comme dans une voiture ou sur une moto, ici c’est l’énergie du cycliste qui crée le mouvement. Même sans être un grand sportif on peut se faire plaisir à vélo. Le pédalage est en effet un des gestes les plus amusants et les plus jouissifs qui soient. Le fait d’appuyer sur les pédales, de dominer un élément mécanique, donne la sensation de sentir vivre son corps, ce qui développe la confiance en soi. De plus, le geste technique du pédalage est une sorte de métaphore de la vie : il y a des hauts, il y a des bas, mais l’important est de ne jamais rester en bas, de toujours repartir vers le haut (remonter les genoux).
Le vélo est l’une des rares mécaniques techniques qui permet l’autonomisation du corps humain, il offre un réel rapport à l’environnement, au contact direct des éléments naturels (vent, chaleur, pluie, odeurs) alors qu’en voiture nous en sommes totalement coupés…
Pour résumer, le vélo présente de multiples intérêts, que ce soit sur le plan écologique, philosophique ou psychique ; il remet à l’honneur la notion d’effort physique là ou la technologie moderne fait tout pour nous en éloigner. A l’inverse, à vélo on en prend plein les yeux et on se sent humblement appartenir à notre environnement. Chaque coup de pédale est une marche de lilliputien qui nous conduira vers une destination qui ressemble parfois à la terre promise. En ce sens le vélo développe une forme de spiritualité et de self-contrôle : le geste est tellement répétitif que l’esprit s’évade, il se plaît à scruter chaque recoin du paysage ou à se remémorer de bons moments. Ce labeur de la pédalée nous donne une sacrée leçon de philosophie : on comprend que, non, la vie ce n’est pas appuyer sur un bouton pour s’envoyer en l’air à la manière de Supersonic, le déplacement a une valeur énergétique et une signification ; il faut accepter de ne pas vivre toujours dans la facilité, même si le vélo ne nécessite bien souvent que des efforts modérés… »