USA - MIAMI : Atmosphère cubaine à Little Havana

Forum Floride

C’est bien connu, Miami est une métropole particulièrement cosmopolite …
Dans ce comté de Floride la communauté des latino-américains représente environ 60 % des habitants dont la moitié a des origines cubaines.
« Little Havana » est Le quartier historique des « Cubains » de Miami. Un district de la cité où se mêle une dépaysante atmosphère cubaine dans un cadre classique d’une ville des States.

Let’s go, histoire de découvrir un peu l’ambiance ce cette La Havane de Floride … ou disons plutôt : ¡ V amos ! car dans ce quartier c’est plus souvent l’espagnol qui est la langue de ses habitants.

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On quitte ce matin Miami Beach et le littoral pour gagner l’intérieur de la vaste métropole floridienne.

Passons le pont qui enjambe la large Biscayne Bay puis un, puis deux échangeurs routiers avant de nous faufiler entre les tours géantes du quartier de Brickell.

Direction à présent vers la droite, cap sur la SW 8th Street bien plus connue sous le nom local de Calle Ocho, une très longue avenue rectiligne, presque à l’infini …

Nous y sommes : Bienvenue à Little Havana.

Arriver sur place en début de matinée peut sembler un avantage : on souhaite éviter l’affluence, le trafic et le flot des visiteurs … Mais cela comporte aussi un inconvénient : le centre du quartier est presque désert, quant à l’ambiance cubaine, il va donc falloir attendre un peu pour en profiter.

La plupart des boutiques sont encore fermées mais les couleurs cubaines sont bien là, entre drapeaux et fresques murales. Plusieurs d’entre elles mettent à l’honneur des musiciens et des chanteurs, célèbres à leur époque à La Havane.

Place à une première séquence photos. Clic clac !

Certains de ces artistes se sont sûrement produits ici au Café « Ball and Chain ».
Une institution à Miami, ce saloon ouvert dès 1935 a mis en vedettes tant d’artistes durant les années 40 ; on cite entre autres les Count Basie, Ella Fitzgerald ou encore Billie Holiday …
C’était en ces temps une scène dédiée principalement aux artistes noirs, entre jazz et mélodies cubaines.
Et pour l’instant, en cette matinée qui ne fait que débuter, l’établissement a portes closes, on y repassera un peu plus tard.

Autre lieu historique de spectacles dans ce quartier, situé juste en face, voici le Tower Theater (1926). Son architecture de style typiquement Art deco n’est pas sans faire penser aux fameuses façades (Art deco, donc ) de l’Ocean drive de Miami Beach.

Sur un côté du théâtre, une voie pour piétons (et vélos) invite à la flânerie, la décoration avec ces teintes éclatantes et ses vagues ne peut qu’attirer le regard.

Et puis, il y a aussi de grands dominos serpentant sur le sol … comme un clin d’œil à la tradition du jeu de dominos très prisé sur l’île cubaine.

Incontournable à Little Havana, le passage par le Domino Park, il est à deux pas et son portail vient d’ouvrir.

N’imaginez pas un immense parc arboré comme on en voit souvent en Amérique du Nord. Ici, il s’agit d’une petite cour entourée de grilles où sont alignées des tables de jeux … jeux de dominos bien évidemment.
L’habitude des parties de dominos est bien ancrée chez les cubains, chez les anciens exilés mais aussi chez les adultes plus jeunes.

En ce début de matinée, des « mordus » de dominos sont déjà autour d’une première table à ordonner les jetons blancs aux point noirs. Convivialité et concentration, sourires complices et exclamations, voilà un aperçu de la ludique atmosphère du lieu. De la vraie authenticité caraïbo-cubaine.
Por favor, je peux prendre une photo ? Un bref acquiescement du visage d’un des joueurs et l’autorisation m’est donnée pour quelques prises photos !

Bon, ces joueurs ont l’habitude des visiteurs-photographes ! Le Domino Park fait vraiment partie des immanquables de la Petite Havane de Miami.

Bien placée à l’entrée de ce Parc, une silhouette aux reflets dorés passe finalement un peu inaperçue … ce n’est pas juste pour l’homme qu’elle représente. L’homme au regard déterminé et à l’imposante moustache est le général Maximo Gomez (1836-1905), un illustre héros de la guerre d’indépendance de l’île cubaine.

En hommage, ce parc porte officiellement son nom, et pourtant, tout le monde ici le surnomme communément le Domino Park ; d’ailleurs, c’est même écrit en grandes lettres au-dessus des grilles d’entrée. Quand le divertissement prend le pas sur l’histoire …

Un peu plus loin, sur la perpendiculaire SW 13th Street, place encore aux hommages historiques. Tout un Park-avenue est devenu un lieu de mémoire glorifiant des héros et des martyres cubains.

L’avenue est large et ombragée comme une « Rembla » digne de l’Espagne.
Ici est érigé un Mémorial dédié aux martyres tombés en avril 1961 dans la célèbre Baie des Cochons. La tentative des exilés cubains soutenue par les USA et destinée à renverser Fidel Castro s’était alors transformée en un véritable fiasco !

Tout autre chose … Dans Little Havana, on les rencontre un peu partout, c’est à dire à chaque coin de rue et surtout aux abords des boutiques et des restaurants qui attendent les visiteurs.
Je veux parler là des coqs cubains.
Haut en couleur, l’allure fière et l’œil à l’affût, en voilà un qui a tout pour plaire avec ce plumage associant les couleurs des drapeaux américain et cubain.
Une vraie mascotte pour les exilés cubains de Floride.

Mais au fait, pourquoi les coqs-mascottes sont-ils si nombreux dans ce quartier ?
Je me suis posé la question et j’ai interrogé le savant Web. Il s’avère que les coqs sont très présents dans la culture caribéenne, en raison des traditionnels combats de coqs et des cérémonies vaudous, et puis, c’est peut-être moins symbolique mais plus pragmatique, ces volailles font régulièrement parties de l’alimentation chez les cubains … avec la bonne viande de poulet et les nutritifs œufs de poule !

Bon, la présence dans ces rues de multiples coqs fait surtout suite à l’idée d’un sculpteur cubain, Tony Lopes. L’artiste a voulu, dit-on, réaliser un hommage à son fidèle coq auquel il tenait particulièrement.
En images, voici un florilège de ces coqs multicolores de Little Havana.

Dans le secteur, il n’y pas seulement des coqs en sculptures … au détour d’une rue, j’en ai surpris un bien vivant au plumage chatoyant.
Cocorico! Cocorico ! Ou plutôt «¡ Quiquiriquí ! Quiquiriqui !» dans sa traduction en espagnol.
A vrai dire, il ne m’a pas semblé entendre de différences entre le chant habituel de nos bien français « coqs gaulois » et celui de ce fier coq cubano-américain.

En se baladant dans Little Havana, il faut aussi flâner un peu à l’écart de la Calle Ocho et sortir un peu des (sentiers) ou plutôt des rues battues, comme l’on dit. Tout le secteur est quadrillé par un ensemble de rues à angle droit et bordées d’habitations.

Des casa cubano-floridiennes plus ou moins simples dont beaucoup sont protégées ou ornées, c’est selon, de grilles ouvragées. Pratiquement toutes sont colorées entre teintes parfois vives et fresques murales.

La plupart des habitations de ce secteur résidentiel abrite les familles et les descendants des exilés cubains, ceux qui ont fuit le régime de Fidel Castro.
Beaucoup de ces migrants avaient un espoir : retourner dans leur île natale une fois le communisme castriste renversé … mais il n’en a pas été ainsi. Peu à peu ces cubains exilés se sont intégrés dans ces terres de Floride, beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs bien réussi … mais le douloureux « mal du pays », il faut bien plus qu’un certain confort made in US pour ne plus en être affecté.

On évoque évidemment beaucoup la présence de cubains à Little Havana mais la cosmopolite Miami compte beaucoup d’autres communautés d’origine étrangère, surtout latina.
Dans ce quartier, les Mexicains, les Honduriens, les Haïtiens … et bien d’autres personnes originaires d’Amérique Centrale et Latine ou encore des îles Caraïbes sont aussi présentes, elles ont leurs adresses : restaurants et magasins .

Au cours de ma balade, dans une rue j’ai longé un édifice religieux, celui d’une autre communauté locale mais pas vraiment d’une population latina …
Voici, l’église russe orthodoxe St Peter and Paul .

Des murs blancs mais là, pas de dôme doré ni de haute flèche comme sur la Cathédrale St Pierre et Paul des bords de la Neva de St Pétersbourg … auquel ce nom d’église m’a fait penser.

                                      Suite .... message suivant.

Retour sur l’incontournable Calle Ocho et sur les dizaines de fresques murales qui décorent murs et façades.
Aux côtés des portraits de célébrités cubaines et latinos … voilà sur ces murs une série de paysages qui a ravivé mes souvenirs d’un ancien voyage à Cuba.
En effet, sont représentées là des murales vantant plusieurs régions de la grande île …

En prime La Havane, cela se devait dans cette Petite La Havane de Floride.
Je reconnais la silhouette de ce phare et me souviens bien d’avoir parcouru les murailles de cette forteresse El Morro située à l’entrée du port de La Havane.

Cette fresque stylisée met en relief l’étonnant paysage que l’on découvre dans la vallée de Viñales à l’Est de Cuba. Un paysage assurément très photogénique avec ses mogotes … des formations karstiques en forme d’impressionnantes buttes rocheuses chapeautées de végétation.
Souvenirs, souvenirs.

Dans cette plaine, au pied des fameuses mogotes s’étendent des étendues de champs de tabac. Que serait Cuba sans son tabac et ses fameux cigares ?

Le quartier de Little Havana ne déroge pas à cette tradition et à ce savoir-faire, les boutiques/ateliers spécialisés dans la fabrication et la vente de cigares ne manquent pas sur la Calle Ocho, difficile de les rater !

Ici, un cigare XXL en vitrine attire le regard comme cette amusante enseigne … Pas possible, même les coqs cubains fumeraient le cigare !

Poussons la porte de la Cigar Factory située au 1501 8th SW, c’est un des plus anciens ateliers de fabrication de cigares de Miami, c’est aussi un intérieur à l’atmosphère cosy avec ses fauteuils en cuir, teinte tabac, bien sûr !
Un lieu qui a tout pour enchanter les amateurs de Havanes et d’autres cigares de qualité.

Bref, n’étant pas fumeur, ma curiosité se limitera à l’observation des multiples variétés de cigares proposés. Quel choix ! Entre toutes ces marques, ces tailles, ces teintes et ces étalages de coffrets …

De curiosités en curiosités, de balades en flâneries … l’heure avance et il est temps de penser restauration.
On est aux USA, vous l’imaginez aisément, les fast-foods se succèdent sur la Calle Ocho. Même l’indétrônable McDo local s’est mis lui aussi au diapason cubain avec une façade agrémentée de fresques colorées.

Bon, lors d’une visite de Little Havana, on se doit (et avec envie !) de porter son choix de menu sur des spécialités cubaines.
Pour cela, direction Versailles ! Pas le château de Louis XIV, mais le restaurant cubain le plus renommé de Miami et de cette petite La Havane.
Il est situé au N° 3555 sur la Calle Ocho. Son enseigne juchée sur un poteau s’aperçoit de loin et ferait plus penser à un motel qu’à un palace !

Côté style architectural, on constate que l’on a voulu donner à ce Versailles une touche s’inspirant de celle d’un château avec moulures, mosaïques et balustrades.

à l’intérieur, on découvre une grande salle avec d’imposants lustres, des boiseries vernies et un alignement de miroirs ornementés de motifs presque royaux. Bien sûr, on est loin, même très loin de la célèbre Galerie des Glaces de « notre » fastueux château de Versailles.

Et même si certain trouve cette déco un peu kitsch et l’atmosphère de la salle un peu bruyante, l’adresse vaut de s’y poser, le temps d’un repas.
Car bien entendu, c’est la cuisine cubaine qui est ici mise en vedette et ma fois, de savoureuse façon.

Il est tout juste midi et les serveurs sont prêts pour le « coup de feu » ! Prenons place à table, déjà l’affluence se remarque à l’entrée.
Je me souviens d’un repas pris ici lors d’un précédent séjour, c’était un week-end et il y avait foule. Pas seulement avec des visiteurs/touristes mais aussi avec de nombreuses familles cubano/latino-américaines … et il y avait de l’ambiance ! Des rires complices et des exclamations, en espagnol évidemment.
Probablement que les bons mojitos, les cuba libre et autres cocktails au grisant rhum cubain n’y étaient pas étranger.

Après un savoureux mojito et un assortiment d’empanadas, je retrouve avec plaisir la classique ropa vieja, un des plats traditionnels cubain.

Une ropa vieja bien cuisinée, relevée juste comme il faut pour mes papilles et bien accompagnée avec ses haricots noirs et ses petits légumes … J’avoue un faible pour les bananes plantain frites. C’est bon et c’est copieux !
Que demander de plus ? Si, un dessert pour compléter le repas.

Les pastelitos guayaba me tentent … ce sont des pâtisseries feuilletées et fourrées avec une compotée de goyave. La version américanisée avec un peu de cream cheese se laisse aussi apprécier.

Un repas cubain se termine par un café … cubain ! Amateur de café sans sucre, le café traditionnel cubain n’est sans doute pas pour vous. En effet, les cubains préparent habituellement leur café en le mélangeant avec du lait et surtout avec une forte dose de sucre, du sucre de canne bien sûr.
Le résultat ? Un café on ne peut plus sirupeux.
Bon, si l’on souhaite, on peut commander et déguster un café cubain sans sucre.

Versailles, le restaurant, comprend aussi adossée à ses salles, une boulangerie-pâtisserie-café. On y trouve toutes les spécialités cubaines, à déguster et à emporter, pour un snack ou un repas sur le pouce.

Après un goûteux et pour le moins copieux repas, la balade digestive s’impose … en retournant pourquoi pas dans le cœur historique de Little Havana.

Nous voici à nouveau devant le Domino park, bien plus animé qu’en début de matinée. Tout le monde ne fait pas la sieste, toutes les tables de jeux sont maintenant utilisées pour des parties de dominos mais pas que ! Plusieurs joueurs s’adonnent en fait à une autre de leur passion : le jeu d’échec.

En face, dans le Ball and Chain résonnent des notes de musiques et des mélodies rythmées. Des airs de salsa ou autre rumba qui m’évoquent ceux joués et chantés par le célèbre Buena Vista Social Club, mon groupe et mon style favori de musique de la grande île.
A observer le joueur de maracas, j’ai l’impression de voir là un de ces dynamiques papys musiciens du regretté Buena Vista Social Club.

L’heure défile trop vite … mais pourquoi le visiteur est toujours si pressé ? Bref, d’autres occupations et découvertes nous attendent à présent du côté de Miami Beach.

C’est sans doute dommage de quitter si tôt le quartier, je serais bien resté quelques instants de plus autour d’un café cubain (sans sucre) à écouter ces musiciens, ces mélodies et ces rythmes enjoués … c’est sûr, ils allaient jouer les classiques rendus célèbres par Compay Segundo ou autre Ibrahim Ferrer ou bien encore Ruben Gonzalez … et de résonner dans ma tête les titres Mandinga*, Chan Chan* ou Dos gardenias *

De la musique et du rythme, des saveurs et du rhum, des fresques murales et des couleurs, du café et des bouffées de cigares, des intonations espagnoles colorées et des drapeaux cubains … une visite dans Little Havana vous transporte (presque) dans l’atmosphère de la vraie La Havane.

A cela il faut ajouter un autre cliché typique de Cuba : la présence dans les rues de quelques vieilles américaines ! Je veux évoquer bien sûr, les vieilles autos américaines, bricolées, rafistolées et pimpantes comme on en voit encore rouler dans les avenues cubaines.

Justement, j’en aperçois deux garées un peu plus loin. Deux modèles au charme rétro avec leurs rondeurs et leurs chromes étincelants. Elles sont photogéniques à souhait et vont compléter ma galerie de photos de cette Petite La HavaneMade in USA !

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En Floride, il est possible de se rapprocher encore plus de la vraie île de Cuba, géographiquement parlant !
Mais pour cela il faut se rendre à l’extrémité de la péninsule, traverser le chapelet d’îles des Keys jusqu’à la charmante Key West. Le point le plus au Sud des USA.

Là, on ne se trouve qu’à seulement 90 miles (144,8 km) de Cuba et une borne colorée en fait état, un spot photo/selfie auprès duquel les visiteurs ne manquent pas de se presser.

Jean Saint-Martin - Little Havana – MiamiFloride – USA. Mars 2023

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*Chan Chan Compay Segundo Chan Chan

*Dos Gardenias Ibrahim Ferrer

*Mandinga Ruben Gonzalez

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