Bonjour,
Voici des infos sur la communauté de Toro, canyon de
Cotahuasi, au Pérou, qui accueille des volontaires. Les photos sur mon site
: http://julieolagnol.e-monsite.com/pages/amerique-du-sud/a-toro-ces-femmes-qui-revent-de-touristes.html
Joindre l’asso Aedes : association Jeunesse et Reconstruction
A Toro, ces femmes qui rêvent de touristes
Toro, un petit village isolé du canyon de Cotahuasi, au
Pérou, s’est lancé le pari insensé de devenir un pôle d’attraction touristique.
Il est soutenu dans cette démarche par Aedes, une ONG péruvienne chargée de développer l’écotourisme
en zone rurale.
« Il y aura des touristes quand je serai grand-mère »,
plaisante Marleni Bautista. Et pourtant, l’association de femmes Manuel Toribio
Mejia Xesspe, dont elle est la présidente, se prépare à les accueillir depuis
une dizaine d’années. Il faut qu’il dire qu’à l’époque, le village de Toro
n’était accessible qu’à cheval. Plus profond (3 535 mètres) et abrupt que son
voisin de Colca, le canyon de Cotahuasi est encore méconnu des touristes.
Il y a cinq ans, les femmes de Toro s’associent à Aedes
(Asociación Especializada en Desarrollo Sostenible). A travers le programme
Asoturs, cette ONG péruvienne réunit les comités locaux des onze villages de la
province de la Unión, en vue d’y développer des activités touristiques en
complément des activités de production existantes.
Depuis 2005, la province de la Unión est en effet reconnue
comme une aire naturelle protégée. « L’objectif est l’apport de services
de qualité pour du tourisme rural communautaire : hébergement,
restauration, guide, sous forme de circuits ou de packs. Le second intérêt est
de conserver la biodiversité et la richesse culturelle du lieu. Les habitants
doivent utiliser les ressources locales, sans contaminer l’environnement »,
explique Lyria Llerena Cruz, d’Aedes.
Une fois par an, chaque village reçoit deux volontaires de
l’international. Ces derniers participent aux frais d’hébergement à hauteur de
deux cents soles par semaine. Ils contribuent à la construction des structures
d’accueil avec les habitants : mirador en bambou, parasols de chanvre,
panneaux touristiques, ou encore conception de cages en adobe destinées à
accueillir les cuyes, un petit mammifère apparenté au hamster dont les
Péruviens sont très friands. Les volontaires sont logés chez la présidente de
l’association et mangent à tour de rôle dans les autres familles du village.
Morgan, Matthew, Katia ou Jessica en ont gardé un bon souvenir. Ils ont
envoyé des photos que Marleni conserve précieusement dans un classeur.
C’est l’unique apport financier émanant de l’extérieur.
« C’est pour cela que c’est si long », précise Marleni. Cet argent
est immédiatement réinvesti pour acheter du mobilier (lit, matelas, table,
chaise) et équiper les maisons de gazinières, de toilettes et de douches. Une
autre partie est destinée à rémunérer les différentes familles en charge de
recevoir les volontaires, quinze soles pour le gîte, vingt pour le couvert.
Enfin, Aedes prend une commission de quarante soles pour chaque volontaire
qu’elle enverra dans les villages. Autant dire qu’il ne reste plus grand-chose
à la fin !
Pour subvenir à ses besoins, l’association Manuel Toribio
Mejia Xesspe doit trouver d’autres recettes. Elle commercialise des produits
laitiers : fromage, yaourt et beurre, et organise des polladas (vente de
poulets grillés).
Comme les volontaires, les premiers touristes dorment et
prennent leurs repas dans les dix familles (40 soles) ou dans le petit
« hôtel » du village, sur le modèle des îles du lac Titicaca. Des
visites guidées, à la cascade de Sipia et au baño del cóndor,
sont également organisées pour faire découvrir les richesses de la région. Les
bénévoles sont les cobayes idéaux pour entraîner les futurs hôtes. Olympia,
mazamorra morada - une crème de maïs violet - en main, est un peu nerveuse.
Sebastiana joue la carte de l’humour lorsqu’on lui demande où sont les
toilettes, tandis que Rosario, jeune maman, est quelque peu dépassée par les
événements. Mais les Péruviens se montrent très curieux du mode de vie de leurs
voisins européens. Aussi, le mari de Marleni, professeur à Arequipa, est
incollable sur Calvin, Napoléon ou encore Louis XVI.
Une fois par mois, Lyria Llerena Cruz vient donner un cours
d’écotourisme aux femmes. Ce soir, à la lueur de la bougie. Objectif de la
leçon : convaincre les habitants que l’harmonie dans leur village est
primordiale. « Pour paraître plus riches et plus modernes, certains
villages ont abandonné l’adobe pour le ciment. Or les touristes recherchent de
l’authenticité », explique la jeune femme. Aedes est également chargée de
l’assistance technique et dispense des conseils en matière de nettoyage,
d’ordre ou d’hygiène en cuisine. « Tous les produits achetés servent à
améliorer dès à présent la vie des habitants, en attendant les touristes »,
explique Lyria Llerena Cruz.
Quatre fois par semaine, un micro bus relie Toro à Cotahuasi
en trois heures. La route asphaltée ramènera cette portion à une heure trente.
Un bus relie ensuite Cotahuasi à Arequipa en onze heures. Ce trajet pourrait
être réduit à 7 heures avec une nouvelle route. Un espoir pour les habitants.
Le canyon de Cotahuasi se trouverait alors à la même distance de la ville
blanche que celui de Colca. Ce sera alors l’heure de récolter les fruits d’un
dur labeur.