Histoire Séville
De Séville la Romaine aux Invasions barbares (IIIe s avant J-C. – Ve siècle)
La légende attribue à Hercule la fondation d’Hispalis (actuelle Séville) sur les rives du Guadalquivir. Mais, après le passage des Ibères, des Phéniciens et des Carthaginois, ce sont bien les Romains qui fondent en 206 av. J-C Itálica, toute proche, et font d’Hispalis une cité au rayonnement économique majeur dans la Péninsule (elle sera même fortifiée sur ordre de Jules César en personne dès le Ier siècle avant J-C).
La cité donne d’ailleurs 2 empereurs aux Romains : Trajan, puis Hadrien, son propre petit-neveu (doublement d’ailleurs : par sa naissance et par son mariage avec une nièce de Trajan). Cela ne fait pas pour autant de Trajan le premier empereur réellement issu d’une province : sa famille était italienne, installée à Hispalis parmi d’autres colons et vétérans des armées.
Les vestiges les plus importants de cette époque ? Le site d’Itálica et ses superbes mosaïques.
La crise que connaît l’Empire romain aux IVe et Ve siècles ouvre la voie aux grandes invasions des « Barbares » germaniques. Après le déferlement des Vandales, les Wisigoths, appelés à la rescousse par les Romains pour combattre ces envahisseurs, s’installent dans la région. C’est sous leur règne, du IVe au VIIIe siècle, que le christianisme s’implante durablement dans la région. Mais, miné par les dissensions internes et les luttes de pouvoir, le royaume wisigoth ne fait pas le poids face à l’arrivée décidée des califes musulmans venus du nord de l’Afrique.
Séville la Mauresque (711 – XIIIe siècle)
Tariq ibn Ziyad traverse le détroit de Gibraltar en 711, menant une armée composée essentiellement de Berbères. Al-Andalus sera le nouveau nom de son royaume. Après une victoire contre Roderick, le dernier roi wisigoth, à la mi-711, il remonte le Guadalquivir et atteint Cordoue, qui devient rapidement le centre de ce royaume et une cité florissante, aussi bien économiquement que culturellement. L’expansion musulmane ne s’arrête pas là : en 719, ils seront déjà à Barcelone ! Mais c’est une autre histoire...
Toujours est-il que dès 751, Al-Andalus fait partie intégrante du califat omeyyade de Damas. Cette récente conquête ne prendra toute son importance qu’après le repli du dernier membre de la dynastie des Omeyyades, menacée par les Abassides, en 756 à Cordoue. Abd al-Rahman y proclame un émirat indépendant et Séville, alors Isbyliya, reste à cette époque dans l’ombre de sa voisine, laquelle devient aussi capitale religieuse en 929, lorsque Abd al-Rahman III l’érige au rang de califat pour parfaire son indépendance.
C’est l’apogée d’Al-Andalus et de Cordoue, qui perdra en puissance et sera minée par de multiples luttes intestines après la mort au combat du calife Al-Mansur, en 1002. C’est alors la multiplication des taifas, de petits royaumes indépendants, qui permet à Séville de sortir du lot : sous la dynastie des Abbadides (XIe siècle), c’est un puissant et prospère royaume qui s’érige, et la ville devient l’un des joyaux de l’architecture européenne.
Pendant ce temps, à la faveur de cet émiettement, les chrétiens en pleine Reconquista gagnent lentement du terrain, et les Abbadides doivent faire appel aux Almoravides du Maroc pour y faire face. Lesquels, évidemment, ne se contentent pas de les aider : ils s’emparent de l’Andalousie, et tentent de réunifier Al-Andalus. Arrivent alors les Almohades, qui, vers 1140, prennent aux Almoravides d’abord le Maroc avant de ne faire qu’une bouchée des restes d’Al-Andalus : Séville devient leur capitale. Ce sont eux qui construiront le 1er Alcázar et une immense mosquée, dont le minaret est l’actuelle Giralda.
Leur victoire est de courte durée puisque dès 1212, la Reconquista chrétienne remporte la décisive victoire de Las Navas de Tolosa, avant de s’emparer de tout l’ouest de l’Andalousie, Séville comprise. Seul le puissant royaume de Grenade résistera encore quelques temps (2 siècles)... Séville ne perd pas au change, au contraire : elle supplante Cordoue et Ferdinand, roi de Castille, la fait capitale de toutes les terres andalouses reconquises.
Du Siècle d’or espagnol au grand déclin (XVIe – XIXe siècles)
Lorsque, au début du XVIe siècle (1503), la ville de Séville obtient le monopole des échanges commerciaux avec les Indes nouvellement découvertes (l’Amérique ! merci Cristóbal Colón), c’est le jackpot (ce que l’on nomme plus communément l’âge d’or de Séville...). Nombre de familles sévillanes s’enrichissent, notamment grâce aux mines sud-américaines. Elles affichent leur opulence en faisant bâtir de superbes églises et des palais somptueux, pour le plus grand plaisir des voyageurs d’aujourd’hui. Pureté de l’art mauresque et du style mudéjar – mélange de gothique et d’art musulman –, fraîcheur de l’azulejo,mariage harmonieux de la pierre et du végétal (les jardins), maîtrise de la lumière et de la chaleur (les patios), le charme de Séville est comme les bons vins, il se bonifie avec le temps. Capitale religieuse, économique et artistique de l’empire de Charles Quint, excusez du peu...
Elle a raison d’en profiter, car, dès le XVIIe siècle, elle doit partager son monopole avec sa rivale Cadix. Pire, la peste qui passe par là en 1649 emporte plus de la moitié de sa population... Le déclin se prolonge et s’accentue même à la fin du XVIIIe siècle puis courant XIXe siècle. D’abord avec la suppression des monopoles sur le commerce avec les colonies espagnoles, puis avec l’indépendance de ces dernières. Elle relève un peu la tête pendant la guerre d’Indépendance, comme capitale de l’Espagne libre, en 1809-1810... mais l’armée napoléonienne finit par avoir le dessus. La ville retombe alors dans la morosité, secouée par des révoltes paysannes.
Le lent réveil du XXe siècle
Le XXe siècle naissant et l’Exposition hispano-américaine de 1929 lui rendent un peu d’éclat (et la couvrent de nouvelles infrastructures toujours vivantes, comme la plaza de España, le parc María Luisa ou l’hôtel Alfonso XIII). Mais le contexte économique mondial (la fameuse crise de 1929) plombe l’ambiance...
1936 fut une autre date tristement notable dans l’histoire de la ville, qui vit l’armée de Franco attaquer les quartiers populaires pour prendre possession de la ville. Elle ne retrouve une place décisive parmi les capitales européennes que dans les années 1970. Et lorsque l’Andalousie acquiert le statut de communauté, en 1982, Séville en devient naturellement la capitale. Enfin, grâce à l’exposition universelle de 1992, elle modernise ses infrastructures (aéroport, hôtellerie) et poursuit son développement tout au long des années 2000, une fois remise de la crise de 2007. Ainsi sortent de terre Las Setas et un nouvel Aquarium, de nouvelles demeures palatiales s’ouvrent à la visite : la ville n’en finit pas de choyer ses beautés cachées. Et si la pandémie de Covid-19 a suspendu quelques mois cette effervescence,
Séville relève la tête. Le flamenco ne s’y est jamais aussi bien porté, et la douceur de son climat, tout comme l’harmonie de son architecture, ne cessent d’attirer des visiteurs qui, tout au long de l’année, participent à faire vivre et rayonner cette ville aux multiples visages, ceux d’un passé aussi riche qu’agité. Et il lui reste encore quelques beaux projets dans son sac (on ne vous en dit pas plus, à vous d’y revenir dans quelques années).
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