Histoire Nice
Préhistoire et Antiquité
Les hommes se sont installés à Nice quelque 400 000 ans av. J.-C., au lieu-dit Terra Amata. Les Ligures s'installent sur la côte de 900 à 600 av. J.-C. Ils construisent les 1ers oppidums, villages perchés et fortifiés. Une tribu occupe ainsi la colline dite aujourd’hui « du Château », une autre, celle de Cimiez. À partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Celtes, venus du nord, s'intègrent progressivement aux populations locales, donnant naissance à la civilisation celto-ligure.
Au VIe siècle av. J.-C., les Phocéens débarquent dans la calanque du Lacydon et y fondent la colonie de Massalia (Marseille) ; ils importent les cultures de l'olivier, de la figue, de la vigne, etc., et développent rapidement un commerce intense le long de la côte méditerranéenne, créant des comptoirs comme Olbia (Hyères), Antipolis (Antibes) et Nikaia (Nice), qui signifie « la victorieuse ». Aujourd’hui encore, on se demande quelle victoire ce nom pouvait bien vouloir célébrer... En tout état de cause, la colonie grecque de Nikaia ne se développe pas plus que ça.
En 154 av. J.-C., des peuplades de l'arrière-pays attaquent les villes du littoral. Rome intervient pour défendre les Phocéens et en profite au passage pour les annexer...
Les Romains et Nikaia
Les Romains tracent des routes (via Julia-Augusta, via Domitia) et créent des cités. Ce sont les débuts de la Provincia romaine, qui va donner son nom à la Provence.
Au pied de Cemenelum, Nikaia est, quant à elle, toujours dans la sphère d’influence de Massalia, les 2 cités vivant en bon voisinage.
Après la chute de l’Empire romain en 476 commencent une période troublée et une longue suite d’invasions barbares qui dure jusque dans les années 900.
En 843, conséquence du partage de l’empire de Charlemagne instauré lors du traité de Verdun, la Provence revient à Lothaire. 40 ans plus tard, les Sarrasins s’installent dans la région des Maures (Var). Le comte d’Arles les en chasse en 974 et devient le 1er maître du comté de Provence .
Nice dans le comté de Provence
Des années 1000 à 1388, l'histoire de Nice se mêle à celle du comté de Provence. Une véritable ratatouille historique se concocte, dans laquelle se succèdent des comtes catalans de Barcelone puis des comtes d'Anjou et des rois de Sicile et de Naples (à partir de 1265).
Malgré le rattachement au XIe siècle de la Provence au Saint Empire romain germanique, les comtes de Provence disposent d'une certaine indépendance. Le système féodal se met en place. À cette même époque se multiplient les villages perchés, composante essentielle du paysage de l'arrière-pays niçois.
De fait, le pouvoir des comtes sur Nice est très relatif. La ville, enrichie par le commerce avec Pise et Gênes, a des rêves d'autonomie et se dote d'un consulat. En 1215, Nice se place sous l'autorité de Gênes.
Nice devient savoyarde
Pendant 2 siècles, la maison d'Anjou aura l'ambition de donner naissance à un grand royaume italien. Charles d'Anjou crée le port de Villefranche : la côte est plus sûre et le commerce avec les voisins italiens n'en est que plus florissant. Nice en profite. La cité, à l'étroit dans ses frontières antiques, déborde alors largement pour s'étendre au pied du rocher. Cette ville basse médiévale correspond peu ou prou à ce que l'on nomme aujourd'hui le vieux Nice.
En 1343, le comté revient donc à Jeanne Ire d'Anjou. À sa mort, une guerre se déclenche entre les maisons d'Anjou et de Naples. Noblaillons et soldatesque mettent Nice et sa région en coupe réglée.
Plusieurs épidémies, dont la terrible peste noire de 1348, déciment la population au cours du XIVe siècle ; le pays niçois perd les 2/3 de ses habitants.
Le 28 septembre 1388 est une date capitale dans l'histoire de Nice. La ville et l'arrière-pays refusent de reconnaître le comte de Provence, Louis d'Anjou, et se donnent à la Savoie. Un acte est signé sous le nom de « dédition de Nice à la Savoie ». Amédée VII, comte de Savoie qui a profité des troubles qui divisent le pays, fait une entrée triomphale dans la ville. De provençale, Nice devient donc savoyarde (officiellement, en 1419) et tisse des liens plus étroits avec les États italiens. Une province, le comté de Nice, est créée.
Les comtes de Provence (qui voyaient leur province littéralement coupée en 2) puis les rois de France ne reconnaîtront jamais cette « dédition » et n'auront de cesse de récupérer le comté de Nice. Ce qui explique que la ville devienne (et elle le restera pendant 3 siècles) la principale place forte de la région.
Le comté de Provence
En 1482, le comté de Provence est rattaché au royaume de France. Nice et son comté appartiennent toujours à la maison de Savoie, devenue duché en 1416.
Au XVIe siècle, Nice subit évidemment les conséquences de l'annexion de la Provence au royaume de France et se retrouve coincée entre la France et quelques-uns de ses pires ennemis (dont le Saint Empire romain germanique) ; les rivalités entre Charles Quint et François Ier trouvent, entre autres, terre d’élection en Provence et en Italie voisine.
En février 1536, faisant suite à l’occupation de Milan par Charles Quint, François Ier envahit la Savoie, puis le Piémont jusqu'à Turin. Charles III se réfugie dans sa dernière forteresse, Nice. Pour le roi de France, le prochain objectif est fixé : prendre la ville. Il s’allie aux Turcs, craints de toute l’Europe, et, en juin 1543, les 1res forces franco-turques envahissent la ville.
Conséquence de sa victoire sur le roi de France Henri II, le duc de Savoie, Emmanuel Philibert, parvient à récupérer toutes ses possessions, dont le comté de Nice. La cathédrale et le palais communal de Nice sont désormais installés dans la ville basse ; le château n’a plus qu’un rôle défensif.
Mais les guerres de Religion vont prendre le relais des guerres de conquête : de 1559 à 1610, la Provence se trouve plongée en pleine anarchie. La peste fait plusieurs réapparitions, notamment en 1587.
Le XVIIe siècle, l'âge d'or de Nice
Nice se relève au XVIIe siècle, période considérée comme l'âge d'or de la ville. La franchise est accordée au port de Villefranche d'où son nom). Avec le renforcement des défenses du château et la construction du fort du mont Alban et de la citadelle de Villefranche, la Savoie sécurise son accès à la Méditerranée. Les liaisons de Nice à Turin (où les ducs de Savoie ont transféré leur capitale) restent difficiles par la route . Mais le commerce maritime avec la Provence et la Ligurie enrichit la ville. Un sénat s'y installe en 1614, un intendant en 1688. Une multitude d'églises baroques s'érige dans la ville basse. Et Nice traverse tranquillement ce XVIIe siècle, alors que la Provence voisine est soumise à une constante agitation.
La fin du siècle est plus mouvementée. Louis XIV se proclame comte de Nice et annexe la ville à 2 reprises : de 1691 à 1697 puis de 1705 à 1713. Apparemment très fâché, le Roi-Soleil fait entièrement raser la citadelle et abattre les remparts de la ville. Lors de la guerre de Succession d'Espagne, le duc de Savoie et son allié, le prince Eugène, assiègent Toulon. Par le traité d'Utrecht (1713), la France restitue le comté de Nice à la Savoie. Le royaume de Sardaigne - qui englobe le comté de Nice - est créé en 1720. Les ducs de Savoie ont, en effet, échangé avec les Habsbourg la Sicile contre la Sardaigne, qui avait rang de « royaume ».
De la Révolution française à la restauration sarde
Définitivement libérée de ses remparts, Nice se modernise, et un vrai développement économique se met en place dans la seconde partie du XVIIIe siècle : en 1748 débutent les travaux pour creuser le port artificiel de Lympia et, en 1750, le percement de la place Garibaldi. On construit dans le prolongement du cours Saleya la 1re terrasse en bordure de mer. Et comme à Nice on reste fidèle à un style qui a fait ses preuves, quelques églises baroques s'élèvent encore. Autour de 1780, les 1res familles anglaises qui ont eu vent du climat exceptionnel, s’installent pour l’hiver pour l'hiver sur le littoral et dans le quartier de la Croix-de-Marbre. Le tourisme vient de naître à Nice.
En 1790, les révolutionnaires créent les départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Basses-Alpes. Une dizaine de milliers de nobles et de prêtres réfractaires s'installent dès 1789 dans le comté de Nice, où ils intriguent contre la Révolution.
L'Empire ne sera pourtant pas franchement populaire à Nice. Le blocus continental, entraînant la ruine du commerce en Méditerranée, appauvrit considérablement la ville, qui rechigne aux multiples levées d'impôts et à la conscription. Avec l'abdication de Napoléon, le comté de Nice, qui n'aura cessé d'être occupé et ballotté d'un pouvoir à l'autre, est restitué à Victor Emmanuel Ier, roi de Sardaigne, par le traité de Paris en 1815.
Commence alors la période dite « de la restauration sarde ». Au milieu du XIXe siècle, les hivernants rapportent déjà plus d'argent que les cultures traditionnelles. Le roi de Sardaigne ne lésine pas sur les moyens : le quartier du port s'élève, la vaste place Masséna ouvre ses arcades, les grands boulevards et les autres longues avenues du centre-ville sont tracés. Mais sur le plan économique, la concurrence des ports de Gênes et de Savone, d'un accès plus aisé depuis Turin, est très rude. Et l'abolition des franchises du port de Nice en 1853 est extrêmement mal vécue par les Niçois. D'aucuns y verront une des raisons de leur adhésion massive au rattachement à la France...
Quand Nice (re)devient française
À la fin du XIXe siècle, les rois de Piémont-Sardaigne s'attaquent au vaste chantier de l'unification italienne. En 1858, une entrevue secrète à Plombières-les-Bains entre Napoléon III et Cavour, le président du Conseil sarde, a de fait déjà scellé le destin du comté de Nice.
Chose promise, chose due : suite à l'unification de l'Italie, le traité du 24 mars 1860 et le référendum des 15 et 16 avril consacrent la réunion du comté de Nice à la France. La famille de Russie est présente à Nice lors du rattachement de la ville à la France. La France poursuit l'œuvre de modernisation de la ville initiée par les rois sardes.
En parallèle, le projet du train des Pignes est initié en 1861 mais totalement achevé jusqu’à Digne en 1911 seulement.
Grâce au développement du tourisme, Nice va connaître un essor spectaculaire. Malgré le soleil, la vie hivernale niçoise est un peu « ennuyeuse ». Alors, pour distraire ce beau monde, se bâtissent théâtres et opéra, et des tournois de sport prestigieux sont organisés. Un hippodrome est créé. Et aussi, on exhume en 1873 la fête moyenâgeuse du carnaval, que l'on relooke en associant un corso au roi postiche et nombre de bals masqués.
De nombreux peintres, écrivains, musiciens tombent eux aussi sous le charme et séjournent, ou s'installent en ville. Le renom de Nice, exceptionnel, éclipse ceux de Cannes, Monaco et Menton, qui se développeront surtout dans le courant du XXe siècle. La croissance urbaine demande une importante main-d'œuvre ouvrière.
2 villes coexistent en fait, de part et d'autre du torrent du Paillon. Rive gauche se blottit, au pied du rocher du château, la vieille ville. Rive droite, la ville neuve s'étale vers l'ouest le long de la promenade des Anglais et monte, au nord, à l’assaut des collines de Carabacel, Cimiez, Saint-Barthélemy... De riches étrangers se contentent d’hiverner, on y parle l’anglais ou le russe et les grandes avenues sont désertes en été.
Nice entre les deux guerres
Nice paie un lourd tribut à la guerre de 1914-1918. L'activité touristique peine évidemment à s'en relever. D'autant que l'après-guerre marque un changement des mentalités. Oubliées les têtes couronnées ! On croise désormais sur la Côte d'Azur (et durant l'été !) de grands noms de la littérature américaine. Cet American way of life profite d'ailleurs plus à de petites stations balnéaires qu'aux grandes dames de la Côte comme Nice.
Dans les années 1930, Nice renoue plutôt avec son passé d'enclave préservée pour les artistes. Avec l'instauration des congés payés en 1936, le tourisme se démocratise. Et Nice retrouve de sa superbe, grâce à un maire, Jean Médecin.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les Italiens ne parviennent à occuper Nice que le 11 novembre 1942, relevés par les Allemands en septembre 1943. Le 15 août 1944, les forces alliées débarquent sur la côte et entreront le 30 août dans Nice, déjà libérée par la Résistance le 29.
Les « affaires »
Nice ne cesse de s'étendre dès l'après-guerre. La ville est terre d'immigration : aux Italiens fuyant le fascisme s'ajoutent des fonctionnaires, de nombreux retraités, des cadres qui ont demandé leur mutation au soleil, puis en 1962, les « rapatriés » d'Algérie, suivis par les immigrés du Maghreb.
À la mort de Jean Médecin en 1965, son fils Jacques devient maire. Les mandats successifs de cet aussi singulier que contesté personnage vont marquer physiquement la ville. Mais si le nom de celui qui fut maire sans interruption pendant 24 ans est encore aujourd’hui largement connu hors des limites de sa région, c’est pour avoir, tout au long de sa carrière, largement alimenté les pages « politique » et « justice » des journaux.
Jacques Médecinrestera l’homme du flirt permanent avec une certaine extrême droite (certains se souviennent encore de ses provocations pleinement assumées comme le jumelage de Nice avec la ville du Cap, en plein apartheid...) et d’une gestion pour le moins, hum..., personnelle des finances publiques. Gestion à laquelle la justice commence à s’intéresser sérieusement à la fin des années 1980. Jacques Médecin quitte Nice un peu précipitamment pour Punta del Este, en Uruguay, en 1990. Arrêté, puis extradé, l’ancien maire de Nice est condamné à 2 ans de prison pour abus de biens sociaux par le tribunal correctionnel de Grenoble le 16 mai 1995.
Sa peine purgée, Jacques Médecin retourne en Uruguay. La justice française s’aperçoit qu’elle a « oublié » de l’entendre sur d’autres affaires. Nouveau mandat d’arrêt international, nouvelle demande d’extradition. Mais les juges n’auront jamais le loisir de l’entendre. Lorsque Jacques Médecin meurt d’une crise cardiaque en novembre 1998, plusieurs millions de francs d’argent public auront disparu dans la nature et près de 1 milliard d’euros de dettes restera à la charge de la ville de Nice.
Ils sont pourtant quelque 12 000 Niçois à suivre ses obsèques, d’ailleurs financées par la Ville, dont le maire était depuis 1995 Jacques Peyrat, ancien du Front national passé au RPR.
Sous le 2d mandat de ce dernier surgit une nouvelle tourmente politico-économico-judiciaire, avec la mise en examen, en mars 2003, puis la condamnation en 2004 du directeur général des services de la Ville pour corruption. La plupart des grands chantiers initiés par le maire furent alors bloqués, y compris celui du tramway, qui avait pourtant débuté en fanfare. Partisans et adversaires de la poursuite des travaux menèrent une guerre de tranchées à propos de celles qui jalonnaient la ville... Au final, le projet de tramway est rentré dans les rails, avec l’inauguration de la ligne 1 à l’automne 2007. Depuis mars 2008, Christian Estrosi préside aux destinées de la Ville avec une courte « absence » lorsqu’il présida le conseil régional PACA de décembre 2015 à mai 2017. Il dirige également la métropole niçoise, forte de 51 communes, dont les vallées de la Vésubie, de la Tinée et les stations du Mercantour.
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