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Le carnaval de Nice

Le carnaval de Nice est l'un des plus importants du monde, avec ceux de Rio (institutionnalisé à la suite d'une visite à Nice de l'empereur brésilien Pedro II, en 1888), Trinité-et-Tobago et Venise.

S'il est mentionné pour la 1re fois en 1294, le carnaval semble avoir existé depuis beaucoup plus longtemps, vieille fête païenne dont l'Église tentait de canaliser les débordements. Tout au plus peut-elle interdire à ses abbés de danser ou de se déguiser.
Au Moyen Âge, c'est un carnaval dans la tradition de l'époque, avec charivari sous les fenêtres des veuves qui ont à nouveau prix époux, des jeunes mariés... En 1539, les syndics de la ville de Nice nomment des « abbés des fous » chargés d'organiser et de réglementer les fêtes du carnaval. Au cœur de la vieille cité serrée sur la colline du château, les bals sont répartis sur 4 places bien définies, correspondant à 4 classes sociales : noblesse, marchands, artisans-ouvriers et pêcheurs. Pour aller d'un bal à l'autre, il faut être déguisé convenablement.

Au XVIIIe siècle, en raison de l'étroitesse de la vieille ville et de l'accroissement de la population, la rue est délaissée au profit des salons privés pour un carnaval dans l'esprit de celui de Venise. Il faut attendre le Second Empire et l'agrandissement de la ville pour assister, rue Saint-François-de-Paule et place de la Préfecture, à de splendides batailles de confettis et de toutes sortes de projectiles (fleurs, cigares...).

En 1830, cours Saleya, se déploie le 1er défilé de chars, inspiré des cortèges princiers de la Renaissance.
À la fin du XIXe siècle, les hivernants (vacanciers d’hiver) s’ennuient sec à Nice. Ajouté aux soubresauts de la Commune, survenue 2 ans plus tôt, qui inquiètent la clientèle étrangère, les affaires vont mollement. Le dieu carnaval est alors appelé à la rescousse par le comité des fêtes en 1873. Les gazettes locales annoncent les arrivées, déplacements en ville, parties de thé, soirées de chaque personnalité. Et puis des bals viennent animer cette haute société... En 1876 aura lieu la 1re bataille de fleurs.

Même si la fête a été un peu dépoussiérée, le rituel est immuable depuis le XIXe siècle (sauf pendant la Grande Guerre et la Seconde Guerre mondiale). Chaque année, les rues de la ville voient défiler des fanfares, une vingtaine de chars et des « grosses têtes » conçues par les dessinateurs de presse, artistes, graphistes du moment.

Les temps forts du carnaval sont le corso carnavalesque, où une quinzaine de chars défilent de jour, au rythme des troupes d’art de rue et de groupes musicaux. Chaque année, un thème est imposé : cinéma en 2019, mode en 2020. Les mardis et samedis en soirée, on découvre la version nocturne avec cette même parade scintillant de 1 000 lumières : le corso carnavalesque illuminé. Un des moments favoris des spectateurs est la bataille de fleurs, lorsque les chars fleuris défilent et que des milliers de fleurs sont lancés au public. Ce spectacle unique au monde fait la renommée de Nice. Enfin, pour clore les festivités, le dernier soir, le roi est brûlé après tout un cérémonial.

Les écoles de Nice

Pourquoi tant d’artistes ont-ils été inspirés par Nice ? Si les grands maîtres se sont entichés de la ville, toutes les tendances de l’art contemporain s’y sont également illustrées.

L'école de Nice, baptisée aussi nuveau réalisme, est reconnue dans le monde entier. Sans doute même plus à l'étranger qu'en France. Elle rassemblait un grand nombre d'artistes comme Arman, César, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri... ; ils seront rejoints plus tard par Niki de Saint-Phalle et l'« emballeur » Christo.
Né à la fin des années 1950, ce mouvement fut consacré par un manifeste signé par le critique Pierre Restany. Il fut officiellement dissous en 1970.
Principal initiateur de ce mouvement : Yves Klein, qui redéfinit la peinture comme une purification permanente ; il exposera le vide, le ciel (avec ses célèbres monochromes bleus), et des peintures réalisées en utilisant le feu (à l'aide d'un lance-flammes).
Dans le sillage de Marcel Duchamp, le pape de l'art contemporain, les nouveaux réalistes travaillaient surtout à partir de la réalité brute : affiches, détritus, etc. Restany parlait de « poésie d'une civilisation urbaine ». Certains ont même rapproché ce mouvement du pop art américain, lui aussi fondé sur les signes extérieurs de notre civilisation. Mais la meilleure définition est peut-être celle de Martial Raysse : « La théorie de l'école de Nice, c'est que la vie est plus belle que tout ! »

À la fin des années 1960, un autre mouvement vit également le jour sous le soleil niçois et à Montpellier : Support(s)-Surface(s). La réflexion de ses artistes porte sur les composants du tableau comme la toile, l'envers de la toile, la texture... Ils adoptèrent donc tous des techniques volontairement rudimentaires.
Les principaux membres de ce mouvement, dissous au début des années 1970, furent Claude Viallat, Louis Cane, Christian Jaccard, Daniel Dezeuze et Jean-Pierre Pincemin. Proches des précédents, citons également les membres de BMPT (Buren, Mosset, Parmentier et Toroni), pour lesquels l'œuvre est réduite à sa plus simple expression : le support, la couleur et la composition.

On ne peut évoquer l'art local sans nommer Ben, célèbre pour ses happenings et ses tableaux graffitis. Il s'est d'ailleurs installé sur l'une des collines de Nice, à Saint-Pancrace, après avoir vécu en Turquie, en Égypte et en Grèce.

Enfin, n'oublions pas Bernar (sans « d ») Venet, l'un des plus grands sculpteurs contemporains, plus célèbre aux États-Unis que dans son propre pays. Ne manquez pas son Arc 115,5, promenade du Paillon, ou l’Obélisque », quai des États-Unis.

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