Voyage en Birmanie, entre rêve et réalité
« À Moulmein, près de la vieille pagode... »
Capitale de l’état Môn, l’onirique Mawlamyine (Moulmein), traversée par le fleuve Salouen et dominée par de luxuriantes collines, est une ville de bord de mer ensommeillée, au charme désuet mais à l’accueil chaleureux. Malgré ses 300 000 habitants, on s’y sent comme dans un village. Avec ses pagodes aux couleurs traditionnelles de l’état Môn, la Paya Mahamuni et la Paya Kyaikthanlan (photo), cette perle d’Extrême-Orient, à l’éclat quelque peu terni, dégage une douce mélancolie. Une promenade sur la colline des Pagodes laisse un souvenir inoubliable, pour la splendeur des édifices et la beauté du panorama.
Loin du vacarme du monde moderne, sa sérénité rêveuse a fait chavirer le coeur des écrivains. George Orwell y a vécu plusieurs années. C’est ici qu’il a écrit sa célèbre Histoire birmane, aujourd’hui devenue l’un des romans de référence sur la Birmanie. De même, elle a inspiré un poème magnifique à Rudyard Kipling, qui évoque, subjugué, son séjour « Moulmein, près de la vieille pagode, regardant la mer à l’est ».
Terre de mythes et de légendes, elle est entourée de lieux énigmatiques, comme le Win Sein Taw Ya, qui abrite le plus long bouddha couché du monde (180 m). À l’intérieur, un antre délabré débouche sur un dédale impressionnant de galeries, jonchées de sculptures qui représentent les différents moments de la vie du Bouddha. Fruit du projet mégalomane d’un moine, la construction, commencée depuis 1990, n’a jamais été menée à son terme. Cet inachèvement lui octroie comme un air de funérailles, qui fascine et repousse à la fois.
Ne manquez pas l’île des Géants, ou, de son vrai nom, Bilu Gyun. À une heure de ferry de Mawlamyine, cette île rassemble près de 64 villages, que l’on découvre en s’engouffrant sur les sentiers escarpés en calèche de cheval. Avec ses chiens à l’allure de coyotes, ses chèvres et ses vaches qui gambadent de partout, elle ressemble à une véritable ménagerie. Elle est connue pour ses savoirs-faire artisanaux : nattes en fibre de coco, pipes à têtes de lions, ou encore cannes ornées d’oiseaux de la jungle....
Texte : Marina Skalova
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