Voyage en Birmanie, entre rêve et réalité
Thipaw, en pays Shan
Au nord-est de Mandalay, Thipaw (Hsipaw) (photo) est une sympathique bourgade rurale, au creux d’un bel écrin de montagnes. C’est l’ancienne capitale de l’un des neufs anciens Etats Shan, une minorité ethnique d’origine thaïe et persécutée par la junte birmane.
Selon Amnesty, les autorités auraient brûlé quelque 3 000 villages Shan ces dix dernières années pour mater les velléités d’indépendance de cette minorité rebelle. En Birmanie, les minorités ethniques – dont certaines sont en rébellion armée contre la junte - subissent encore de nombreuses persécutions, dont le recours systématique au travail forcé.
Avec des groupes d’enfants qui rient à tue-tête, il flotte pourtant à Thipaw comme une atmosphère d’agréable insouciance. C’est un point d’observation parfait pour découvrir la vie rurale des environs. Ombre et lumière, Thipaw est également connue pour avoir été le siège du palais du prince Sao Kya Seng, qui régnait sur l’ancienne principauté Shan. Il a été assassiné lors du coup d’état militaire en 1962.
Thipaw est aussi le point de départ de nombreux treks, à la découverte du mode de vie des peuples shan et palaung des environs. En traversant les rizières, les marcheurs sont invités à découvrir cascades, plantations de thé et monastères disséminés dans la jungle...
A partir de là, les plus téméraires peuvent continuer jusqu’à Lashio, dernière ville proche de la frontière avec la Chine autorisée aux étrangers. C’est le point de départ de la fameuse « route de la Birmanie » construite par les Chinois pour relier la région au Yunnan. Diverses ethnies et des commerçants s'y croisent, des camions transportent du bois précieux, du jade, des rubis, de l'opium, mais aussi des militaires... On y ressent une ambiance interlope, propre aux villes frontalières, à la lisière entre deux mondes.
Texte : Marina Skalova
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