Espagne : dans les sierras du Cid
La route orientale du Cid Campeador
On le sait ! Ils partirent cinq cents ; mais par un prompt renfort, ils se « virent trois mille en arrivant au port », dixit Corneille.
Héros national, le Cid Rodrigo DÍaz de Bivar traversa l’Espagne vers 1080 en direction de Valence pour reconquérir le royaume ravi par les Maures. Corneille ou Anthony Mann, Gérard Philippe ou Charlton Heston, Comédie française ou Hollywood ? Que de mythes pour rêver « aux âmes bien nées », sur cet itinéraire aux paysages de Far West !
Croisant le trajet de l’imaginaire Don Quichotte, le parcours oriental du Cid, bien réel lui, franchit des sierras sauvages. Aujourd’hui, les pistes muletières sont remplacées par de superbes routes européennes.
Les roches tourmentées de grès rouge ou de calcaire gris y prennent les formes de sauriens les plus étranges. Il fait doux en hiver et le pin noir apporte une ombre appréciable au plus fort de l’été. C’est là son ultime avancée dans le sud de l’Europe.
Sources, résurgences et lacs de barrage rafraîchissent les plateaux qui varient autour de mille mètres d’altitude. Le gypaète vous surveille, le cerf s’élance, les renards se croisent sur la route. Un cadre apprécié dès la préhistoire, comme en témoignent les nombreuses peintures rupestres.
La pierre omniprésente raconte l’archéologie romaine, on la trouve dans les abris ronds des bergers ou chozos, les fermes fortifiées ou masias et les forteresses. De Cuenca à Morella, près de la Costa del Azahar, cet itinéraire à couper le souffle se fait humain, avec un accueil chaleureux et souvent gourmand.
Texte : Anne-Marie Minvielle
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