Espagne : la Cantabrie, sur les chemins de Compostelle
El Capricho à Comillas : sur les traces de Gaudí
À leur retour d’Amérique, les nouveaux riches avaient pour habitude de se faire construire de luxueuses demeures, pour exhiber leur fortune. Comme son beau-frère le marquis de Comillas, Maximo Diaz de Quijano a fait fortune à Cuba. Alors lui aussi, veut sa maison de vacances à Comillas. Le marquis lui recommande un jeune architecte catalan de 31 ans : un certain Antoni Gaudí. Le mobilier de la chapelle-panthéon et un kiosque réalisé pour la venue du roi l’avaient fait remarquer.
Avant de devenir le plus grand représentant du modernisme catalan (art nouveau), Gaudí s’essaye au début de sa carrière à toutes sortes de style : gothique, mudéjar, oriental (Inde, Japon)… La villa Quijano illustre on ne peut mieux cet audacieux mélange des genres… Son surnom, « El Capricho » (Le Caprice), renvoie justement au genre musical du même nom, qui a recourt à des formes libres, non académiques.
Fantaisiste, elle multiplie les couleurs (jaune, vert, rouge…), les formes géométriques et les matériaux (fer forgé, faïence, brique…). Sa grande tour-mirador de 20 m, conçue pour apercevoir la mer, n’est pas sans rappeler les minarets des mosquées musulmanes.
D’innombrables azulejos – carreaux de faïences – décorent la façade. La plupart représentent des tournesols : un clin d’œil à l’agencement de la maison, pensé en fonction de la trajectoire du soleil. Chambre à l’est, salle à manger et fumoir du soir à l’ouest… le soleil nous suit toute la journée !
Il faut dire qu’avec Gaudí, rien n’est laissé au hasard : il pense esthétique, oui… mais fonctionnel aussi ! Partout, il redouble d’ingéniosité : rambardes-balcons, fenêtres à guillotines à double battant, volets roulants, baies vitrées musicales… Musicales ? Eh oui, il fallait faire honneur aux passions du commanditaire : la musique et la nature. D’ailleurs, dans la salle de bain, des vitraux représentent des animaux jouant de la musique…
Le chantier commence en 1883 (la même année, on lui commande la Sagrada Familia) et se termine deux ans plus tard. Malheureusement, Maximo Diaz de Quijano n’en profitera pas beaucoup : la même année, il meurt à l’âge de 47 ans… Modifié par ses héritiers, puis laissé à l’abandon durant de nombreuses années, le Caprice est rénové en 1988 pour accueillir un restaurant, avant de devenir un musée en 2009.
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Texte : Aurélie Michel