Fred en avait déjà parlé sur l’autre post: la correction d’exposition est une manipulation simple, et accessible à tous – même en mode automatique. Le but de ce deuxième article est de vous l’expliquer et l’illustrer.
L’exposition ?
On peut définir l’exposition simplement comme la quantité de lumière qui atteint le capteur de l’APN (appareil photo numérique) Un appareil photo contrôle cette quantité en jouant sur deux paramètres : l’ouverture du diaphragme (plus il est fermé, moins de lumière rentre) et sur la durée d’exposition – nommée aussi vitesse d’obturation (temps au cours duquel le capteur est exposé : si on double cette durée, on double la quantité de lumière qui arrive sur le capteur). Un APN peut également ajuster la sensibilité du capteur (valeur ISO), ce qui permet en condition de moindre lumière de garder des durées d’exposition acceptable (en doublant la sensibilité, on divise par 2 le temps d’exposition). Nous aurons certainement l’occasion de revenir spécifiquement sur ces 3 paramètres : Vitesse, Ouverture, Sensibilité – si vous travaillez en mode automatique, c’est l’APN qui définit la combinaison qui lui semble la plus appropriée.
Quand vous pointez votre appareil vers une scène, celui-ci va mesurer l’exposition – la quantité de lumière nécessaire pour faire une photo acceptable. Par défaut, cette mesure est dire « matricielle », c’est-à-dire que l’APN va analyser l’ensemble de la scène, et il la compare avec un ensemble d’images types (souvent des milliers). Si l’APN détecte que c’est un paysage, un portrait, un coucher de soleil, une photo de nuit, etc. il se basera sur les propriétés de l’image type pour définir l’exposition à appliquer à votre scène. Cela fonctionne bien, dans la plupart des cas. Mais comme il peut y avoir autant de scènes potentielles que de photos à prendre, l’appareil peut se tromper. Et s’il ne trouve pas de correspondance de scène dans sa base de données, il appliquera une formule toute bête : il mesurera l’exposition de sorte que la moyenne de luminosité de l’ensemble des pixels donne un gris moyen (à 18% pour être précis).
Les exemples les plus courants sont les scènes de neige, de plage, ou pour les connaisseurs du Nouveau-Mexique : le sable de White Sands que Fanny a récemment évoqué. Ces scènes sont extrêmement lumineuse, et l’appareil a naturellement tendance à sous-estimer la mesure d’exposition, et la photo paraîtra grise et pas d’un blanc éclatant. Même chose dans le cas d’un contre-jour, l’appareil est induit en erreur par la source lumineuse, et il tente de compenser en diminuant l’exposition.
Vous ne pouvez pas en vouloir à votre appareil : vous seul êtes capable d’interpréter correctement ce que vous photographier. Et c’est à ça que sert la fonction de correction d’exposition de votre APN. En général, elle s’active en tournant la molette tout en pressant sur un bouton avec une icône représentant un carré dont une diagonale sépare un signe + et un signe -.
Comment cela fonctionne ? Si vous tournez la molette jusqu’une valeur de +1, vous doublez la quantité de lumière de votre photo. Continuez jusque +2, vous la quadruplez etc. Et vous obtiendrez une photo de plus en plus claire. Un cran de la molette correspond à plus ou moins 1/3 ou ½ - cette valeur est en général configurable dans les menus de l’APN.
Personnellement, je ne me prive pas de cette fonction. Mon Nikon D90 avec le grand angle a tendance à faire des photos trop claires, surtout les paysages. Je règle la correction en permanence sur -0,7 ou -1.
Exemples de photo sur-exposée :
A cause du noir de la nuit tombée, cette photo de la statue de la liberté de Las Vegas était partiellement cramée – une partie de la robe clignotait sur l’écran de l’APN.
Et quand c’est cramé, c’est cramé ! Même en diminuant l’exposition en post-traitement, cette zone restera blanche. En appliquant une correction d’exposition de -1 pour la photo suivante, j’ai obtenu le résultat souhaité.
Une autre situation : même quand rien n’est cramé, la photo peut paraître trop claire par rapport à la scène perçue. Comme ici dans la mine reconstituée de Goldfield Ghost Town :
J’ai donc corrigé la photo suivante avec -0,7
Exemples de photo sous-exposée :
Je n’ai pas encore été à White Sands - donc pour une photos de sable blanc qui donne gris, j’ai trouvé celle-ci sur Google
White Sands sous-exposé
Et pour une photo parfaitement exposée, Fred ne m’en voudra pas de la choisir sur son blog:
White Sands
Je parierai sur une correction d’au moins +1 voire +2…
Un autre exemple typique de sous-exposition : une scène d’intérieur sans flash – comme cette pièce du Goulding Trading Post Museum. La lumière provenant des fenêtres assombrit le reste de la scène.
En corrigeant l’exposition de +0,7, les meubles sont correctement exposés.
Mais alors allez-vous me dire, c’est complètement cramé là où il y a les fenêtres ? Oui, et ce n’est pas grave – car ce n’était pas le sujet de la photo. Le but d’une bonne exposition c’est d’obtenir le bon niveau détail dans les zones importantes de la photo. Tant que les zones mal exposées ne rendent pas la photo inconfortable à regarder, je ne cherche pas à les éliminer.
Cas particulier
Une dernière remarque quand-même concernant les photos sans flash, dans des conditions de lumière difficile : si l’appareil a atteint ses limites en termes d’ouverture et de sensibilité (ou les limites que vous lui avez imposé), il n’a pas d’autre choix que de diminuer la vitesse. On risque alors d’avoir du flou de « bouger » soit parce que le sujet est en mouvement, ou parce qu’il n’est pas simple de tenir l’APN parfaitement immobile pendant moins de 1/30 de seconde (ici aussi j’ai quelques conseils, mais ce sera pour un autre article).
Dans ce dernier cas, il vaut mieux sous-exposer volontairement la photo, pour obtenir une vitesse plus confortable, même si la photo sera sombre… La raison ? Une photo sombre peut souvent être récupérée en post-traitement, alors qu’une photo floue est irrécupérable…