Retour, jour par jour, de notre périple au Pérou

Forum Pérou

Pour le début de ce récit d’un voyage de trois mois, vous pouvez vous rendre sur le forum Equateur ou sur ma page http://aetaenvoyage.wordpress.com

Il est 2h50 lorsque le réveil sonne … Le taxi qui doit nous amener à l’aéroport arrive dans une quarantaine de minutes et après une douche rapide, j’en profite pour checker mes mails. Première tuile de la journée, j’ai reçu un message de la LAN (la compagnie aérienne) m’informant que notre vol aurait d’ors et déjà 1h40 de retard, ne décollant donc qu’à 7h10 ! Super, ça implique donc déjà que nous allons rater notre correspondance à Lima et qu’il faut espérer que la compagnie trouvera facilement une solution pour nous amener jusque Cusco, notre destination finale.

Une heure plus tard, nous voilà face au comptoir ou l’on nous annonce qu’ils nous ont déjà mis sur un vol qui décolle plus tard à Lima, nous ne devrions donc pas trop perdre de temps sur la journée. A l’heure dite, nous n’avons toujours pas décollé et c’est finalement une demi-heure plus tard que nous nous envolons pour un vol sans histoire. J’ai même réussi à réserver des places aux sorties de secours ce qui nous permet d’être installé confortablement et de dormir pendant les deux heures que durent le vol.

Arrivé à Lima et après avoir passé le service de l’immigration sans souci, nous devons récupérer nos sacs afin de les faire réenregistrer. Chose faite une demi-heure après être arrivé, nous nous dirigeons donc vers le contrôle de sécurité puis ensuite vers notre porte d’embarquement. En chemin, j’essaye de retirer des soles (la monnaie péruvienne) aux distributeurs automatiques mais ça ne fonctionne sur aucun ! Je commence à stresser car je n’ai en tout et pour tout que les 300 soles que j’ai reçu en échange de mes dollars au bureau de change, ce qui risque de faire juste si je dois attendre lundi que ma banque trouve une solution … Enfin, on verra bien à Cusco … si on y arrive ! Car, alors que l’on allait embarquer, l’hôtesse de l’air s’approche de nous en nous expliquant que nous allons avoir du retard (noooooooooon, pas possible !!!) car le capitaine est malade ! Ils ne savent donc pas quand ils en retrouveront un pour nous emmener. En réalité, il leur faudra presqu’une heure pour trouver une solution … Nous pouvons enfin embarquer !

Une grosse heure de sieste plus tard (j’ai encore réussi à obtenir des places aux sorties de secours car l’avion n’était pas fort rempli), nous survolons à nouveau la Cordillère des Andes que nous avions quittée depuis une grosse semaine. La ville de Cusco étant située à 3400 mètres d’altitude, le choc risque d’être sévère, nous qui venons du niveau de la mer. Heureusement, nous avons prévu de rester quatre jours ici afin de nous réhabituer progressivement au manque d’oxygène. Après encore une petite demi-heure d’attente devant le tapis pour y récupérer nos bagages, nous pouvons enfin chercher un taxi pour nous emmener jusqu’à l’AJ ou j’ai réservé. Un bureau de taxi officiel se trouve juste là et pour 40 soles (11.5 euros, un euro valant 3.5 soles), nous embarquons en direction du quartier de San Cristobal, non loin de la place centrale. C’est au moment ou nous sortons du petit aéroport de Cusco que je me souviens d’une astuce: si nous étions venus à pied jusque là, le taxi nous aurait parait-il coûter le tiers du prix ! Bon, on va mettre ça sur le compte de la fatigue mais c’est quand même un peu rageant !

Au départ, nous n’arrivons pas vraiment à voir les beautés qu’on nous avait tant vanté quand on nous parlait de cette ville. A première vue, elle est même fort quelconque mais lorsque nous finissons par arriver dans le centre, notre avis change complètement ! Notre taxi s’engage alors dans de minuscules ruelles qui grimpe énormément, les maisons ont toutes des façades blanches et des portes colorées et certaines ont même de magnifiques balcons en bois ouvragés. Arrivé à l’entrée de notre rue, notre chauffeur n’hésite pas à s’engager dans le sens unique pour nous déposer pile devant l’entrée de notre logement. Nous faisons alors le check-in avant de descendre directement à l’adresse indiquée par le réceptionniste. Au menu, un almuerzo à 18 soles (près de trois fois ce qu’on payait en Equateur !!!) ou la grande différence sera qu’on ne mangera pas de soupe mais des tranches de pommes de terre froide avec une sauce à la cacahuète et au poivre. Excellent !

Ensuite, nous nous dirigeons vers la Plaza de Armas pour un premier gros choc ! C’est la place centrale de la ville et quelle place ! Elle est tout simplement splendide et gigantesque ! Au centre, comme d’habitude, un parc arboré et une statue dorée représentant un Inca au milieu d’une grande fontaine. Pour délimiter la place, deux énormes cathédrales et des façades magnifiques avec en dessous des arches pour faire un chemin couvert tout du long. Ici encore, les balcons sont d’une grande richesse, sculptés de manière très fine. Cerise sur le gâteau, les voitures ne peuvent passer que sur le plus petit côté de la place, tout le reste étant piétonnier ! Deux bémols cependant: premièrement, la présence d’enseignes de fast-food américain mais qui ont su malgré tout rester très discret (pas question pour le Mc Donald d’afficher ses traditionnelles couleurs rouge et jaune en façade, même leur nom est écrit en petit et en noir pour ne pas choquer). Le deuxième et franchement celui le plus embêtant: la présence permanente de vendeurs qui passent leurs journées à proposer des tours organisés, des lunettes, des breloques, de te cirer les chaussures (même à un gars en tong !!!), … Au début, on refuse poliment puis on fait comme tout le monde, on les ignore. Ca nous rappelle drôlement l’Asie à la seule différence, c’est qu’il n’insiste pas quand ils se sont vu opposés un refus. Néanmoins, leurs présences quasi-permanente peut être un peu stressante et nous change vraiment de l’Equateur. Heureusement, les nombreuses personnes qui étaient déjà venus au Pérou nous avait assurer que c’était comme cela à Cusco mais pas ailleurs de même pour les prix. On verra ça par nous même dans une grosse semaine quand nous quitterons cette région.

Le reste de l’après-midi servira à flâner sur cette place, à retirer de l’argent (alléluia, ça fonctionne !) et à aller nous reposer dans notre chambre. Notre nuit chaotique a laissé des traces que nous souhaitons effacer avant de re-sortir pour y retrouver une amie de mon épouse et son frère qui sont justement présent en même temps que nous à Cusco. Leur logement se trouve dans le quartier voisin du notre - le quartier San Blas, celui des artistes - et ils disposent même d’un petit restaurant … breton comme la patronne. Nous y mangerons donc d’excellentes crêpes salées en plat et une très bonne crêpe sucrée en dessert avant de nous séparer en promettant de se revoir dans deux soirs, la veille de leur départ.

La journée du dimanche nous verra continuer à explorer les environs de cette magnifique place dont nous ne nous lassons pas. Nous irons donc voir les deux ruelles présentant encore des murs fabriqués par les maçons incas assez impressionnant: pas un joint entre les énormes pierres aux angles multiples qui s’emboitent parfaitement ! De véritables maitres de Tetris ces gars là ! Il y a même une pierre contenant … douze angles ! Evidemment, des groupes de touristes passent leur temps à se faire photographier à côté de la pierre (?) ou à côté de l’homme déguisé en inca … D’une tristesse mais bon, chacun ses délires …

Nous irons aussi visiter une des deux cathédrales bordant la Plaza de Armas (10 soles/personne l’entrée): celle des Compagnons de Jesus avec son immense autel de 21 mètres sur 12, entièrement recouvert d’or et surmonté d’une tête représentant Dieu (du moins on l’imagine) qui fait un signe “Peace” avec ses doigts. De nombreuses peintures bibliques ornent cet édifice gigantesque vraiment superbe. De chaque côté du transept, un autre autel doré est aussi présent mais plus petit que le premier. C’est vraiment très beau mais normalement, les photos (avec ou sans flash) sont prohibées. Cette interdiction stupide m’embête et je décide de braver malgré tout de braver l’interdit avec la complicité de mon épouse qui jouera la guetteuse. Un escalier permet de descendre dans la crypte mais nous n’y verrons là, rien d’intéressant. Par contre, un autre escalier dissimulé à côté d’une peinture permet de grimper dans l’une des deux tours donnant sur la place. De là, nous aurons une très belle vue sur celle-ci que nous pourrons immortaliser. C’est aussi de là en haut que je ferai la plus belle photo de l’autel bien à l’abri des deux “vigiles” qui surveillent les faits et gestes des quelques touristes présent à ce moment là.

Au soir, nous retrouvons Claire, notre compagnonne de voyage rencontrée aux Galápagos qui vient de se farcir presque soixante heures de bus pour arriver à Cusco. Nous lui avions donné le nom de notre AJ pour qu’on puisse se retrouver et finalement, elle y prendra un lit afin de nous accompagner durant quelques jours. Nous irons manger un horrible et cher restaurant italien non loin de la place avant d’aller nous coucher.

Dès le matin et après un rapide petit-déjeuner (toujours le même: pain, beurre, confiture …), nous nous mettons tous les trois en route vers le centre-ville avec comme objectif de visiter deux monastères proches l’un de l’autre. La veille, avec mon épouse, nous avions fait demi-tour vu la longueur de la file pour y rentrer et nous décidons donc de retenter notre chance aujourd’hui. Mais avant cela, nous repassons par la banque (la BCP, la seule proposant des retraits de 700 soles sans frais supplémentaires) pour y retirer de l’argent … La poisse s’abat sur notre amie: après s’être vu supprimer sa carte principale par sa banque (erreur de leur part, super quand tu es à l’autre bout du monde !), sa deuxième carte se fait avaler pour raisons de sécurité ! Nous tentons tant bien que mal de demander à quelqu’un pour la récupérer mais rien n’y fait, ils ne veulent pas … Elle va donc devoir trouver une solution temporaire en attendant de se faire livrer une nouvelle carte. Cette solution sera Western Union, service bien pratique d’envoi d’argent en (quasi) direct n’importe ou dans le monde.

En attendant qu’elle contacte sa famille, nous partons mon épouse et moi visiter le monastère de Santa Catalina et plus précisément le petit musée accolé à celui-ci. Nous étions venus la veille mais celui-ci est fermé le dimanche (contrairement à ce qui est indiqué dans le guide du routard). En attendant, nous payons les quinze soles par personne pour le billet combiné (pour les deux monastères) et nous entrons dans une petite pièce servant d’introduction à ce que nous allons voir. En bref, les femmes qui vivaient ici étaient choisies pour leur beauté et pour leur haute lignée. Elles devaient rester vierges et se conformer à une discipline assez stricte, leur rôle étant de servir durant des cérémonies officielles. Elles prendront le nom de nonne lorsque les espagnols arriveront sur place, leur trouvant une ressemblance avec ce qui existait chez nous. Le musée est assez bien fait montrant différentes pièces de l’époque. Chaque “nonne” avait notamment son box ou elle dormait avec en face un autre box avec leur petite “salle de bain” privée. Il y a aussi le réfectoire ou chaque jour, une sœur différente devait faire la lecture pendant que ses compagnes mangeaient (j’ai envie de dire … journée de m**** !). Bref, toutes sortes de petites choses bien faites et que l’on trouvera finalement assez intéressant ! Pour la petite histoire, seule une vingtaine de nonnes vivent encore ici en recluses et nous aurons eu la “chance” d’en voir la veille (chose normalement impossible).

Un peu après, nous retrouvons Claire sur la Plaza de Armas et nous nous mettons en route vers le deuxième monastère, celui de Coricancha. Contrairement à la veille, il n’y a plus aucune file d’attente et quelques secondes plus tard, nous entrons dans le sanctuaire. Après une rapide introduction sur l’histoire de ces lieux (Lorsque les espagnols arrivèrent, ils ont trouvé ce bâtiment complètement recouvert d’or. Persuadé d’avoir trouvé l’Eldorado tant recherché, ils démontèrent tout afin d’envoyer sous forme de lingot cette fortune en Espagne, laissant le monastère complètement nu), nous pénétrons dans une immense cour garnie de passage latéraux couverts (comme sur la plaza). C’est joli mais ça ne casse pas trois pattes à un canard et seules quelques salles ajouteront un peu d’intérêt à cette visite en présentant toutes sortes de toiles bibliques … Ce n’est pas vraiment notre délire donc on n’y passe pas non plus des heures et après avoir été faire un tour dans le parc, nous ressortons très déçu de cet endroit présenté comme superbe … Finalement, c’est le plus petit des deux qui aura été nettement plus intéressant !

Après avoir été mangé un très bon almuerzo (à sept soles - ça vaut le coup d’être signalé - dans la rue Pampa del Castillo) dans une arrière cour, nous nous mettons en route pour le studio de tattoo que l’on m’a conseillé. Petit rituel pour moi depuis quelques temps, je me laisse un petit souvenir sur la peau à chaque pays visité et le Pérou ne fera pas exception ! Le tatoueur regarde mon dessin et me dit: “OK, faisons le maintenant !”. Encore plus rapide qu’en Equateur (ou j’avais du attendre … le lendemain …) mais nettement plus douloureux, le gars étant un vrai boucher (même si le résultat est très réussi !). Nous retournerons ensuite à notre AJ afin de vaquer chacun à nos occupations. C’est à ce moment-là que nous rencontrerons Maui, un tahitien en tour du monde avec qui nous allons sympathiser très vite. D’ailleurs, au bout d’une demi-heure, la proposition est lancée: si nous avons besoin d’un pied-à-terre en Polynésie, sa maison nous est ouverte ! Il ne sait pas que ce genre d’ouverture, nous les ratons rarement (n’est-ce pas la Guyane !).

Au soir, nous finissons par ressortir à trois afin d’aller manger un dernier morceau avec le frère et la sœur dans un petit restaurant non loin de chez eux avant d’aller nous coucher. Demain sera une plus grosse journée: de la marche est au programme !

Il est 8h30 lorsque nous sommes prêts tous les trois à nous mettre en route en direction du centre. Nous devons nous rendre jusqu’au terminal de bus le plus proche qui dessert Pisac, petite ville à une heure de route au nord de Cusco. La veille, nous avons été acheté le boleto general (130 soles par personne), le fameux ticket permettant de visiter seize sites différents pendant dix jours. Sésame indispensable pour nos visites du jour (les tickets ne sont pas achetables sur place), la préposée nous avait aussi expliqué comment nous rendre aux quatre temples incas surplombant la ville. C’est donc sur la rue Ahuaqpinta que nous trouvons la minuscule compagnie de bus, cachée dans une cour, et que nous payons les trois soles demandés pour aller jusque Tambomachay. C’est le site le plus éloigné de la ville et c’est de celui-là que nous commencerons notre marche de onze kilomètres pour revenir en ville. Le bus que nous allons prendre a l’air de ce qu’il est: vieux et brinquebalant mais le chauffeur maitrise à la perfection les changements de vitesse de son vieux tacot et, après un arrêt pour tenter d’embarquer d’autres personnes, nous finissons par arriver au sommet du “mur” entourant la ville de Cusco.

Une vingtaine de minutes plus tard, le bus nous dépose à une centaine de mètres de l’entrée du site ou nous nous rendons pour faire poinçonner notre boleto. Ensuite, nous devons parcourir un chemin de deux ou trois cents mètres parsemés de quelques femmes vendant des gilets en alpaga, des tissus et des objets décoratifs (certains sont carrément érotiques et je me marre quand une des vendeuses me montrent comment l’utiliser … Je n’en dirai pas plus, pas besoin d’insister !). C’est au bout de ce chemin que nous nous retrouvons face au “bain de l"Inca”, lieu d’une source sacrée à l’époque qui arrive au niveau d’un mur aux blocs parfaitement agencés (comme vu sur les murs de deux ruelles à Cusco) et percés de plusieurs ouvertures. Certes, ce n’est pas le plus impressionnant mais ce sont les premières ruines incas que nous voyons et nous restons malgré tout, tous les trois en admiration devant un tel travail. Seul petit bémol, la présence d’un ouvrier avec son échelle et son seau sur l’étage le plus haut, ce qui gâche un peu les photos … Photos que nous prendrons plus facilement de la petite colline en face du site et qu’il nous faudra gravir (heureusement qu’elle n’est pas trop haute, le site étant déjà situé à … 3765 mètres d’altitude !). Au dessus du site construit à flan de “montagne”, un chemin passe et une bergère habillée traditionnellement guide son troupeau de mouton rajoutant un côté authentique à la scène. Nous partons ensuite tous les trois faire un petit tour dans le “décor” afin d’essayer de trouver un autre point de vue pour admirer le site. Nous trouverons bien un petit chemin pour arriver au sommet d’une autre butte mais au final, rien de bien transcendant. Seul avantage à se trouver comme cela en hauteur, c’est que l’on peut cadrer nos photos au dessus des groupes présent en nombres et qui comme d’habitude se moque complètement des autres … Nous finissons par quitter le site une bonne demi-heure après notre arrivée non sans être interpellés de nombreuses fois par les mêmes vendeurs qu’à l’aller.

Quelques centaines de mètres plus loin, on peut apercevoir au sommet d’un petit promontoire les ruines de Puka Pukara, aussi appelée la Forteresse Rouge … C’était probablement un poste de défense entre le Bain de l’Inca et Cusco mais plus que les ruines en elle-même, c’est le site ou elle se situe qui est très beau. Au milieu d’une vallée cernée de montagne, on peut voir depuis les terrasses du site à des kilomètres. D’après notre guide du routard, c’est un site inintéressant mais je le trouve pour ma part bien plus joli que le premier ! Nous passerons ainsi par une succession de petites plates-formes ou seul une rangée de briques au sol délimite les anciens bâtiments. Encore beaucoup de monde ici, le site étant facilement accessible mais avec un peu d’astuce, on arrive à s’en défaire facilement.

Il est déjà passé 11h quand nous quittons Puka Pukara pour entreprendre une marche de quatre kilomètres en direction de Cusco et du troisième site que nous souhaitons visiter: Q’enqo. On nous avait prévenu que la balade se faisait le long de la route et qu’elle pouvait se révéler fastidieuse. En réalité, le seul problème de cette marche est la sécurité, certains passages obligeant de marcher sur la route dans des virages sans visibilité. Rien ne nous arrivera et nous aurons même encore le privilège d’observer une bergère en train de faire brouter son troupeau au pied d’un gros rocher. De plus, la température est idéale et le soleil ne tape pas trop dur. Pour terminer, cette marche se fera quasi intégralement en légère descente ce qui facilite encore les choses et finalement moins d’une heure plus tard, nous arrivons en vue de Q’enqo.

Après avoir fait poinçonné notre boleto par l’employé du parc et avoir repoussé les propositions des guides présents sur place, nous nous avançons vers un monolithe qui aurait selon la légende la forme d’un puma. On n’est pas contraire mais franchement, nous on y voit plutôt … un gros rocher. Aménagé contre, un petit amphithéâtre avec une vingtaine de sièges ou les responsables de l’empire Inca attendait le résultat de l’oracle parti sacrifier un animal sur son autel, bien à l’abri dans une petite grotte dans laquelle nous nous rendons. Ce qui frappe ici ce n’est pas la grandeur ou la magnificence des lieux mais plutôt le fait que les Incas se sont adaptés aux lieux plutôt que de le transformer. Au dessus de cette grotte, une fissure en forme de zigzag (Q’enqo signifiant labyrinthe) permet de sortir du site, finalement assez vite visité.

Le dernier des sites ou nous devons aller se nomme Sacsayhuaman et est considéré comme le plus important et le plus beau des quatre. Situé à moins de trois kilomètres de Cusco sur les hauteurs, ces ruines ont encore une utilité mal connue. En effet, les trois énormes murailles qui cernent le site laisserait penser à une forteresse mais au sommet se trouve un centre cérémoniel. Il pourrait donc s’agir d’un sanctuaire plus que d’un lieu de défense, clairement inadaptée en réalité. A l’époque, on se battait avec des lances et des frondes et les murs font plus d’un mètre d’épaisseur, construit comme d’habitude avec d’immenses blocs de pierre parfaitement emboités. D’ailleurs la vraie question est: comment une civilisation ne connaissant pas la roue (et donc pas le système de poulie) ont-ils réussi à mettre en place ces pierres pesant plusieurs tonnes ??? Le mystère reste entier !

Le site est joli mais j’ai beaucoup plus de mal à l’appréhender de par sa taille gigantesque et la fatigue accumulée. Le gros point positif se trouve au sommet de la forteresse avec une vue magique sur Cusco, posée quelques centaines de mètres plus bas. C’est d’ici que l’on peut vraiment se rendre compte que nous autres touristes ne visitons qu’une toute petite partie de cette grande cité de 500000 habitants.

Du pied du site, on reprend ensuite un chemin - ou plutôt un escalier - qui nous ramène jusqu’aux premières maisons de Cusco en une grosse vingtaine de minutes. Encore une dizaine de minutes de descente et nous voilà à notre hostel ou nous nous arrêtons quelques minutes, le temps de changer de chaussures, histoire d’être plus à l’aise. Voilà une belle balade d’accomplie avec de belles ruines à découvrir non loin de Cusco. Pas besoin de prendre un tour organisé pour faire cela, un simple collectivo et des jambes suffisent amplement car on ne risque pas de se perdre ! Nous redescendons ensuite pour manger un morceau (il est passé 14h !) puis pour aller acheter nos billets de bus pour dans quatre jours. Nous avons fait le choix de passer par la compagnie Cruz Del Sur, la plus chère mais surtout la plus confortable et la plus sure du pays ! Notre sécurité a un prix: 250 soles pour nous deux pour un trajet simple Cusco - Arequipa en première classe (la seconde était au même prix ce jour là !), le tout en une dizaine d’heures de trajet de nuit.

Pour la fin de l’après-midi, nous décidons de nous rendre tous les trois jusqu’au marché de San Pedro, situé à une grosse dizaine de minutes à pied de la Plaza de Armas. C’est un immense marché couvert ou se vend à part égale de la nourriture sous toutes ces formes (viandes, légumes, fruits, plats préparés, sandwichs, …) et des objets spécialement prévus pour les touristes. Claire cherchant à s’offrir un sac, nous la suivons à travers tous les étals pour constater qu’en réalité, tous les articles sont identiques … Rien d’original ni de franchement très beau et au bout d’une grosse demi-heure, elle lâche l’affaire et pour oublier, on se console devant un jus de fruit frais pressé devant nous. Délicieux ! Ensuite, nous rentrerons à notre aise jusqu’à l’hostel ou nous irons nous reposer un petit peu avant de ressortir manger un dernier morceau à Cusco. Demain, c’est le départ pour la Vallée Sacrée et en point d’orgue, le Machu Picchu !

Vous pouvez retrouver ce récit ainsi que bien d’autres agrémentés de photos sur http://aetaenvoyage.wordpress.com

Réveil tranquille ce matin, nous ne devons libérer la chambre qu’à dix heures et nous ne comptons prendre le bus pour Pisac qu’au début d’après-midi. J’en profite donc pour écrire mon récit des jours précédents, d’abord dans la chambre puis dans la cour de l’hostel quand l’heure est dépassée et vers midi, nous partons tous les trois vers le centre-ville. Claire a enfin pris sa décision et souhaite nous accompagner au Machu Picchu mais pour se faire, il faut qu’il reste des places. Nous repassons donc par la petite agence sur la place ou nous avons acheté nos billets de bus. Bonne nouvelle, il reste de la place dans le train pour y aller et pour y accéder. Il faut savoir que le nombre de visiteurs est limité à 2500 par jour pour protéger le site même si nombreuses sont les personnes qui pensent que ce quota n’est pas vraiment respecté … On nous a rapporté le cas d’un gars qui a acheté un ticket ne lui donnant accès qu’après 13h, heure à laquelle la majorité des personnes sont parties … Business is business … Elle achète donc un aller et l’entrée et pendant que la dame finalise la transaction, nous partons mon épouse et moi en vitesse au marché acheté des sandwichs pour nous trois avant de nous retrouver au lieu que l’on s’était fixé.

Nous retournons donc à la compagnie de la veille (c’est le même trajet que pour les temples sauf que cette fois nous irons au terminus de la ligne) et nous achetons nos billets. C’est exactement le même prix pour l’intégralité du trajet que pour descendre au tiers … Est-ce que l’on se serait fait un peu arnaquer la veille ? Enfin bon, à moins d’un euro le trajet, la perte n’est pas bien grande … Une dizaine de minutes plus tard, le collectivo se met en route avec d’abord une dizaine de personnes à son bord puis au bout de quelques minutes, une quarantaine. C’est à ce moment-là que je ferme les yeux et que je m’endors.

Je finis par ouvrir les yeux pour constater que le bus est quasi vide et que nous sommes tout prêt de notre destination. En effet, une dizaine de minutes plus tard, le chauffeur annonce le terminal de la ligne et nous mettons pied à terre. Je demande le chemin de notre logement - une hospedaje ou chambre d’hôte en Amérique du Sud - à un policier qui m’indique une direction générale. Je demande quelques centaines de mètres plus loin à un autre de ses collègues en patrouille et celui-ci nous propose de le suivre, il va nous y emmener. Trop serviable monsieur l’agent, pas sur qu’on ferait pareil chez nous ! Quelques minutes plus tard, nous nous présentons tous les trois face à une grande porte cochère, un peu à l’extérieur du centre du village. Je sonne et une gentille dame vient nous ouvrir puis nous montre notre chambre qui donne sur sa petite cour intérieure. Claire va visiter avec elle une chambre simple mais le prix demandé est quasi le même que pour nous deux et est donc trop cher pour elle. Dommage, elle devra donc se rendre à l’autre bout du village, dans la petite hostel ou elle a réservé un peu avant et dont elle n’est qu’à moitié convaincue …

En attendant, nous expliquons à la propriétaire que nous souhaitons aller visiter les ruines de Pisac - un des sites majeurs de la Vallée Sacrée ou nous nous trouvons - et redescendre à pied jusqu’au village. Elle regarde l’heure (15h passée) et nous dit qu’il ne faut pas traîner car la nuit tombe à 18h et très vite. Elle nous appelle donc un taxi pour grimper au plus vite jusqu’à l’entrée du site, à une petite demi-heure de route du village (25 soles). Notre chauffeur a un peu de mal avec la boite de vitesse mais nous finissons malgré tout par arriver à l’entrée. Nous faisons perforer nos boletos avant de descendre de voiture quelques centaines de mètres plus loin. Ce que nous avons alors devant les yeux est tout simplement … sublime !

Des terrasses parfaitement parallèles plongent dans le vide en direction de la vallée, située 700 mètres plus bas. Des ruines en relativement bon état surplombent le site, à différents niveaux formant comme des petits villages. En réalité, trois gros points d’intérêt sont à faire. Le premier, juste après l’entrée, n’offre pas grand chose de plus comme vue que ce que l’on voit du chemin donc nous ne nous y attardons pas. Le temps nous est malheureusement compté et il nous faut faire des choix, nous décidons donc de monter tout de suite au site le plus élevé. Près de deux cents mètres de dénivelé sont à grimper pour pouvoir observer ces terrasses d’un peu plus haut et c’est bien essoufflés que nous arrivons au sommet, à plus de 3700 mètres d’altitude. Le vent souffle fort et froid, le tonnerre se met à gronder et nous sommes un peu embêtés. Nous n’avons pris avec nous que nos petits sacs pour ces trois jours dans la vallée et pas un vêtement de pluie. La propriétaire nous avait prévenu que le temps pouvait vite changer et nous n’avons plus qu’à croiser les doigts de ne pas nous prendre l’averse nationale sur la tête.

Nous redescendons finalement avec des images plein les yeux et l’appareil photo avant de partir vers le site suivant, en direction du chemin que nous devrons descendre par la suite. Pour nous y rendre, nous devons passé par le tunnel du puma (animal souvent cité car c’était la forme du Dieu de la Guerre Inca) veillé par une petite dame vendant des breloques. Elle essaye à tout prix de me vendre une bande pour rendre mon chapeau plus joyeux (ce sont ces mots) mais elle n’arrivera qu’à convaincre les filles de lui acheter un bracelet. Comme d’habitude, il faut négocier ferme pour ne pas passer pour des pigeons et après l’avoir payé, nous traversons le tunnel long d’une vingtaine de mètres mais dans lequel nous ne voyons rien. Heureusement que les téléphones sont maintenant équipés de lampe de poche car j’ai bien évidemment laissé ma vraie lampe de poche à l’hospedaje ! Juste derrière nous, notre vendeuse a remballé tout son matériel et rentre elle aussi au village. Nettement moins pressés qu’elle, nous prenons le temps de faire des photos de ces lieux incroyablement beaux. Le temps est toujours incertain mais pour l’instant, pas une goutte de pluie ne nous est tombé dessus et nous continuons à avancer en prenant des dizaines de clichés des différents sites que nous croisons. Seul un couple en tong est présent dans cette partie des ruines, nous ne sommes donc pas dérangés par la foule dans ce lieu à la beauté insoupçonnée !

Alors que nous suivons notre chemin et que nous arrivons en vue du quartier de “l’hôpital”, le chemin descend en une seule fois très fortement. Nous nous y engageons prudemment et commençons à descendre sur des cailloux qui roulent sous nos pieds. Une végétation drue et piquante (les épines faisant deux à trois centimètres de long) ne facilite pas la pose des mains au sol pour éviter de partir dans cette descente infernale. A mi-chemin, on est forcé de constater que si il y a eu un chemin ici, il n’a pas été utilisé depuis longtemps. Malheureusement, tenté de le remonter serait aussi dangereux qu’une perte de temps car la nuit va tomber dans maximum une heure et nous avons encore du chemin à parcourir. Nous continuons donc à descendre doucement afin d’éviter une mauvaise chute et au bout d’une bonne vingtaine de minutes, nous retrouvons un sentier bien fait. Plus de peur que de mal mais surtout une fameuse perte de temps, nous nous remettons donc en route après nous être nettoyé de cette terre rouge qui nous macule les mains. Mon épouse a bien pris deux ou trois épines dans les mains mais elle a réussi à les enlever sans problème, on devra juste bien nettoyer cela tout à l’heure.

De retour à flan de falaise, le vent qui nous avait épargné jusque là se remet à souffler apportant même quelques gouttes de pluies. Nous ne nous démontons pas et continuons notre progression en descente constante avec en ligne de mire, Pisac avant la nuit. Néanmoins, nous ne pouvons pas arrêter de prendre des photos de ce site splendide malgré la distance qu’il nous reste à parcourir. Le soleil commençant à se coucher offre un éclairage incroyable sur de nouvelles terrasses, toujours aussi symétriques.

Finalement, après trois quart d’heure de marche depuis la fin des sites, nous arrivons en vue des premiers bâtiments et cinq minutes après les avoir rejoint, le soleil disparait. Claire finira par trouver le sac tant recherché à notre arrivée dans le marché qui est en train de fermer. Elle négocie un peu le prix et les deux femmes arrivent très vite à un accord. Tout le monde est content et nous revoilà parti vers notre hospedaje en passant par la place principale (pas vilaine mais complètement surchargée d’étals) et les minuscules rues avec une rigole centrale très profonde. Pour se déplacer rapidement ici, on utilise des espèces de tuk-tuk motorisé mais comme nous ne sommes pas loin, nous nous y rendons à pied malgré les nombreuses sollicitations. La proposition qui revient le plus souvent à cette heure-ci, c’est de nous ramener à Cusco car le dernier bus est parti. Apparemment, peu de monde passe la nuit ici et ils sont donc assez surpris que l’on refuse leur offre.

En effet, en ressortant manger, nous ne croiserons en tout et pour tout qu’une dizaine de touristes. Nous trouverons de quoi remplir notre estomac qu’après avoir minutieusement analysé les prix. Tout est incroyablement cher dans ce village et nous nous rabattrons donc sur du chaufa: du riz préparé à la sauce soja avec plein de légumes cuits et de la viande pour nous. Excellent et servi en tellement grande quantité que nous emporterons les restes pour notre repas du midi du lendemain ! Nous mettons ensuite Claire dans un tuk-tuk et nous rentrons à pied mon épouse et moi, heureux de cette belle journée !

Malgré un réveil un peu chaotique (de la bonne grosse musique de m**** s’est mise à résonner à 5h30 du matin sans que ça ne choque personne, c’est comme ça ici en Amérique du Sud !), nous sommes pleinement reposé et après avoir pris un bon petit-déjeuner (on a même eu droit à un œuf !), nous retrouvons Claire au lieu fixé la veille. Son expérience n’a pas été aussi positive car pour le prix qu’elle a payé, elle a eu droit à toute une série d’insectes mais ça ne l’empêche pas d’avoir la pèche et nous partons tous les trois dans la direction indiquée par un taxi duquel nous avons refusé les services. L’arrêt n’est pas très loin et lorsque nous arrivons, le collectivo est déjà là et prêt à partir. Pour trois soles par personne, il va nous emmener à une vitesse … indécente jusqu’au village d’Urubamba, carrefour principal de la vallée: d’ici, on peut aussi bien partir vers Cusco, vers Pisac ou vers Ollantaytambo (ou nous nous rendrons par la suite).

A peine sorti du bus que nous nous faisons interpellé par un taxi. Pour une fois, ça tombe bien car nous en cherchons justement un pour nous emmener voir deux sites inaccessibles par les transports en commun et que nous souhaitons ardemment visité: Moray et Las Salinas. Il faut aussi qu’il nous amène ensuite jusque Ollantaytambo, point de départ du train pour le village d’Aguas Calientes et du Machu Picchu. Evidemment, la discussion est serrée et nous passons de 120 soles pour l’ensemble du parcours et une attente d’une demi-heure sur chaque site à 100 soles puis à 90 après s’être un peu fait tiré l’oreille (et avoir vu ses collègues arrivés petit à petit voyant que nous ne tombions pas d’accord). C’est donc en faisant un peu la gueule qu’il nous fait monter dans sa grosse voiture relativement confortable.

Après une bonne vingtaine de minutes de route en direction de Cusco, notre chauffeur bifurque sur une piste ou attendent de nombreux taxis. Il est en effet possible pour économiser quelques soles de venir jusqu’ici en collectivo mais le gain est apparemment négligeable. Nous roulons à travers un décor splendide de plaines aux multiples couleurs encadrées par de hauts sommets, certains recouverts de neige éternelle. Pas le temps de s’arrêter mais même dans une voiture en mouvement, nous arrivons à prendre de belles photos tant le cadre est splendide. Nous arrivons finalement en vue de notre première étape - Las Salinas - qui se trouve quelques centaines de mètres plus bas. Déjà de si haut, la vue est splendide sur ses innombrables terrasses de sel, accrochées à une falaise. L’ensemble forme une sorte de patchwork aux différentes couleurs ou travaille encore quelques hommes courageux. L’entrée n’est pas comprise dans notre boleto et nous devons donc nous acquitter de dix soles par personne pour entrer dans le site. Dès que nous sommes descendus du véhicule, nous partons sans traîner jusqu’aux premiers points de vue, situés légèrement en hauteur. De si près, c’est encore plus beau et au fur et à mesure que nous nous avançons, nous nous rapprochons des terrasses. Le procédé est très simple: une eau riche en sel (naturellement) est mise à sécher sur ces petites terrasses et il ne reste ensuite qu’à attendre que l’évaporation fasse le reste pour récolter le sel. C’est bien là que le travail est le plus difficile car le soleil se reflète méchamment dans ces étendues blanches, brulant la peau sans défense. Ajoutez à cela le poids des sacs et la côte à remonter et vous comprendrez que le travail effectué ici est assez physique. Nous trempons ensuite notre doigt dans l’eau qui s’écoule avant de le lécher. Une chose est sure: c’est extrêmement salé ! Ensuite, nous remontons déjà pour rejoindre notre chauffeur (le site n’est de toute façon pas très grand et nous avons eu le temps d’en faire le “tour”), profondément endormi.

Nous remontons donc par le même chemin en direction du deuxième site: Moray à une petite demi-heure de là. Le décor est toujours aussi beau et nous finissons par arriver sur un parking ou s’empile pas mal de bus. Il y a effectivement foule mais le site est assez grand et tout le monde se disperse assez vite nous laissant tout le loisir de contempler ce que nous avons sous les yeux: une dizaine de terrasses rigoureusement parallèle et concentrique ! Ce lieu servait en réalité de laboratoire de recherche agronomique pour les Incas car à chaque étage, la température était différente: au centre et au fond, il y faisait plus chaud et ça se refroidissait au fur et à mesure que l’on remonte. Un chemin permet de descendre au bord de la première terrasse mais outre le fait que nous ne pensons pas voir mieux que depuis notre point de vue, nous n’avons pas vraiment le temps. Nous longeons donc “en hauteur” le site jusqu’à en voir un autre plus petit et à l’aspect plus ancien. Celui-ci est évidemment moins impressionnant mais il est tourné vers les montagnes au sommet enneigés et est donc aussi très photogénique. Après nous être assis sur un petit banc à l’ombre, nous sommes rejoints par un jeune brésilien qui a envie de parler. Nous échangeons donc avec lui pendant une petite dizaine de minutes avant de devoir lui dire au revoir. Notre chauffeur va nous attendre et Claire a son train plus tôt que le notre, il ne faut donc pas que l’on traine pour rejoindre Ollantaytambo.

Quarante-cinq minutes plus tard (et un arrêt rapide pour que notre chauffeur, qui n’avait pas l’air en forme, achète de la coca), nous nous trouvons sur la place d’un charmant petit village qui a pour particularité d’avoir gardé son plan d’urbanisme inca intact. Pas question ici de rues bien perpendiculaires mais bien à quelque chose qui ressemble beaucoup plus à ce que l’on connait, du moins dans la conception. Pour le reste, rien à voir car les maisons sont petites et peintes en jaunes pour la grande majorité et les rues sont assez étroites. Certains murs sont caractéristiques de la manière inca et l’ensemble est chapeauté par les ruines d’Ollantaytambo que nous irons visiter dans deux jours, à notre retour du Machu Picchu.

Nous accompagnons Claire jusqu’à la gare, située à une dizaine de minutes à pied de la place, et arrivés à destination nous mangeons les restes de notre repas de la veille. Nous nous séparons provisoirement ici et mon épouse et moi faisons le chemin inverse. En chemin, nous craquons pour une excellente glace à la Maracuya (fruit de la passion) avant d’aller nous poser sur le balcon d’un café pour profiter du temps qu’il nous reste à attendre notre train pour siroter un verre et prendre le soleil. Je profite également du wifi et d’une prise électrique pour écrire mon récit dans lequel j’avais pris du retard pendant que mon épouse bouquine en admirant la vue que nous avons sur les ruines.

Après avoir été mangé rapidement un morceau, nous nous présentons à la gare muni de notre ticket. Après avoir passé le contrôle des billets et des passeports, on nous autorise à franchir la grille nous séparant des rails. Je demande à un employé si le train est déjà là et il m’explique que c’est le suivant. Des gens descendent du train, d’autres montent, on fait monter des “locaux” dans d’autres wagons en bref c’est un peu un joyeux bordel. Finalement, notre train arrive et on se présente au wagon que l’on nous a attribué puis après un nouvel examen de nos billets et de nos passeports, nous pouvons monter à bord et nous rendre à nos sièges. Peu de temps après, le train se met en marche et c’est parti pour un trajet de plus deux heures jusque Aguas Calientes confortablement installé. Le trajet ne présentera que peu d’intérêt car il fait nuit noire et nous ne verrons rien si ce n’est la fugitive vision d’une rivière légèrement en contrebas. Nous nous arrêterons trois fois assez longuement pour laisser passer un train venant dans l’autre sens (certaines portions ne comportant qu’un seul rail pour les deux directions) et d’autres fois de manières plus courtes pour qu’un technicien bascule un échangeur de rail (le train s’arrête, un homme saute du train et court jusqu’au levier avant de revenir en quatrième vitesse au train qui s’est déjà remis en marche).

Arrivé à Aguas Calientes, notre hostel nous a envoyé quelqu’un pour nous accueillir et nous amener jusqu’à l’hostel, situé à trois minutes à pied des rails et à une minute de la place. A première vue, le village ressemble un peu à un DisneyLand andin mais on verra mieux demain à la lumière du jour. En attendant, nous prenons possession de notre chambre avant de nous mettre au lit sans trop traîner. Je ne sors que quelques minutes afin de retrouver Claire qui me remet nos billets de bus qu’elle a acheté pour nous (12$ ou 37 soles pour un aller par personne). Demain, c’est réveil à 4h pour aller admirer une des merveilles du monde moderne !

Le bus devant nous amener à l’entrée du Machu Picchu ne démarre qu’à 5h30 mais c’est avec trois quart d’heures d’avance que nous nous présentons au point de départ des navettes … Heeeeuuuuu ??? On a changé les heures ou quoi ? A cette heure-ci, il y a déjà une file de plus de deux cents mètres pour monter à bord ! Et quinze minutes après notre arrivée, une centaine de mètres de gens se sont rajoutés dans notre dos ! C’est quoi ce délire ??? Pas le choix, c’est comme ça, il faudra prendre notre mal en patience … Nous attendons donc les quarante-cinq minutes avant l’heure du départ et tel un ballet, tous les bus se mettent en place pour qu’à l’heure dite, on puisse commencer à embarquer. Ca va finalement très vite et il sera à peine 5h45 quand ça sera notre tour de monter à bord pour que moins d’une demi-heure plus tard, nous ayons gravi la petite montagne sur laquelle est perchée le fameux temple du Machu Picchu.

Après le contrôle des billets et une dizaine de sollicitations venant de guides (60$ quelque soit la taille du groupe), nous pouvons enfin entrer dans l’enceinte de ce temple mythique, construit au XVème siècle de notre ère. Afin de ne pas gâcher notre surprise, nous ignorons volontairement le premier point de vue sur le site afin de monter en vitesse jusqu’au pont de l’Inca. De là, nous découvrons un site incroyable (mais beaucoup plus petit que ce à quoi je m’attendais, allez savoir pourquoi), relativement bien entretenu avec en toile de fond, la montagne Wayna Picchu que nous irons gravir d’ici quelques minutes. A ce moment-là, il y a encore peu de monde sur le site et nous pouvons faire des photos sans trop de dérangements. C’est à ce moment-là que nous retrouvons Claire qui n’a pas pris le bus mais a décidé de monter à pied jusqu’ici. Lorsque nous la retrouvons, elle a encore les joues bien rouges mais nous assure que la montée n’est pas franchement difficile. Malheureusement, nous ne pouvons pas rester discuter avec elle bien longtemps car nous avons rendez-vous dans une vingtaine de minutes au pied du Wayna Picchu, à l’opposé d’où nous nous trouvons actuellement. Nous traversons donc tout le site en suivant le chemin fléché et en ne prenant le temps que de faire quelques photos tant qu’il n’y a pas encore grand monde. Dès que nous le pourrons, nous reviendrons sur nos pas afin de prendre plus le temps d’admirer ce lieu magique.

A 7h pile, nous sommes une petite centaine à nous présenter au poste de contrôle qui donne accès au sentier du Wayna. En effet, sur les 2500 personnes acceptés sur le site du Machu Picchu, seuls 400 (répartis en deux groupes de 200) auront le droit de gravir cette montagne mythique. Pour cela, il faut s’y prendre plusieurs mois à l’avance pour espérer avoir une place et payer bien évidemment un petit supplément. Lorsque c’est notre tour, on nous demande de remplir un cahier avec nos infos personnelles avant de nous laisser nous élancer dans une … descente ! Comme si cette montagne n’était pas déjà assez haute, il faut en plus d’abord descendre pour rejoindre la longue volée d’escaliers que nous devons gravir. Etonnamment, et malgré le monde présent, on ne se marche pas vraiment dessus même si de temps en temps nous laissons passer quelques personnes devant nous. On avait lu beaucoup de choses sur cette ascension, la plupart disant que c’était franchement horrible. Honnêtement, nous on a pas trouvé cela si difficile. Alors, oui pendant 53 minutes (pour nous évidemment) on a gravi des escaliers de formes et de tailles diverses - certaines marches étant assez haute - en s’aidant parfois de cordes pour faciliter l’ascension mais au final, c’est loin d’être compliqué et puis la récompense est tellement belle ! Car arrivé au sommet, la vue qui se dévoile devant nous est … magique ! Nous ne sommes que deux cents mètres plus haut (en altitude pure, on a grimpé plus que cela) mais le Machu Picchu nous paraît minuscule ! En face, la Montaña (même condition d’entrée que pour le Wayna, un peu plus haute mais moins recherchée car le point de vue est le même que lorsqu’on est sur le pont de l’Inca en plus haut) est complètement perdue dans les nuages et nous plaignons sincèrement les courageux qui en auront fait l’ascension pour ne rien y voir ! L’ambiance ici au sommet est calme, loin des foules qui se pressent sur le site. Tout le monde se respecte ici et personne ne cherche à déranger les autres, nous sommes - je pense - tout simplement heureux du spectacle que nous avons sous les yeux. Nous restons une bonne demi-heure à contempler ce monde merveilleux avant de nous décider à redescendre. L’autre possibilité aurait été de continuer à grimper sur quelques dizaines de mètres et de redescendre par l’autre côté mais ça aurait doublé le temps de parcours et malheureusement, le temps est en train de changer … La redescente se fera sans souci et nous croiserons encore quelques personnes qui commencent seulement l’ascension à ce moment-là.

Alors que nous remplissons à nouveau le registre avec notre heure de sortie, les premières gouttes commencent à tomber. Juste à côté du poste de contrôle se dresse deux ruines encre garnies de leurs toits ou les gens commencent à se presser. Nous faisons pareils pour ressortir quelques minutes plus tard pour aller explorer le site en lui-même. Mais alors que l’on se balade depuis une grosse vingtaine de minutes, la pluie se met à tomber fortement, nous obligeant à nous réfugier dans l’arcade (assez large) d’une porte. Depuis notre point de vue, on voit les foules se disperser et tenter de trouver un abri avec la même pensée commune: “Espérons que cela s’arrête !”. Malheureusement, une demi-heure puis une heure passe et ça ne fait que s’aggraver. Le propriétaire de l’hostel de Claire avait prévenu qu’il allait pleuvoir toute l’après-midi … En réalité, cela à commencer dès dix heures, obligeant beaucoup de gens à s’en aller. Nous décidons, la mort dans l’âme, de faire comme tout le monde et de nous rabattre vers l’entrée du site. Nous attendrons bien encore une petite demi-heure - j’en profite pour aller tamponner nos deux passeports du logo du Machu Picchu - puis nous décidons d’aller acheter un billet de bus pour redescendre, contrairement à notre idée première de redescendre à pied. Sauf que tout le monde a bien évidemment eu la même idée ce qui fait qu’il y en a au moins pour une heure de file avant d’atteindre les bus ! Trempé pour trempé, on décide alors de faire la descente à pied comme prévu !

Nous voilà donc à dévaler, pendant une heure, une rampe d’escalier continue. La pluie diminue bien un peu mais ne s’arrête jamais vraiment ce qui fait que nous trouvons cette portion longue et sans intérêt. En plus, il y a ici beaucoup de végétation, ce qui nous empêche d’apprécier les environs et d’estimer ou nous en sommes. Nous devons de plus faire attention à ne pas glisser car une (nouvelle) chute ici pourrait être dangereuse. Et quand enfin on rejoint la route qu’utilise les bus, c’est pour replonger de l’autre côté dans une nouvelle rampe d’escaliers et ce, cinq ou six fois. Un peu déprimant, je l’avoue mais nous finissons enfin par arriver face au pont enjambant la rivière séparant le village du site. C’est à ce moment-là que nous sommes content de ne pas avoir été trop en contact avec les bus car maintenant que nous partageons la même route, on se rend compte que les enfoirés de chauffeur ne ralentissent pas à notre approche, ce qui fait que si l’on ne s’écarte pas assez, on reçoit des giclées de boues ! Finalement, une petite demi-heure après, nous voilà enfin revenus -toujours sous la pluie - à Aguas Calientes.
Pour conclure cette visite, quelque soit les points négatifs que j’ai relevé (le prix, la foule et éventuellement les difficultés de marche), la visite du Machu Picchu est à faire ! C’est sans conteste un des sites les plus grandioses qu’il nous ai été donné de voir et on ne peut décemment pas passer à côté si l’on vient dans la région de Cusco !

Première chose à faire en arrivant dans le village, c’est d’aller récupérer notre sac à dos laissé à l’hostel avec ce qu’on avait pas embarqué pour la visite. Aucun problème, on remercie le staff et nous voilà parti sur la place, toujours sous la pluie. Notre train de retour pour Ollantaytambo n’est qu’à 16h22 et nous allons devoir trouver un endroit ou nous abriter, manger et éventuellement avec une connexion WIFI pour passer le temps un peu plus confortablement. Nous décidons que l’argent non dépensé dans le bus de retour va être investi en un bon repas et un bon apéro. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous choisissons le restaurant qui nous attire le plus à l’œil (et au prix) pour nous attabler. Nous en profiterons pour aller passer notre dernière tenue sèche aux toilettes avant de déguster notre repas.

Une heure avant le départ, nous sommes un peu contraint de quitter les lieux, la note commençant à devenir salée. La pluie s’est décidée à s’arrêter et maintenant un grand soleil brille, comme pour nous narguer. Nous allons sur la place nous asseoir sur un banc pour tenter de sécher nos gilets thermique (qui nous ont servis de veste aujourd’hui !) avant d’être chassé par des quantités de petits moustiques bien agressifs. De toute façon, il est bientôt l’heure donc nous nous mettons en route vers le quai ou nous étions arrivé. Sauf que surprise, ça n’a pas l’air d’être la ! Effectivement, un panneau indique une gare ferroviaire un peu plus haut dans la ville. Nous remontons donc la rue le long de la rivière en longeant un marché mais là, plus de panneau … Nous ne sommes pas les seuls à nous demander ou l’on doit aller et pour ne pas perdre de temps, je m’adresse à un groupe de femmes en train de converser. Ils sont malins, il faut traverser le marché pour touristes pour s’y rendre et vu que le seul prix que j’ai demandé (une bouteille d’eau de 50cl à cinq soles, à Ollantaytambo on paye 3 soles pour 2.5L !!!) était prohibitif, nous ne nous y attardons pas. Arrivé à la gare, il y a apparemment un problème avec un groupe de personnes très mécontent devant des guichets. Comme nous avons déjà nos billets, nous passons directement le contrôle de sécurité et une grosse vingtaine de minutes plus tard (dans une espèce de foutoir organisé), nous embarquons exactement dans le même wagon et aux mêmes places que la veille.

Le trajet retour sera un peu plus court (à peine deux heures) mais se fera surtout de jour. Nous pourrons donc à loisir admirer la vallée splendide dans laquelle circule le train, en longeant la rivière. Comme à l’aller, le technicien saute du train en marche pour changer l’aiguillage et comme à l’aller, nous laissons passer des trains (mais moins de fois). Lorsque nous arrivons à Aguas Calientes, la nuit est tout à fait tombée et afin d’éviter de remonter à pied -et dans le noir- la longue rue sans trottoir qui ramène à la place, nous prenons un tuk-tuk pour nous conduire jusqu’à notre hostel situé non loin de la place. Nous attendrons des nouvelles de Claire comme convenu mais vu l’absence de celles-ci, nos décidons d’aller manger sans elle. Plus tard dans la soirée, elle nous apprendra qu’elle est à … Cusco ! Curieux de la retrouver demain pour savoir comment elle est arrivée là-bas mais du peu qu’elle m’en a dit, son expédition a un peu tourné au fiasco !

Après une excellente nuit au calme et dans une excellente literie, nous nous réveillons sans traîner afin d’aller visiter les ruines du village avant l’arrivée massive des groupes, prévue d’après les guides pour 10h. Nous avons donc deux heures devant nous pour découvrir nos dernières ruines de la Vallée Sacrée !

Première constatation: objectivement, elles sont très belles mais après la visite au Machu Picchu, il faut avouer qu’elles paraissent un peu … terne ? Construites elles aussi à flan de colline, elles sont constituées de plusieurs parties donc encore une série de terrasses rigoureusement parallèles, toujours du plus bel effet ! On commence donc par gravir un escalier qui longe celles-ci jusqu’au sommet. De là, la vue sur Ollantaytambo est jolie, coincée qu’est ce petit village entre plusieurs “sommets”. Nous longeons ensuite toutes les ruines par le haut jusqu’à arriver au balcon de l’Inca mais la vue de là-haut n’offre pas grand chose d’autre. Nous finissons donc par redescendre pour nous balader au milieu des “jardins” des ruines avec quelques petites fontaines. Sincèrement, je regrette de ne pas être venu les visiter il y a deux jours car nous avons clairement du mal à nous mettre dedans. De plus, la constatation est la même pour tous les sites visités ces derniers jours: il n’y a aucune explication de quoi que ce soit et la location des services d’un guide doit ajouter un réel plus à la découverte de ces magnifiques lieux. Malheureusement, les tarifs sont vraiment très élevés et n’encourage pas à l’instruction …

Nous repartons donc vers notre hostel en nous arrêtant en chemin pour prendre un petit-déjeuner dans un des nombreux restaurants déjà ouverts. Il n’est que 9h30 mais le débarquement des cars a déjà commencé (une demi-heure plus tôt que prévu donc !) et nous sommes content de fuir les lieux avant la ruée des groupes. Nous prenons une douche (c’est que ça donne chaud d’escalader ces marches !) puis nous prenons congé. Nous nous rendons ensuite sur la place ou nous attendons un collectivo pour nous ramener sur Cusco. Un chauffeur de taxi propose bien de nous y emmener pour … 100 soles alors que le collectivo (une camionnette d’une quinzaine de passagers) nous revient à 10 soles par personne. De plus, cette dernière est très confortable et moins d’une vingtaine de minutes plus tard, tout le monde dort ! Je peux le constater car je suis le dernier à m’endormir et le premier à me réveiller … comme souvent ! Quelques minutes avant d’arriver, la collègue du chauffeur passe à l’arrière et demande l’argent à tout le monde avant d’être déposé sur la place, non loin du marché de San Pedro. Marché vers lequel nous nous dirigeons afin d’aller manger un sandwich pas cher mais alors que nous allions y entrer, notre odorat et notre vue sont attirés par un stand vendant un plat constitué de riz, de nouilles et d’un œuf sur le plat le tout assaisonné avec un bouillon de viande. Pour trois soles, on mange comme des rois une portion énorme assis sur des petits tabourets en pleine rue. EXCELLENT !

Nous allons ensuite assister à la lourde défaite de l’équipe de France de rugby face aux All Blacks (je vais pas dire que ça m’a fait rire mais … en fait, si, c’était un véritable massacre !) dans le bar américain qui donne sur la Plaza de Armas avant de repartir vers notre hostel afin d’y récupérer nos sacs à dos ainsi que le linge que nous avions donné à laver. Aucun souci de ce côté-là, l’employé nous autorisant sans problème à attendre dans l’enceinte de l’établissement qu’il soit l’heure pour nous d’aller prendre notre bus. Nous occuperons donc les trois heures suivantes à discuter avec Claire (qui a repris une chambre ici pour les prochaines nuits), avec deux autres françaises, puis avec une anglaise, un espagnol vivant à Londres et un américain. Le tout permettra de passer agréablement les trois heures trente que nous avions à occuper jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour nous de faire venir un taxi. Nous disons au revoir à tout le monde (et même à Maui notre copain tahitien qui revenait aujourd’hui d’un trek de quatre jours en Amazonie) et nous montons dans notre taxi pour traverser la ville. Ce dernier nous déposera dans l’enceinte de la compagnie Cruz del Sur, considérée par tout le monde comme la meilleure.

Nous avons une vingtaine de minutes d’avance avant de pouvoir “enregistrer” nos bagages, comme à l’aéroport. Lorsque le bus d’avant est parti, c’est à nous à faire la file et je laisse mon épouse assisse pendant que je prends nos deux sacs à dos et que j’attends mon tour. Derrière moi, un grand gars d’origine française se pose la question d’être ou pas dans la bonne file. Je lui confirme que oui et pendant que nous attendons, nous discutons sur nos expériences au Pérou. Il voyage en compagnie de deux potes à lui pour une courte durée et nous n’aurons malheureusement pas la possibilité de faire plus ample connaissance. Dommage, il avait l’air bien sympa mais ils voyagent tous les trois au deuxième étage alors que nous sommes en bas, chez les “VIP” (oh, ça va, y’a pas de mal à se faire du bien !). Ensuite, il est temps d’embarquer, non sans avoir eu droit à un détecteur de métaux passé sur le sac et sur nous avant d’être filmé individuellement. Cette technique permet d’éviter les faux passagers qui monteraient en cours de route (si j’ai bien compris l’arnaque). Lorsque nous montons à bord, c’est pour découvrir d’immenses sièges inclinables quasi à l’horizontale avec écran individuel et plateau repas servi peu après notre départ par un steward. C’est le première fois que nous prenons un bus comme cela et nous espérons un jour découvrir cet univers dans un avion ! En attendant, nous voilà parti pour dix heures de trajet en direction de la grande ville du sud du Pérou: Arequipa !

Il est 6h30 lorsque nous arrivons à destination. La nuit fût bonne pour mon épouse, un peu moins pour moi la faute à mon sac mis à mes pieds et qui me gênait un petit peu. Une dizaine de minutes d’attente sont nécessaires avant de récupérer nos gros sacs à dos car l’employé -très consciencieux- vérifie chaque ticket numéroté pour être sur de ne pas se tromper. Quand nous sommes à nouveau chargé, nous nous dirigeons vers la sortie de cette belle gare routière ou se pressent tous les chauffeurs de taxi. Arequipa a malheureusement la réputation d’une ville peu sûre, notamment concernant les taxis régulièrement complices de crimes plus ou moins graves. Ceux présent ici affichent tous un badge les identifiant comme chauffeur officiel. Quoique ça ne veuille pas forcément dire charrette, on embarque avec le plus vieux et le plus souriant de tous (question d’image, c’est bête mais on fait plus facilement confiance à ce genre de personne). La course jusqu’au centre-ville et notre logement nous coute dix soles, prix que je n’essaye même pas de négocier et une vingtaine de minutes plus tard, nous voilà arrivés.

Il nous dépose avec nos sacs et s’en va pendant que nous sonnons à cette heure très matinale à la porte grillagée que nous avons en face de nous. Un vieux monsieur arrive très vite et je lui explique que nous avons une réservation, que nous sommes bien conscients qu’il est fort tôt pour avoir notre chambre et nous demandons si nous pouvons attendre dans le salon commun. Il nous regarde et après s’être assuré que j’avais bien réservé, il nous propose de le suivre: notre chambre est déjà prête et nous allons pouvoir nous reposer tout de suite ! On aurait limite envie de lui sauter au cou tellement on est soulagé de pas devoir attendre des heures dans un canapé à lutter contre le sommeil !

La matinée sera consacrée au repos et à faire des skype (la connexion étant tout simplement incroyablement rapide !) et vers midi, nous décidons qu’il est temps d’aller faire un tour en ville. Notre logement se trouve à quatre blocs au nord de la Plaza de Armas de la ville et il nous faut théoriquement moins de dix minutes pour nous y rendre. En réalité, ça sera un peu plus long car nous prendrons notre temps pour descendre les très belles rues qui constituent le centre-ville de cette très belle cité. Dès le premier coup d’œil, nous nous sentons en phase avec le rythme sud-américain présent ici: fini les innombrables vendeurs courant après les innombrables touristes car nous nous trouvons maintenant dans une « vraie » ville aux bâtiments coloniaux splendides. Partout l’on peut voir des petites cours magnifiquement entretenues, des façades colorées ou d’un blanc éclatant et bien évidemment des balcons richement fini. Bien entendu, qui dit centre-ville dit restaurants et agences de voyages (la visite du canyon de Colca, haut-lieu du tourisme, démarre d’ici) mais ça ne gâche en rien l’atmosphère et nous finissons par arriver à destination: la Plaza de Armas, très belle elle aussi, avec ses immenses arcades entourant un parc bien entretenu avec son inévitable et énorme fontaine au milieu. Seule déception, l’immense cathédrale -occupant tout un côté de la place- est complètement recouverte d’échafaudages !

Je me rends en priorité à l’office du tourisme situé de l’autre côté de la place car nous avons une semaine de randonnée (dans un lieu assez peu touristique) à préparer et je n’ai pour l’instant que très peu d’infos (voir quasiment aucune en réalité si ce n’est le nom de l’endroit). J’en ai même demandé à l’un des deux gérants de notre logement (le vieux monsieur étant probablement le père mais que nous ne verrons plus par la suite) qui après un coup de fil nous assure qu’il est quasiment impossible de le faire tout seul et que ça coute très cher pour avoir un guide. Pas de bol, il est 13h03 quand j’arrive devant la porte du bureau et le dimanche, ça ferme à … 13h ! Tant pis, ça sera pour le lendemain ! En attendant, nous nous rendons dans un Chifa (restaurant asiatique ici en Amérique du Sud) près de la place pour y manger un horrible repas (du moins pour moi, celui de mon épouse étant très bon) servi avec quinze minutes de décalage par rapport à mon épouse.

L’après-midi, nous resterons dans la chambre, mon épouse souffrant terriblement d’une dent (mal soignée – mais en urgence – par notre dentiste en Belgique) tandis que moi, j’écris mes récits. Nous allons devoir attendre le lendemain pour la faire soigner car il y a malheureusement très peu de chance de trouver un dentiste un dimanche … Sur le chemin du retour, nous avons croisé de nombreux groupes d’hommes et de femmes portant un vêtement mauve et une cordelette blanche à leurs tailles. Ils sont habillés exactement pareils à des groupes vus la veille à Cusco mais nous n’arriverons pas à avoir plus d’explications sur le pourquoi de leur présence. Nous ne ressortirons qu’au soir pour aller rapidement manger un morceau avant de rentrer nous reposer.

Après une excellente nuit au calme, nous partons sur le coup de 8h30 vers un cabinet de dentiste conseillé par les gérants de la posada (petit hôtel familial plus calme qu’une AJ), situé non loin. Lorsqu’enfin nous le trouvons (il est situé au fond d’une petite galerie), nous avons la bonne surprise d’arriver dans un local assez chic, presque sorti d’une publicité pour dentifrice. Il n’ouvre normalement qu’à 9h mais une dame nous propose d’entrer pour ne pas attendre dehors. On lui explique le problème et elle nous dit qu’il faudra attendre jusque 9h30 que le dentiste arrive. On nous fait alors nous asseoir dans un fauteuil très confortable devant une télé retransmettant les meilleurs moments d’un quelconque concours de talents péruviens, l’occasion pour nous de constater qu’ils sont plus trash encore que chez nous (aussi bien dans leurs engueulades que dans les tenues et l’allure générale des présentatrices). A l’heure pile, on nous fait entrer dans le cabinet ou un dentiste parlant un petit peu anglais nous écoute poliment avant d’inspecter la bouche de mon épouse. Pas de souci (façon de parler, évidemment), il situe le problème, met en place une solution temporaire, prescrit des antidouleurs puissant avant de nous demander de revenir à 15h30 pour voir un spécialiste qui règlera le problème définitivement. Nous ne payons rien pour l’instant, nous payerons à notre prochaine visite … Nous demandons le montant: 340 soles (près de 100 euros) pour l’ensemble des prestations ! Heureusement que nous avons souscrit une assurance-voyage qui nous remboursera les frais à notre retour !

En attendant, nous avons plusieurs choses à faire, la première étant de nous rendre à l’office du tourisme sur la Plaza. Nickel, il est bien ouvert et encore plus nickel, les renseignements demandés nous seront donnés et seront de bonnes qualités. Nous allons enfin pouvoir partir visiter le canyon de Cotahuasi, à 420 kilomètres au nord de la ville, dans un endroit très peu fréquenté par les touristes. L’employée qui nous reçoit parle très bien anglais et est souriante. Elle nous remet un plan du canyon (elle doit chercher un peu car elle n’a pas l’habitude d’avoir des gens souhaitant s’y rendre) ainsi que les coordonnées des deux seules compagnies de bus assurant un trajet jusque-là. Lorsque nous avons tout ce qu’il nous faut, je lui demande de m’indiquer un coiffeur non loin et elle me l’indique aussi professionnellement que le reste.

Nous nous rendons dans la petite galerie commerciale indiquée et située non loin de là et après quelques recherches, nous finissons par le dénicher. Le coiffeur est déjà occupé mais quelques minutes après c’est mon tour. Pour 25 soles, j’ai droit à une coupe de jeune péruvien du plus bel effet ! En plus, le coiffeur n’a pas l’habitude de recevoir des touristes et était très content de pouvoir me parler (dans la limite de mon espagnol qui progresse petit à petit). Nous nous baladons ensuite tranquillement dans les rues d’Arequipa, qui continue à nous séduire de plus en plus, jusqu’à arriver dans un petit restaurant indien repéré sur Tripadvisor et situé non loin de notre logement. Nous y mangerons un excellent curry (ça change de la nourriture péruvienne !) avant d’aller attendre l’heure du rendez-vous au cabinet dans notre chambre.

A l’heure pile, mon épouse est reçue par l’endodontiste (première fois que j’entends ce nom là !) qui après traitement, affirme que c’est réglé ! Je l’espère pour mon épouse car nous avons encore deux mois de voyage et elle souffrait énormément à cause de l’altitude. Vu la suite de notre programme, ça n’allait pas s’arranger et elle aurait du attendre encore six à sept semaines avant de redescendre à des hauteurs plus « normales ». Seul bémol, il tient absolument à la revoir le lendemain à la même heure afin d’être sur de l’état de mon épouse. Pas de bol pour nous, nous comptions prendre un bus à 16h30 pour Cotahuasi ce qui implique de risquer de le rater … Nous devrons donc rester un jour de plus à Arequipa ! Tant pis, la santé avant tout ! Encore plus étonnant, nous ne payons que 100 soles d’acompte, nous payerons le reste le lendemain … Ils ont bien confiance dans ce cabinet car ils n’ont en tout et pour tout que le nom de mon épouse et rien d’autre …

Nous profiterons du reste de l’après-midi pour nous rendre au marché non loin de la Plaza de Armas, dans la partie considérée comme peu sûre. Peut-être vrai durant la nuit, il n’y a à nos yeux aucun problème à s’y rendre en journée. Certes, nous ne croiserons pas d’autres touristes ici mais personne ne nous regardera de travers durant le peu de temps que nous y passerons. Nous sommes ici pour trouver gants et bonnets mais ça n’a pas l’air d’être l’endroit idoine. Les seules chose que nous trouverons (en dehors des habituels stands de sacs et de nourriture) seront des feuilles de coca pour l’altitude et des fœtus de lama (!) utilisé dans on ne sait trop quelle potion. Je n’avais pas l’appareil photo mais c’était assez impressionnant !

Au soir, nous nous rendrons dans un food court ou se trouve réuni trois grosses enseignes de la malbouffe afin d’y manger une pizza avant de rentrer nous coucher. En chemin, nous nous arrêterons une petite demi-heure dans un bar afin d’y profiter de l’happy hour mais il est encore tôt et ce dernier est presque vide.

Après une nouvelle nuit de très bonne qualité, nous déjeunons et demandons au gérant présent si il peut nous appeler un taxi. C’est apparemment la méthode la plus sûre pour éviter les problèmes et cinq minutes après, nous embarquons dans un véhicule datant des années 80 direction le terminal terrestre. Nous mettrons une petite demi-heure pour nous y rendre car la circulation est nettement plus importante qu’il y a deux jours (jour de semaine oblige). Seules deux compagnies proposent le trajet Arequipa – Cotahuasi: Reyna (la plus ancienne) et Cromotex. Après discussion avec plusieurs péruviens, leur choix se porterait naturellement sur cette dernière et nous nous rendons directement à leur guichet. L’employée présente a l’air toute aussi surprise lorsque nous lui donnons notre destination: le départ se fait à 18h, il y en a pour dix heures de route et ça coûte 30 soles par personne. Nous réservons notre départ le lendemain et nous pouvons même choisir nos places: afin d’éviter d’avoir la tête d’un autre passager sur nos genoux, nous choisissons celle de tout devant. Ca nous permettra aussi de voir l’horizon car la deuxième partie du trajet est apparemment un peu mouvementée (route de montagne).

C’est en ressortant du terminal et en montant dans un taxi qui doit nous ramener dans le centre (7 soles au retour sans négocier, 9 à l’aller en négociant, cherchez pas c’est comme ça) que nous nous rendons compte de la bétise que nous venons de faire … On nous avait annoncé un départ à 16h30 et nous avions donc dès lors décidé de partir le lendemain. Avec l’horaire de Cromotex, nous aurions eu largement le temps d’aller au rendez-vous et de partir ensuite mais ça ne nous a même pas effleuré l’esprit ! Une journée de perdue un peu bêtement là … Mais bon, comme on dit en Argentine: Cha fue (ce qui est fait est fait mais je n’ai aucune idée de comment ça s’écrit réellement).

Notre taxi se retrouve coincé dans des embouteillages et il nous faut plus d’une demi-heure pour rejoindre le Monastère de Santa Catalina que nous voulons visiter, à deux minutes à pied de notre logement. Nous entrons alors dans l’enceinte de ce lieu très connu de la ville et nous payons les 40 soles par personne pour pouvoir passer le tourniquet. On nous remet une brochure en français pour avoir quelques explications mais juste après être entré, une dame tout de bleu vêtu se présente à nous dans un français teinté d’accent sud-américain: c’est une guide qui nous propose ses services dans notre langue pour 20 soles. Malgré le prix d’entrée assez conséquent, nous décidons que pour une fois, nous voulons en savoir un peu plus sur ce lieu qui dès le premier contact, s’annonce magnifique.

Pendant une heure, notre guide nous emmènera à travers un dédale de rues (!) et de cours toutes colorées: soit en orange soit dans un bleu profond et magnifique. Nous y apprendrons l’histoire des sœurs qui vivaient ici et qui venaient de famille très fortunée: la dot était à l’époque de 1500 pièces d’or et de 20000 dollars par la suite jusqu’en 1970 à peu près ! Ses sœurs avaient le droit d’emmener avec elle de une à quatre servantes qui s’occupaient des tâches domestiques car la seule préoccupation qu’elles devaient avoir était la prière et la broderie. On visite donc les « maisons » des nonnes plus ou moins grandes en fonction du nombre d’occupantes. En effet, il arrivait régulièrement que certaines sœurs le soient aussi par le sang. Elles avaient alors le droit d’habiter ensemble dans des logements nettement plus grand ! Les servantes vivaient elles dans de petits logements sur le toit (mais qui ne se visite plus à cause des tremblements de terre qui ont abîmé ces parties-là). Bref, la visite durera une heure et sera réellement intéressante et très belle. Franchement, comparé aux monastères visités à Cusco, il n’y a pas photo !!!

Après avoir payé notre guide (et lui avoir attribué un petit pourboire pour l’excellent travail fourni), nous retournons vers la place en espérant pouvoir profiter un peu du soleil et de la chaleur, assis sur un banc. Malheureusement, nombreux sont ceux à vouloir faire de même et tout est littéralement pris d’assaut ! Nous nous rendons donc dans une banque BCP (pour rappel, la seule qui autorise des retraits de 700 soles sans frais supplémentaires, du moins pour les belges) afin d’effectuer des retraits pour nous rendre à Cotahuasi. En effet, il y a peu de chances que nous trouvions un distributeur là-bas ! Nous rentrons ensuite sous la chaleur de plus en plus écrasante pour aller manger le plat acheté la veille dans un petit supermarché de la Plaza de Armas avant d’attendre le dernier rendez-vous (on croise les doigts) de mon épouse.

Rendez-vous qui se révèlera en fait être une nouvelle séance de soin avec cautérisation à la flamme (!) et de nombreuses piqures … Ca devrait tenir un petit temps mais il souhaite la revoir encore une fois à notre retour de Cotahuasi, dans une semaine pour régler une bonne fois le problème. Allez, le principal c’est qu’il a l’air convaincu de son travail, nous repartons donc soulagé. En attendant, nous sommes malgré tout obligé de rentrer à la posada, mon épouse ayant quand même bien souffert durant cette visite …

Aujourd’hui, nous avons notre bus à 18h ! Nous nous arrangeons avec le gérant pour pouvoir conserver notre chambre jusqu’à l’heure du départ (contre un dédommagement) et lorsque nous sommes prêt, nous nous mettons en route vers le Museo Santuarios Andinos situé à deux pas de la Plaza de Armas. Les musées ne sont pas forcément notre tasse de thé mais il y a ici un élément assez rare: la présence d’une « momie » andinne d’une jeune fille de 12 à 13 ans surnommée Juanita. Nous avions déjà hésité à aller en voir d’autres lors de notre périple en Argentine et comme l’occasion se représente ici, nous y allons !

Arrivés à l’accueil, on nous annonce que si nous voulons une visite guidée en français ou en anglais, il faudra attendre 45 minutes. Pas de souci, nous allons prendre place d’abord sur la Plaza pour observer la vie quotidienne des habitants avant de retourner nous réfugier à l’ombre des rares arbres de la petite cour du musée. Une dizaine de minutes avant l’heure, nous prenons nos deux tickets (20 soles par personne) et on nous demande de patienter. C’est là que nous tomberons sur un charmant couple de français qui feront la visite avec nous. Cette dernière commence d’abord par une petite séance de cinéma (en anglais sous titré en français) expliquant comment Juanita a été découverte et son histoire.

Juanita a été une des nombreuses victimes de sacrifices humains opérés par les Incas pour apaiser les Dieux de la montagne lorsqu’ils étaient en colère. A l’époque, les « prêtres » choisissaient en priorité des enfants d’une dizaine d’années, idéalement de hautes familles et beaux pour être offert en sacrifice. Les familles voyaient cela comme un véritable honneur et les enfants auraient été (j’insiste sur le temps, difficile pour moi de réellement y croire) pleinement conscients que leurs sacrifices étaient indispensables. De plus, selon leurs croyances, ils iraient alors vivre avec les Dieux. Pour en revenir à Juanita, cette dernière venait de Cusco et a du entreprendre une marche rituelle de plus de 500 kilomètres accompagnée de toute une suite de personnes pour finalement arriver au sommet du volcan Ambato, à 6380 mètres d’altitude! Durant trois mois, cette petite a marché vers son destin dans des conditions dantesques pour finalement être « apaisée » (droguée et enivrée en réalité) puis pour recevoir un violent coup sur la tête qui a du la tuer instantanément. Elle est alors enterrée dans une tombe, au sommet du cratère, jusqu’à ce que la glace qui la maintenait en parfait état ne fonde lors d’une éruption. Ce n’est qu’en 1995 que deux archéologues la retrouveront et la ramèneront à Arequipa pour y être étudiée.

Nous accompagnons donc notre guide – parlant un excellent français – à travers quelques pièces ou sont conservés nombre d’objets d’époques: fibule (épingle pour fermer les manteaux), petits objets rituels, petites statues, assiettes, … jusqu’à arriver dans la salle principale, plongée dans une quasi-obscurité. Derrière trois couches de plexiglas – afin de conserver une température de -17°C -, on aperçoit le petit corps recroquevillé de Juanita. Sa peau est blanche, bien entendu, mais elle est incroyablement bien conservée et recroquevillée dans une position fœtale. La plupart de ses cheveux sont encore présents et l’on peut voir sur sa tempe, l’endroit ou elle a été frappée. C’est une rencontre extrêmement forte que nous faisons là et il nous est très difficile à tous les quatre de la quitter des yeux. Les photos sont interdites évidemment mais je pense que ce moment restera graver dans nos mémoires.

Après cela, la visite se termine et nous laissons un pourboire à notre jeune guide (ce sont tous des étudiants de l’université dans laquelle se situe le musée) avant de faire un peu plus ample connaissance avec l’autre couple. Nous échangerons ainsi quelques conseils sur leurs visites futures avant de nous séparer. Peut-être nous recroiserons-nous, nos programmes correspondant plus ou moins pour les prochains jours. Nous finirons par rentrer à notre hostel après avoir mangé et refait des courses pour notre départ. Nous avons encore nos sacs à faire avant de partir !

A 18h pile la veille, nous sommes montés dans un bus de la Cromotex, pour un trajet de dix heures. Rien à voir avec les bus de Cruz del Sur, ici c’est un bus régional avec un minimum de confort qui nous a conduit jusqu’au gros village de Cotahuasi, dans le canyon du même nom. Situé à 420 kilomètres au nord d’Arequipa, nous avons roulé sur des pistes montant et descendant en lacet dans le brouillard, traversé des gués et franchi un col. Assez impressionnant pour mon épouse qui n’a pas fermé l’œil de la nuit tandis que moi je dormais comme un bienheureux. Durant le trajet, nous avons eu droit à deux arrêts: un dans les environs de 20h30 dans un restaurant au bord d’une route ou les cafards grouillaient d’un peu partout et ou les toilettes sont à ciel ouvert, un deuxième dans le village de Fondesurco un peu avant minuit pour se dégourdir les jambes. Il y en aura bien un troisième plus tard durant la nuit mais c’était uniquement pour que les deux chauffeurs échangent leurs places … rien à dire en terme de sécurité à ce niveau là ! Notre arrivée était annoncée à 6h du matin mais quelques minutes avant 4h, les lumières du bus se sont rallumées: nous arrivions !

Il est donc très tôt quand on nous débarque dans le froid glacial du petit terminal de Cotahuasi. Chacun à son tour, nous allons voir l’un des deux chauffeurs qui courent dans tous les sens afin de rendre les bagages aux bonnes personnes. Quand nous sommes à nouveau sanglé, je demande le chemin de la plaza car j’y avais repéré la veille un petit hostel ayant bonne réputation et situé non loin de là. Lorsque j’explique qu’on souhaite y aller à pied, on nous dit que c’est un peu loin et qu’il faut prendre un taxi … Ca tombe bien, il en reste un de disponible et pour cinq soles, il nous emmène pour … cinq minutes de trajet. C’est une dame qui était montée avec nous qui indique au chauffeur ou se situe l’hostel que nous cherchons et après nous avoir rendu nos sacs et donné un coup de klaxon (!), il s’en va nous laissant là devant une porte sans aucune indication. Seule la présence d’une sonnette nous laisse penser qu’ils n’ont peut-être pas tort (la plupart du temps, seuls les hostels en ont) et nous appuyons dessus, espérant ne pas nous tromper.

Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvre et un vieux monsieur au regard endormi mais déjà souriant nous invite à entrer. Je m’excuse de l’heure et lui demande si il lui reste une chambre de disponible ce à quoi il me répond qu’il n’y a pas de problème. Pour les formalités, on verra plus tard et il nous invite à choisir nous même entre les deux chambres doubles qu’il lui reste. Dix minutes plus tard, nous sommes chacun couché sur notre lit prêt à nous endormir à nouveau !

Ce n’est que vers 8h30 que nous émergeons enfin d’une courte nuit bien reposante. Première chose à faire, trouver un endroit ou déjeuner ! Pas très difficile dans tous ces pays ou on compte presqu’un « restaurant » par habitant (bon, ok, j’exagère mais à peine !). Mais juste avant cela, nous trouvons un peu par hasard l’office du tourisme ou nous souhaitions nous rendre afin d’organiser nos quelques jours dans le canyon. Etant donné qu’il est déjà ouvert, nous ne prenons pas de risque et nous nous y rendons directement. Nous trouvons là une dame parlant à peu près anglais pour nous expliquer les différents points d’intérêts du canyon. Vu le peu de jours que nous avons prévu ici, notre champ de découverte est petit et pour explorer pleinement les lieux, il faut compter au minimum une semaine voire un peu plus. Nous mettons donc au point avec elle un itinéraire nous permettant de revenir dormir à chaque fois à Cotahuasi et nous occupant à chaque fois la matinée au minimum. Nous lui demandons aussi ou nous pouvons trouver un bon local ou manger et elle nous indique la Chocita, une petite comida queshua (cuisine andine). Nous la remercions et muni de nos renseignements tous frais, nous nous mettons à la recherche de l’endroit indiqué.

Nous devons bien évidemment demandé notre chemin au moins trois fois avant que quelqu’un ne puisse nous montrer exactement quelle rue nous cherchons mais nous finissons par trouver la façade turquoise du restaurant. A l’intérieur, personne mais une ouverture amène dans une petite cour ou nous trouvons quelqu’un. Il est fort tard pour déjeuner mais elle accepte de nous servir sans difficulté. Nous ne demandons pas en quoi consiste le petit-déjeuner et nous n’aurons la réponse que quand nos assiettes arriveront: cuisse de poulet, petites pommes de terre et riz, le tout baigné dans une sauce à tomber par terre faite avec des oignons et des herbes du coin. Un DELICE bien nourrissant pour quelques soles par personne !

Nous retournons ensuite jusqu’à notre chambre afin de décider définitivement de notre programme des prochains jours. Etant donné le système de navette (elle parte au matin de Cotahuasi et parte de notre destination très peu de temps après, obligeant alors à dormir sur place si l’on veut profiter de la journée), nous ne pouvons réellement occupé que trois jours à partir du village. C’est un de moins que ce que j’avais planifié mais ce n’est pas grave, nous passerons une journée supplémentaire à Arequipa. Lorsque nous sommes sur de nous, nous nous rendons au bureau de la Cromotex sur la petite place du village. Nous achetons donc nos tickets (il était temps, il ne restait déjà plus que quelques places de libre !) pour dans trois jours, départ à 19h ! Nous revenons ensuite à notre hostel afin de téléphoner à notre logement à Arequipa pour s’assurer qu’il n’y aura pas de problème si nous arrivons un jour plus tôt. Mieux vaut être sur car nous arriverons en ville aussi tôt qu’ici et je ne souhaite pas chercher à me loger à cette heure là si je peux l’éviter. Pas de souci, ils nous attendront avec notre chambre.

Le peu de matinée qu’il nous reste, nous l’utiliserons pour encore un peu nous reposer et nous protéger de la chaleur très forte qu’il règne ici. Vers 13h, nous passons en vitesse à la banque pour casser un gros billet (de 100 soles mais quand on voit comment il galère pour rendre la monnaie en ville, on préfère ne pas prendre de risque) et nous retournons manger dans la même comida d’excellente tallerin saltado (nouilles sautée à leur manière) pour moi et un lomo saltado (viande sautée aux oignons avec du riz et des pommes de terre) pour mon épouse. Encore une fois, c’est un véritable régal et apparemment, nous ne nous trompons pas: c’est rempli alors que les autres cuisines sont véritablement désertes … En attendant que la chaleur s’estompe un peu, nous faisons comme tout le monde: la sieste !

Vers 15h, nous nous remettons en route avec comme objectif la laguna Chaquicocha à une vingtaine de minutes à pied de notre logement. Nous demandons la direction générale à deux ou trois personnes car il n’y a rien d’indiqué – je tombe d’ailleurs sur le seul c** du village qui refuse de nous aider – et nous voilà parti le long de la « route » principale. Déjà du village, nous pouvions nous apercevoir que le canyon avait l’air très beau, la réalité est encore plus vraie ! Nous sommes encerclés par de beaux et hauts sommets formant une gorge sur des kilomètres.

Le ciel est bleu, il fait idéal comme température et après une dernière demande d’info, nous descendons une volée d’escalier pour nous retrouver sur un petit sentier. Nous traversons d’abord un court tunnel avant de rejoindre une route au bout de quelques minutes. Là, pour la première fois, un panneau nous indique que nous sommes dans la bonne direction. Nous suivons donc la nouvelle piste indiquée et qui descend pendant une grosse quinzaine de minutes, au milieu de petits murets en pierre et de vieilles maisons. Nous croisons un berger remontant quelques moutons vers on ne sait ou, nous passons devant quelques petits « carrefours » mais comme rien n’indique le contraire, nous suivons la piste principale jusqu’à rejoindre … la route !

Un peu dubitatif, nous continuons malgré tout mais il n’y a pas un chat à qui demander si nous sommes dans le bon sens et le soleil commence tout doucement à aller se coucher … Nous décidons donc de faire demi-tour et d’explorer les deux petites pistes qui s’écartaient de la principale. En vain, ça ne nous mènera à rien d’autres que des culs-de-sacs … Un peu dépité, nous décidons de ne pas prendre de risque et de refaire le chemin en sens inverse. Nous croiserons bien une troisième intersection mais nous n’avons plus le temps et trente minutes après, nous sommes de retour à notre hostel. En discutant avec le gérant, il m’explique qu’il fallait tourner … au seul endroit ou nous n’avons pas été ! Il nous dit aussi que la vraie propriétaire revient demain et que celle-ci parle anglais et pourra nous expliquer plus en détail le chemin (mon espagnol est par moment encore hésitant, encore plus dans ces régions reculées ou ils parlent vite en machant leurs mots). Comme le programme du lendemain devrait être fini en fin de matinée, nous aurons le temps d’y retourner dans l’après-midi ! Ce n’est que partie remise !

Nous finissons la journée en buvant un pisco (acheté plus tôt dans la journée à une dame vendant des petites bouteilles en plastique de 50cl remplie de ce délicieux alcool auquel elle nous a conseillé d’y mélanger du Sprite … effectivement c’est pas mauvais du tout !) et en nous rendant ensuite à notre délicieuse cuisine: la Chocita ! Et ils feront encore une fois honneur à leur réputation ! C’est bien simple, nous mangerons ce soir le meilleur repas qui nous a été servi depuis le début de notre voyage avec une cena (menu du soir) aux inspirations asiatiques: soupe wantan en entrée et surtout un plat à tomber par terre fait avec de petits morceaux de poulets frits, des ananas, une sauce aigre-douce et un riz superbement assaisonné ! Le tout pour sept soles par personnes, c’est à dire un peu moins de deux euros … Les restaurants chez nous devraient venir prendre des cours d’humilité ici ! Ce qui est sur, c’est qu’il nous sera difficile de rentrer jusqu’à notre chambre tant le ventre est rempli …

La nuit fût un petit peu agitée … Vers 3h30 du matin, de nouveaux clients sont arrivés dans l’hostel avec la discrétion d’un éléphant. Ils se sont mis à parler à plusieurs devant leurs chambres à voix haute et à faire rouler leurs valises à travers toute la cour. A tel point qu’à un moment, j’ai du sortir pour leur demander de la fermer … Ils ont été tellement surpris que quelqu’un leur reproche quelque chose qu’ils sont tous aussitôt parti dans leur chambre sans même contester … Ce n’est qu’alors que nous avons pu nous rendormir jusque … 7h, heure à laquelle les ouvriers qui s’occupent de l’agrandissement des lieux ont décidés de jouer du marteau sur des tôles ondulées … Décidemment, ils ont un véritable problème avec le calme dans tous ces pays !

Nous nous apprêtons à notre aise et vers 8h40, nous nous mettons en route en direction de la place du village.

C’est de la que doit partir le minibus en direction du village d’Alca et des termes de Luicho, « objectif » de la journée, situé à une vingtaine de kilomètres de Cotahuasi. Les horaires sont assez souple dans cette direction car toutes les heures piles (de 7h à 15h), un bus part dans ce sens-ci. Dans l’autre sens, c’est le même principe mais avec trois heures de décalage (de 10h à 18h donc). Dix minutes avant, nous sommes donc à l’arrêt avec en face de nous un minibus d’un autre âge qui attend, complètement vide. Je demande confirmation à une dame qui me dit que c’est bien ici que l’on doit attendre … soit ! Quelques minutes avant 9h arrive un homme boitant bas. Je lui demande si c’est bien lui le chauffeur et il me dit que non, le bus va passer mais dans l’autre sens … et effectivement quelques secondes après arrive un bus un peu plus grand mais toujours dans un état relatif … Après m’être assuré que c’était le bon bus, nous montons à bord au milieu d’une vingtaine de locaux, assez étonné de notre présence.

La piste que nous empruntons alors est plus ou moins correct mais l’effet des bosses et des trous est décuplé par l’absence totale d’amortisseurs et de rembourrage dans les sièges. Néanmoins, nous avançons tranquillement dans un décor de rêve, en longeant une rivière qui coule quelques dizaines de mètres plus bas. Nous nous enfonçons de plus en plus dans le canyon et nous croisons quelques hameaux isolés, avec toujours ce système de culture en terrasse, utilisé depuis des siècles maintenant. Le ciel est d’un bleu pur et la chaleur est de plus en plus forte, bref une sorte de paradis minéral. En chemin, nous déposons des gens et en reprenons d’autres et après avoir traversé un plus gros village, je me lève afin de demander au chauffeur de nous arrêter directement au terme, contrairement à notre idée première. En effet, nous souhaitions à la base les dépasser et nous arrêter au village d’Alca, terminal du bus. Nous aurions eu alors une demi-heure de marche à parcourir mais c’était sans compter un oubli capital: nos chapeaux sont restés dans la chambre et vu la configuration des lieux et les conditions climatiques, pas question de risquer une insolation !

Au bout de quarante-cinq minutes (oui oui, pour une quinzaine de kilomètres au final !), nous arrivons à destination. Le bus nous dépose alors au bord de la rivière qu’enjambe un pont de singe et qui permet d’arriver aux termes à proprement parler.

Nous nous présentons alors à l’entrée mais nous ne comprenons pas tellement ce que l’employé nous explique. Tout au plus, je comprends qu’il y a trois piscines et qu’en fonction de celles qu’on choisit, on payera un prix différent. Ne sachant pas à quoi ça correspond et devant notre air un peu perplexe, il appelle un de ces collègues qui nous emmènent les voir. En réalité, ce sont trois bassins qui se suivent, le plus éloigné (et celui ou nous nous rendons) étant le plus « froid » avec une eau à 33°C ! Je comprends finalement que si nous choisissons de tous les prendre, nous devrons payer … six soles par personne (soit moins de deux euros) pour un accès complet jusqu’à la fermeture à 22h ! Soit, allons y pour les trois bassins ! A chacun d’entre eux, il y a des casiers pour nos affaires, quelques vestiaires et quelques douches (obligatoire avant de rentrer dans les bassins). Le premier est couvert et il n’y a dedans qu’une petite famille et un homme seul, ce qui nous laisse de la place pour faire la planche. Nous passons ensuite dans le deuxième, en extérieur celui-là et la température monte encore d’un cran. Heureusement, une toile recouvre les trois-quarts de l’eau, nous abritant de coups de soleil certains ! Le dernier est celui le plus utilisé (comprenez par la que nous sommes une grosse dizaine dedans) et pour celui-ci, l’eau atteint une température de 40 degrés. Ici, la protection du toit ne couvre qu’un petit quart du bassin ou se réfugie tout le monde et petite particularité: le sol est en galets et graviers. Finalement, après une heure trente de pataugeoire, nous décidons d’aller nous rhabiller avec l’objectif d’attraper le bus de 12h15 (partant donc d’Alca à 12h) qui nous ramènera à Cotahuasi. Objectif atteint une grosse vingtaine de minutes plus tard quand le même chauffeur qu’à l’aller nous charge à bord de son bus brinquebalant et cette fois-ci, j’essaye de prendre des photos des lieux. Pas facile dans ces circonstances (on roule et ça saute dans tous les sens) ! Quarante-cinq minutes plus tard et trois soles (par personne), nous revoilà sur la place. Nous nous rendons directement à la comida Chocita pour un énième délicieux repas avant la sieste rituelle (en ces lieux !).

Attention, gros coup de gueule concernant le respect de l’environnement ici au Pérou ! Par deux fois aujourd’hui (et déjà les jours avant mais là c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase), nous avons assisté à des comportements terriblement choquant: en premier lieu, un homme d’une septantaine d’année s’est levé dans le bus afin de jeter des déchets plastiques par la fenêtre ! Si un homme de cet âge là montre un tel exemple à des enfants, ça ne risque pas de changer (ce n’est pas la première fois que nous assistons à ce type de comportement mais venant d’un homme âgé …) ! Le deuxième exemple aujourd’hui (!) est encore plus dégueulasse: alors que les termes sont d’une propreté sans reproche, nous avons pu voir alors que nous attendions le bus, un employé sortir par derrière afin d’aller vider sa poubelle … le long de la rivière sur l’emplacement d’un énorme tas de déchets ! Nous sommes totalement ouvert à toutes les cultures, même si parfois certains comportements peuvent choquer, nous goûtons de tout (même si certains aliments peuvent être contre-nature à première vue) mais je resterai intransigeant: polluer de manière aussi flagrante et aussi violente n’apportera jamais rien de bon à qui que ce soit ! Quel dommage que des gens prônant tant le culte de la Pachamama (la Terre-Mère !) souillent ainsi les lieux dont ils sont dépositaires ! C’est d’une ironie et d’une hypocrisie des plus totales ! Fin du coup de gueule, j’espère qu’à terme on essayera d’éduquer la population contre ce genre d’agissements …

En attendant, demain c’est lever à 4h du matin afin d’aller randonner (enfin !) dans le canyon !

Et effectivement, le réveil sonne à cette heure matinale ! Une petite trentaine de minutes plus tard, nous voilà prêt à nous mettre en route vers le petit terminal de bus du village. Nous sommes un peu en avance mais nous sommes loin d’être seuls ! En effet, une grosse cinquantaine de personnes (peut-être même un peu plus) attendent déjà. Je me renseigne sur l’arrivée exacte du bus et on me confirme qu’il sera là à 5h. A l’heure pile, un gros minibus arrive … si tout le monde doit rentrer dans celui-là, il va y avoir un problème ! Alors que nous étions déjà engagé dans une lutte pour monter à bord (je n’exagère rien, c’est une véritable lutte pour tout le monde: j’ai même vu un homme écrasé une vieille femme et un enfant contre les parois du bus pour passer devant eux !), je demande à mon voisin si c’est bien le bus pour Pampamarca … Hé ben en fait, non ! D’autres ont entendus ma question et me le confirme, nous nous extrayons donc de la foule. Rebelote avec un deuxième minibus, ça ne sera que le troisième qui sera le bon. Encore une fois, les gens en arrivent presqu’aux mains pour rentrer les premiers mais finalement, presque tout le monde a malgré tout une place assise. Nous voilà parti pour deux heures de route (et six soles par personne) à travers un décor qui ne cesse de devenir de plus en plus beau ! Nous nous enfonçons de plus en plus au milieu de parois de plus en plus haute, justifiant à chaque mètre parcouru sa réputation de canyon le plus profond du monde ! Jugez plutôt: l’altitude minimum dans le canyon tourne dans les environs des 2400 mètres au niveau de la rivière tandis que le plus haut sommet est lui à …6425 mètres ! Soit près de 4000 mètres de profondeur ! Evidemment, ça ne se voit pas sur toutes les parois, celle nous entourant ne montant « qu’à » 4000 mètres quand nous sommes nous sept à huit cent mètres plus bas mais c’est déjà très impressionnant ! Je m’étais arrangé avec le chauffeur pour qu’il nous arrête à l’entrée du sentier menant à notre objectif du jour: « El Bosque de Piedras Huito » et qui démarre quelques centaines de mètres avant le terminal.

Un panneau indique la direction que nous devons suivre ainsi que la distance totale: seulement trois kilomètres mais pour un dénivelé positif assez important: près de 700 mètres tout de même ! Nous voilà donc parti sur le seul sentier qui après avoir démarré par une très courte montée se prolonge sur une espèce de faux-plat. Notre objectif est déjà en vue, nous pouvons voir ces pierres aux formes torturées loin au dessus de nos têtes.

Néanmoins, le sentier a l’air de d’abord nous éloigné de ce « bosquet » mais j’imagine que nous allons monter en lacet, je ne m’inquiète donc pas. Nous marchons ainsi pendant presque deux heures montant progressivement. Depuis un bon moment, je me dis qu’il y a un problème (il ne devait y avoir que trois kilomètres alors ok, on ne courre pas mais quand même … on est encore assez loin de notre objectif !) mais la propriétaire de notre logement nous avait parlé d’un signal à ne pas suivre car il induisait les touristes en erreur … Serait-il possible qu’elle parlait du tout premier sur la route principale ??? Force est de constater que oui car malheureusement, nous devons nous rendre à l’évidence. D’après elle, le « mauvais » sentier amène malgré tout à terme mais sur une beaucoup plus longue distance et malheureusement, le seul et unique bus retour passe à 12h ! Nous pourrions continuer à grimper pour le plaisir tout en sachant que nous n’arriverons jamais au bosquet mais je dois avouer que je n’en vois pas du tout l’utilité … C’est donc la mort dans l’âme qu’après plus de deux heures d’effort, nous faisons demi-tour. J’aperçois au loin un sentier qui monte beaucoup plus fort mais en « ligne droite » vers le bosquet. Par contre, son point de départ a l’air beaucoup plus loin que le panneau indicatif … J’irai voir en arrivant ce qu’il en est ! Heureusement, les paysages sont toujours aussi splendide …

En attendant, nous voilà à rebrousser chemin … Nous recroisons les quatre vaches croisées à l’aller qui ont toujours l’air aussi inquiètes de notre présence (à l’aller, j’ai eu peur car il y en a deux qui ont « sauté » dans le ravin pour nous éviter … heureusement, elles n’ont fait qu’un gros détour pour resurgir derrière nous !). Il ne nous faudra qu’une grosse heure pour revenir à la route principale et nous avons près de deux heures à tuer avant le passage du bus … Je suis passablement énervé par la situation ! Comment est-ce possible de mettre un panneau indiquant un mauvais chemin ??? Au bout d’une heure, nous décidons de redescendre au village par la courte route y amenant en lacet. Je peux à ce moment-là constater qu’il n’y a aucun autre sentier démarrant dans les environs … rien de visible du moins ! Arrivé au bus, l’épouse du chauffeur nous reconnait (normal, il n’y a aucun autre gringos dans le canyon apparemment … du moins nous n’en aurons croisé aucun en trois jours) et nous demande si c’était beau. Je lui réponds que nous n’avons rien vu et devant son incompréhension, je lui montre jusqu’ou nous sommes montés. Sur ce, elle me répond que ce n’est pas du tout le bon sentier et que le bon démarre beaucoup plus loin !!! Hé ben, c’est cool de ta part et de celle de ton mari de nous avoir directement induit en erreur sans même chercher à nous mettre sur la bonne voie … Une journée de perdue à cause de ta « bêtise » !!! Je suis à ce moment-là très énervé par la situation: ces gens ne veulent pas du tourisme, ok … mais quand même, c’est quoi le but de l’office du tourisme de mal aiguillé les rares personnes qui viennent se perdre ici, si ce n’est les dégouter ?

Heureusement, il y a quand même une chose qui sauve la journée: la route du retour qui est juste magnifique ! Je me place du côté droit du bus afin de pouvoir filmer ces décors incroyable, digne des plus grands westerns ! Aucune photo ne peut vraiment réussir à retranscrire des lieux aussi splendide, je ferai donc un petit montage vidéo afin de rendre compte des lieux (à voir sur youtube à cette adresse: https://www.youtube.com/watch?v=4HXsE4fLVoU – Vidéo à mettre en 1080p avec du son, ne fonctionne malheureusement pas en Allemagne et sur les téléphones mobiles). En chemin, un petit incident viendra ajouter une touche d’authenticité: nous allons crever un pneu ! Sans même s’émouvoir, le chauffeur et sa femme sorte très vite accompagné par quelques hommes. Ils sortent un pneu du coffre, un cric et des clés. La femme (!) entreprend de défaire les boulons pendant que le mari cherche à placer le cric. Malheureusement, nous sommes arrêtés en descente et il faut surélever le cric … Les hommes présents partent donc tous à la recherche des plus grosses pierres plates qu’ils pourront trouver. Quinze minutes plus tard, la roue est changée et nous pouvons repartir.

Il est passé 14h lorsque nous sommes de retour à Cotahuasi avec un goût amer … Cela fait trois jours que nous sommes ici et la seule chose accomplie est une visite aux termes de Luicho la faute a de très mauvaises indications … Je dois avouer que je commence à en avoir assez de tout cela … Les paysages sont effectivement magnifiques mais pour la première fois depuis notre arrivée en Amérique du Sud (incluant nos précédents voyages), nous ne sentons pas les bienvenues: aussi bien par les informations erronées données par tous que par le comportement d’une moitié (à peu près) de la population: aujourd’hui, une dame a refusé de s’asseoir à côté de nous alors qu’il ne restait qu’une place de disponible dans le bus. L’avant-veille, un homme avait refusé de nous renseigner sur la laguna (alors que même les enfants de six ans à qui j’ai demandé connaissaient le lieu). Souvent, nous surprenons des rires sur notre passage … Attention, je ne fais pas une généralité ! Pedro, le « concierge » de notre hostel est une des plus gentilles personnes que nous ayons rencontrée depuis longtemps, de même que pas mal de gens croisés ici et là qui parfois n’échangent avec nous qu’un sourire. Malheureusement, c’est loin d’être une majorité et ça peut être dérangeant … Un autre exemple: je me suis vu refusé un billet de dix soles sous prétexte qu’il était déchiré sur quelques millimètres … J’ai été obligé de redéposer mes achats car tout ce qu’il me restait était un billet de cent … sur lequel on ne savait évidemment pas me rendre ma monnaie ! Soit, j’espère vraiment que notre dernière journée sera un peu plus couronnée de succès, d’autant que celle en cours se terminera sur une autre mauvaise note: notre restaurant habituel est fermé exceptionnellement et nous sommes obligés de nous rabattre sur un restaurant « bas de gamme » ouvert un samedi soir … Heureusement, je peux compter sur la gentillesse de Pedro pour me changer mon billet de cent car nous n’aurions jamais pu monter dans le bus le lendemain sans cela !

Il est donc 5h40 quand j’ouvre les yeux ce dimanche. Le bus devant nous amener à notre dernière excursion dans le canyon ne démarre qu’à 6h30, c’est donc grasse mat’ aujourd’hui ! Quand nous arrivons au terminal, celui-ci est ouvert (contrairement à la veille) et après renseignement, nous devons aller acheter notre ticket directement à un guichet. Pour quatre soles par personne, nous nous retrouvons munis d’un billet avec une place assignée. Notre bus étant déjà là, nous montons déjà à bord pour constater que la préposée ne nous a pas placé l’un à côté de l’autre (nous n’aurions pas pu nous en douter, nous avons eu les sièges huit et neuf). Je laisse à mon épouse le siège individuel et je me prépare au pire: les places sont très serrées et pour un peu que je tombe à côté d’un balèze de la région, le trajet risque d’être long ! Heureusement, quelques minutes avant le départ, un jeune homme arrive et entreprend immédiatement de me parler. Je suis de plus en plus à l’aise en espagnol et j’arrive à échanger quelques phrases avec lui avant qu’il ne mette ses écouteurs dans ses oreilles, non sans m’assurer qu’il me préviendra lorsque nous arriverons à la cataracte de Sipia, objectif du jour et point principal du « tourisme » régional. Deux autres personnes sont elles aussi enchantées de voir des « gringos » et m’assurent qu’elles aussi me préviendront. Soit, nous ne devrions pas nous tromper. Ils tiennent aussi à me dire que le village de Quechualla est magnifique mais malheureusement, ça sera pour une autre fois ! Il n’y a (de nouveau) qu’un seul bus par jour dans les deux sens et comme nous descendrons avant le village, il nous sera impossible aujourd’hui d’y aller.

Un peu avant l’arrivée, mon voisin m’explique brièvement que le sentier que nous allons prendre monte et descend un peu mais qu’il ne faut qu’une vingtaine de minutes pour le parcourir (ce qui corrobore – pour une fois !- les indications de l’office du tourisme). Le chauffeur qui était lui aussi prévenu de notre destination manque de ne pas s’arrêter mais nous sommes plusieurs à gueuler en cœur pour qu’il nous dépose mon épouse et moi. Je remercie tout le monde avant de descendre et je me prend alors une belle claque dans le visage ! Nous sommes ici au fond du canyon, le long de la rivière Cotahuasi (ils se sont pas trop foulés avec les noms ici !) et le décor est tout simplement … splendide ! Les parois ne sont pas spécialement hautes mais ajoutent une touche de « cow-boys et d’indiens » a un décor rappelant les meilleures aventures de Lucky Luke !

Pour une fois, un sentier clair est dessiné qui longe la rivière. Au loin, nous pouvons voir que nous allons croiser nos premiers touristes (qui se révèleront être des péruviens) et qui ont choisis l’option 4×4 individuel. Option que je conseillerai à toute personne venant en ces lieux afin de ne pas être dépendant comme nous des horaires absolument incompatible avec des visites en tant que touriste (normal, ces navettes sont prévues pour un côté pratique pour les locaux, pas du tout pour nous autres étrangers de passage). Nous avançons donc le long de la rivière et plus nous progressons, plus les paysages se révèlent fabuleux !

Il nous faut finalement près de quarante minutes pour arriver à l’entrée de la cataracte (normal, nous nous arrêtons en permanence afin de prendre des photos et des vidéos) décomposée en deux « sauts » pour une hauteur totale de 150 mètres d’après le panneau affiché ici. En réalité, nous ne verrons que le premier qui doit descendre d’une grosse vingtaine de mètre, la deuxième chute n’étant absolument pas visible depuis notre position. En attendant, ça ne gâche pas le plaisir car deux « sentiers » permettent d’avoir deux points de vues différents: un depuis le bord de la chute, le deuxième plus loin mais en face afin d’offrir une vue d’ensemble des lieux !

Les touristes étant partis depuis longtemps (nous les avons croisés sur le trajet), nous sommes absolument seuls pour profiter de ces lieux incroyables et ce pendant plus d’une heure ! Je dois avouer que le côté « anti-touriste » a aussi ses avantages: nous ne risquons pas de croiser ici un groupe ou même beaucoup de monde !

Une grosse heure avant le passage du bus, nous décidons de retourner à l’arrêt afin d’être sur de ne pas le rater. Nous devrons attendre bien évidemment mais bien nous en a pris car ce dernier passe avec dix minutes d’avance sur l’horaire établi. Il est bien évident que le chauffeur n’aurait pas attendu notre arrivée si nous n’avions pas été là, prudence donc ! Comme nous montons sur le chemin, les places assises sont bien évidemment toutes prises et nous devrons parcourir la quasi-totalité du trajet debout (quelques rares places s’étant libérées un peu avant notre arrivée) au milieu d’une odeur assez désagréable … Soyons honnête, dans ces petits villages, l’hygiène n’est pas toujours une priorité et ça se ressent d’autant plus dans des lieux clos comme celui-ci. Finalement, il est 11h quand nous sommes de retour au terminal de Cotahuasi.

Nous réintégrons notre chambre (je me suis arrangé pour la garder jusque 18h, une heure avant le départ de notre bus pour Arequipa) avant de ressortir manger un excellent menu à notre cantine préférée: le dimanche, c’est jour de fête et les menus sont encore plus élaborés. Pour nous, ça sera un trio de plat axé sur le thème de la mer ainsi que deux plats à emporter pour le soir. En effet, après renseignement, il s’avère que ce restaurant est fermé le dimanche soir ! Nous irons ensuite nous reposer et préparer nos sacs avant de nous faire virer de notre chambre à 15h30 par la femme de ménage. Je demande à Pedro ce qu’il en est et il est bien embêté: sa patronne (que nous n’aurons vu qu’une fois dix minutes et avec qui nous n’aurons pas plus accroché que cela) a donné des consignes sous prétexte que des gens vont arriver pour cette chambre là. Je négocie une demi-heure de rab afin de prendre une douche et de faire nos sacs et nous attendrons l’heure de nous rendre au terminal sans jamais voir qui que ce soit ! Après avoir mangé notre plat acheté ce midi, Pedro nous appelle un taxi qui nous emmène au terminal.

Ici à Cotahuasi, on ne s’encombre pas des mêmes règles de sécurité: pas d’enregistrement des bagages, pas de prise d’empreinte, pas de film de nos têtes. Le trajet se déroulera sans souci majeur et sera beaucoup plus rapide qu’à l’aller: nous avons démarré à 19h pile pour arriver à 3h15 à Arequipa soit 8h15 de trajet au lieu des presque dix de l’aller. En chemin, nous ferons une pause-pipi à très haute altitude, dans la neige ! Arrivé au terminal, nous prendrons un taxi qui nous ramènera à la même posada qu’avant notre départ, ou l’un des deux gérants nous attend avec notre chambre toute prête ! Quel bonheur de pouvoir enfin se reposer convenablement !

En conclusion, le canyon est un endroit franchement magnifique et ayant un immense potentiel dont nous n’avons fait qu’aborder les quelques gros points « touristiques ». Malheureusement, je pense que si l’on veut le faire en indépendant sans véhicule, il faut prévoir une semaine voire dix jours pour avoir la possibilité d’utiliser les navettes avec leurs horaires particuliers et pour pouvoir randonner à son aise. Pour moi, la meilleure solution est d’avoir son propre 4×4 ou alors de passer par une des agences à Arequipa (ou même sur place à Cotahuasi) qui vous emmènera visiter tous ces lieux. Le deuxième point un peu rédhibitoire est l’attitude d’une partie (j’insiste sur le mot partie) de la population, pas dans les plus sympas rencontrés dans ce pays ni même dans ce merveilleux continent … Si vous cherchez la facilité d’accès, optez plutôt pour le canyon de Colca, nettement mieux desservi. Si vous cherchez de l’authenticité, foncez sur Cotahuasi mais soyez bien conscient des difficultés que vous risquez de rencontrer …

Maintenant, nous sommes de retour pour deux jours à Arequipa afin de soigner définitivement la dent de mon épouse ! Ensuite, dans deux jours c’est direction le plus haut lac navigable du monde au nom amusant: le lac Titicaca !

Vous pouvez lire ce récit et bien d’autres agrémentés de leurs photos sur http://aetaenvoyage.wordpress.com :slight_smile:

Bonjour,

Pour votre information, au Pérou:

  • il est de tradition de déposer un foetus d’animal (lama, chat,…) dans les fondations d’une maison: cela porte bonheur.

  • il est de tradition, durant le mois d’octobre de s’habiller en violet en l’honneur du “seigneur des miracles” (qui semble être fêté partout dans le monde).

Bonne journée

Tout est dans le titre, ça éclaire nos lanternes !

Deux jours se sont écoulés à Arequipa sans que nous ayons vraiment grand chose à faire qu’attendre le rendez-vous pris pour mon épouse. Le trajet du retour de Cotahuasi a été fatiguant et nous en profitons pour nous remettre convenablement sur pied, pour donner de (très) longues nouvelles aux proches et pour mettre en ligne photos, vidéo et récit en ligne sur Cotahuasi. C’est donc une première journée « off » à Arequipa.

La deuxième sera à peu près du même acabit ! Si ce n’est qu’après un nouveau skype, nous nous rendons dans une boulangerie « française » tenue par une ONG (Rayo del Sol, sur la Calle Bolivar, près de la caserne des pompiers) s’occupant d’enfants péruviens. Nous avions rencontré la veille le responsable et une de ses vendeuses bénévoles (tous français) durant notre repas du midi. Ils vendaient des viennoiseries dans la rue et étaient rentrés dans le petit restaurant ou nous étions. Etant donné que nous venions de commander à manger, nous leur avons promis de passer le lendemain à leur local leur servant de lieu de vente afin de prendre un petit-déjeuner bien de chez nous ! Chose promise, chose due, il est presque dix heures quand nous arrivons chez eux et que pour trois fois rien, nous dégustons de très bons produits (pain au chocolat, tortillon et surtout d’excellent croissant au caramel !). Le responsable n’est pas des plus agréables (nous nous sentons terriblement jugé de ne pas faire de bénévolat !) mais la vendeuse présente est elle beaucoup plus avenante et nous échangeons avec elle quelques minutes. Ensuite, l’estomac bien rempli, il est temps pour nous de nous en aller.

Pour ne pas ne rien faire aujourd’hui, nous décidons de nous rendre au mirador de Yanahuara, situé à une petite dizaine de minutes en taxi de notre position. Je hèle un premier taxi mais il refuse de négocier, je l’envoie donc balader et monte dans le deuxième qui ne fait pas de difficulté. Pour quatre soles, il nous véhicule jusque sur une petite place d’ou nous pouvons voir les trois volcans qui entourent la ville … du moins en partie ! Le Misti est le plus dégagé car l’Ampato (celui ou on a retrouvé Juanita, la petite momie du musée) et le troisième larron (dont le nom m’échappe …) sont eux quasi entièrement recouvert de nuages … En fait, le point de vue n’a rien de vraiment exceptionnel, celui depuis le toit de notre logement étant nettement plus dégagé (pas de fil électrique ni d’horrible pont en béton pour gâcher le paysage !). Nous restons donc en tout et pour tout quinze minutes avant de décider de reprendre un taxi pour rentrer à notre hostel. Un peu plus cher cette fois (six soles) car pour rejoindre notre destination, il est obligé de faire un immense détour à cause de toutes les rues en sens unique !

Durant l’après-midi, nous retournerons pour la dernière fois au cabinet dentaire afin de régler – nous l’espérons – ce problème une fois pour toute ! Mission accomplie à première vue, mon épouse ne sentant (enfin !) plus rien ! Ensuite, après un dernier repas à Arequipa, nous préparons nos sacs et nous couchons de bonne heure car notre bus démarre tôt le lendemain.

A 4h30, je suis levé et part m’apprêter sans trainer. Je réveille ensuite mon épouse et nous finissons de nous préparer pour descendre à 5h15 dans le hall de l’hostal. Le gérant de nuit nous demande si nous voulons un taxi et je lui dis que normalement, son collègue a du déjà en réserver un. Il est bien embêté, il vient de le renvoyer pensant à une erreur ! La communication n’est pas leur fort ici même si ils sont bien gentils … Nous devons donc attendre une dizaine de minutes avant de voir arriver un nouveau chauffeur qui nous conduit en un gros quart d’heure au terminal terrestre. Nous avions la veille été cherché les horaires de bus à l’office du tourisme et la compagnie qui a les départs les plus fréquents, c’est Julsa. Départ programmé toutes les heures piles, nous comptons donc prendre celui de 6h. Nous trouvons facilement le guichet de la compagnie et la femme nous propose soit des places en seconde classe à 20 soles l’unité mais tout dans le fond du bus soit à 30 en première classe, tout à l’avant. Après l’expérience sautillante et très désagréable du retour de Cotahuasi, nous n’hésitons pas une seconde, ça sera la première !!!

Pour la première fois, le bus aura un peu de retard et il est finalement presque 6h30 quand nous démarrons enfin. Le bus ressemble étrangement à ceux de Cruz del Sur – la meilleure compagnie du pays – sauf qu’en y regardant de plus près, tout est à peu près déglingué: les sièges sont en position semi-couchettes sans pouvoir les remonter, le baffle au-dessus de mon oreille bourdonne durant tout le temps ou le chauffeur tentera de mettre un film – ce qu’il n’arrivera jamais à faire et donc il abandonnera -, l’odeur dans la cabine est franchement dégueulasse et ne parlons pas des toilettes dans un état épouvantable de saleté … Bref, ça vaut le prix qu’on a payé et pas un cent de plus ! Ajoutez à cela, du personnel pas franchement agréable et des passagers en mode: « je fais du bruit pour le plaisir » et vous aurez vite un trajet de 6h30 franchement long … D’autant plus que nous passerons notre temps à faire des arrêts pour embarquer et débarquer des passagers ce qui rallongera encore le trajet. Il est donc passé 13h quand nous récupérons enfin nos sacs et que nous partons à la recherche d’un taxi devant nous amener à l’hostel ou j’ai réservé pour une nuit.

Situé dans le centre-ville de Puno, nous avons donc le loisir de constater que la ville n’a rien d’extraordinaire si ce n’est d’être situé sur la berge d’un des lacs les plus célèbres du monde: le lac Titicaca qui est aussi le lac navigable le plus haut du monde à 3800 mètres d’altitude. Effectivement, nous ressentons à nouveau les effets des hauteurs: la respiration est plus courte et un léger mal de tête (accentué par la faim) apparaît. Rien de bien grave, nous avons lu et entendu des cas beaucoup plus grave obligeant même parfois à redescendre au plus vite pour éviter de sérieuses complications. Dans quelques jours, nous n’en parlerons plus ! Après avoir pris rapidement possession de notre chambre, nous ressortons illico afin d’aller manger dans un chifa (restaurant asiatique ici en Amérique du Sud) conseillé par notre guide du routard et qui a changé de nom entretemps.

Ensuite, nous nous mettons en quête des trois agences conseillées (toujours par notre guide) située dans le secteur afin de préparer notre excursion des deux prochains jours. Notre choix se portera finalement sur Cusi Expeditions qui propose un tarif honnête à 90 soles par personne pour deux jours et une nuit sur les îles (Uros, Amantani et Taquile) et incluant tous les repas sauf le dernier lunch. La proposition est en fait la même dans toutes les agences et seul le prix est différent. Par exemple, chez All Ways Travel, la femme que nous avons eu le propose au même prix mais sans les repas ! Il faudrait donc rajouter 40 soles pour avoir la même prestation. Notre choix s’est porté sur eux car l’employée a été la plus sympa et avait tout un tas de photo pour illustrer ces propos. Nous irons vite aussi déjà prendre nos billets de bus (20 soles par personne) pour la Bolivie – avec la compagnie Titicaca Bolivia – pour dans trois jours car contrairement à ce que j’espérais, nous ne pourrons pas partir le jour de notre retour à Puno. Nous devrons donc passer une nuit supplémentaire ici, ce qui ne m’enchante guère … tant pis, c’est comme ça !

Nous retournons ensuite à notre hostel afin de déjà bloquer la nuit en plus quand une averse de pluie et de neige fondante s’abat sur la ville, nous bloquant pour le reste de l’après-midi dans notre chambre. Ca va même aller en s’empirant, un orage éclatant et les pluies redoublant jusqu’à inonder complètement les rues sous plusieurs centimètres d’eau. On espère que le temps s’améliorera pour le lendemain …

Et notre souhait est exaucé ! Lorsque nous nous réveillons, le ciel est complètement lavé des nuages de la veille et le soleil brille dans un grand ciel bleu. Après un habituel petit-déjeuner sommaire à notre hostal, il est 7h40 quand nous attendons dans le hall notre lift. L’hostel va garder notre gros sac à dos en sécurité, nous ne sommes donc chargé que de nos petits sacs remplis d’affaire pour une seule nuit. Cinq minutes plus tard, une femme se présente et prononce un nom que nous ne comprenons qu’au bout de plusieurs tentatives – elle ne s’adressait pas à nous mais à la réceptionniste – celui de mon épouse, assez compliqué pour des hispaniques. Elle nous emmène alors dehors ou attend une camionnette d’une petite quinzaine de places déjà occupées par cinq personnes. Ce sont quatre hollandais et une belge (d’une soixantaine d’années sauf un jeune) qui voyage ensemble dans le cadre d’un voyage organisé de 70 jours. Ils engagent directement la conversation en français et dès le premier abord, ils ont l’air bien sympathique. Nous circulons dans la ville jusqu’à arriver devant un autre hostal ou nous chargeons un couple de péruviens avant de nous rendre enfin au port.

Dès notre descente de la camionnette, des vendeurs nous tombent dessus avec tout l’attirail de marqueurs, bonbons, … pour offrir à la famille chez qui nous allons nous rendre. Mon épouse et moi détestons ces pratiques et nous nous mettons sur le côté mais les autres se jettent dessus et achètent ce qu’on leur proposent. En attendant, un homme qui s’est présenté à nous comme notre guide nous fait déjà embarqué à bord d’un bateau relativement confortable (comprenez par là qu’il y a de vraies banquettes) avec un toit accessible pour ceux qui voudraient prendre l’air. Le bateau se remplit lentement et lorsqu’une quinzaine de personnes sont à bord (d’autres personnes que nous n’avions pas encore vu se sont joint à nous), nous nous mettons en route.

Notre guide s’empare alors d’un micro et se présente: il s’appelle Hernan et parle un excellent anglais ponctué en permanence par des « my friends » dans chaque phrase, ça fait plus de quinze ans qu’il exerce sa profession et dès le début, il conquit tout son groupe. Il nous explique alors notre programme, légèrement différent que celui convenu avec l’agence: nous allons d’abord nous rendre sur une des îles Uros – une île flottante en roseau – avant de partir sur la grande île d’Amantani ou nous passerons l’après-midi et la nuit avant de partir le lendemain pour l’autre grande île du lac, celle de Taquile ou nous passerons une partie de la matinée. La ou le programme diffère, c’est qu’afin d’éviter de devoir manger à 10h30 sur Taquile, nous irons visiter la deuxième île flottante comprise dans notre programme à ce moment là (plutôt qu’à la suite de la première) afin de manger à une heure plus décente. Il nous demande si nous sommes d’accord avec ça et comme personne ne proteste, nous voilà parti.

Le bateau s’engage alors dans une sorte de canal bordé de grande quantité de roseaux, présent en nombre dans ce coin ci du lac. Le guide nous a annoncé que nous en avions pour une heure de bateau que nous allons devoir passer en grande partie à l’intérieur car la réglementation péruvienne interdit théoriquement l’accès au toit. Dans les faits, au bout d’une demi-heure, on nous annonce que nous sommes assez loin du port pour faire comme bon nous semble. Dans un premier temps, le paysage est joli mais un peu banal. Une vingtaine de minutes avant d’arriver, nous pouvons commencer à apercevoir deux petites taches sur l’eau, non loin de grandes quantités de roseaux. Quand nous nous rapprochons, nous pouvons constater qu’il s’agît bien de deux de ces fameuses îles flottantes de la communauté Uros.

Il existe à peu près 80 îlots de ce genre, entièrement fabriqué en roseau: le sol et les « bâtiments ». Sur chacun de ces îlots vivent quelques familles qui dépendent à peu près entièrement maintenant du tourisme.

Nous sommes donc accueillis par de grands sourires par quelques femmes qui nous amènent sur des sortes de banc (en roseau of course) disposé en arc de cercle. Etrange sensation que de marcher ainsi sur cette énorme couche de roseau dans laquelle on s’enfonce un peu ! Notre guide – assisté cette fois par un homme de l’île – se met alors en quête de nous expliquer leur mode de vie, la manière dont ils construisent leurs îlots (à l’aide d’une maquette pas trop mal foutue qu’il assemble au fur et à mesure) et sur le lac Titicaca en général.

Il nous fournit alors toute une série de chiffre assez impressionnant: le lac est grand comme plus d’un quart de la Belgique (165 km de long sur 60 de large), contient plus de 900 millions de mètres cube d’une eau qui tourne entre 8 et 12 degrés selon la saison, est partagé à hauteur de 55% pour le Pérou et 45% pour la Bolivie, 16 îles se trouvent sur le lac et sept rivières alimentent le lac pour une seule qui en ressort (la « faute » à une intense évaporation de l’eau, près de 93% de la quantité totale). Il détient aussi le record de plus haut lac navigable au monde avec ses 3810 mètres d’altitude . Bref, ce n’est pas un lac « normal » sur lequel nous nous trouvons ! Nous apprenons aussi qu’en quechua le mot Titicaca signifie « tête de puma » mais qu’en vieil espagnol il signifie « chat gris ».

Après plus d’une demi-heure d’explication seulement entrecoupée par l’arrivée d’un autre bateau et de son groupe partit s’installer de l’autre côté de l’îlot (c’est à dire à une grosse vingtaine de mètres, l’îlot devant mesurer une trentaine de mètres de diamètre), nous sommes « libres » pendant une trentaine de minutes d’aller voir l’artisanat proposé par les habitants. Il y a effectivement de très belles choses (du moins aux yeux de mon épouse, l’artisanat étant clairement dirigé vers les femmes) mais à des prix tout simplement prohibitif. Mon épouse craque devant un très beau collier mais face au prix exigé fait machine arrière. Elle tente bien pour le principe de négocier mais la vendeuse reste inflexible. Tant pis, nous nous ramènerons comme souvenir un nouveau (et beau) cachet dans notre passeport (pour deux soles par personne). Ensuite, nous sommes invités à aller faire un tour sur une barque en roseau (pour dix soles par personne).

Nous sommes les seuls du groupe à décliner car on nous avait prévenu de l’arnaque et effectivement leur « tour » durera en tout et pour tout dix minutes durant lesquelles, ils ne s’écarteront pas à plus de cinquante mètres de nous, le tout à une vitesse de tortue. Durant leur « balade », la vendeuse revient voir mon épouse et dit que c’est d’accord pour le collier. Je ne sais pas ce qui l’a décidé mais ça fait au moins les affaires de mon épouse !

Finalement, lorsque tout le monde est là, nous réembarquons sur notre bateau. Nous obtenons confirmation de notre compatriote (c’est d’ailleurs la première que nous rencontrons en presque sept semaines de voyage !) que le tour était inutile et nous voilà reparti. En gros, on nous avait prévenu que cette partie de la visite était un véritable sketch, la faute à l’utilité vitale pour ces gens là du tourisme. Nous n’avons pas eu droit au chant à notre arrivée (dieu merci, je déteste cela !) ce qui fait que nous avons moins ressenti ce côté spectacle même si bien évidemment, nous ne sommes pas dupes. Tout n’est que business mais nous avons quand même eu droit à de bonnes explications sur leur mode de vie (il ne faut pas oublier que cette communauté existe depuis des siècles !), nous ne sommes donc pas complètement déçus de ce que nous avons vu ici.

Nous voilà donc parti pour presque trois heures de navigation en direction de l’île d’Amantani ou nous allons passer le reste de la journée, accueilli dans une famille andine. Rien de spécial à raconter sur cette partie, tout le monde ou presque s’endort sur son siège tant notre bateau est lent.

Finalement, vers 13h, nous arrivons en vue d’un village et d’un quai ou accoster.

Tout un groupe de femmes en tenue traditionnelles attend là en discutant. Toute ou presque sont en train de tricoter, avec d’énormes bobines de laines, des bonnets ou des gants multicolores. On nous demande alors de nous asseoir en attendant qu’on nous attribue une famille. En effet, tout ici est basé sur le communautaire. On ne choisit donc pas l’endroit ou on veut dormir car nous sommes envoyés chez l’un ou chez l’autre sur base d’un système de tournante afin que tout le monde en profite. Il en va de même pour leurs cultures ou tout est mis en commun avant d’être redistribués selon les besoins. Chaque femme est donc appelée à son tour et on lui attribue autant de personnes en fonction de ses possibilités d’hébergement. Lorsqu’il cherche un groupe de trois (ce qui évidemment n’existe pas dans notre groupe), je propose à un homme avec qui je pense que le feeling va bien passer si il veut venir avec nous. Etant donné qu’il voyage seul, il est super ravi de la proposition et nous voilà parti à la suite de notre hôte qui continue à tricoter tout en marchant. Nous sommes donc à plus de 3800 mètres et elle avance comme si de rien n’était pendant que derrière, on souffle tous les trois alors que nous traversons un village rappelant étrangement celui des Hobbits dans le Seigneur des Anneaux. Notre logement est situé tout au bout du village et il nous faut presque vingt minutes du port pour y arriver. Mais lorsqu’enfin nous posons nos sacs, c’est avec un sourire que nous apprécions les lieux. On nous avait décrit les logements comme des « trous à rats », il n’en est absolument rien ! C’est coloré, les murs et les plafonds sont peints et la literie est d’assez bonne qualité.

De plus, nous avons une vue directe depuis notre chambre sur ce magnifique lac et sur la colline voisine que nous grimperons tout à l’heure.

Seule la toilette se trouve « éloignée » des chambres, ça risque d’être moins drôle durant la nuit si il faut s’y rendre mais soit, c’est franchement le grand luxe par rapport aux rumeurs !

Pour l’heure, nous sommes conviés à passer à table car notre hôte nous a prévu un menu typiquement andin: soupe de quinoa en entrée et patates coupées en tranche accompagnée d’un morceau de fromage légèrement fondu. Nous sommes un peu déçu car notre hôte et sa famille reste en cuisine pour y manger sans vraiment s’intéresser à nous mais ça nous laisse le temps de faire connaissance avec Luca, notre nouveau compagnon, qui vient du nord de l’Italie et qui a démissionné de son poste chez Facebook pour voyager durant un an minimum. Il n’existe pas de pause carrière en Italie mais son ancien patron l’a déjà recontacté pour lui rendre sa place lorsqu’il reviendra (il était cadre assez élevé là-bas apparemment). Etant donné qu’il parle anglais, nous pouvons tous les trois discutés sans devoir passer par les talents de traducteur de l’un ou de l’autre. Il a 36 ans et un look loin du costard-cravate qu’il doit avoir au boulot: un peu baba cool avec bracelets, collier et casquette péruvienne vissée sur la tête. Très sympa, la discussion bat son plein jusqu’à ce que nous soyons interrompus par notre hôte qui vient nous présenter ces créations … Aie, jusqu’à présent, tout était très bien mais la, le business reprend aussitôt ses droits ! Elle étale alors sur une couverture toute une litanie de mitaines-moufles, de bonnets et de vestes tricotés mains. Difficile de dire non, coincé que nous sommes dans sa minuscule salle à manger avec son regard de chien battu braqué sur nous et sa minuscule voix à peine audible … Etant donné que nous cherchions de quoi nous couvrir mon épouse et moi, nous en essayons plusieurs jusqu’à trouver ce qui nous convient. C’est là que le couperet tombe: 100 soles pour deux bonnets et deux paires de gants ! Je négocie avec elle mais elle nous certifie que c’est de l’alpaga, qu’elle va mourir de faim et au final accepte de descendre le prix à 85 soles … Ca reste beaucoup trop cher mais comment dire non maintenant ? Au moins, on aura cette pensée que cet argent va aller directement dans sa poche et dans celle de sa famille mais ça la fout mal quand même.

Pas forcément content de cette anecdote, nous partons chacun dans notre chambre afin de se reposer un peu jusqu’à l’heure du rendez-vous, fixé à 15h30 au terrain de foot du village. Vers 15h, notre hôte vient nous chercher pour nous y emmener. Elle nous présente aussi son fils avec qui nous reviendrons plus tard jusqu’à la maison et nous voilà parti dans un dédale de petits sentiers jusqu’à arriver à destination. En réalité, tous les groupes de toutes les agences se donnent rendez-vous au même endroit et nous sommes bientôt une cinquantaine à attendre sur les gradins longeant le terrain. C’est alors qu’un guide qui a amené un ballon lance un foot avec tous les courageux (dont je ne fais pas partie, je l’avoue) qui le désirent. Ils sont vite une petite vingtaine à jouer au ballon et nous en profitons mon épouse et moi pour entamer la conversation avec une jeune française assise à côté de nous. Le courant passe bien et nous échangeons sur nos projets respectifs de voyage: ils sont là, elle et son copain qui joue au foot, pour huit à neuf mois et descendent vraiment à leur aise le long du même parcours que nous. Ce n’est qu’au bout d’une petite demi-heure que son copain nous rejoint mais nous avons à peine le temps de faire connaissance que les guides rassemblent leur groupe respectif. Comme nous avons ce soir une activité commune, nous proposons de nous retrouver là-bas pour approfondir notre conversation et nous partons ensuite rejoindre Hernan, notre guide polyglotte (il parle assez bien le français, nous le découvrirons dans le bateau qui nous a amené ici) qui nous attend dans une épicerie possédant une grande table et des sièges pour tout le monde. Durant une grosse demi-heure, il nous expliquera alors le fonctionnement de cette communauté ainsi que leurs croyances: deux collines surplombent le village, Pachamama (la Terre-Mère) et Pachatata (la Terre-Père), au sommet desquels trônent quelques ruines. Les explications sont très intéressantes mais au fur et à mesure qu’ils nous les donnent, l’attention diminue chez certains.

Finalement, vers 17h, notre guide nous lâche afin de gravir la colline de notre choix (nous opterons tous pour la plus « facile », celle de la Pachatata) afin de sacrifier à la tradition qui veut qu’il faut tourner trois fois autour du « temple » dans le sens anti-horlogique afin de faire un vœu. C’est surtout pour nous l’occasion de contempler d’en haut le soleil qui ne va plus tarder à se coucher maintenant. Nous partons alors, chacun à notre rythme, en direction du sommet en espérant que les longues explications ne vont pas nous faire rater ce moment. Finalement, nous arriverons vraiment tout juste pour observer ce spectacle grandiose accompagné de Cassandre et Tom – le couple de français – et de Luca.

Quelques enfants insisteront bien pour nous vendre des bracelets mais nous refusons tous poliment et lorsque le soleil a quasi complètement disparu, nous entamons la descente jusqu’au village. Il nous aura fallu une grosse demi-heure pour arriver au sommet mais à peine vingt minutes pour être de retour au terrain de foot ou le fils de notre hôte nous attend pour nous guider dans le noir total jusqu’à la maison.

Un repas nous est servi vers 19h mais il ne restera pas dans les annales car il n’est composé que de riz et de pommes de terre. Petite consolation, tout le monde est logé à la même enseigne pour ne pas faire de jaloux ! C’est donc avec l’estomac pas franchement contenté que nous repartons vers 20h en compagnie de notre hôte afin d’assister à la « fête » organisée en notre honneur dans la salle commune. Nous y retrouvons donc tous les autres touristes qui comme nous sont revêtus soit de ponchos soit de tenues traditionnelles (uniquement pour certaines femmes) prêtées gracieusement par nos hôtes. Ce n’est pas que pour la blague que nous sommes habillés ainsi, c’est aussi nécessaire car il fait très froid sur le lac, maintenant qu’il fait noir. C’est parti ensuite pour une heure de musique (très enjouée et admirablement bien jouée par un orchestre masculin) et de chant durant laquelle, nous sommes invités à aller faire des farandoles et autres danses improvisées. L’orchestre-chorale arrive réellement à survolter tout le monde et, la bière aidant, à peu près tout le monde se prend au jeu. Les hôtes viennent nous chercher afin de réaliser quelques pas avec elles et je laisse le soin à mon épouse des relations publiques pendant que de mon côté, je filme tout ce petit monde déchainé. Durant cette courte heure, nous discuterons un peu plus avec Cassandre et Tom et décidons de se revoir le lendemain soir à Puno pour boire un verre ensemble. Nous fixons un rendez-vous et nous nous séparons peu de temps après. En effet, un violent orage ainsi que la pluie ont commencés à tomber durant la fête et c’est sous une pluie de plus en plus forte que nous arriverons à notre logement pour une nuit … arrosée !

La nuit ne fût pas des plus mauvaises et après un rapide petit-déjeuner de pancakes (!), nous nous mettons en route en direction du port ou nous avons rendez-vous à 7h30 afin d’y reprendre le bateau. Tout le monde ou presque est là à l’heure et après avoir dit au revoir à notre hôte (qui ira même jusqu’à faire la bise à mon épouse !), nous embarquons pour une heure de traversée jusqu’à l’île voisine de Taquile.

Le soleil brille à nouveau et la tempête de cette nuit a complètement disparue, nous pouvons donc profiter du beau temps à l’arrière du bateau. Mon épouse préfère elle rester à l’intérieur, j’entame donc une conversation avec un jeune couple de canadiens très sympa sur le petit pont arrière. Ca nous occupe bien le temps jusqu’à notre arrivée sur le petit débarcadère ou nous accostons.

L’île de Taquile ressemble assez fort à celle d’Amantani, cela est dû à la présence des deux côtés de ces innombrables terrasses à flan de falaises.

La grande différence réside dans le fait que le village à proprement parlé se situe ici tout au sommet de la colline ! Notre guide nous donne alors rendez-vous dans une heure sur la place du village et nous indique l’unique sentier qui y mène.

Nous voilà donc tous partis, chacun à notre rythme, vers le sommet. La balade n’a rien de bien difficile mais le souffle est court à cette altitude, il nous faut donc une grosse demi-heure pour arriver à destination. La place en elle-même n’a pas grand chose de jolie si ce n’est l’incroyable vue que nous avons sur le lac ensoleillé.

Décidemment, je ne me lasse pas du spectacle qui nous est offert par cette étendue d’eau !

A l’heure dite, Hernan nous rejoint et se lance alors dans une longue explication sur les us et coutumes de cette île, au grand dam des Hollandais qui n’en peuvent plus de l’écouter. Le moins agréable de tous n’attend même plus la fin du monologue de notre guide pour se lever et aller prendre des photos un peu partout. Ce que nous pouvons dire, c’est que contrairement aux autres guides qui rejoignent la place et qui disent deux mots à leur groupe avant de les lâcher, nous avons pour notre part droit à un vrai travail d’informations ! Finalement, après une nouvelle demi-heure, notre guide nous propose d’emprunter le chemin par lequel tous les autres groupes sont arrivés afin de rejoindre le deuxième embarcadère de l’île ou nous attend notre bateau. Gros avantage: comme ils ont tous utilisés ce chemin pour venir, nous sommes seuls au moment d’entamer la très longue descente à flan de « falaise ». Nous pourrons alors profiter pleinement des superbes panoramas offerts ici et à choisir, je suis bien content d’avoir fait cette marche dans ce sens !

Au fond, l’île d’Amantani ou nous avons passé la nuit.

Au bout d’une petite demi-heure de marche, nous arrivons en vue de notre bateau qui nous attend sagement.

Nous voilà donc parti pour notre dernière visite pour une île flottante de la communauté Uros. Il nous faudra deux bonnes heures pour la rejoindre et si ce n’est un repas pas franchement super, il n’y a rien à raconter de plus que pour la visite de la veille. C’est le seul repas qui n’était pas compris dans notre pack et il nous en coûte 20 soles par personne pour manger une truite pêchée dans le lac (sans boisson !). Franchement, c’est la visite en trop et j’aurais préféré rejoindre Puno plus tôt afin d’avoir le choix du menu et du prix plutôt que ce repas imposé. Heureusement, ça sera la seule véritable fausse note de ces deux jours qui au final, auront été réellement plus agréable qu’espéré ! J’avais effectivement très peur de l’effet tourisme de masse mais grâce à notre guide qui nous aura toujours fait arriver avant tout le monde (quinze ans d’expérience comparé aux petits jeunes qui guidaient les autres groupes, ça compte !) afin que l’on profite sereinement de chaque lieu, nous avons passé un agréable moment en compagnie d’un groupe homogène et sympathique !

Il est donc 15h quand nous rejoignons la terre ferme après une dernière traversée d’une vingtaine de minutes. Une navette nous attend tous pour nous redéposer à nos hostels respectifs et une grosse vingtaine de minutes plus tard, nous sommes de retour dans le hall d’ou nous sommes partis la veille. Nous avons cette fois une chambre double en bien meilleur état que la première chambre et après un excellent repas au restaurant ou nous avions été il y a deux jours, nous partons attendre Cassandre et Tom au rendez-vous fixé. Sauf qu’au bout d’une vingtaine de minutes d’attente dans le froid, conjugué à la fatigue, nous décidons de retourner à notre chambre et de leur envoyer un message. Surprise, Tom me répond de suite qu’ils étaient au rendez-vous ! Et en effet, honte sur moi, nous nous étions donné rendez-vous à la Plaza de Armas et nous attendions sur la place près de notre hostel … Nous laissons donc tomber pour ce soir mais comme nous devrions nous recroiser dans deux jours en Bolivie, je promets de leur offrir un verre afin de me faire pardonner de mon erreur !

C’était notre dernière journée au Pérou car demain, nous prenons le bus qui nous amènera dans le troisième pays de notre périple. Expérience un peu mitigée pour notre part dans ce pays qui se sera heureusement conclu de fort belle manière. Certes, les paysages ici sont plus grandioses mais le contact avec les péruviens aura été nettement plus pauvre qu’en Equateur. Nous ne regrettons pas d’y être venu et je suis persuadé qu’il y a encore mille choses à voir ici mais il est clair que les gens ne resterons pas dans ma tête comme les plus chaleureux. Cusco notamment ou les seules paroles auxquelles nous aurons eu droit concerne la vente de quelque chose ou le canyon de Cotahuasi et les réactions stupides d’une partie de ses habitants font que je ne garderais pas une image très positive de ces gens. Néanmoins, ici à Puno les gens sont déjà très différents, un peu comme à Arequipa et ça me réconcilie un peu avec eux. Maintenant, j’ai hâte de passer dans le pays voisin pour de nouvelles découvertes !

Comme d’habitude, vous pouvez lire ce récit et bien d’autres agrémentés de leurs photos sur http://aetaenvoyage.wordpress.com

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