En Sicile africaine, de Palerme à Agrigente
Ségeste ou le temps suspendu
Si l’on en croit Virgile, Ségeste aurait été fondée par le troyen Énée en route pour le Latium, où ses descendants auraient fondé Rome. Ségeste, au même titre qu’Erice (à côté de Trapani) et Entella (au nord de Sciacca), constituait un haut lieu politique pour les Élymes, peuple mystérieux que l’on retrouve sous la plume de Thucydide.
Ce peuple eut à croiser le fer à plusieurs reprises avec la puissante Sélinonte, son ennemie jurée. Détruite en 307 av. J.-C. par Syracuse, Ségeste, en mettant en avant ses origines troyennes, finit dans le giron romain à l’issue des guerres puniques. C’est l’une des toutes premières villes de Sicile romanisée. Les Romains la restructurent entièrement, puis, au fil des siècles, elle tombe dans l’oubli.
Aujourd’hui, Ségeste est avant tout un paysage.
Le temple (photo) est solitaire et majestueux, comme un jouet posé sur l’herbe par la main d’un géant. Il est fidèle aux canons du dorique en vigueur à l’époque (Ve s. av. J.-C.). L’absence de chambre destinée à la divinité et sa structure à ciel ouvert laissent penser qu’il est inachevé.
Le théâtre se trouve à une vingtaine de minutes à pied du temple, sur l’autre versant du mont Barbaro. Fait plutôt rare, il privilégie le panorama à l’orientation sud que l’on trouve généralement dans ce type d’édifice. Il date quant à lui de l’époque où les Romains restructurent la ville (IIe s. av. J.-C.). Il est considéré à juste titre comme l’un des mieux conservés du monde antique.
- Intro
- Palerme, porte d'entrée de la Sicile africaine
- Dans le ventre de Palerme
- Ségeste ou le temps suspendu
- Trapani, port de toutes les îles
- Le charme discret des Égades
- En route vers Marzara del Vallo
- Pantelleria, fille du vent
- Sélinonte, pierres de lumière
- De Sciacca à Agrigente, patrie d’Empédocle
- Fiche pratique
Texte : Eric Milet
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