En Sicile africaine, de Palerme à Agrigente
Sélinonte, pierres de lumière
« De nouveau, nous interrogeâmes des temples grecs. Nous ne trouvâmes rien à en dire, ils ne nous disaient rien : mais leur silence avait plus de poids que bien des bavardages. Pendant des heures à Sélinonte, nous le subîmes sans nous en lasser, assis parmi d’énormes tambours écroulés». (Simone de Beauvoir, La Force de l’âge, 1960)
Fondée au VIIe siècle av. J.-C. par les Grecs, Sélinonte (photo) tient une position pratiquement inexpugnable. Port d’accostage de la Libye et notamment pour les denrées en provenance de Cyrène, la cité passe le plus clair de son temps à en découdre avec les Élymes de Ségeste. Lesquels Élymes, soit dit en passant, retourneront leur veste en combattant aux côtés d’Hannibal ler pour l’anéantir en 409 av. J.-C. !
La population de Sélinonte, désormais sous la férule de Carthage, se voit contrainte d’émigrer vers Lilybée, abandonnant leur ville à l’Histoire. Mangée par le sable, Sélinonte ne fera véritablement surface au début du XIXe siècle, et en fanfare s’il vous plait ! C’est à Sélinonte qu’en 1830, Jacques Hittorff (l’architecte de la gare du Nord à Paris), met en évidence que les temples grecs étaient peints de couleurs vives ! Une affirmation, aujourd’hui admise, qui fit scandale à l’époque.
Aujourd’hui, le site procure toujours autant de plaisir. Il faut déambuler parmi les hautes herbes et les fleurs, face au bleu de la mer, afin de s’imprégner d’une architecture évocatrice. À Sélinonte, le visiteur prend la mesure du temps. S’il vous en reste un peu, la visite du museo civico de Castelvetrano, à quelques kilomètres à l’intérieur des terres, offre un bon complément à la découverte du site.
- Intro
- Palerme, porte d'entrée de la Sicile africaine
- Dans le ventre de Palerme
- Ségeste ou le temps suspendu
- Trapani, port de toutes les îles
- Le charme discret des Égades
- En route vers Marzara del Vallo
- Pantelleria, fille du vent
- Sélinonte, pierres de lumière
- De Sciacca à Agrigente, patrie d’Empédocle
- Fiche pratique
Texte : Eric Milet
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