C'est jour de marché à Antoetra

À première vue, Antoetra ne possède pas un charme fou. Il y fait vraiment froid en juillet, il semble même y pleuvoir en permanence et des gamins en guenilles, souriants et tremblotants sans que l'on sache bien si c'est à dessein, se précipitent déjà pour vous accueillir et vous cornaquer jusqu'à ce que vous leur accordiez votre confiance et vos faveurs sonnantes et trébuchantes. Mais cette bourgade de 1 200 âmes présente l'avantage d'offrir un gîte d'étape, bonne base pour partir à la découverte des villages reculés, des ateliers de sculpteurs travaillant dans leurs maisons de bois traditionnelles et un marché chaque mercredi matin qui pousse les habitants de la région à marcher parfois huit heures aller-retour dans la même journée pour venir faire quelques emplettes.

Sous les parapluies multicolores, enveloppés dans des lambas (tissu traditionnel malgache) et presque toujours coiffés d'un chapeau, les Zafimaniry discutent âprement le prix d'une tête de bêche pour travailler la terre au meilleur coût, celui d'un nouveau chapeau tressé dont les rebords servent de porte-monnaie (spécialité de la région du Betsileo) ou encore celui d'un vêtement synthétique aux couleurs criardes, gage de modernité et, réalisme oblige, d'économie. Un vendeur de piles et de gadgets en plastique rameute la clientèle à l'aide d'un mini haut-parleur crachotant juste à côté d'un stand de cassettes de musique piratée attirant un petit groupe de connaisseurs enthousiastes. Plus loin, une loterie très artisanale (une planche gravée et des cases numérotées à la main) attend les rares amateurs prêts à risquer quelques piécettes de 20 ou 50 ariary (soit 0,008 ou 0,02 €). À l'extérieur, car ce n'est pas autorisé à l'intérieur du marché, un vendeur propose des feuilles de tabac posées directement sur l'herbe.

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