Trek chez les Zafimaniry

Les fameuses chaises en palissandre

Les fameuses chaises en palissandre
Fabrice de Lestang

Bien qu'étant le village le plus touristique, avec Ifasina, Antoetra permet d'en apprendre déjà un peu plus sur la culture et le travail des Zafimaniry. Quitte à faire tomber quelques idées reçues. René-Guy, 29 ans, fils de l'instituteur, nous apprend qu'il ne fabrique pas lui-même les pièces de bois brut nécessaires à l'assemblage des fameuses chaises, mais qu'il se contente, et c'est déjà tout un art, de les sculpter. Plus inquiétant, il nous dit que les collecteurs de bois, ses fournisseurs, doivent désormais marcher dix heures à travers la forêt pour trouver le précieux végétal.

Le bois risque-t-il de manquer ou manque-t-il déjà ? Avec un large sourire, il nous affirme qu'il y en a encore largement assez pour lui permettre de travailler. Quid de ses enfants plus tard ? Il nous répond, là encore avec un grand sourire : « Ça devrait aller ». Dans son atelier très sombre, dont les murs entièrement noirs semblent subir une lente combustion due à la fumée du foyer, trônent les fameuses chaises en palissandre, le bois le plus précieux, de teinte claire, ou noirci au feu. Mais on y trouve aussi des pots à riz ou à miel fabriqués et sculptés dans des bois durs de seconde qualité, comme le tamboneka et le varongy qui entrent dans la construction des maisons traditionnelles. Ou encore le merandahy et le nato, dont la densité est un gage de solidité pour le pilier central de la maison.

Plus discrets, de petits Christ en palissandre rappellent que les Zafimaniry sont presque tous catholiques, même s'ils vénèrent en même temps les ancêtres, comme tous les Malgaches. Nous passons chez Landry, 32 ans, quatre enfants, qui fabrique de curieux pièges à rat en nato ressemblant à des sortes de maisons miniatures. Il nous fait néanmoins la démonstration que la « porte d'entrée » n'est pas si accueillante que cela, puisqu'elle s'abat d'un coup sec sur la tête du rongeur à l'aide d'un solide caoutchouc. Un peu moins authentiques, ces statuettes au style plus africain dont l'ébène est en fait importé de la forêt primaire de Tamatave, le grand port de la côte est. Chez Razafy, 39 ans, six enfants, emmitouflé dans une couverture et la tête surmontée d'un bonnet à la péruvienne pour parer le froid qui fouette les sangs de tout un chacun par ici, le tourisme a fait germer une idée, celle de fabriquer des maisons et villages zafimaniry miniatures.

Je m'intéresse plutôt à ses élégantes reproductions réduites de fenêtres traditionnelles, finement ciselées, et négocie en bout de course un tabouret court sur pattes, sculpté dans une seule pièce de palissandre, pour 13 000 ariary (environ 5,20 €). Juste avant de partir en trek, Fifi m'emmène dans la case voisine où un enfant en bas âge se met à hurler. Son père le soulève par un bras et exhibe son zizi encore sanguinolent. Il vient d'être circoncis.

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Texte : Fabrice de Lestang

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