Trek chez les Zafimaniry
Plaisirs terrestres et attaque de Cobra
C'est bien sûr autour du foyer que nous nous réchauffons. Les porteurs se saisissent de nos chaussures pour les placer au pied du feu et de nos vêtements pour les accrocher aux planchettes de sapin suspendues à la verticale du foyer et sur lesquelles repose une sobika (panier) pleine de riz mis à sécher. Au plafond, de nombreux épis de maïs semblent pendus là depuis une éternité tant ils sont noircis par la fumée, comme carbonisés. Liva, qui est parti un mois apprendre le métier dans un restaurant de Tananarive, la capitale, lance la cuisine alors que Rémy s'empare de ma serviette mouillée pour la faire sécher à la malgache, c'est-à-dire en la tenant avec le bout des doigts tout en la retournant sans cesse au-dessus du foyer.
Sur le lit, une vieille femme tresse une natte en évitant mon regard et surtout mon appareil photo. Au menu, salade de légumes frais, zébu en sauce avec du riz et fruits. Liva a visiblement bien rentabilisé son stage, car c'est délicieux. Mais soudain, les porteurs se précipitent comme un seul homme hors de la pièce voisine où nous devons dormir en émettant une série de cris mêlée à des éternuements et des rires étouffés. Leurs poumons ne supportent pas le gaz chimique du Cobra, cet insecticide censé nous protéger des nombreuses puces des villages, parfois logées jusque dans les couvertures. Quelques quintes de toux plus tard, l'atmosphère est de nouveau détendue. Les porteurs regroupés autour du feu se relâchent, les mots et les cigarettes circulent, tout comme le rhum, objet de nombreuses distilleries clandestines et de nombreux trafics dans la région.
- Introduction
- On dit que…
- Le pays zafimaniry commence derrière les boutiques
- C'est jour de marché à Antoetra
- Les fameuses chaises en palissandre
- Accroche-toi, vazaha !
- L'école, seule construction en dur de Sakaivo Nord
- La cosmogonie malgache
- Plaisirs terrestres et attaque de Cobra
- Gaston, porteur royal
- Des fenêtres pleines d'enfants
- Faliarivo, bientôt classé par l'Unesco
- Be, Pinocchio zafimaniry
- M. Ralaibia, le tangalamena du village
Texte : Fabrice de Lestang
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