Trek chez les Zafimaniry
La cosmogonie malgache
Celles-ci, entièrement en bois, seraient les survivantes de l'habitat originel des Hautes Terres, la région centrale qui va de Tananarive à Fianarantsoa. Une maison zafimaniry demande environ trois mois de travail. Tout est fabriqué à la main et le montage des pièces se fait sans le moindre clou, uniquement par assemblage à l'aide de madriers et de chevilles. Nous entrons chez lui par le coin sud-ouest de la maison, orienté vers le soleil couchant pour garder la chaleur de l'après-midi, mais aussi synonyme de déclin. Car la pièce unique zafimaniry met en scène le monde des ancêtres selon la cosmogonie malgache, à travers les quatre directions principales représentant les quatre destins majeurs.
Tous ces destins gravitent autour du pilier central de la maison, généralement conçu dans un bois très dur, une pièce essentielle symbolisant le père et au pied duquel se trouve toujours le foyer surmonté d'une marmite, symbole d'union. Mais le coin le plus sacré est l'angle nord-est. C'est celui où l'on prie les ancêtres, celui où l'on installe le lit du maître de maison (bien qu'il dorme la tête au sud), enfin celui où l'on veillera le mort le jour venu. Est-ce un hasard si cette direction regarde vers l'Asie d'où sont issus les habitants des Hautes Terres ? Nul ne peut le dire avec certitude.
C'est aussi dans cet angle du village que l'on situe l'aire des cérémonies et que le chef d'une lignée implante sa maison, les autres maisons suivant une hiérarchie sociale précise. Ainsi, le fils aîné s'installe juste en contrebas de son père tandis que le cadet a la malchance de s'implanter au sud-ouest, angle profane. Dans la maison, l'angle sud-ouest est réservé à l'entrée et au poulailler alors que le nord-ouest, dit « angle étranglé », comble de l'impureté, accueille les objets les plus triviaux tels que les nattes ou les outils. C'est aussi à l'extrémité sud-ouest du village que les jeunes filles célibataires sont reléguées en attendant de trouver un mari qui les emmènera peut-être dans un secteur plus fréquentable. Mais il y eut plus dur destin encore, celui des esclaves et des domestiques qui passaient leur vie à l'ouest, si l'on ose dire, à la fois dans la maison, dans le village et à l'intérieur du cimetière, donc jusque dans la mort. Aujourd'hui, l'ouest reste souvent le lieu de la décharge ou des cochons...
- Introduction
- On dit que…
- Le pays zafimaniry commence derrière les boutiques
- C'est jour de marché à Antoetra
- Les fameuses chaises en palissandre
- Accroche-toi, vazaha !
- L'école, seule construction en dur de Sakaivo Nord
- La cosmogonie malgache
- Plaisirs terrestres et attaque de Cobra
- Gaston, porteur royal
- Des fenêtres pleines d'enfants
- Faliarivo, bientôt classé par l'Unesco
- Be, Pinocchio zafimaniry
- M. Ralaibia, le tangalamena du village
Texte : Fabrice de Lestang
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