Salut,
Je reviens d’un séjour aux US comprenant une virée de 9 jours (fin juin début juillet) à pied seul dans le Yellowstone.
J’ouvre cette discussion car j’ai galéré pour trouver des informations (avis décourageants, manque d’informations, infos erronées) donc j’espère que cela sera utile à d’autres.
L’hiver passé a été fourni en chute de neige donc certaines infos (moustiques, marécages et niveaux d’eau) sont à moduler en fonction de la période envisagée.
Avant de commencer je tiens à préciser : il est vivement déconseillé de randonner seul dans le parc.
Se rendre au Yellowstone
La compagnie de bus salt lake express propose des trajets depuis l’aéroport de salt lake city jusqu’à West Yellowstone avec changement obligatoire à Rexburg. (tout le trajet se fait avec la même compagnie)
D’après ce que j’ai vu, cette compagnie est utilisée par les locaux pour rejoindre les coins un peu reculés dans les « alentours » de salt lake.
Les chauffeurs étaient ponctuels (peu de bouchon sur le trajet…) et informés de mon changement de bus.
Le bus dépose devant un hotel à Rexburg et devant le visitor center à West yellowstone.
A Rexburg (j’avais 3 h d’escale), vous pouvez attendre à l’abri dans l’hotel. A noter que celui-ci ne sert pas de repas aux externes (dsl, qu’un macdo à 5 minutes à pied).
Dans le parc, il existe des navettes pour joindre certaines portes et d’autres, d’après une employée de lodge, appelables sur demande (des minibus jaunes). D’après ce que j’ai vu ces secondes navettes ne desservent que les lodges, rien trouvé en ligne.
Dormir
Il existe deux types de camp dans le parc :
Les camps à proximité de la route principale. Ces campings sont très fréquentés, possèdent des toilettes (pas d’eau chaude) en dur, des tables de camping et des « boites à ours » pour planquer vos affaires à l’abri pendant la nuit. (le grignotage nocturne est déconseillé)
Ils sont réservables ou non et dans le second cas fonctionnent selon le principe du premier arrivé premier servi. Pas de panique si vous arrivez tard pour les non réservables, certains emplacements sont réservés aux personnes en itinérance à pied ou à vélo (et il y en a peu).
Astuce perso : vous pouvez rencontrer des toilettes le long de la route principale. Ces toilettes sont suffisamment grandes pour s’y allonger, en dur (pblmtique ours), déodorisées, plutôt propres, avec du gel désinfectant et sèches (chauffage par le sol). Pour ne pas gêner l’usage « normal » (ça ne veut rien dire) il faut les utiliser entre 22h30 et 6h (ce n’est pas un créneau absolu évidemment). Il n’y a pas d’eau.
Les camps dans l’arrière pays. Ces camps sont situés loin de la civilisation et vous y serez probablement seul. Ils sont repérables par des écriteaux le long des chemins de randonnée. Les camps sont situés entre 50 et 150 m depuis le chemin (écriteaux pas très visibles quand il fait nuit …). Concrètement, ces camps sont des terrains plats avec une poutre horizontale tendue entre deux arbres à environ 6 m de haut, c’est tout. A vous d’attacher votre sac et de jeter une corde au dessus de la poutre pour suspendre votre sac hors de portée d’ours (s’entrainer avant de partir en demandant la participation du cirque Pinder). Gardez accroché un mousqueton à votre point d’accroche du sac en laissant la corde nouée au mousqueton cela vous fera gagner du temps.
Les emplacements de ces camps sont dans la doc PDF suivante (impérativement prendre le temps de tout lire) : https://www.nps.gov/yell/planyourvisit/upload/bctrip-planner_2015.pdf
Les rangers ne vous refuseront pas la délivrance de permis même si vous êtes seul. Pour se voir accorder un permis de camper, il est obligatoire de signer une décharge stipulant « your safety is not guaranteed).
Pour ceux qui se poseraient la question, je n’ai croisé aucun ranger sur les sentiers de l’arrière pays en 9 jours…
NB : avoir un permis permet aussi aux rangers de connaître votre itinéraire pour vous donner des infos utiles et savoir où vous êtes potentiellement en train de ramper si vous vous êtes fait une cheville ou plus grave. Je n’ai pas eu de réseau dans tout le parc (je suis chez f**e). Des points wifi sont accessibles dans les villages du parc.
Bien avant de partir, verrouillez au maximum votre itinéraire et laissez le moins de chose à voir sur place. Une zone inaccessible peut remettre en cause tout votre itinéraire (ne pas faire attention aux zones fermées pour travaux). Les rangers sont plutôt réactifs et force de proposition par mail.
Carte
National Géographic édite une carte du parc. L’échelle n’est pas précise vu l’étendue mais c’est suffisant. Il pleut et vente pas mal par là bas, la version waterproof est de mise (la seule qui existe à ma connaissance).
Je peux fournir des scans de ma carte pour étudier la faisabilité.
Il faut absolument aussi lire a minima la page suivante : Camp in the Backcountry - Yellowstone National Park (U.S. National Park Service)
Manger/boire/douche
Vous pouvez vous ravitailler dans tous les villages du parc. Les magasins restent ouvert en moyenne jusqu’à 20h30 et proposent de la nourriture pour rando (il y a même des équivalents pomme potes !). Pas de lyophilisés par contre.
Les feus de camps sont interdits à certains endroits (info dans le doc PDF ci-dessus). Pour rappel, les réchauds ayant servi au moins une fois sont interdits en avion, y compris sans bouteille.
Pour boire, j’ai utilisé des pastilles de décontamination. Pas de filtre car on trouve facilement de l’eau courante et claire.
Les douches des lodges sont accessibles moyennant environ 5$ payable par carte bancaire. Certains villages ont des laveries (cf le PDF).
Faire du stop
J’ai souvent vu cette question sur les forums. On ne vous tirera pas dessus parce que vous faites du stop. Par contre vous risquez que quelqu’un vous dépose quelque part en voiture. Le mieux est de demander sur les parkings quand les gens ne sont pas encore dans leur voiture. Ça marche aussi sur le bord de la route. L’occurrence de réussite varie bien sûr. Les chemins de rando ne sont pas faits pour faire le tours du parc à pied. Il est donc nécessaire d’emprunter des portions de route. Perso j’ai parfois marché, parfois fait du stop.
En vrac
Ours : des bombes à ours sont dispo à la vente et location dans les boutiques de West yellowstone et à la vente dans les villages du parc (pas sûr pour tous les villages).
Ces bombes sont vendues avec un étui facilement accrochable à la ceinture. Vous aurez suffisamment d’impératifs de temps et de point de passage à respecter donc je conseille l’achat (conseil à moduler en fonction du temps passé et des échéances). Les compagnies aériennes n’autorisent pas ces bombes en soute comme en cabine…
Lorsque la végétation se densifiait, pour signaler ma présence, je frappais mes deux bâtons de marche (ne tentez pas l’expérience avec des bâtons en carbone hein) ou je poussais la chansonnette (réviser son répertoire, je conseille le livre de la jungle). Concernant les clochettes, je doute qu’elles soient suffisamment audibles quand il vente ou près des rivières mugissantes (et c’est moins marrant que chanter).
Marcher seul est un bon moyen d’augmenter ses chances de se faire attaquer.
Se signaler et avoir une bombe à ours n’empêche pas de se sentir ridiculement petit. Les ours noirs sont connus pour ne pas être belliqueux (sauf si bébé ours pas loin), pas les grizzlis (plus gros que les premiers). Les chemins traversent parfois des forêts assez denses avec la limite des arbres à 2 mètres de chaque côté. Ne comptez pas sur la bombe à ours si un grizzli sur le bord du chemin à décider de vous passer l’envie de chanter.
Je pense que le cas est extrêmement rare mais je préfère avertir. On se sent parfois ridiculement petit, a fortiori quand on monte son camp seul au milieu de nul part à la tombée de la nuit avec une carcasse de cerf nettoyée à côté de soi et qu’on a croisé des traces d’ours fraîches 30 minutes avant. L’effort n’est pas seulement physique mais aussi psychologique, à ne surtout pas négliger quand on part sur plusieurs jours.
Sinon pour ceux qui aiment les plats épicés, il y a plein d’arbres pour tendre facilement le hamac !
Point fréquentation j’ai croisé une vingtaine de personnes dans l’arrière pays réparties sur deux vallées (yellowstone river au nord et lamar river à l’est). Autrement j’étais le seul sapiens sapiens.
Serpents : certaines branches mortes en travers du chemin se mettent à bouger lorsque vous arrivez dessus (en moyenne 2/jour). Ce sont des branches de la famille des couleuvres et vipères, de taille variable.
Moustiques : be mosquito aware. Peu de moustiques dans les zones fréquentées (n’aiment pas les fumés acides ?) mais ENORMEMENT en arrière pays, jusqu’ à 2000m d’altitude. Oubliez les hauts techniques moulants et prévoyez de la crème répulsive pour les zones à nu (à renouveler toutes les 3h dans mon cas)
Chemins : les chemins à proximité des zones fréquentées sont bien tracés, balisés (matérialisé par des losanges jaunes ou oranges en hauteur) et nettoyés. Quand vous vous éloignez c’est la roulette russe. Le chemin se perd parfois et vous devez choisir entre deux écosystèmes (souvent foret et pleine herbeuse). Donc vous pouvez facilement vous retrouvez à patauger dans des coins marécageux et finalement faire demi tour au risque de vous enliser et finalement vous avez perdu une heure.
Il y a quantité d’arbres morts. Certains ont eu la bonne idée de passer la branche à gauche en s’allongeant en travers du chemin. Au debut c’est marrant de grimper par dessus mais après 4 jours de marche avec 15 à 20 kg sur le dos ça devient fatiguant à la longue.
La carte n’est pas très précise, il n’y a pas beaucoup d’endroits plats dans le parc (ça monte et ça descend dit autrement)
Certaines rivières sont à traverser à gué. Au risque de paraître idiot, je conseille vivement de ne surtout pas faire l’économie de chaussures réservées à cet effet (ampoules).
Certaines rivières sont plutôt larges, tapissées de galets et de rochers glissants avec des niveaux d’eau variables. Avoir des bâtons solides permet de bien se stabiliser. Dans le pire des cas (traversée de la Hellroaring river, j’étais averti, au nord) j’ai eu de l’eau jusqu’à la taille avec un courant plutôt fort. Dans tous les autres cas (environ 7 traversées), jusqu’à mi mollet (l’eau est froide…)
Parfois les rivières ont un fond gravillonneux/vaseux pour y aller pied nu (beurk). Rien ne vous indique ce qui doit être considéré comme une rivière « dangereuse ». à chacun de juger mais parfois le renoncement peut impliquer un détour de quelques heures ou de longer la rivière pour trouver une zone plus favorable (a priori c’est celle qui est indiquée sur la carte et devant laquelle vous bugez). C’est le genre de chose qui peut pousser à prendre des risques inconsidérés. Si vous glissez au milieu d’une rivière où vous n’avez pas pied avec votre sac à dos, rejoindre la rive ne doit pas être une mince affaire. Il y a quelques chutes d’eau par là bas. J’insiste délibérément.
- Voilà
J’ai sûrement oublié des choses donc n’hésitez pas à me faire préciser, ou même étudier un parcours ce sera avec plaisir.
A titre d’info pour la condition physique, j’ai l’habitude de randonner (pédestre, glacier, ski de rando) dans les alpes sur plusieurs jours.
Encore une fois j’insiste sur le fait que partir seul à pied dans le parc demande à bien se connaître et à ne surtout pas sous estimer le lieu qui n’a rien de commun avec les paysages français. Il ne faut surtout pas penser que parce qu’être dans un pays considéré comme développé rend les choses plus sécurisées. A chacun de juger de sa condition pour tenter ou non l’aventure qui, pour moi, vaut le coup en étant conscient que « your safety is not guaranteed ». Les personnes mineures et non vaccinées ne sont pas concernées par la discussion (le suis-je ?)