1978, les images retrouvées des Khmers rouges

Forum Cambodge

Bonjour
Arte rediffuse les documentaires de sa collection “Mystères d’Archives”. Parmi eux, on pourra ainsi voir ou revoir “1978, les images retrouvées des Khmers rouges”, le Samedi 6 avril à 17h40.

Il existe de nombreux ouvrages sur les khmers rouges.
Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du Cambodge et en particulier la période “khmère rouge” je conseille le livre de Solomon Kane (introduction de David Chandler) : “Dictionnaire des khmers rouges”. L’auteur a fait un grand travail de recherches, à ma connaissance, mais bien sûr je peux me tromper, je pense qu’actuellement il s’agit du livre le plus détaillé sur cette période.

Jacques

Merci Colombo67 pour les références de lecture. Je n’ai lu, sur le sujet, que les bouquins du père Ponchaud, le portail de Bizot et un livre témoignage d’une survivante.

Bonjour “bongphilou”

Je pense que tu connais peut-être Rithy Panh qui est franco-cambodgien et cinéaste. L’un de ses grands films est " Bophana, une tragédie cambodgienne" (1996). Lors de ma première visite en 2002, à Tuol Sleng (S 21) j’ai pu voir ce film qui est très émouvant.

Je ne sais pas si tu as déjà vu “S21, la machine de mort Khmère rouge” qui est un film documentaire franco-cambodgien réalisé par Rithy Panh (sorti en 2003).
Pendant presque trois ans Rithy Panh et son équipe ont recherché les victimes rescapées et leurs anciens bourreaux. Ils les ont convaincus de se rencontrer à S 21… Les témoignages sont très émouvants, les tortionnaires s’expliquent en apparence sans remord, se justifiant en disant bien souvent 'ils étaient obligés de torturer pour ne pas être tués… Quant aux victimes ce qui m’a le plus surpris c’est qu’elles s’exprimaient sans haine… Mais dans leurs regards on pouvait y voir une très grande tristesse.

Parallèlement à ce film, Riyty Panh et Christine Chaumeau ont écrit le livre “La machine khmère rouge - Monti Santésok S-21” (édition Flammarion) qui relate ces témoignages.

Quelques précisions sur François Ponchaud et François Bizot :

François PONCHAUD : “Cambodge année zéro”. C’est un missionnaire catholique qui a longtemps vécu au Cambodge (il a traduit la bible en khmer). Il me semble qu’il vit actuellement à Phnom Penh. C’est l’un des premiers (voire même le premier) qui a parlé en France des Khmers rouges. Il a rendu compte, entre autres, de témoignages de personnes réfugiées dans des camps en Thaïlande. Lors de la sortie de la première édition de son livre en 1977, de nombreuses personnes ont mis en doute ses révélations, la suite a prouvé qu’il avait raison…

François BIZOT : “Le portail”. L’auteur raconte qu’il avait été fait prisonnier (pendant environ trois mois) par des khmers rouges dans un camp dénommé M-13 et dirigé par un certain Kang Kek Ieu plus connu sous le nom de Douch ou Duch. François Bizot relate dans son livre les longs dialogues qu’il a eus avec Duch lequel l’a laissé partir…

Duch est devenu ensuite le directeur de Tuol Sleng ou S 21 où de nombreuses personnes ont été torturées. Il a été arrêté en 1999. Il a été inculpé le 31 Juillet 2007 de crimes contre l’humanité… par le tribunal du génocide cambodgien, un tribunal cambodgien parrainé par les Nations unies.

Le procès de Duch s’est ouvert le 17 Février 2009. Lors de son procès, Duch a demandé pardon pour les crimes commis à la prison de Tuol Sleng qu’il dirigeait. Il a ensuite fait part de sa conversion en 1996 au christianisme (*). Il a été condamné à 30 ans de prison.

Lors de son procès François Bizot a témoigné à propos de Duch. Il s’est exprimé plutôt à décharge, le considérant (à cette époque) comme étant un “gentil révolutionnaire convaincu” et non pas le grand criminel qu’il fut par la suite. Certaines personnes lui ont reproché d’être complaisant vis-à-vis de Duch. François Bizot aurait alors répondu qu’il s’agissait d’un témoignage à une période précise…

(*) Un copain qui a vécu une dizaine d’années au Cambodge m’a dit qu’il avait eu connaissance que des chrétiens (d’origine américaine) faisaient du prosélytisme pour convertir des bouddhistes au christianisme. Ils contactaient surtout d’anciens khmers rouges en argumentant que dans leur religion (le bouddhisme) il n’y avait pas de pardon mais que cela existait dans la leur…

Jacques

Bonjour “bongphilou”

Je ne sais pas si tu connais le site du CETC dont voici le site :

http://www.eccc.gov.kh/fr

Il y avait cinq accusés :

KANG Kek Ieu alias Douch ou Duch (né le 17 novembre 1942), ancien directeur de Tuol Sleng ou S 21, jugé en Février 2009, condamné à trente ans de prison.

Il y en a quatre autres : ceux-ci vivaient tranquillement et ont été surpris car c’est seulement en 2007 qu’ils ont été arrêtes, soit 28 ans après la chute du régime Khmer Rouge.

IENG Sary : né le 24 octobre 1924, décédé le 14 Mars 2013. Voir l’article sur “Camboge post” :
http://www.cambodge-post.com/?page_id=2931

IENG Thirith : 81 ans, épouse de Ieng Sary. Elle est atteinte d’une maladie neuro-dégénérative, probablement la maladie d’Alzheimer. Le tribunal avait ordonné sa libération le 13 Septembre 2012, sa maladie la rendant “inapte” à être jugée. Les co-procureurs avaient aussitôt fait appel de cette décision, réclamant des mesures limitant sa liberté.

KHIEU Samphan : 82 ans. Il était un des dirigeants les plus importants du gouvernement des Khmers Rouges et un des fondateurs de l’Angkar, l’organisation suprême Khmère Rouge,

NUON Chea : 87 ans. Chef de la sécurité du régime, Nuon Chea est considéré comme l’idéologue des Khmers Rouges. C’était l’homme le plus puissant après Pol Pot.

J’avais déjà vu un reportage tv dans lequel une femme avait déclaré que Pol Pot et son équipe étaient très bien pour le peuple, cela m’avait évidemment surpris.

Fin 2011, je suis allé visiter le Preah Vihear, au retour je me suis arrêté à Along Veng où j’ai vu l’emplacement où avait été incinéré Pol Pot, j’ai vu qu’il y avait des offrandes récentes (bols de riz…).

Je suis ensuite allé voir l’ancienne maison de Ta Mok.
Ta Mok, pseudonyme de Chhit Chœun ou de Ek Chœun, né en 1926, décédé le 21 Juillet 2006. C’était l’un des principaux organisateurs des massacres de masse durant la dictature de Pol Pot et ses exactions lui valent d’être surnommé “le boucher”.
Par l’intermédiaire de mon guide qui me servait d’interprète, j’ai pu discuter avec le préposé aux billets (1 $ par personne), celui-ci avait travaillé avec Pol Pot et son équipe, il était d’ailleurs l’un des proches de Ta Mok.
Je lui ai demandé ce qu’il pensait de Pol Pot, il m’a répondu que c’était un homme très respecté dans la région car il avait fait du bien pour la population locale : dispensaire, écoles…
Je lui ai également demandé ce qu’il pensait des massacres qui se sont passés, il m’a répondu que durant la “période de Pol Pot” il n’avait pas eu connaissance de ces massacres (je pense que cela est possible car en cette période les informations ne circulaient pas), il aurait donc appris ces faits par la suite, il était persuadé que les auteurs de ces faits étaient des vietnamiens car “un khmer ne peut pas tuer un autre khmer”…

Voir le site de “Cambodge Post” :
http://www.cambodge-post.com/
On trouve divers articles dans “Actualité” puis “Le procès des Khmers rouges”
Jacques

Bonjour Jacques, Oui, Rithy Panh, bien sur. Fantastique. J’étais allé à Tuol Sleng juste avant la mort de Vann Nath. Les entretiens de ce dernier avec les anciens tortionnaires : Vann Nath : Est ce que vous pensez que mon tableau est juste, qu’il exprime bien la vérité ? est ce que ça s’est passé comme ça ? "
Tout le travail de Rithy Panh est fantastique. J’avais emmené ma compagne à Tuol Sleng. J’ai regretté que certains films projetés, en anglais, ne soit pas sous titrés en khmer, ou qu’il n’y ait pas de projection de ces films avec un doublage (ce qui serait encore mieux, beaucoup de khmers ne sachant pas trop lire)
C’est bien que tu ai fait ce résumé sur Rithy Panh, sur le père Ponchaud, sur Francois Bizot, sur Dutch et sur toute la “clique” khmer rouge.
Je ne connais pas le site du CETC, je vais regarder ça.
Quand aux sectes chrétiennes, il y en a partout, de plus en plus, avec de sacrés moyens. Evidement, l’argument de conversion, “venez et vous serez pardonnés” n’est pas nouveau dans l’histoire des religions, mais est assez bien adapté dans le cas des anciens khmers rouges, surtout quand on sait l’importance du karma pour les cambodgiens. Ces “églises” ont trouvé les “clients” parfaits.
Quant à ta discussion avec le guichetier de la maison de Ta Mok, ça ne peut que nous rappeler une autre époque en Europe et des réactions semblable que l’on peut rencontrer même aujourd’hui. “A.H, il a quand même construit des autoroutes en Allemagne, et puis avec lui, il n’y avait pas de chômage et pas de voyous, le pays était en bonne santé”. Bref, le négationnisme dans toute son horreur. A la différence des khmers, les allemands ont toujours eu accès à l’information depuis la fin de la guerre. Par contre, ici, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de travail de mémoire (ou si peu), on regarde vers l’avenir en essayant d’oublier 25 ans (et meme plus) de guerre civile, et 4 années de génocide. Il faut dire que les cambodgiens font tout, dans leur vie quotidienne pour éviter le conflit. C’est bien, mais c’est aussi néfaste à la conservation de la mémoire historique.
Pour finir, as tu vu le film de Rithy Panh “le papier ne peut envelopper la braise”? Celui là, impossible de le trouver au marché Tuol Tom POng. La aussi, un documentaire sur les prostituées du “building”, ça semble encore plus dérangeant que le génocide cambodgien ! Nous sommes allés le voir au Centre Bophana (disponible sur demande). Comme tu connais Rithy Panh, inutile de te dire que ce documentaire est une merveille, de tact, de travail, de compréhension, de psychologie et de pédagogie de la part de son auteur.
Philippe

Bonjour Philippe

Rappelons que Rithy Panh a initié la création du “Centre de Ressources Audiovisuelles du Cambodge” à Phnom Penh. Ce centre porte d’ailleurs le nom de “Bophana” en hommage à son film.
Je n’y suis jamais allé, comment est ce centre et que peut-on y trouver ?

Je n’ai vu que trois films de Rithy Panh :

“Bophana, une tragédie cambodgienne”

“S21, la machine de mort Khmère rouge” (j’ai également acheté le livre tiré de ce film)

Et celui que tu as cité : “Le papier ne peut pas envelopper la braise”. Je l’ai vu sur une tv française.

Je trouve que ces trois films sont excellents.
Il a tourné une quinzaine de films et a reçu de nombreux prix.
Je viens de voir sur le net que Rithy Panh et Louise Lorentz ont écrit le livre “Le papier ne peut pas envelopper la braise”

Je me souviens que j’avais vu à la télé une interview dans laquelle Rithy Panh avait déclaré :
“J’ai un rêve… j’aimerai bien tourner un film comique mais je ne suis pas encore prêt”.
Lorsqu’on connait son passé on peut comprendre…

Jacques

je vous recommande la vision de son film “Un soir après la guerre”.On peut maintenant acheter le DVD facilement sur internet. Pour moi, c’est un monument du cinéma. On peut le trouver en khmer sous titré français.
Il est disponible sur le fleuve bien connu d’Amérique du sud, mais, si vous voulez aider l’éditeur qui a soutenu Rithy Panh depuis le début (et bien d’autres réalisateurs), achetez le sur

Bon film !
Jean-Patrick

Note: ce film est aussi visible par petits morceaux sur youtube.

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