Équateur : l'avenue des volcans, de Quito à Cuenca
Papa Chimborazo
Les vieilles légendes quechuas évoquent le mauvais caractère de Mama Tungurahua et la gentillesse de Papa Chimborazo (photo), le protecteur des peuples de la Sierra. Endormi depuis au moins 1 500 ans, le plus haut sommet de l’Équateur (6 310 m) prend un air placide et serein sous le soleil.
Mais son escalade n’est pas aisée pour autant ! Outre le problème posé par sa calotte glaciaire, qui exige un minimum d’expérience, son altitude faramineuse en décourage plus d’un. Les explorateurs ont longtemps cru qu’il formait la plus haute montagne du monde. C’était faux, bien sûr, mais pas entièrement…
Une plaque commémorative le rappelle sur le mur extérieur du refuge Hermanos Carrel (4 800 m) : mesuré depuis le centre de la Terre, le Chimborazo est bel et bien le plus haut de tous les sommets ! Comment ? Par le simple truchement de la forme de la Terre, plus renflée à l’équateur qu’aux pôles. C’est ce qu’était venu démontrer le scientifique français — et grand aventurier — Charles Marie de La Condamine, qui donna son nom au pays au XVIIIe siècle en y déroulant la ligne invisible de l’équateur.
Du hameau de Cuatro Esquinas, une vieille sente mille fois rebattue grimpe vers le vieux volcan. Chaque jeudi et vendredi, Baltazar l’emprunte avec son train de mules. Sa destination ? Une « mine » de glace perchée à 5 000 m d’altitude, là où même les vigognes disparaissent.
Il extrait la glace au pic, par blocs de 30 kilos, et ira la vendre le samedi matin au grand marché de Riobamba. Désormais célèbre, Baltazar, âge de 75 ans, est le dernier des hieleros. Ses pains de glace, très appréciés des anciens, font, dit-on, les meilleurs jus de fruits de la ville…
Texte : Claude Hervé-Bazin
Mise en ligne :