Culture et arts Cambodge
L'art khmer
La sculpture et la danse ont toujours constitué les expressions artistiques privilégiées par le peuple khmer. La communion parfaite de ces 2 arts est incarnée par les célèbres apsaras (danseuses célestes) omniprésentes sur les murs des temples angkoriens.
Après la chute de l'Empire khmer, les pratiques artistiques cambodgiennes sont devenues plus discrètes. Le régime khmer rouge leur a été fatal : assimilés à la culture bourgeoise et à la religion, chanteurs, sculpteurs, musiciens des temples et architectes ont disparu à 90 % dans les camps de travail. Les plus chanceux ont choisi l'exil.
Aujourd'hui, la plupart des danseuses sont de jeunes pensionnaires des orphelinats.
La musique, pour sa part, joue un rôle très important pour les Khmers et rythme chacune de leurs fêtes et cérémonies. Les musiciens jouent sur de très beaux instruments traditionnels : de grands xylophones en bois et lamelles de bambou, des hautbois stridents, de grandes guitares courbes et les fameux chapeis (la guitare khmère), sans oublier les percussions.
À noter que l’art du cirque, tout autant ancestral que la danse, a subi le même sort sous les Khmers rouges. Le travail de l’association Phare Ponleu Selpak de Battambang dans ce domaine est en tout point remarquable. Au-delà de l’action sociale menée auprès des jeunes défavorisés, c’est une véritable tradition presque perdue qui renaît grâce à eux. On doit cette initiative à l’origine à 9 jeunes Cambodgiens passés par les camps de réfugiés et revenus au pays. L’association possède maintenant sa troupe professionnelle à Siem Reap. Du grand art, à ne pas manquer !
Le Sbek Thom a également refait surface après 1991 : il s’agit du théâtre d’ombres khmer. Comme en Indonésie, les marionnettes sont en cuir. Il existe d’autres formes de théâtre.
Danse
Après 25 ans de silence, le Ballet royal du Cambodge a ressuscité, grâce à Bopha Devi, fille aînée de Sihanouk et danseuse étoile renommée (et à une aide de la France). Son frère, l’actuel roi Sihamoni, fut lui-même danseur. Le Ballet royal se produit surtout à l’étranger et dans le palais de Phnom Penh.
L'art du ballet reste incontestablement la tradition artistique la plus authentique. Depuis 2008, il est même inscrit sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.
Le déroulement du répertoire du ballet (danse de la princesse et de la fleur, danse de la femme et du géant, extraits du Râmâyana, etc.) est conforme à celui hérité des anciennes cours royales. Le corps reste vertical, le visage impassible (impassibilité qui fait office de masque naturel), et seuls pieds et mains se meuvent. Ces danses sont considérées comme un rite sacré affirmant le pouvoir du roi plus que comme un simple spectacle. D’ailleurs, jusqu’à l’indépendance du pays, les danses se déroulaient uniquement dans l’enceinte du palais, accompagnées par un chœur de femmes. Les mouvements des danseuses reproduisent ceux du Grand Naga, serpent créateur du Cambodge.
Autre coutume respectée par le Ballet : les costumes dorés des danseuses sont directement cousus sur elles pendant des heurs, avant chaque représentation, pour qu'elles se glissent complètement dans la peau de leur personnage.
Cinéma
En 2011 ouvrait à Phnom Penh le 1er multiplexe autorisé à diffuser des productions étrangères. Pourtant, au cinéma, le Cambodge s’était signalé à plusieurs reprises bien avant. Passons sur la carrière au grand écran de Norodom Sihanouk lui-même ; les années 1960 et 1970 virent une prolifération de films cambodgiens, mais la plupart (plus de 400) disparurent sous les Khmers rouges.
Bien avant que les temples d’Angkor ne connaissent leur actuel succès, L’Oiseau de paradis, réalisé en 1962 par Marcel Camus, narrait l’histoire d’un coup de foudre entre un jeune bouddhiste et une danseuse sacrée...
Le docteur Haing Ngor, exilé aux États-Unis après avoir connu le régime de Pol Pot, obtenait un oscar à Hollywood en 1984, pour son rôle dans La Déchirure (Killing Fields). Dix ans plus tard, le jeune réalisateur Rithy Panh tournait Les Gens de la rizière (1994), 1er film cambodgien présenté à Cannes, et, en 1997, le très réussi Un soir après la guerre. En 2002, nouveau coup de maître avec le poignant S-21, la machine de mort khmère rouge, où bourreaux et survivants sont confrontés.
En 2004, 2 films français sont sortis : Holy Lola, de Bertrand Tavernier, monté autour du thème de l’adoption, et Dogora. Ouvrons les yeux, de Patrice Leconte, un film musical sans acteurs ni dialogues. En 2009 sort l’adaptation du roman de Marguerite Duras, Un barrage contre le Pacifique, tournée par Rithy Panh dans la province de Kompong Son. Parmi les derniers films de ce réalisateur hanté par l’histoire de son pays, Le papier ne peut pas envelopper la braise (2007), Prix du cinéma européen du meilleur documentaire, Duch, le maître des forges de l’enfer (2011), un entretien bouleversant de l’ex-directeur du camp S-21, seul face à la caméra et L’Image manquante (2013), un film utilisant des figurines d’argile et des images d’archives, primé à Cannes et nommé aux oscars, ou encore La France est notre patrie (2015), sur l’Indochine française, primé au Brésil. Plus récemment, il a réalisé Rendez-vous avec Pol Pot (2024), dans lequel il raconte l’arrivée au Cambodge en 1978 de 3 journalistes et intellectuels français avec l’intention d’interviewer Pol Pot et qui prennent peu à peu conscience de l’horreur du régime.
Régis Wargnier porte à l’écran le livre autobiographique de François Bizot, Le Portail, dans Le Temps des aveux, en 2014. En convainquant Duch de son innocence, le prisonnier français va créer des liens amicaux avec son geôlier, qui mèneront à sa libération après 3 mois de détention. En 2016, le cinéaste franco-vietnamien Davy Chou tourne Diamond Island, qui dénonce la misère de la jeunesse cambodgienne au milieu de la construction d’un paradis ultramoderne pour les riches au cœur de Phnom Penh, tandis que dans Les Pépites Xavier de Lauzanne rend un hommage digne et sensible des 20 années de parcours de Christian – mort quelques jours avant la sortie du film – et Marie-France des Pallières, fondateurs de l’association Pour un sourire d’enfant.
En 2017, Angelina Jolie passe derrière la caméra avec D’abord ils ont tué mon père, où les atrocités des Khmers rouges sont observées du point de vue d’une petite fille ; une histoire vraie choisie par le Cambodge pour le représenter aux Oscars. Autre histoire d’enfant pendant cette tragique période avec Funan, un très beau dessin animé de Denis Do, sorti en 2019 et récompensé au Festival du film d’animation d’Annecy.
Mentionnons également le film d’action Jailbreak (Jimmy Henderson), sorti en 2017 et totalement made in Cambodia ; ainsi que Karmalink (2021), de Jake Wachtel qui se déroule à Phnom Penh dans un futur proche. 1er film de science-fiction cambodgien.
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