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De la fondation au XXe siècle

Le site fut découvert le 1er janvier 1502 par les Portugais qui s’imaginaient à l’embouchure d’un grand fleuve, d’où le nom Rio de Janeiro : « rivière de Janvier ». En 1555, ce sont les Français qui s’y installèrent, avant d’être chassés par les Portugais quelques années plus tard. La petite ville prospéra grâce à la canne à sucre, mais surtout grâce à la découverte de l’or du Minas Gerais au XVIIIe siècle. En 1808, l’arrivée du roi du Portugal en exil provoqua une grande ouverture sur l’Europe.

Au début du XXe siècle, de grands travaux modelèrent son visage actuel. De larges avenues furent tracées, des morros rasés. La baie de Copacabana connut un grand développement dans les années 1930, lorsque les villas cossues cédèrent le pas aux grands immeubles du type Côte d’Azur et que la promenade fut aménagée, rognant largement sur la mer. En perpétuel mouvement, la ville s’étend alors sans cesse vers le sud.

1930-1960 : l’âge d’or

Rio connut son heure de gloire entre les années 1930 et 1960. Capitale de ce qui s’appelait les États-Unis du Brésil, elle vit se développer une classe moyenne aisée de fonctionnaires et de rentiers, entourée d’un petit peuple qui passait des fonctions ancillaires au statut de travailleurs de l’industrie et des services. Durant cette période, entre les morros et la ville proprement dite, l’héritage culturel des anciennes classes de maîtres se mêla aux traditions populaires d’influences africaines.

Ville fétiche pour de nombreux artistes, Rio attira dans les années 1930 et 1940 des écrivains comme Blaise Cendrars et Stefan Zweig, qui en firent l’éloge dans leurs livres. Pour le second, « il n’y a pas de ville plus belle au monde ». Dans les années 1950 et 1960, bossa-nova, cinema novo, puis « tropicalisme » furent les signes éblouissants de cette ville unique en son genre. Ipanema est alors un repaire de bohèmes qui, pour la première fois dans l’histoire du pays, célèbrent la jeune fille, la garota de la fameuse ballade : bronzée, elle ondule sur le chemin de la plage. C’en est fini de la femme adultère et forcément fatale qui régnait sur l’univers de la chanson. Le Brésil se découvre jeune et plein d’espoir.

Mais un certain déclin du prestige de Rio s’est amorcé avec la perte du statut de capitale fédérale, au profit de la toute nouvelle Brasília, suivie du coup d’État de 1964. Les militaires réprimèrent particulièrement Rio, traditionnellement la ville la plus à gauche du Brésil. Enfin, la crise économique des années 1980 emporta une bonne part de l’industrie. Pendant ce temps, l’hyperinflation plongea les pauvres plus encore dans la misère et les riches dans l’opulence de la spéculation, tandis que les favelas, abritant les plus démunis, s’étendaient plus vite que la ville elle-même.

Rio, une ville de contradictions

Aujourd’hui, Rio continue d’être cette ville « merveilleuse » qui enchante les visiteurs, tiraillée par des contradictions économiques et sociales qu’il convient de connaître avant d’y débarquer.

On estime que 20 % des Cariocas habitent dans les favelas (contre 6 % à l’échelle nationale), qui sont au nombre de 600. Contrairement aux idées reçues, les favelas ne sont pas des bidonvilles ! Si vous avez l’occasion d’y faire un tour (forcément guidé), vous y verrez en effet de la pauvreté, mais pas vraiment de profonde misère.
Certes, il n’existe pas de cadastre, et le trafic de drogue et des armes y prospère toujours. Mais toutes les maisons sont en dur, bénéficient du tout à l’égout et sont alimentées en électricité par un nombre impressionnant de fils sauvages, sans parler des paraboles de télévision !
Quant aux habitants, si l’on met de côté les trafiquants, ce sont majoritairement des travailleurs que l’on croise tous les jours dans les beaux quartiers situés en dessous de leur favela : caissier(ère)s de supermarchés, gardiens d’immeubles, ouvriers, vendeurs de glace sur la plage...

En fait, chaque quartier un peu aisé est flanqué de sa favela et y « puise » sa main-d’œuvre quotidienne : Dona Marta au-dessus de Botafogo, Pavão et Pavãozinho au-dessus de Copacabana, Cantagalo au-dessus d’Arpoador et d’Ipanema, Babilonia et Chapeu-Mangueira au-dessus de Leblon ou encore Vidigal et Rocinha (la plus grande favela au monde avec de 70 000 à 200 000 habitants, selon les estimations !) entre Leblon et São Conrado. Sans oublier Cidade de deus, au-dessus de la Barra da Tijuca...

Tandis que les riches se retranchent derrière grilles et systèmes de sécurité, la peur (des pauvres, des Noirs, etc.) obsède les classes moyennes. En outre, la violence extrême exercée par la police à l’encontre des gangs de narcotrafiquants, pour la plupart des jeunes, favorise un climat d’insécurité permanent aboutissant à une quasi-coupure des ponts entre les classes sociales.

Depuis les années 1990, la politique des gouvernements locaux a surtout été d’urbaniser les favelas et de les intégrer au tissu urbain, plutôt que de les évacuer et de les raser comme sous la dictature militaire.

À partir de 2008, une politique de déploiement « d’unités de police pacificatrices » dans ces quartiers a même été lancée et, de fait, certaines favelas ont alors été « pacifiées ». Cette politique a été particulièrement active entre la Coupe du monde de foot de 2014 et les jeux Olympiques qui ont suivi en 2016, tourisme et audience mondialisés obligent...

Mais depuis cette parenthèse médiatique, qui avait pourtant porté ses fruits, les financements se sont complètement taris et la situation est redevenue fragile. On ne peut donc plus parler de favelas « pacifiées ». Le trafic de drogue et la violence qui lui est liée sont repartis à la hausse à Rio ces dernières années, n’épargnant véritablement aucun quartier pauvre, pas même ceux que l’on croyait redevenus tranquilles.
Cependant, on peut parfaitement visiter certaines favelas (sauf fait divers notable), à condition de le faire avec une agence officielle et en compagnie d’un guide tout aussi officiel

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