Traditions cambodgiennes, quelques précisions

Forum Cambodge

Bonjour
Nous savons par l’épigraphie et les découvertes archéologiques que depuis le premier siècle il y a eu un mélange entre le Bouddhisme et l’Hindouisme, à ces religions il faut ajouter l’animisme.

Au Cambodge, encore aujourd’hui on peut voir dans des temples bouddhistes contemporains des représentations issues de la mythologie hindouiste : apsaras, garuda en atlante sous les toits, ainsi que des représentations animistes comme des Neak Ta…

Le 17 octobre 2013 j’avais mis le post suivant : “Traditions cambodgiennes”
J’avais cité le site vorasith.online.fr/cambodge/

Pour ceux qui s’intéressent aux traditions, croyances superstitions, animisme… voici quelques précisions :
On y trouve de nombreux articles dont : les cultes traditionnels - cérémonies et cultes funéraires - le culte des Neak Ta - le Reamker (version "khmériséeé du Ramayana) - Les Yantra…

LES NEAK TA : “génies protecteurs”. Ils protègent les habitants des villages. Ils vivent souvent en forêt. Ils sont souvent représentés sous différentes formes, par exemple une pierre placée dans une “mini maison”. Il faut leur faire des offrandes pour obtenir leur protection…

Pour ceux qui s’intéressent aux Neak Ta je conseille le livre d’Alain Forest : “Le culte des génies protecteurs au Cambodge”. L’auteur décrit des fêtes annuelles pour rendre hommage à ces Neak Ta. Des bonzes participent parfois à ces fêtes uniquement lorsqu’il n’y a pas de sacrifices d’animaux comme offrandes.

Dans son livre “Dictionnaire des khmers rouges”, Salomon Kane mentionne que dans certaines régions, des cadres khmers rouges ont interdit le culte et les rituels (par exemple offrandes devant une pierre placée sous un arbre…). Dans d’autres régions, les khmers rouges ont annoncé à la population que les Neak Ta ont été dépossédés de leurs pouvoirs par l’Angkar, les Neak Ta perdent ainsi toute raison d’être…
Malgré cela cette très ancienne croyance perdure encore aujourd’hui…

LES YANTRA : il s’agit d’amulettes, de “ceintures de protection”, de tatouages… Certains khmers portent une ou plusieurs “ceintures de protection”. Il s’agit d’une cordelette autour de laquelle sont enroulées de très fines feuilles métalliques qui contiennent un texte écrit par un “guru” où un bonze. Bien souvent le texte est écrit en “Pali” qui est une langue d’origine indienne et qui est utilisée pour les textes religieux du bouddhisme Theravada (ou “Petit véhicule”)
Les tatouages : des dessins sont représentés ainsi que des textes dont certains sont également écrits en pali. Pour ceux qui se rendrons par exemple au Preah Vihear ils verront peut-être des militaires ayant la chemise ouverte, avec des tatouages sur la poitrine ou autour du cou. Ces tatouages serviraient de protection contre les balles…

LE CULTE DES ANCETRES : traditionnellement les ancêtres sont toujours invités à venir prendre la nourriture disposée à leur intention lors des cérémonies familiales, mariages… Ils sont ainsi “tenus au courant” des événements qui touchent leurs descendants.

LA FETE DES MORTS OU “PCHOM BEN” : les ancêtres sont particulièrement honorés lors de la fête des morts qui se déroule en Octobre. Selon la croyance, en Octobre, en période de lune descendante, la nuit “les âmes des morts se mêlent un temps aux vivants” Si, ayant cherché au moins dans sept pagodes, ces esprits ne trouvent pas leur part d’offrandes, ils maudiront leur famille"…
Les “âmes des morts” non satisfaites et dont certains nomment “les âmes errantes” peuvent se manifester sous forme de fantômes…

C’est pour cette raison que la fête des morts est très importante au Cambodge. En octobre, les transports en commun sont bondés car les khmers retournent dans leur ville ou village natal pour rendre hommage aux ancêtres en faisant des offrandes dans les temples où ont été placées les cendres des morts. Les cendres sont mises dans des urnes puis placées dans des stupas près de ces temples.

Jacques

Bonjour

Si vous sympathisez avec un cambodgien vous pourrez lui poser des questions sur les traditions et l’animisme, mais avec “tact et délicatesse”, se sont des sujets qu’il faut aborder parfois avec prudence… Certains cambodgiens n’aiment pas trop en parler car pour de nombreux occidentaux certaines traditions peuvent parfois faire sourire (voire même rire)…

LES NEAK TA : j’ai demandé à un conducteur de tuktuk si dans son village il y avait un Neak Ta, il a été très surpris par ma question et il a ri, j’ai compris que ce rire correspondait à une gêne… Je lui ai alors précisé que je m’intéressais aux traditions… Très sérieusement il m’a répondu “mais bien sûr il y en a un”…

LA CHENILLE : je me trouvais avec mon guide, il y a eu une forte averse et nous nous sommes abrités sous un arbre. Le lendemain mon guide est arrivé tout pâle, il n’avait pas l’air en grande forme, je lui ai donc demandé s’il était malade, il m’a répondu ceci : “Hier lorsque nous nous sommes abrités sous un arbre, j’ai vu une grosse chenille, il devait s’agir d’un Neak Ta que j’ai dérangé et j’ai donc été puni et maintenant j’ai mal au ventre”…

LES “CEINTURES DE PROTECTION” : lors d’un trajet en taxi, j’étais accompagné de mon guide, celui-ci savait que je m’intéressais beaucoup aux traditions et je lui ai demandé s’il avait une “ceinture de protection” il m’a répondu qu’il en avait effectivement une et me l’a montrée. Je lui ai dit que j’espérais que le chauffeur en avait une également une pour nous protéger des accidents… Mon guide lui a posé la question et le conducteur a répondu qu’il n’en avait pas une mais qu’il en portait trois… C’est effectivement plus prudent.

L’INTERVENTION DES GENIES PROTECTEURS : j’avais dit à un cambodgien que lors du trajet entre PP et SR, j’avais pris un taxi et que je m’étais arrêté pour voir le vieux pont en latérite de Kompong Svay (maintenant ce pont est protégé, la nouvelle route a été détournée pour éviter de l’endommager). Ce cambodgien m’a dit que pendant la période khmère rouge, des explosifs ont été placés pour faire sauter ce pont. Heureusement les “génies protecteurs” sont intervenus et ce pont n’a pas été détruit…

OFFRANDES AUX MORTS : un cambodgien m’avait emmené chez lui, à proximité de son jardin il y avait une petite plateforme (posée sur quatre bambous d’environ 1,70 m de haut). Sur cette plateforme il y avait de la nourriture et une bouteille d’eau. Je lui ai demandé ce que c’était, il m’a répondu que des voisins avaient eu un décès dans leur famille, pour rendre hommage au mort on lui offrait de la nourriture et de l’eau afin que “l’âme de ce mort” ne leur lance pas de mauvais sorts… . Ce cambodgien m’a précisé ceci : "on est certain d’une chose c’est que le mort vient la nuit pour se nourrir et boire, on en est certain car le matin on constate souvent qu’il manque de la nourriture et que le niveau de l’eau dans la bouteille a baissé… Il est absolument évident que se sont probablement diverses bêtes qui mangent la nourriture et que le niveau de l’eau diminue à cause de l’évaporation. Par respect pour ces croyances je n’ai fait aucune remarque.

“LES TRADITIONS QUI EVOLUENT” : j’avais vu un reportage TV, un français qui vivait au Cambodge et qui s’intéressait beaucoup aux coutumes (animisme…). Il est allé dans le Ratanakiri. Lors de la visite d’un village il a vu un emplacement où avait été incinéré un défunt, autour il y avait une petite barrière avec un oiseau qui était sculpté dans du bois. Un peu plus loin il a vu ce même genre de barrière avec cette fois-ci non plus un oiseau sculpté mais un avion. Il a donc demandé des explications à un villageois, ce villageois lui a répondu : "nous sculptons un oiseau qui est destiné à transporter l’âme du défunt au paradis, il faut vivre avec son temps maintenant nous sculptons un avion pour que l’âme du mort arrive plus vite au paradis…

Jacques

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